CHAPITRE CINQ.
C'est juste affreux. Je n'arrive plus à dormir, mes nuits se raccourcissent de plus en plus à ne plus en dormir. Je vois de plus en plus Anna, le matin, le midi, le soir et pendant mon sommeil. Elle est partout où je suis. J'ai l'impression qu'elle m'espionne tous les jours, j'ai l'impression qu'elle ne veut que du mal de moi. Hier, en cours, j'ai failli enfoncer ma paire de ciseaux dans la main de Michael! Elle me l'avait obligé et j'ai quasi obéi à ses ordres. J'ai une seule question dans ma tête: mais qu'est-ce qu'il m'arrive? Pourquoi j'ai l'impression que mon état se dégrade? Que se soit mentalement ou physiquement?
On est mardi, j'ai cours. Toute la journée. De huit heures à cinq heures. Non stop et en plus de cela, avec Michael. Je n'ai pas envie, comme tous les jours, de sortir de mon lit. Cet endroit est si chaud et si douillet. J'aime y rester toute la journée dedans devant un film. Ma mère rentre dans ma chambre et ouvre le volet ainsi que la fenêtre pour m'obliger à sortir de mon lit. Je soupire et suis ma mère jusqu'à la cuisine. Un bol de céréales, un verre de jus d'orange et quatre comprimés sont posés sur le plan de travail. Je m'assois sur la chaise haute et mange trois ou quatre cuillères de céréales avant de boire mon jus. Je mets le comprimés dans ma main que je dirige vers ma bouche. Je fais croire à ma mère que je les avale et les mets dans le reste de mes céréales. Je les vois se dissoudre dans le lait et je vais rapidement vider mon bol. Je m'apprête à m'affaler sur le sofa mais ma mère m'interrompe une nouvelle fois.
-Tu vas te laver.
-Mais...
-Debout.
-Ma...
-Sous la douche, me coupe-t-elle encore.
-Non, râlai-je.
Je me relève et monte en traînant mes pieds jusqu'à la salle de bain. Je m'enferme dedans et enlève rapidement mon bas de jogging et mon caleçon. Je glisse sous l'eau et la règle à la bonne température. Je me savonne très rapidement, très très très rapidement. Je me rince et sors pour m'essuyer le plus vite possible. Je hais me laver. A quoi ça sert de se laver pour se salir? Je mets un tee-shit noir et un jean skinny noir, et sors de la salle de bain. Je vais dans ma chambre et prends mon sac. Je me regarde rapidement dans le miroir et vois Anna apparaître derrière mon dos. Je sursaute et cours jusqu'au salon. Je ne salue pas ma mère et marche rapidement jusqu'au lycée en espérant ne pas voir Anna. J'arrive plus rapidement que je ne le pensais au lycée mais la réalité refait surface. Michael. J'échappe à Anna mais je tombe sur Michael. Je marche rapidement jusqu'à la salle de chimie lorsque la cloche retentit. Je m'installe à ma place où tout un matériel est installé à chaque table. Michael vient s'installer à côté de moi. Je le déteste. Dire qu'il a été mon meilleur ami, qu'il m'a tourné le dos à cause de cette stupide maladie. Il me sourit, plutôt gentiment on dirait, c'est étrange d'ailleurs. Le professeur se place face à toute la classe et nous dit:
-Bonjour à tous. Aujourd'hui, comme je vous l'avais dit la semaine dernière, vous allez effectuer une expérience en binôme avec votre voisin. Vous allez utiliser des produits chimiques qui peuvent devenir dangereux après certaines manipulations. Je ne veux voir personne, je dis bien personne, en jeter sur ses camarades. Je ne veux voir personne en voir ou en respirer l'odeur. Je veux qu'après l'expérience faite et réussite qu'on jette directement le produit dans le bidon que je mettrais à votre disposition. Je ne veux que personne ne garde le mélange chez soi. Le premier qui fait l'andouille avec les liquides, je le colle pendant deux semaines à chaque heure de libre qu'il a. Je veux maintenant vous distribuer les feuilles avec toutes les explications sur l'expérience que vous allez réaliser. Personne n'a la même, il se peut que les produits aient changé, que l'ordre ou autre. A la fin, personne n'aura la même couleur si deux duos ont le même résultat, ce sera un zéro. Vous aurez triché, ce sera très facile à voir. Maintenant au travail.
Il distribue les photocopies en commençant par l'opposé d'où je suis. Lorsqu'il arrive à ma table ainsi que celle de Michael, il lui dit:
-Michael, je te préviens une seule fois. Un seul dérapage avec Ashton et je te renvoie. Je pense que tu es bien placé pour savoir ce qu'il peut arriver. Est-ce bien clair?
-Oui, Monsieur.
Michael se tourne vers moi et sourit discrètement. Il lit la feuille de son côté puis me la passe. Je le lis rapidement et vois Michael verser un liquide rouge dans le fond du tube à essaie. Je le regarde faire puis il me tend une autre bouteille.
-Tu veux le faire? Me propose-t-il gentiment.
-Euh.. Je ne sais pas... Ça brûle?
-Oui, c'est écrit que le mélange brûlerait la peau, pourquoi?
Mon sang se glace. Je refuse de toucher à une seule goutte de ce mélange.
-Je... Je préfère que tu le fasses.
Il hausse les épaules et continue de version plusieurs liquides. Quelques minutes plus tard, le mélange apparaît de couleur verte, comme les cheveux de Michael.
-OH! C'est la même couleur que mes cheveux!!
«Quel idiot celui la. Il est très con.»
Je soupire, la revoilà.
-Qu'est-ce qu'il y a? crache Michael.
-Rien, rien.
-Ok.. Je vais aller voir le prof, tu n'y touches pas.
Il se lève et va voir le professeur qui est de l'autre côté de la pièce.
«Prends le tube. Ashton, prends le tube à essaie.»
-Je ne veux pas, dis-je le plus bas possible.
«PRENDS LE. Dépêche toi Ashton, je n'ai pas que ça à faire.»
Ma main tremble, je guette du coin de l'oeil l'arrivé de Michael et du professeur. Je prends discrètement le tube et le penche légèrement au dessus de mon avant-bras gauche. Une goutte tombe sur ma peau et j'ai envie de hurler. Cela fait si mal.
«Continue Ashy. C'est très bien. Tu comprends à quel point c'est très bien? C'est le meilleur moyen de brûler le mini diable qu'il y a en toi. C'est la meilleure façon d'aller au paradis. Dieu est fier de toi Ashton. Je suis fière de toi. Je t'aime Ashy.»
Je laisse tomber encore plusieurs gouttes mais je finis par crier de douleurs. Anna me félicite. Elle me dit que c'est très bien, je suis bon. Elle me dit qu'elle m'aime, qu'elle m'aime de tout son cœur. Le professeur court vers moi et ordonne à Michael d'aller chercher l'infirmière. Il éloigne le tube à moitié vide de mon corps et m'allonge sur le carrelage blanc. Mon bras me fait souffrir, je hurle le plus fort que je le peux. J'en ai mal à la gorge. Mes yeux se ferment de plus en plus. Je finis pas ne rien voir.
+
-Ashton, est-ce que tu m'entends? Ashton?
Je cligne plusieurs fois des yeux avant de les ouvrir complètement. Je me redresse rapidement et pousse la personne au dessus de moi. Où suis-je? Qu'est-ce qu'il m'est encore arrivé? Ma mère est dans le coin de la pièce avec Lauren et Harry, ils me regardent tous inquiets. Mon bras gauche me fait très mal, je le regarde et le vois bandé. Une épaisse bande blanche entoure tout mon avant-bras. Je ferme les yeux et essaie de me rappeler de ce que j'ai fais. «Tu t'es brûlé Ashy.» Je me suis brûlé. Brûlé comme elle le disait. J'ai encore cédé. Quelqu'un rentre dans la chambre: c'est mon neurologue. Il n'est pas seul, il est accompagné de mon psychologue.
-Bonjour Ashton, disent-ils ensemble.
-Comment vas-tu?
Je ne lui réponds pas.
-Comment va ton bras? Demande mon psychologue. Tu ne comptes pas nous répondre? Tu préfères que l'on te garde ici? Une nuit de plus?
-Non.
-Bien, alors réponds-nous.
-Répondre à quoi? Crachai-je.
-Pourquoi tu as fait ça?
-Pour faire marcher les curieux et ça marche.
-Ashton, râle ma mère.
-Tu veux en parler seul à seul avec l'un de nous?
-Non.
Je les entends soupirer mais je m'en fous. Je ne comprends déjà rien à ma vie, je ne vais pas essayer d'expliquer ce que moi-même je ne comprends pas. Ils sortent tous les deux de la chambre suivis de ma mère. Harry et Lauren restent avec moi. Harry court vers moi et Lauren me regarde durement. Harry s'assoit sur le bord de mon lit et me sourit tout en montrant toutes ses dents. Est-ce bien mon frère celui-la? Lauren se rapproche un peu plus de moi et dit méchamment:
-Je peux savoir ce qui te prends? Tu te fous de nous? Tu remballes tous les médecins qui viennent te voir, tu n'es même pas capable de leur dire si ça va. Tu n'as toujours pas compris qu'ils sont là pour t'aider? Tu veux finir cinglé et dans un asile? Mais tu n'es pas possible Ashton, tu délires complètement là...
-Lauren!!
Notre mère rentre dans la chambre très énervée. Elle marche jusqu'à Lauren et lui saisit son bras avec sa main gauche. Elle la tire en dehors de la chambre et on peut l'entendre lui crier dessus. Harry n'est plus assis à côté de moi, il essaye d'attraper une télécommande qui se trouve sur un meuble qui fait deux fois sa taille. Il saute, grimpe et tombe sans avoir ce qu'il veut. Il se met à râler et je ricane.
-Ashton, je veux la télécommande. S'il te plaît.
-Tu m'énerves microbe.
-S'il te plaît, Ash.
Je me lève avec un peu de difficulté et prends la télécommande sur le meuble. Je la donne à Harry et retourne m'asseoir sur le lit. Il allume cette télévision et met une chaîne de dessin-animé. Ma mère rentre à nouveau dans la pièce peinte de blanc et me dit:
-Ils veulent te garder une nuit Ashton. Tu vas dormir ici et je viendrais te voir demain matin, d'accord?
Rester? A l'hôpital?
-On se voit demain mon poussin? Allez viens Harry, on rentre.
-Non! Maman, ne me laisse pas ici, s'il te plaît. Je t'en supplie, s'il te plaît... Maman!! Maman, reviens s'il te plaît!
Je me suis mis à pleurer. Je ne sais pas pourquoi elle me laisse ici, je déteste les hôpitaux. Et elle le sait ça. J'ai envie de tout casser ce qu'il a dans cette chambre. Elle est affreuse en plus, tout en blanc. Ce blanc casse tout, ce blanc est affreux. Je déteste le blanc. Je hais les hôpitaux. Je m'allonge sur mon côté droit et monte la couverture jusqu'à ma tête. Je ne veux voir personne.
+
-Ashton, tu as de la visite.
-C'est ma mère? Demandai-je.
-Non, c'est un garçon aux cheveux verts, répond l'infirmière.
Michael? Qu'est-ce qu'il fait ici?
-D'accord.
Michael rentre dans la chambre et ferme la porte. Il est vêtu d'un jean noir troué, un tee-shirt blanc et d'une veste noir en cuir. Il me sourit et s'assoit sur la chaise à côté du lit. Je me demande encore ce qu'il fait là.
-Salut, dit-il simplement.
-Qu'est ce que tu fais là? Grognai-je.
-Je suis venu voir comme tu allais... Je t'ai vu te..tomber hier et j'étais inquiet.
-Inquiet? Tu es inquiet pour moi alors que pendant deux ans cela ne te gênait pas de m'humilier devant tout le monde. Tu aimais me narguer, m'insulter, me taper pour montrer que tu étais comme les autres. Et tu viens là comme si de rien n'était. Tu te fous de moi?
Il se tût. Il ne dit plus rien et baisse les yeux. Il se mort la lèvre avant de dire:
-L'épisode d'hier m'a bien fait réfléchir. J'ai pensé à tout ce que j'ai pu te faire, j'ai aussi pensé à notre amitié, celle qu'on avait depuis la maternelle jusqu'au collège. Je regrette tellement d'avoir été aussi cruel avec toi, j'avais peur en réalité. J'avais peur que ta maladie changerait tout ce qu'on avait vécu. J'avais peur que tu me rejettes. Le soir, où tu m'as appelé, j'ai été sur internet et j'ai cherché ce que c'était la schizophrénie. Les résultats m'ont effrayé. J'ai vu que la personne pouvait devenir violente, repousser ses proches, devenir distant, quelqu'un de... J'avais tellement peur Ashton. Les commentaires sur la schizophrénie... Certains étaient affreux et m'ont fait très peur. Et j'ai décidé, j'ai eu cette stupide idée, de ne plus te parler. D'arrêter notre relation et pour que tu comprennes que c'était fini, je t'ai fait du mal... Je me montrais fort, je montrais à tout le monde que je m'en fichais que tu pouvais pleurer, te mutiler, essayer de te suicider. Je montrais que je te détestais le plus fort possible et j'y ai moi-même cru. C'est hier que j'ai réalisé à quel point tu me manquais. J'ai été prévenu de l'expérience qu'on allait faire et des risques qu'il y avait. Ta mère m'a dit que le feu, l'idée de te brûler était mauvaise pour toi, que les hallucinations que tu avais te forcer à te brûler. J'ai compris que ça risquait d'être compliqué. Donc j'ai fait un effort devant tout le monde, je me suis montré gentil, comme avant. Puis je suis parti cinq minutes et tu t'es brûlé. Tu l'avais fait exprès, je l'avais compris ça. Et je regrette d'être parti, j'aurais du t'envoyer voir le prof pour que tu ne te brûles pas... Je comprends très bien si tu ne me pardonnes pas, si tu ne veux plus me voir. Je pense comprendre. Mais je veux juste que tu saches à quel point je suis désolé. Je m'en fous de ce que le lycée va penser, je m'en fous que j'ai la réputation de l'ami fou. Tout ce que je veux, c'est qu'on redevienne ami. Les amis qu'on était avant. Je suis désolé Ash, tellement désolé.
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Merci d'avoir lu ce chapitre! J'espère qu'il vous a plu un minimum. ♡ Que pensez vous de Michael? Pensez vous qu'il est sincère? N'hésitez pas à commenter pour me donner votre avis!
Vous pouvez retrouver d'autres fictions sur mon profil : Email, I'm Lucky Or Not? et 213 jours avant.
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-Marion
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