Chapitre 5: Officialisation.

Bon!

   Aujourd'hui c'est mon grand retour en cours et contre toute attente je n'en suis pas mécontent ; au contraire je crois même que c'est la meilleure chose qui me soit arrivé depuis un moment. Rassurez vous, je n'ai pas subitement développé de l'amour pour ma salle de classe, mes camarades ou même mes professeurs,  mais disons qu'au cours de ma seconde semaine de repos, j'ai réfléchi, beaucoup réfléchi....sur des moyens d'éviter Mikio le plus possible  -ce n'est pas un simple panier repas qui va me dissuader-.

    Sachant que je ne pourrai plus faire semblant d'être malade vu qu'elle viendra me trouver chez moi et que de toute façon, si j'essaie de faire quoique ce soit, elle saura informée, j'ai pensé à une autre approche. Ce n'est qu'une théorie pour le moment, mais j'estime que si je ne peux pas la fuir volontairement, je vais laisser le destin s'en charger...et plus précisément le campus en lui même :

Je vous explique.

   Grand University est bâtie sur un terrain qui a la particularité d'être immense. Pour exploiter au maximum cet espace, les différentes filières d'enseignement proposées ici sont reparties en bâtiments. Puis, pour chaque spécialisation, une classe est réservée dans le bâtiment de la filière approprié.

    C'est vraiment très ambigu comme concept mais pour vous donner un exemple, dans mon cas, j'occupe le bâtiment d'ingénieurie et je suis dans la classe d'architecture. Autrement, je suis un cursus d'ingénieur et plus précisément des études en architecture.

   Au total, ma filière occupe facilement 4 bâtiments déjà bien espacés les uns des autres et surtout très très éloignés de ceux des autres filières. Bref, pour la faire simple : je ne croiserai pas Mikio tant que je suis en cours.

Pourcentage de malchance estimé : moins de 20%.

   Finalement, je l'aime bien mon université. Je crois que dans les mois à venir je serai probablement l'étudiant le plus assidu de l'histoire de ce campus.

Sérieusement!

   Je suis même prêt à supporter mon prof de dessin et ses airs énervants.

Sérieusement,

je n'ai jamais autant été dégouté par un seul homme. C'est un homme exécrable qui n'hésite pas à draguer tout ce qui est étudiantes, membres féminins du personnel,  -- et tout autre être humain possédant un appareil génital différent d'une verge-- afin de mieux les exploiter plus tard. C'est un homme horriblement sarcastisque, qui croît que "parcequ'il est beau", on ne peut rien lui refuser.

Et si seulement ce n'était que ça, je ne le détesterai pas autant.


   Le vrai problème c'est que ce snobinard prend un malin plaisir à m'humilier pour gagner des points au près de ses cibles.

Et ça marche horriblement bien.

     Ce n'est pas très compliqué à comprendre, les personnes issues de la haute sphère apprécient grandement ce genre de spectacle où un tiers se fait h

Oh, comme j'aimerais lui crever ces yeux globuleux à l'autre là.

D'ailleurs vu comment il me regarde, je sens que j'ai dû lui manquer, ça tombe bien :

Le sentiment n'est pas partagé.

Je vais éviter de répondre à ces provocations au cours des prochaines heures. Je sais que c'est ce qu'il veut, mais je ne lui accorderai pas ce plaisir; pas aujourd'hui.

- Monsieur Isaac, vous êtes de retour parmi nous à ce que je vois.

-.....

- J'espère que vous avez préparé vos meilleurs crayons pour la leçon en commun avec la classe d'art.

Quoi ?

Enfin,

QUOIIIII ?

D'où viens cette initiative encore ?
Depuis quand y'a des cours en commun à G.U ? Avec des étudiants d'une autre filière, et pas n'importe lesquels : ceux des sciences humaines.

Je déteste les étudiants de la filière des sciences humaines.

Par conséquent, ceux de la classe d'art aussi. Ils -ceux de la filière- sont de ceux qui pensent qu'ils sont supérieurs aux autres simplement parcequ'ils sont formés pour des métiers qui ne salissent pas. Ils prennent un malin plaisir à se moquer de tous les étudiants qui sont dans des filières "salissantes" et "esclavagistes":

Je déteste quand on se moque des ambitions des autres.

J'ai le sang qui bouillonne dans mes veines tellement j'ai la haine présentement. La dernière fois que j'ai eu à croisé une de ces têtes à claque, j'ai eu un renvoi pour violence verbale, donc imaginez un peu si je me retrouve dans la même pièce avec plusieurs d'entre eux et pire encore que l'un d'entre eux se pose à côté de moi?

Je vais péter un câble !

Sérieusement !


Je suis à deux doigts de créer un énorme boucan, et je crois que l'autre crétin là bas l'a bien remarqué vu que son sourire s'est agrandi jusqu'à ses oreilles.

- Vous n'avez pas été prévenu ? Comme c'est dommage, j'ai pourtant demandé à vos camarades de vous tenir informé. mime t-il dans un faux air désolé.

Tu m'étonnes, bien-sûr que je suis pas au courant, je serai pas venu sinon. En même temps j'admets que c'est un peu de ma faute aussi. Si j'avais pousser la socialisation avec mes camarades de classe, je serai sûrement averti de ce genres de choses.

Mais je les connais bien mes camarades

Surtout les garçons, eux et la réputation qui les précède.

Je sais que si je m'étais mis à traîner avec eux, la plupart de mes soirées se seraient terminées en sorties nocturnes, en picole, en partouzes et en dramas.

Je tiens à ma santé mentale.

   Et voilà donc ce qui m'en coûte ; une sacrée situation dramatique qui fait absolument plaisir à mon prof.

   - Aussi, je vous rappele que vous ne devez pas être désagréable envers nos invités. Ils ont fait un long déplacement depuis leur bâtiment et je ne tiens surtout pas à ce que vous soyez de nouveau exclu. Bien, si vous avez saisi les termes de notre contrat, laissons les donc entrer.

Parce qu'ils sont déjà là en plus ?

Et merde!

    Je ne suis pas superstitieux et encore moins de ceux qui croient en une quelconque loi de l'univers, mais j'ai fermé les yeux...et j'ai espéré. J'ai espéré avoir la force nécessaire pour que les bruits de pas qui résonnent dans le couloir ne me poussent pas à me jeter par la fenêtre et surtout, j'ai espéré que personne ne vienne à côté de moi. Il y'a eu pas mal d'agitation dans la salle par la suite ; sûrement mes nouveaux camarades qui cherchaient ou s'asseoir?

Personne à côté de moi, PITIÉ !!!!

   - Excuse moi, cette place est prise ?

J'avais raison de ne pas être superstitieux, ça ne marche jamais avec moi ce genre de trucs;

et en plus, je constate avec effroi que ma malchance défie même les lois mathématiques.

C'est vraiment terrible.


    Mais essayons de voir les choses du bon côté, je préfère être assis avec elle plutôt qu'avec une piplette ou un mec vantard de cette filière de mes....

Calme toi Isaac, pas de gros mots.

   - Bonjour Mikio, fis je en en tentant de cacher mes pulsions meurtrières.

  - Bonjour Isaac, je peux m'asseoir s'il te plaît ?

  - Mais je t'en prie.

   Son élégante manière de s'asseoir me force à m'intéresser un peu plus à elle. La demoiselle a opté pour une robe blanche sans manche qu'elle a serré au niveau des hanches par une ceinture en daim.

Elle a pas un peu froid, vêtue comme ça elle ?

En plein mois de Novembre qui plus est.


   Peut être qu'elle n'est pas très frileuse, et puis je ne pense pas qu'on puisse avoir froid et sourire aussi allègrement. Après ces quelques modalités, elle range une mèche de ses cheveux derrière son oreille et se concentre sur le prof.

   Je ne sais absolument pas pourquoi mais j'aime bien quand elle fait ce geste.

   Elle le fait d'une manière très soignée et délicate...ce qui attire forcément l'attention sur elle.

D'ailleurs, j'y pense.


   De là où nous sommes, le professeur nous voit très bien, et je crois que le petit mouvement de Mikio ne l'a pas laissé de glace .

Il a donc trouvé sa cible,

   J'imagine que je ne vais pas devoir attendre longtemps avant qu'il ne passe à l'attaque.

Ah là, s'il veut me voler ma supposée petite amie, je veux bien la lui laisser.

   Pour une fois, j'espère vraiment que ses techniques foireuses marcheront. Même si ça me fait mal de savoir que je vais me faire défoncer devant la seule fille qui m'a donné un panier repas et offert un café.

C'est un peu dépitant en fait.

  - Pourquoi tu soupires aussi fort ? Quelque chose ne va pas ? me demande t-elle inquiète.

  - Rien de particulier, je suis un peu fatigué c'est tout.

Je ne vais quand même pas lui dire que son petit ami va se faire défoncer par un mec qui veut la séduire non ?

Je tiens quand même à ne pas me faire afficher avec préméditation.


   - Tout le monde est bien installé ? Nous pouvons commencer ? Bien ! Alors comme annoncé la dernière fois, la classe d'art est ici aujourd'hui pour apprendre la réalisation des formes et contours complexes dans la réalisation de leurs œuvres. Ainsi, je demande à tous les élèves architectes de passer un croquis à nos invités afin qu'ils puissent s'exercer dessus.

  J'entends mes camarades rouspéter à l'annonce et honnêtement, je les comprend assez bien. Tout le monde sait qu'un architecte tiens plus que tout à ses croquis et surtout à la réalisation de ces derniers. Alors que quelqu'un d'autre puisse travailler dessus à leur place ça doit flanquer un sacré coup au moral.

M'enfin,


   Ça c'est pour ceux qui ont une fierté d'architecte et ce n'est absolument pas mon cas. Je m'en contrebalance de qui finit mes croquis ou pas, et ça me fera même du travail en moins avec tous les cours que j'ai accumulé. Donc, j'ai tout simplement porté mon classeur et l'ai déposé devant Mikio, les invités sont rois.

  - Prends celui qui te plaît.

  - Tu es sûr?

  - Fais toi plaisir.

   Je n'ai pas l'occasion d'en dire plus, la demoiselle a déjà ouvert et fouillé mon classeur jusqu'à trouver quelque chose qui semble lui convenir. Je le pense à cause du léger sourire qu'elle affiche. Elle est très mignonne quand elle sourit; très mignonne en général même. Franchement, qui ne serait pas content de l'avoir comme petite amie ?

Moi peut être ?

Mais ce n'est pas pareil, si les circonstances avaient été différentes alors....de toute façon on en a déjà parlé vous et moi

   À ma grande surprise, Mikio m'a aussi tendu son classeur, mais honnêtement, je ne sais pas trop quoi en faire en fait.

À moins que....

   - Bien ! Maintenant, pour que les architectes ne s'ennuient pas trop, les artistes vont eux aussi vous passer un croquis pour que vous puissiez travailler dessus.

   Ce qui explique pourquoi j'ai son classeur sous le nez. Je crois qu'elle m'a tendu son classeur pour anticiper ma réponse ; qui aurait été un non. Personnellement, je n'ai pas de problèmes à ce qu'on touche à mes affaires, mais je déteste toucher à celles des autres et encore moins celles des filles, et ça je crois qu'elle l'a compris.

   - Ne sois pas gêné. Vas y, prends celui qui te plaît, me persuade t-elle en déposant son classeur sous mon nez.

  - Pardonne moi si je mets un peu la pagaille dans tes affaires Mikio, lui répondis je un peu embarrassé.

  - Fais toi plaisir voyons, rétorque t-elle toujours aussi enthousiaste.

    À ma grande surprise, je suis tombé sur un croquis un peu particulier. Ce dernier me rend un peu nostalgique -si on peut dire ça comme ça- puisqu'il s'agit d'une représentation de notre rencontre -si on peut appeler ça comme ça- vu d'un œil externe. C'est mignon ; gênant mais mignon.

Et un peu bizarre aussi.


   C'est définitivement la reproduction d'une photo. Quelqu'un a sûrement capturé le moment et elle a ensuite récupéré le cliché. En tout cas, il faut le reconnaître, le dessin est déjà bien réalisé même s'il manque quelques détails.

Peut-être que je peux le travailler un peu....

   De toute façon, je l'ai sous les yeux et la consigne me demande de m'en occuper alors pourquoi me retenir ?

****


    En fin de compte, c'est plus captivant que ce que je le croyais. Je ne pensais pas qu'il fallait autant de concentration pour finir un dessin, -qui n'est pas le notre- c'est vraiment intéressant. Présentement, je suis totalement coupé du monde, jusqu'à ce que je constate le souffle chaud de ma camarade sur mon cou, ainsi que son regard insistant sur mon plan de travail.

  - Je peux t'aider Mikio ?

  - Tu n'as pas entendu ? Le cours est terminé.

  - Ah! Déjà ? J'imagine que je dois te rendre ton dessin alors ?

  - Ne te presse surtout pas ; j'aimerais beaucoup te voir le terminer si ça ne te dérange pas, tu dessines bien tu sais.


    Oh!
Quel joli petit compliment, très petit mais très efficace quand même. En temps normal, mon égo aurait déjà commencé à prendre un peu trop de galon...mais ça, ce serait en temps normal.

   - N'exagérons rien. Mr Isaac n'a pas de talents particuliers pour le dessin.

Je ne l'ai pas oublié lui.

Pendant tout le cours, je savais que ce moment allait arrivé: celui où je me fait déglinguer par une blague nulle qui lui augmente sa côte de popularité. Ça me peine de le dire, mais, je m'y suis déjà résilié.

Au bout de trois ans, je n'ai jamais pu rien faire. Je ne vais pas commencer maintenant.

     Sauf que,
chose étrange, quand ça arrive, je n'ai pas de picotements. Ceux ci sont certes très légers, mais s'ils sont présents, ça veut dire que quelque chose -infime soit elle- est sur le point de se produire; et ça m'intrigue grandement. Moi qui pensais que c'était devenu normal de me faire tailler, cette sensation me mets fortement en étant de panique. Pourtant, rien ne semble différer des autres jours :

Je connais déjà son mode d'opération.

   Il commence par se rapprocher de moi avant de me prendre de force mon travail. Ce n'est pas mon croquis, alors je préfère le lui tendre directement pour éviter un regrettable accident ; il arrive quand même à me le prendre avec férocité et après une vague inspection il lance d'un air hautain:

   - Voyez moi ça, incapable de choisir un crayon qui va avec les traits déjà effectués. Vous manquez de sérieux monsieur, c'est vraiment déplorable. N'êtes vous pas d'accord mademoiselle ?

   C'est généralement à ce moment qu'il sait s'il pourra conclure ou non. En fonction de la personne en face de lui et en fonction de la réponse, il saura comment tirer avantage de la situation. J'ai même pris l'habitude de ne plus attendre quoi que ce soit de la part des demoiselles ciblées.

    Ce n'est pas que je ne crois pas en Mikio mais l'adversaire en face est très coriace...malheureusement. Bref, à la fin de cette session je pourrai être célibataire donc ce n'est pas si mauvais finalement.

   - Mademoiselle ?

   - Pardon, j'étais tellement focalisé sur le dessin que je n'ai pas prêté attention à vous. Pour tout vous dire, je ne suis pas d'accord avec vous. Le crayon que Isaac a utilisé correspondent parfaitement à la subtilité des détails de la scène et font ressortir des éléments clés que je n'arrivais pas à sublimer.

    Je ne savais pas que ma petite amie avait un tel répondant; je ne savais pas qu'elle en savait autant sur le dessin; jamais je n'aurais crû qu'il se ferait aussi froidement recalé. Si c'est un rêve, ne me réveillez pas je vous prie.

   Son égo est clairement piqué et je le sens défaillir : ça va être très intéressant tout ça.

   - Je remarque que vous avez mis des couleurs aussi, qui vous en a donné l'autorisation ? Vous avez gâché cette œuvre d'art, reprend t-il en essayant de garder sa contenance.

   - Revoyez vos goûts monsieur. Ce dessin a été réalisé uniquement pour que Isaac, mon petit ami, puisse le compléter. Votre avis ne m'importe guerre.


Et toc, dans ta face... ATTENDS QUOI ?

   C'est absolument pas ce qui était prévu. Non seulement elle vient de recaler mon prof, mais elle vient surtout d'annoncer clairement et à haute voix que je suis son petit ami.

J'étais pas censé finir célibataire moi ?

Est ce qu'elle sait seulement ce qu'elle vient de faire ?


  Pourtant, la bombe qu'elle vient de lâcher ne semble même pas la perturber, elle nous a affiché fièrement et sans scrupules devant l'air stupéfait de notre prof et de nos camarades. Elle s'est ensuite levée, a repris le dessin entre les mains du professeur et à déposer un léger baiser sur mon front :

   - Excuse moi Isaac , je te revois plus tard d'accord ?

   - Heu...oui. À tout à l'heure.

   J'ai pas trop compris ce qui vient de se passer, je ne sais même ce que moi même j'ai fait mais au moins mes picotements se sont arrêtés et le prof, visiblement assez décontenancé s'est contenté de sortir peu après Mikio.

Jusqu'à présent, je ne sais toujours pas ce qui c'est passé, c'est comme si mon cerveau a volontairement oublié d'enregistrer les dix dernières minutes qui se sont écoulées. Mais quand je vois une petite tête blonde postée à la fenêtre avec un air estomaqué, je me rends compte que la suite de la journée ne va pas être très amusante.

La suite, je la sens horriblement mal

Quelle galère !

***

Ok!
Voilà, nous sommes le 14/08.
Je viens de corriger ce chapitre.
En attendant plus de lecteurs.
Je vous souhaite une bonne journée.

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