28. À votre service

Evy :

Je n'en peux plus, je suis à bout de nerfs. Ma peau est sensible de le sentir à travers mes vêtements. La cabine a beau être immense, j'ai l'impression que l'air n'y circule pas. Son souffle contre ma peau me fait frémir, c'est trop peu. J'en voudrais tellement plus.

Je devine qu'il se retient et j'en fais de même. L'atmosphère est lourde, mais l'attente a quelque chose d'aphrodisiaque. Vu la tension palpable, j'imagine que la suite sera intense.

— Pourquoi tu fais ça ? me demande-t-il lorsque mes fesses se pressent contre sa bosse.

J'avoue que je ne sais pas bien. Quand je suis avec lui, j'ai l'impression d'être une autre, d'avoir plus confiance en moi, d'être plus audacieuse. J'aime celle que je deviens à son contact. Il me sculpte pour faire de moi une femme plus assurée.

— Tu veux que j'arrête ?

Le tintement nous indique que nous arrivons enfin au rez-de-chaussée. Eliot me pousse en avant et me devance avant de récupérer, sans douceur, ma main. Il me traîne derrière lui et je suis obligée de trottiner pour garder la cadence. Nous nous engouffrons hors de l'immeuble sans politesse pour les gens que nous croisons, et il ouvre la portière de la limousine avant de m'y jeter sans aucune délicatesse.

— Ramenez-nous, mais n'ouvrez pas les portières. On s'en chargera.

Le chauffeur adresse un signe dans le rétroviseur, puis remonte la vitre. Moi qui faisais la maline dans l'ascenseur, je me retrouve tout à coup dépourvue de courage.

— Eliot ? le questionné-je.

— Fallait pas jouer, Evy, grogne-t-il avant de se jeter sur ma bouche.

Dès que nos lèvres entrent en contact, une sensation que je commence à bien connaître s'intensifie entre mes jambes. Il attrape mes hanches pour que je le chevauche et je le fais, sans détacher ma bouche de la sienne. Ma respiration est difficile et je me gorge de lui comme s'il était mon oxygène. Sa langue s'engouffre et je le mordille, lui arrachant un nouveau grognement. Ses mains s'enfoncent dans mon dos alors que les miennes s'affairent à ouvrir sa chemise.

Le véhicule démarre et je me détache enfin de lui. Je m'apprête vraiment à faire ça dans une limousine en circulation ?

­— Reste avec moi, susurre-t-il à mon oreille.

L'une de ses mains s'agrippe à mes cheveux pour m'inviter à le regarder. Ses prunelles sont sombres, étincelantes. Dans ses yeux, je lis le désir qu'il éprouve pour moi et cela me suffit à oublier le reste. Je continue de déboutonner son vêtement alors qu'il s'empare à nouveau de ma bouche. Il se détache un peu, me permettant de retirer sa veste et sa chemise, puis il déboutonne le haut de ma robe et la fait descendre le long de mon buste.

Sa bouche ne tarde pas à se jeter sur ma poitrine dénudée et je me cambre de volupté. Sa langue titille l'un de mes mamelons, m'arrachant un gémissement. Sans que je ne puisse le contrôler, mon corps se met à onduler sur le sien. Sa bouche dévorant mes seins, l'une de ses mains maintenant mon dos, la deuxième glisse sous ma robe et remonte sans délicatesse jusqu'à ma culotte. Un son guttural sort de sa gorge et vibre contre ma poitrine lorsqu'il passe ses doigts sous mon boxer en dentelle.

— Tu tiens à ta culotte ? me demande-t-il essoufflé.

Mon regard se baisse sur lui et je le fixe, perdue.

— Euh... Non.

— Parfait.

Je m'agrippe à ses épaules lorsque sa deuxième main quitte mon dos, me faisant perdre l'équilibre, et sans prendre son temps, il remonte ma robe jusqu'à mes fesses, puis déchire mon sous-vêtement. Je saisis alors le sens réel de sa question.

— Je ne sais pas toi, mais...

— Tu as bien fait, le coupé-je, aussi essoufflée que lui.

Je l'aide à déboutonner son pantalon et mes doigts viennent saisir son membre pour le faire sortir. Il va me détruire, est la première idée qui me vienne. Il récupère un préservatif dans sa veste et je salue intérieurement sa prévoyance. Il me le tend en m'adressant un clin d'œil. Je le récupère et ne le lâche pas des yeux tandis que je déchire son emballage. Eliot m'aide à me surélever alors que je me concentre pour ne pas gâcher la seule protection que nous avons.

Ses mains s'agrippent à mes hanches avec plus de force lorsqu'il me positionne au-dessus de lui. Je retiens mon souffle lorsque je le sens à l'entrée de ma féminité. Mes sourcils se froncent quand il suspend son geste. Je l'interroge du regard pour savoir ce qu'il attend, parce que, moi, de mon côté, je suis au maximum de mon self-control.

— Embrasse-moi, souffle-t-il.

Je m'exécute et dévore sa bouche. C'est à ce moment-là qu'il m'empale sur son membre. Je me surprends à penser ça, à croire que niveau vocabulaire, je n'ai plus non plus de barrières. Mon souffle se coupe et je m'agrippe à l'appuie-tête. La douleur est fulgurante, mais se retrouve très vite remplacée par le désir. J'ignore la brûlure du cuir contre mes genoux et remonte pour redescendre. Si le rythme est dans un premier temps lent et sensuel, il devient vite désordonné et brutal. Nos bouches entrouvertes ne s'embrassent même plus, elles ne font que se frôler tandis que nos souffles se mêlent. À chaque pénétration, je sens la vague déferler, elle me frustre de s'en aller aussitôt. Eliot agrippe mon dos et me fait pivoter pour me coucher sur la banquette. Mes mains cherchent un appui, quelque chose à quoi se retenir, mais ne peuvent que s'appuyer contre la portière. Je me cambre tandis qu'il accélère et approfondit ses à-coups. Son pantalon griffe le haut de mes cuisses, mais la douleur que cela provoque n'altère en rien mon état d'excitation.

Mon corps se tend lorsque je la sens, la vague, celle qui emportera ce qu'il me reste d'énergie. Elle prend de plus en plus d'ampleur et, enfin, elle explose, parcourant mon corps d'une décharge électrique. Mes orteils se recroquevillent et mes doigts se crispent. Eliot me rejoint rapidement, puis cesse ses coups de boutoir. Sa tête se pose sur mon torse, m'écrasant, mais je suis bien trop épuisée pour m'en plaindre. Son souffle saccadé se répercute sur ma peau à vif, j'ai l'impression qu'à chaque expiration, il me brûle.

La limousine cesse ses mouvements et je réalise alors que j'ai fait l'amour dans un véhicule en marche. Les larmes me viennent et j'éclate de rire. Eliot se redresse et me fixe un peu perturbé.

— Qu'est-ce que tu me fais faire, pouffé-je.

— À votre service, Mademoiselle, me salue-t-il fièrement.

Avec douceur, il se redresse et m'attire à lui. Sa bouche dépose un baiser délicat sur mes lèvres. Il remonte ma robe, sans me lâcher des yeux. Je souris, appréciant cet aspect de lui. Il reboutonne le haut de ma robe et ramène mes cheveux en avant. À l'instar de ma petite culotte, mon chignon a disparu.

Eliot se rhabille alors que je suis toujours sur ses genoux. Je l'aide à reboutonner sa chemise. J'inspire profondément, appréciant ce moment de complicité après la tempête que nous avons traversée cette nuit.

Aucun de nous deux ne prononce la moindre parole, mais ce n'est pas un silence assourdissant. Celui-ci est complice, comme si nous n'avions pas besoin de parler pour communiquer. Lorsque j'ai terminé, je n'amorce aucun mouvement. Ses mains dans mon dos nu exercent des va-et-vient aussi légers qu'une plume. Les miennes passent dans sa nuque et nos regards, eux, ne parviennent pas à se détacher.

— On y va ? murmure-t-il en m'adressant un doux sourire.

J'acquiesce et m'apprête à descendre de ses genoux lorsqu'il me retient d'une légère pression sur les hanches.

— Je suis bien avec toi Evy, j'aime être enfin moi.

Je ne comprends pas ce qu'il sous-entend par là, mais je décide de me contenter de ça.

— Moi aussi, Eliot, dis-je en déposant un baiser sur ses lèvres.

*

Le lendemain, je suis en train de procéder aux règlements pour le traiteur lorsqu'Eliot vient toquer à mon bureau.

— Ce soir, viens chez moi, m'annonce-t-il, nerveux.

J'acquiesce sans un mot. Ce soir, nous aurons la grande discussion, elle m'angoisse par avance. Depuis ce matin, je l'ai trouvé sur le qui-vive, il n'a pas arrêté de venir me voir, de m'embrasser, mais je sentais que c'était plus par crainte que par envie. Quand il m'a annoncé qu'il avait quelque chose à m'avouer, j'ai voulu en savoir plus tout de suite, mais il m'a demandé un jour de plus, juste un. Je n'ai pas pu le lui refuser, parce que tout comme lui, j'ai peur de ce qu'il va me dire. J'ai voulu retarder l'échéance et, tout comme lui, j'espère l'aimer assez après ce week-end pour ne pas partir.

Eliot s'éloigne et se dirige vers son atelier. Il m'a promis que demain, je pourrais l'avoir uniquement pour moi et j'ai déjà hâte de m'y mettre.

Les portes automatiques de la galerie s'ouvrent sur un visiteur. Chacune de ses œuvres s'est vendue le soir du vernissage, mais la galerie les aura en sa possession jusqu'à la fin du mois pour permettre aux gens de venir les admirer.

L'homme en costume s'approche de mon bureau et je me lève pour l'accueillir. Il doit avoir une bonne cinquantaine d'années, mais il est bel homme. Très bel homme même. Je lui adresse un sourire franc lorsque je m'avance vers lui.

— Bonjour, Monsieur.

— Bonjour, je cherche mon fils, m'annonce-t-il simplement.

— Votre fils ? demandé-je perplexe.

— Morgan Johnson, soupire-t-il agacé. Dépêchez-vous.

D'accord, celui-là, il commence bien. Décidément, il n'a de beau que le physique.

— Monsieur, il n'est pas ici. D'ailleurs, je ne l'ai jamais vu. Vous feriez mieux de chercher ailleurs.

Mes yeux s'exorbitent lorsque je me rends compte de la sécheresse que j'ai employée pour lui répondre. En même temps, je ne compte pas me laisser impressionner par un homme qui débarque ici comme si tout lui était dû.

— Morgan, Eliot, je n'en ai que faire. Dites-lui que son père est là, me demande-t-il froidement.

Sa phrase me percute de plein fouet et, sous le choc, je me contente d'acquiescer avant de m'éloigner, perdue. Eliot, Morgan. Morgan, Eliot. C'est une blague ? Il ne m'a pas menti pour un truc pareil, si ? Je me dirige tremblante vers son atelier, le cœur en miettes, le cœur en colère.

J'ouvre la porte et il se retourne. Son sourire disparaît lorsqu'il se rend compte de l'état dans lequel je suis.

— Tout va bien, Evy ?

— Ton père est là, Morgan, annoncé-je la voix vibrante d'émotion.

J'espère qu'il va démentir, mais à la façon dont il détourne le regard, je devine que c'est la vérité.

— Evy...

— Je vais rentrer, j'estime que j'ai droit à une demi-journée. Pour ce soir, tu comprendras que c'est annulé.

Je n'attends pas qu'il me retienne et traverse la galerie pour rejoindre mon bureau. L'homme est là lorsque je récupère mon sac. Il ne dit pas un mot, mais je le devine satisfait. Je ne le salue même pas lorsque je m'en vais.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top