Très court métrage

1 INT - SALLE DE CONTRÔLE
Plan moyen. Deux personnes, un HOMME EN COSTUME et une FEMME EN ROBE ROUGE dos à la caméra, sont assis face à un tableau de bord. Plusieurs boutons clignotent et une multitude d'écrans blancs leur font face. L'ambiance est pesante et des cliquetis se font entendre de temps en temps. Traveling arrière, d'autre personnes apparaissent à l'écran. Ils sont pour la plupart avachis sur leur bureau.
Le dialogue qui suit est découpé en simple champ/contre champ, de préférence en plan poitrine ou plan rapproché.

HOMME EN COSTUME
(fumant sa cigarette)
C'est la fin.

Il passe sa cigarette à la FEMME EN ROBE ROUGE.

FEMME EN ROBE ROUGE
(fumant à son tour)
Oui... J'en ai bien peur...

HOMME EN COSTUME
(énervé)
Comment on a pu en arriver là ? Merde ! Je veux dire... On savait tous que ça allait arriver un jour ou l'autre, mais pas comme ça ! Pas maintenant !

FEMME EN ROBE ROUGE
Non, tu te trompes, on aurait pu l'éviter. On aurait pu... On aurait-

HOMME EN COSTUME
(lui coupant la parole)
On aurait pu quoi ?! Qu'est-ce que tu vas me sortir encore ? Que... que... Qu'on aurait dû écouter la raison ?

FEMME EN ROBE ROUGE
(le prenant de haut)
Parfaitement ! La raison ! On aurait pu faire ça par exemple, être plus raisonnable. Raisonnable, tu connais ce mot ?!

HOMME EN COSTUME
Quelle ironique que ça soit toi qui me dise ça et quelle audace surtout !

Il tend sa main, la FEMME EN ROBE ROUGE tire une grosse bouffée et lui rend la cigarette.

FEMME EN ROBE ROUGE
Tu te rends compte que si c'est ironique pour moi, ça l'est d'autant plus pour toi ?

HOMME EN COSTUME
(perplexe)
Comment ça ?

FEMME EN ROBE ROUGE
Si l'ironie de la situation vient du fait que je sois la seule foutue personne ici à regretter de ne pas avoir été plus raisonnable, alors que ce n'est même pas mon boulot d'ailleurs, et qu'en plus de ça, cette histoire a commencée quand l'autre d'en bas et toi-

HOMME EN COSTUME
(lui coupant la parole)
OK, c'est bon ! J'ai saisi l'idée, pas la peine de t'énerver. On est tous des incapables et tu es la meilleure.

FEMME EN ROBE ROUGE
Pardon ?! M'énerver ?! Moi je m'énerve ? (elle s'énerve) Non je ne m'énerve pas ! Je constate juste notre échec. Non. Laisse moi reformuler. Ton échec ! Et aussi de l'autre taré du d'en dessous !

Elle prend le micro devant elle et appuie sur un bouton.

FEMME EN ROBE ROUGE
(énervée)
J'espère que tu m'écoutes bien de là où tu es ! Parce que je parle de toi ! Si tu savais te tenir, on en serait pas là ! Petit con !

HOMME EN COSTUME
Ah ! Tu vois que tu t'énerves !

FEMME EN ROBE ROUGE
(énervée)
Ferme ta gueule !

Un HOMME BEDONNANT, la chemise froissée, les cheveux ébouriffés, un tasse de café dans la main, rentre dans le champ. Il se place entre les deux personnes et s'abaisse à leur niveau.

HOMME BEDONNANT
(très calme)
Heu... Je ne veux pas faire mon rabat joie, mais s'il y en a un ici qui a le droit de s'énerver, enfin je veux dire, de vraiment s'énerver, c'est encore moi.

FEMME EN ROBE ROUGE/HOMME EN COSTUME
(énervés)
Mais ferme ta gueule !

FEMME EN ROBE ROUGE
Allez, casse toi, oust !

Il sort du champ en traînant des pieds.

HOMME EN COSTUME
Ouais, on ne t'a pas sonné la colère. On t'appellera quand il faudra s'indigner.

FEMME EN ROBE ROUGE
Bon... On fait quoi en attendant ? Parce que j'ai bien l'impression que c'est de pire en pire.

HOMME EN COSTUME
Je ne sais pas... Je suis à court d'idées, on pourrait essayer de sauver les meubles... au moins. Qu'est-ce que tu proposes ? Là, on est pile-poil dans ton domaine, non ?

FEMME EN ROBE ROUGE
Oui, enfin... Oui et non, en tant qu'amour... Oui, mais là, ça dépasse mes compétences ! Alors, euh... Non, je suis désolée les gars, mais vous avez trop merdé. Je ne peux plus rien faire pour vous...

HOMME EN COSTUME
(la suppliant)
Rah... mais t'as pas une idée là, n'importe quoi ! Je ne sais pas moi... Si je t'ai convoquée, c'était pour nous sortir de ce pétrin, je te signale qu'on est dans le même bateau, enfin !

AMOUR
(agacée)
Roh, mais, vas-tu cesser à la fin ! Puisque je te dis que là, ce n'est plus de mon ressort. Et puis tu n'as qu'à trouver une solution tout seul, comme un grand garçon, c'est toi le cerveau, non ?

CERVEAU
(ironique)
Merci de ton aide, ça nous a beaucoup avancé, encore une fois, tu as été très utile, formidable même ! Non que dis-je ? Grandiose ! Bravo et merci encore !

Silence.
AMOUR lui prend la cigarette, la fini et l'écrase dans un cendrier.

CERVEAU
(désespéré)
Bon allez, puisque je n'ai pas d'autre choix... Qu'on le fasse entrer...

AMOUR
(inquiète)
Entrer qui ?

CERVEAU
À ton avis ?

Un JEUNE ADOLESCENT rentre vite dans le champ, et se place entre AMOUR et CERVEAU. Tout souriant, il porte un t-shirt vert et une fausse moustache.

JEUNE ADOLESCENT
(heureux)
Alors les vieux, on a besoin de moi à ce qu'il parait ?

AMOUR
(surprise)
Putain, mais c'est qu'il m'a fait peur ce petit con !

JEUNE ADOLESCENT
Je suis aussi très heureux de te revoir amour, ça fait longtemps !

AMOUR
(à CERVEAU)
C'est... lui ton plan pour nous sortir de là, c'est ça ? C'est une blague ? Rassure moi.

CERVEAU
(à voix basse)
Non, ce n'est pas une blague...

AMOUR
(désabusée)
Génial ! Non mais euh... J'ai... J'ai... j'ai pas les mots. Là, ce n'est plus une performance, c'est une prouesse ! (Elle se tourne vers le JEUNE ADOLESCENT) Mensonge assied toi, visiblement, tu es notre ultime espoir.

MENSONGE
(à AMOUR)
Rassure toi amour, cerveau fait souvent appel à moi en ce moment.

AMOUR
(faussement étonnée)
Ah ! Bah ça ! Je comprends mieux comment on en est arrivé là.

CERVEAU
Bon, les enfants du calme, on peut régler nos différends plus tard, d'accord ? Pour l'instant, nous avons une situation plus que critique à gérer.

AMOUR lève les yeux au ciel et s'allume une autre cigarette.

AMOUR
(souffle longuement)
Faites comme vous voulez, foutu pour foutu...

CERVEAU
(se rapprochant de MENSONGE)
Avant tout, il faut que je te résume la situation.

[CUT]

2 INT - CHAMBRE - NUIT
Plan rapproché. Un couple dans un lit, statique semble être arrêté en plein ébats. JOHN se trouve au-dessus de RUBY. Ils sont nus mais cachés par leur couverture.

RUBY
(incrédule)
Attends. Tu viens de m'appeler comment là ?

JOHN
(hésitant)
Euh... Je ne vois pas de quoi tu parles.

RUBY
(haussant le ton)
Non, non, non, je ne suis pas folle, tu viens tout juste de m'appeler par un autre prénom là.

JOHN
Quoi ? Un autre prénom ? Non, tu as dû halluciner.

RUBY
Non, je n'hallucine pas, non. Tu m'as appelé par un autre prénom, tu me trompes, c'est ça ?!

JOHN
Te tromper ?! Alors là, pfff, euh... Non d'abord, mais, pas du tout, alors vraiment pas du tout, c'est pas du tout ce que tu crois, mais alors, wow ! Pas. Du. Tout ! Loin de là ! Mais vraiment, pas du tout.

RUBY
(énervée)
Bon déjà, tu vas arrêter de dire "pas du tout" et pour finir, tu vas avoir la décence de me dire la vérité.

[CUT]

3 INT - SALLE DE CONTRÔLE
Plan rapproché. MENSONGE se trouve entre AMOUR et CERVEAU. Il regarde l'écran géant en face de lui et joue avec sa fausse moustache.

MENSONGE
(amusée)
Ah oui ! Vous êtes dans une sacrée merde, en effet.

AMOUR
(voix basse)
Je ne te le fais pas dire.

CERVEAU
Et du coup ?

MENSONGE
Et du coup quoi ?

CERVEAU
Bah du coup, t'as pas une solution pour nous sortir de là ?

MENSONGE réfléchit profondément, il porte à présent une fausse paire de lunette sans verres en plus de sa moustache.

MENSONGE
(assuré)
OK, j'ai peut-être une idée.

CERVEAU
(heureux)
Allez champion, on croit en toi !

CERVEAU pianote le clavier en fasse de lui et tend un micro à MENSONGE. Tout le monde dans la salle de contrôle s'exécute.

[CUT]

4 INT - CHAMBRE - NUIT
Plan rapproché. JOHN se trouve toujours au-dessus de RUBY.

JOHN
(hésitant)
La vérité ? C'est que... Tu vas trouver ça bizarre, mais, tu me promets que tu ne me jugeras pas hein...

RUBY
Je ne sais pas... On va voir ce que tu as à me raconter.

JOHN
(sur le ton de la confidence)
En fait, c'est que depuis ma plus tendre enfance, j'ai toujours eu un petit fétiche par rapport...(il s'arrête, puis chuchote) par rapport à ma mère.

Silence.
Gros plan sur le visage de RUBY.
Elle gifle JOHN sans prévenir.

[CUT]

5 INT - SALLE DE CONTRÔLE
Plan d'ensemble sur la salle de contrôle. Tout le monde est debout face aux écrans. De manière totalement synchronisée, ils font tous un facepalm sauf MENSONGE qui est content de lui.