Chapitre 9: poisse-sitting (ou pas finalement)

Récapitulons les choses :

En début d'après midi de cette belle journée ensoleillée, j'ai été invité par ma petite amie à assister à une activité extra-universitaire. Toutefois, les choses n'ont pas marché comme prévu et nous nous sommes donc retrouvé à assister à un cours de puériculture durant lequel j'ai plutôt bien morflé.
Mais alors que nous pensions rentrés avec une poupée confiée par l'encadreuse du cours, quelque chose d'inattendu nous est tombé dessus. .....Un vrai bébé...se trouvait dans la poussette.

Ça craint !

*****

 
   Je savais bien que ma poisse allait revenir tôt ou tard et qu'elle reviendrait comme une furie en me poussant dans une situation des plus abracadabrantes, mais là... c'était inattendu. Dire ici, "je m'attendais à tout, sauf à ça" serait un euphémisme tant le contexte est délicat; bordélique à la limite même.

  Je me rappelle qu'au moment où Mikio m'a exposé les faits, mon cerveau a carburé comme jamais auparavant. On parlait là d'une grosse crise, donc il fallait réfléchir vite et réfléchir bien.

Le problème, c'est que je ne sais PAS gérer les crises.

  
    Du coup, là où quelqu'un normalement constitué se serait précipité vers un bureau administratif ou un poste de police ou vers toute autre autorité compétente, pour leur poser le problème, j'ai, au bout de toute ma réflexion, opté pour une autre approche qui nous mène à ce moment précis où :
le bébé,
sa poussette,
Mikio,
Et moi,
sommes actuellement dans mon salon.Et si jusque là vous n'avez toujours pas compris ce qui se passe, en gros :

J'ai kidnappé un bébé.

Et c'était pas la meilleure chose à faire.

  Surtout que je ne sais rien de la mère de ce bébé, -excepté qu'elle est professeur d'éducation ménagère et qu'elle paraissait un peu dépassée et fatiguée- ni des moyens dont elle dispose, et encore moins de qui elle connaît dans ce monde. Si ça se trouve, à l'heure qu'il est, des avis de recherche sont déjà imprimés et placardés dans tout le campus, voir tout le pays. Peut être même que l'info va passer à la télé nationale voir internationale et aussi dans les réseaux sociaux.

   Si je me fais prendre, je risque de passer pour le pire des délinquants au monde en plus de porter préjudice à Mikio. Et je risque surtout de créer une polémique autour des personnes métissées.

Je ne veux pas passer pour un criminel !

   Je ne ferai définitivement pas un bon père de famille tellement je suis faible face à une tournure inattendue des choses.

  - Hoho! J'ai cru entendre une lamentation.

  - Mais oui ! Mais oui ! Tu as bien entendu une lamentation.

   À en croire le léger rire qu'elle a eu, je déduis que mon humour n'est pas si mauvais, où tout simplement qu'elle a saisi la référence, ce qui n'est pas mal non plus.

   Mikio viens d'arriver dans mon salon par la porte d'entrée et est directement venue se positionner sur le divan à quelques millimètres de moi et du bébé qui est toujours dans sa poussette.

je n'aime pas du tout cette proximité.

  En fait je me sens un peu gêné du fait qu'elle ne paraisse pas gênée. Un peu comme si nous étions habitués à nous retrouver ensemble sur ce divan. Elle joue très bien la fille en couple...un peu trop bien même et ça me fait peur. Mais me connaissant, je dois juste être en train de me faire des films, je vais changer de sujet, c'est mieux.

  - Tu l'as eu ?

  - Qui ça ? Ton ami Marc ? Oh oui ! Charmant le monsieur.

    Autrement dit, il a du proférer quelques énormités auxquelles je préfère ne pas penser. Même si j'essayais, mon imagination est trop peu développée pour me permettre de me mettre dans la peau de quelqu'un... encore moins dans celle de Marc.

  - Je suis désolé s'il t'as dit un truc déplacé, je lui en parlerai plus tard.
A-t-il dit quelque chose d'intéressant?

  - Plusieurs, mais le plus important c'est qu'il accepte de nous aider. Il connaîtrait apparemment l'encadreuse de nom et il m'a dit qu'il chercherait à la contacter.

Mon ange gardien devrait songer à céder sa place à Marc.
Sérieusement !

Il arrive même à trouver une solution dans ce genre de situation: il ne cessera jamais de me surprendre.
En même temps qu'attendre de plus du futur Phoenix Wright ? La pêche aux informations c'est clairement son truc et quand il s'y mets, rien, absolument rien ne lui échappe.

   Je sens mon cœur se desserrer et mes nerfs se relâcher, je sais pertinemment que d'ici la fin de la journée, il aura réussi à contacter la madame mais entre temps il va falloir s'occuper de la plus grosse partie du travail: le bébé.

  C'est vrai que c'est un peu forcé et que je n'ai aucune expérience en baby-sitting, mais à deux ça devrait être facile de s'en occuper. Surtout que le bébé n'est pas très agité.

Et c'est tout aussi intriguant en fait.

   Est ce qu'il ne ressens pas toute la mauvaise aura qui règne dans cette maison ? Dans cette atmosphère ? Autour de moi ? Peut-être nous a-t-on menti quant aux capacités extra-sensorielles des bébés ? Ou alors le petit bonhomme est juste sacrément téméraire ? Encore un mystère à résoudre pour......non! Je m'égare.

    À y bien réfléchir, peut être que c'est lié à son âge ? J'ai lu quelque part qu'entre 7 et 8 mois, l'enfant commence à s'intéresser à son entourage et pleure beaucoup moins. Autrement, ce petit gars est trop occupé à être émerveillé par ma maison qu'il en oublie d'avoir peur et de pleurer ou alors il est tout simplement occupé à essayer de saisir de ses petites mains frêles le doigt que Mikio tourne au dessus de sa tête.
Ils sont vraiment trop mignons :
Le bébé - sa poussette - le décor - et Mikio.
Et je ne m'attendais pas à une telle alchimie en fait.

  - Tu as l'air de bien aimer les enfants apparemment.

  - Je les adore ! J'aimerais en avoir plusieurs dans le futur.

  - Tu n'as pas peur ? C'est difficile de s'en occuper et je croyais que les jeunes femmes détestaient absolument l'idée d'avoir un enfant, ça ferait vieillir apparemment.

  - N'importe quoi, c'est totalement normal de prendre de l'âge avec le temps, le résultat dépend de comment on s'entretient, et puis, tu vois que je m'en sors plutôt pas mal non ?

  - Ma grande sœur dit que exceptée une certaine élite -ma mère et elle- , les femmes deviennent généralement négligées et moches après leur accouchement.

  - Faisons donc un enfant et elle verra bien ta sœur si je deviens moche et négligée.

   J'ai bloqué après l'article indéfini "un".

Que.....quoi ?

  Je pense qu'elle n'a pas réalisé tout de suite ce qu'elle vient de dire et la teinte pivoine qu'aborde son visage me le montre bien.

  - N.....non. Ce n'est pas ce que je voulais dire, en fait....aïeuhh

   Ma "petite amie" vient de se faire brusquement interrompre par un petit qui a finalement réussir à saisir son doigt et qui l'a introduit directement dans sa bouche.
   Oui,
J'avais aussi lu qu'à 8 mois, c'est aussi l'âge de la découverte buccale, donc tout entre. C'est drôle de voir Mikio essayé de se débattre pour dégager son doigt sans faire pleurer le bébé alors que celui-ci la tient fermement.

Il doit avoir faim le pauvre.

   Techniquement, il n'y a rien d'anormal jusque là. Jusqu'à ce que je sente des picotements dans ma nuque, ainsi qu'une légère nausée. C'est très malaisant, toutes mes forces m'ont quitté et j'ai eu l'impression que j'allais m'évanouir. Heureusement, ce ne fût pas très long, juste dix secondes où j'ai vu une succession d'images défilé rapidement dans mon esprit.
C'était très rapide, alors je n'ai pas tout retenu, mais je sais que j'ai vu quelque chose d'important, sauf que...je ne sais plus ce que c'était.

  - Hé, Isaac, tu crois qu'il a faim ?

  - Oui... Je pense bien, tu crois qu'il est déjà sevré ?

  - Je ne pense pas. Mais on a pas à s'en faire, nous avons exactement ce qu'il nous faut ici.

    Et d'une main habille, voilà que ma petite amie déboutonne son chemisier. Elle réussit aussi à porter le bébé tout en le laissant continuer de savourer son doigt et me fait alors volte-face me présentant son dos mi nu, simplement recouvert par la dentelle rouge de son sous vêtement.

  - Tu m'aides à le retirer s'il te plaît ?

  - M...mais Mikio ? Qu'est ce que tu fais ?

  - Je vais simuler un allaitement, avec un peu de chance ça pourra l'apaiser. Et puis ça me fera une expérience en vue de futur maman.

   Ce n'est pas là le problème. Elle ce qu'elle réalise juste ce qui se passe ? On ne donne pas la tétée à l'enfant sans l'accord de sa mère. C'est la fierté de toute maman de pouvoir nourrir sa chaire elle même. Je ne peux pas laisser ça se produire, je ne peux pas laisser Mikio se mettre dans une telle embrouille et réaliser un aussi gros péché : il faut que je trouve une solution.
  Argh ! Si seulement j'avais...un biberon... Oui ! C'est ça ! Un biberon ! Je me souviens maintenant ! C'est le truc important que j'ai vu: un biberon.

  - Donne lui encore ton doigt pendant 7 minutes je reviens.

  - Où tu vas ?

  - Faire un biberon !

  - Mais comment ?

  Bref,
après un petit périple à la cuisine, voilà que maintenant, Mikio donne le biberon au petiot avec son chemisier re-boutonné, je suis content, la catastrophe a été évitée de justesse.

- Je peux savoir où tu as trouvé un biberon et du lait en si peu de temps ?

- Je me suis souvenu que j'en ai ici, alors je suis allé en chercher.

- Oui, mais pourquoi ?

   Je n'ai pas envie d'en parler. Ce biberon est la preuve de mon ignorance et de ma malchance.
Je ne pensais pas l'utiliser un jour, rien que de le voir me remémore d'horribles souvenirs.

  - Je n'allais quand même pas te laisser te déshabiller et je n'allais surtout pas me pardonner de l'avoir fait.

  - Ça ne me gêne pas que tu me vois, de plus c'était pour une bonne raison.

  - Tu ne devrais pas penser comme ça tu sais. C'est préférable de montrer te montrer à quelqu'un que tu aimes vraiment, quand votre relation sera plus fusionnelle.

   Elle a murmuré quelque chose que je n'ai pas pu entendre. Peut être se disait-elle que je suis trop "vieux jeu", mais c'est comme ça que je vois les choses. Afficher sa nudité ne devrait pas être considéré comme une preuve d'amour : le sexe vient après !
Même si il arrive qu'on en a parfois très envie j'avoue.

- Le bébé a fini de manger, tu veux bien lui faire faire son rot.

  - Partage des tâches ? J'imagine que je vais aussi devoir lui faire faire sa sieste ?

  - Tu es très perspicace Isaac, j'allais justement te le demander.

   Le petiot se retrouve très vite dans mes bras et ne me repousse même pas. Il est vraiment très mignon vu de prêt, j'ai envie de lui caresser sa petite bouille mais me connaissant, ça va sûrement mal se finir. Je commence alors à chantonner une petite comptine que ma mère me chantait quand j'avais à peu près le même âge.

   La mélodie est apaisante et délicate en temps normal, mais je suis un mauvais chanteur, alors je préfère mimer l'air de la chansonnette qui semble ravir le petit être, qui commence à bâiller et finit bientôt par fermer ses deux grands océans. Mais du coup, moi aussi je suis fatigué, alors je m'installe sur le canapé et je couche l'enfant sur mon torse...la journée a été éreintante.

***

   Je ne sais pas combien de temps j'ai dormi, mais j'ai bien dormi en tout cas. Je suis réveillé pas par le souffle chaud dans mon cou, mais à cause du bruit assourdissant de ma sonnette.
Qui peut bien venir se pointer à une heure pareille ?
   Un rapide coup d'œil sur la situation autour de moi et...disons que c'est assez surprenant: le bébé n'a pas changé de position, il est toujours là, couché sur moi mais qu'est ce que fait Mikio à côté de nous ?

   Déjà comment a-t-elle fait pour se créer une place sur le canapé ? Et pourquoi elle semble aussi peu souciante de ce qui se passe.
Je veux dire, elle partage la même couchette que moi, comment arrive-t-elle à être aussi paisible ?
En fin de compte, j'ai préféré aller ouvrir la porte et à ma grande surprise, je tombe immédiatement sur la fameuse encadreuse au affiche un air des plus sévère.

***

   L'engueulade n'a pas duré bien longtemps. Elle était juste contente de revoir son bébé et nous a même remercié de nous en être aussi bien occupé. Nous l'avons raccompagné à sa voiture avec Mikio après avoir échangé des au-revoir poignants avec le petit bébé qui, à ma grande surprise, s'appelle aussi Isaac.

  - On peut enfin respirer alors ?

  - Il va me manquer. Pas à toi Isaac ?

  - Un peu oui, mais c'est mieux qu'il reste avec sa mère non ? Et puis je pense qu'on pourra le voir quand on voudra maintenant.

  - J'en suis persuadé,. On a eu une sacrée journée en fin de compte n'est ce pas ?

- Rassure toi la prochaine fois que tu choisis une activité, lui fais je remarquer.

  Elle émet à nouveau un léger petit rire avant de reprendre :

   - C'est promis, la prochaine fois, ce sera juste toi et moi. Je me suis bien amusée merci pour la journée Isaac.

  - Tu t'en vas ?

  - Oui. Il faut que je puisse faire ma petite scène d'embarras dans mon coin non ?

  Là, c'est à moi de rigoler. Je doute sérieusement que Mikio fasse ce genre de choses mais pourquoi pas, l'imaginer me paraît plutôt drôle.
C'est donc sur ces mots que cette journée se termina... j'avoue que...j'aurai bien aimé qu'elle dure un peu plus, mais bon....Mikio et moi, on se reverra forcément.

J'en suis persuadé.

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