Chapitre 4: 13

     Combien de temps ? Une semaine ?
Oui, une semaine.

   C'est le temps qui s'est écoulé depuis ma "fameuse rencontre" avec Mikio.
Depuis lors, je ne suis pas sorti de ma chambre...pas une seule fois. J'ai contacté mon chargé de discipline entretemps et j'ai réussi à lui faire croire que je souffrais d'une vilaine gastro.

J'en souffre souvent, de vilaines gastro.


   Donc ce ne fût pas très difficile. Qui plus est, il m'a filé gracieusement une semaine de congés en plus pour comme il l'a dit "mieux me soigner". Me voilà donc à la maison, pour encore une semaine, loin des cours et loin de mes professeurs :

J'adore mon chargé de discipline.

   C'est un homme simple et compréhensif, généralement entrain à aider les élèves à sécher les cours du moment où l'excuse ou l'explication a du sens. En fait, je pense que c'est juste parce qu'il déteste tellement son poste qu'il a décidé de se rapprocher des étudiants plutôt qu'être un bouche-cul comme ses collègues.

     Bref,
Grâce à lui -et à sa haine contre le système-, je vais enfin pouvoir réfléchir à tout ce qui m'est tombé dessus.

   Donc, récapitulons.

   Présentement, si j'ai bien tout compris, depuis déjà une semaine, j'ai une petite amie.

Techniquement.


  Ce n'est pas que la nouvelle ne me ferait pas me réjouir en temps normal, mais le problème c'est que ce n'est justement pas normal.
Puis, avec tous mes capteurs en panique ce jour là, je ne suis vraiment pas très rassuré pour la suite de cette histoire.

Quelque chose cloche.

   Je veux dire, avec tous les garçons qui pullulent dans cette université, d'où elle s'intéresse à moi ? Même si...Franchement...Faut avouer,
Qui ne serait pas content d'avoir une fille pareille comme petite amie ?

Moi en l'occurrence.

   Peut-être parce qu'elle me fait un tout petit peu peur. Parceque, entre l'instant où la serveuse a pris ma commande et celui où elle m'a exposé son idée, je suis bien obligé d'admettre que c'était un joli coup, minutieusement bien préparé.

   Elle doit être super clairvoyante la demoiselle ou un peu folle.....Mouais.
Va pour la première idée, elle est juste intelligente.

C'est bon ?
T'as enregistré cerveau ?
Maintenant efface tous les autres scénarios que tu te faisais s'il te plaît.

Merci!

  Et dire que j'ai séché les cours pour trouver un moyen de la contrer -et de la fuir aussi-, voilà que je me retrouve à parler d'elle tout seul et à m'imaginer tout un tas de choses sur elle.

   C'est la fatigue tout ça, il faut que je repose mon cerveau. Un peu de divertissement me ferait sûrement le plus grand bien. Mais hors de question d'allumer la télévision ou de prendre mon ordinateur, je veux me divertir pas m'abrutir. Et j'ai une activité spéciale pour ce genre de situation.

   Je m'installe calmement sur mon canapé, les yeux rivés sur le plafond. Je compte mieux les sillures du bois vernis du plafonier du salon dans cette position.

Oui, du salon.

   Je vous ai déjà dit que je me trouvais au "Vatican de l'enseignement supérieur" ? Voilà !

   Ce que j'appelle "chambre d'étudiants" la plupart du temps, sont en fait des appartements ; bon, le terme villa est plus appropié certes, mais on va rester dans la décence.

    Donc,
Des appartements meublés haut standing, où vivent les élèves de Grand University. Et vu que c'est l'université qui produit elle même son gaz et son électricité, on a juste à payer les frais de location au préalable lors de l'inscription.

La meilleure université du pays
vous dites ?
Non, pas forcément
Juste une école de riches.
Qui adore le gaspillage.

   Personnellement, je n'aime pas le gâchis et pour moi, avoir un si grand espace pour une seule personne : c'est du gâchis. À quoi ça sert d'avoir une baraque à 10 pièces quand il y'en a juste 3 ou 4 pièces à tout casser et où je passe la plupart de notre temps ?

    Moi, un salon, une chambre, une salle de bain et une cuisine me suffisent largement. C'est clairement les espaces les plus utilisés par les gens "normaux" et encore plus par les étudiants. M'enfin, je suppose qu'on a pas tous la même vision des choses. Peut être que certains trouveront l'utilité d'une salle de projection de 100 places dans un endroit qui n'est même pas leur maison définitive.

   De mon côté, je préfère mille fois m'adonner à des loisirs plus réfléchis, comme maintenant où je compte les silures de mon plafond -jugez pas chacun ses plaisirs-.  J'en connais déjà le nombre exact -3654- , mais parfois ça m'amuse de refaire le compte pour voir s'il n'y a pas de nouveaux venus.

   Alors,
1
2
3
4
.
.
.
.
13
Et là, mon téléphone sonne.

Ok........

   Normalement, je me serai déjà jetté sur ce dernier pour répondre à l'appel, mais si j'ai bien compris quelque chose de mes différentes expériences: il y'a des signes à ne pas sous estimer.

   Vous savez, parfois, mes détecteurs tombent en panne, -ça arrive les défaillances- ou bien ne se mettent pas en marche quand l'événement n'est pas très gros à encaisser. Et quand ça arrive, la plupart du temps, je me réfère à mon environnement. Il m'envoie toujours deux-trois signes et me prévient continuellement du moindre danger:

La nature est un allié fiable.

   Même ses prédictions sont parfois un peu exagérées, elles m'ont déjà plusieurs fois sauvé de situations... plutôt terribles. Ce qui fait que à chaque fois que je sens que ce qui m'entoure entre en mouvement, j'entre dans un etat d'éveil absolu où tous mes sens atteignent un niveau d'illumination digne des grands moines bouddhistes.

Comme là justement,
Je suis en totalement concentré.

   La malchance peut venir de n'importe où à partir de maintenant. Vous allez sûrement me dire que j'exagère et que ce n'est qu'un concours de circonstances, mais je vous rappelle que peu de personnes possèdent mon numéro, mais surtout, que celle ci décide de m'appeler un 13 Novembre, à 13h13 tapantes, après que j'ai compté jusqu'à 13? Déjà que je déteste ce chiffre, alors là :

Ça fait quatre circonstances beaucoup trop bien alignées.

Quelque chose va m'arriver j'en suis sûr.

   - Ok Gogole, décroche et mets sur haut parleur.

   Le petit bip après ma phrase me signale que le bot a assimilé ma demande et s'exécute.

  - Ohhhhhhhhhhh! Isaac? T'es vivant ?surgit une grosse voix alors qui vient directement me fracasser les tympans.

  Ouf, ce n'est que ça.

   Quand je vous disais que la nature exagère parfois, c'est vraiment qu'elle ne fait pas les choses à moitié. Présentement, je n'ai pas à avoir peur de quoique ce soit, je reconnais absolument cette voix, c'est celle de mon meilleur ami : Marc

   - Ça va pas de crier comme ça ? Dîtes donc ? On est où là ?

   - Commence pas hein. Alors comme ça, monsieur a décidé de sécher les cours. T'es où ?

   - Si tu appelles, c'est que tu as déjà mené ton enquête et que tu sais ce qui se passe.

  - Perspicace! Effectivement je suis allé voir M. Savoie et il m'a fait comprendre que t'avais mal au ventre ?

   - Pourquoi t'appeles alors si tu sais tout ça ?

    - Parceque je sais que tu mens, c'est pas net que tu sèches jusqu'à une semaine et un jour pour une simple gastro.

  Ce genre de choses ne pouvait pas lui échapper, il me connait trop bien et en plus son "sixième sens" légendaire le conduit toujours sur des pistes infaillibles.

   - T'as des problèmes ? Tu me racontes ?

   - Non, on peut pas appeler ça problème et de toute façon, je doute que tu puisses y faire quoique ce soit.

    - Raconte toujours, on sait jamais.

    À vrai dire, pourquoi pas.
Marc est celui qui est de loin le plus exposé à ma malchance et la plupart du temps, ses idées sont souvent assez bonnes pour me sortir de situations...pour le moins chelou.
Alors oui, peut être qu'il pourra m'aider pour ça aussi.

Alors,
Par où commencer....

Ding Dong.

    Tiens, tiens, tiens.

  Pourquoi ma sonnette retentit soudainement. À cette heure ?
Et pourquoi j'ai tout à coup des picotements dans le cou ? Est ce que j'ai mal saisi le message de la nature ?

Le temps...

Méfie toi du temps.

    Je vois, elle voulait que je me méfie du temps. D'où toutes ces allusions à la temporalité.....je dois vraiment être plus concentré moi.

    - C'est qui ? demande Marc interloqué.

    - J'en ai pas la moindre idée, je vais ouvrir je te rappelle après.

    - Ok, tiens moi au courant hein.

     - Sans fautes.

  
    Sans trop perdre de temps, je me précipite vers la porte d'entrée.
Mes neurones sont en sur régime et mes poils se sont dressés sur mon épiderme,

Je n'aime pas ça.

    Tout comme je n'aime pas ma bêtise dans ce genre de moments; j'aurais dû demander avant d'ouvrir la porte.
Mais trop tard, j'ai déjà tourné la poignée et voilà que je tombe sur elle.... comme par magie. Elle a porté un petit haut blanc terminé par une longue jupe rouge, ses yeux violets me fixent directement, comme s'ils savaient où m'attendre. Ils sont pleins de malice et s'accordent parfaitement -et bizarrement- avec le sourire innocent qu'elle affiche.

   - Bonjour mon chéri, la vue te plaît ? me dit-elle en se penchant délicatement vers moi.

    La scène est très mignonne et me ferait presque sourire en temps normal. Mais quand je vois ses bras croisés dans son dos, ça ne peut que m'intriguer...elle cache quelque chose.

   - Mikio, je ne t'attendais pas.....

    - C'est le but d'une visite à l'improviste.

   Je n'ai même pas le temps de glisser une autre réplique qu'elle s'est déjà glissée dans la pièce. Je ferme alors derrière moi et pars la rejoindre au salon.

   - Je t'offre quelque chose à boire?

   - Ne te dérange pas, je ne serai pas très longue.

   Elle m'a l'air très calme, c'est assez déroutant. Et puis, comment elle a fait pour avoir mon adresse ? N'est elle pas gênée d'entrer dans la maison d'un homme comme ça ?

  - Tu discutais avec ton meilleur ami si je ne m'abuse, désolée, je n'ai pas pu m'empêcher de vous écouter. Allais tu lui dire que tu t'es fait une petite amie ? Ou peut-être allais tu lui dire ce qui s'est passé un peu avant ?

    Je ne vais pas répondre...
Comment répondre à ça ?

  Elle arrive à dire avec précision ce qui vient tout juste de se passer, ce qui est, maintenant qu'on en parle, tout bonnement impossible. Mes murs sont parfaitement insonorisés donc même avec l'ouïe la plus fine, elle n'aurait pas pû entendre ça.

Il ne peut y avoir qu'une seule explication.

  Quelque part dans ma maison, on a placé des micros.

Je ne vois que ça.

   Si en plus on prend en compte les photos prises dans ma chambre, tout s'explique ; je comprends mieux pourquoi elle n'a pas été étonné quand elle est entré : elle est déjà venue ici ; elle connaît déjà ma maison.

Cette fille est folle.
Définitivement.
Je retire ce que j'ai dit tout à l'heure.
Je suis dans un mauvais film d'horreur là,
C'est pas possible autrement.


   - Je te prie de te calmer.

   Sa voix me rappelle tout de suite à l'ordre, comment veut-elle que je sois calme dans ce genre de situation ? Alors que je viens d'apprendre que je suis espionné dans mon propre chez moi ? Pour simple réponse, elle me fixe de nouveau et me sourit avec plein de candeur, comme si elle cherchait à me rassurer, elle sait que je sais que j'ai compris. Après avoir rangé une mèche de cheveux derrière son oreille, elle entame :

  - J'ai conscience que tout ceci est soudain, mais comprends que je ne pouvais pas te laisser sans surveillance. Vois tu, il faut que je m'assure que cette affaire reste entre nous.

   - Il y'avait d'autres moyens non ? Tu es consciente que je vais être encore plus sur la défensive maintenant ?

    - Tu es quelqu'un de gentil et négligent Isaac, tu ne pourras pas aller contre ta nature indéfiniment, dit elle dans un léger sourire-  Je m'excuse pour toutes les sueurs froides que j'ai eu à te donner, je te promets que tu sauras bientôt toute la vérité..et de retirer toutes ces caméras ; mais en attendant, je suis venu avec quelque chose pour me faire pardonner, j'espère que tu apprécieras.

   Elle finit par me tendre ce qui se cachait dans son dos depuis tout ce temps. C'est rectangulaire et c'est emballé dans un fin tissu...une bombe ?




Non, elle ne prendrait pas ce risque.


   Je saisis avec méfiance son paquet alors que son sourire est resté intact ; je défais le nœud formé avec le tissu sous ses yeux attentifs...et je découvre...un panier repas ?

Wow
Je veux dire
WOW.

   Quelle douce attention, vraiment, je ne m'y attendais pas, je suis vraiment flatté.

   - Heu, merci Mikio, fallait pas....

   - Je t'en prie, c'est bien minime comparé à ce que tu fais pour moi.

   - Je ne sais pas. Je ne te comprends pas, qu'est-ce que je fais d'aussi important ?

    - Ne sois pas pressé, tu le sauras bientôt. Tu dois juste savoir que j'ai besoin de toi et que tout ceci doit rester entre nous. dit-elle assez rapidement comme s'il s'agissait d'un discours préparé à l'avance,   Je vais te laisser déguster ton repas maintenant. Au-revoir Isaac.

   - Déjà ? Tu viens à peine d'arriver.

   - Nous aurons le temps de nous revoir Isaac... même si tu essaies encore de me fuir.

    Elle s'en est rendu compte ?
Promis, avec ça, je ferai tout ce qu'elle voudra. (C'est faux) Mais je n'ai même pas le temps de lui adresser à nouveau mes remerciements qu'elle s'est levée en m'adressant un vague "je connais le chemin" plutôt discret.

Ce n'est pas que je voulais taper la causette avec elle, mais j'aurais quand même aimé lui poser 2-3 questions... Bof, je suppose qu'elle a d'autres choses à faire.

Je comprends
Je comprends.

   Bon,
C'est pas tout ça, mais ouvrons ce panier repas. Présentement, je suis imperturbable, je suis impatient de voir ce que ma " petite amie " m'a cuisinée.

   Un délicieux parfum s'échappe de la boîte. C'est une sorte de bentô si je ne me trompes pas.
Un bentô avec 13 compartiments, tous excellemments bien garnis.

Finalement, il est pas si mal le chiffre 13.

****
Bah, voilà.
Je suis de retour avec mes corrections mensuelles.
Nous sommes actuellement, le 31/07 et je continue à corriger mes chapitres.
Le prochain ne devrait pas tarder. Bon, voilà, j'ai un peu (beaucoup changé) la syntaxe.
J'espère que vous amuserez bien.
Passer une bonne journée.

Tchuss.

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