6ème chapitre
Le réveil de l'autrichienne résonne à côté d'elle, la tirant de son profond sommeil. Elle grogne alors que sa joue colle au papier de la page du livre sur lequel elle s'est endormie tard la veille au soir. Dehors, le ciel est encore noir et à travers son velux, elle peut voir les étoiles et la pleine lune l'illuminant. Elle reste plusieurs minutes à le contempler avant de se sortir de son admiration des constellations et de quitter la chaleur de sa couette pour la fraicheur de la pièce où elle a bien trop baissé le chauffage une fois encore cette nuit-là. Elle sourit en voyant la neige présente sur la vitre, signe qu'il a une nouvelle fois neigé cette nuit-là.
Elle glisse ses pieds dans ses chaussons avant de traverser sa maison. Dans son salon, son animal de compagnie la regarde d'un air étonné de la voir debout de si bonne heure. Alors qu'elle continue sa traversée en direction de sa salle de bain, le félin se glisse entre ses pattes et manque à plusieurs reprises de la faire tomber. Elle peste à chacune des tentatives de la bête de lui attraper les jambes alors qu'elle joue avec son bas de pyjama.
— T'es chiante comme chat, tu le sais ça ?
L'animal l'observe de ses orbes ambrés avant de lui lancer un regard dédaigneux et de rentrer devant elle dans la salle de bain se précipitant sur le lavabo. Elle râle avant de soulever la boule de poils et de la recoller par terre pour qu'elle saute de nouveau dans celui-ci et vienne mêler ses pattes à l'eau alors qu'elle cherche à se nettoyer le visage. Elle roule de ses yeux marron avant de couper le robinet et de récupérer des vêtements chauds dans son armoire.
Une fois équipée pour braver le froid de la montagne en ce début d'hiver, elle quitte la chaleur de son domicile pour retrouver la fraicheur de son véhicule dont elle enclenche le chauffage à fond dans l'espoir de voir une agréable douceur s'y propager rapidement. Elle emprunte une petite route serpentant dans la vallée en direction de l'autre côté de celle-ci où elle doit retrouver ses amis. Sur la route, elle ne croise que quelques rares lève-tôt, notamment le boulanger, déjà en direction des dépôts où il va aller livrer du pain tout juste sorti de son four. La neige crisse sous ses pneus alors qu'elle monte en direction du col où ils ont tous rendez-vous.
— Salut Laura, pas trop dur le réveil ?
Les flocons viennent fouetter ses joues alors que le vent est plus présent de ce côté-ci de la montagne alors qu'elle sort de son véhicule. Elle enfile sa veste aux couleurs rouges et blanches de l'équipe nationale si confortable pour pratiquer son sport préféré. Elle se tourne vers ses amis avant de faire un pas dans leur direction pour prendre le premier d'entre eux contre elle.
— Il faisait meilleur chez moi.
— C'est ce que tu dis toujours.
— C'est que c'est vrai.
Des rires s'élèvent parmi les présents qu'elle identifie rapidement sous leurs gros bonnets et visages protégés par des couches présentes en nombre.
— On est tous là ?
Elle ouvre son coffre en même temps qu'elle pose la question, y récupérant son petit sac à dos dans lequel elle a glissé sa paire de gants, ses lunettes de ski, son masque ainsi qu'un bonnet orné d'un immense pompon dont elle recouvre ses oreilles.
— Non, il manque Karl.
Elle relève subitement la tête de son coffre dont elle était en train de sortir ses chaussures.
— Karl ? Mon Karl ?
— Oui, ton Karl.
Un petit rire résonne à côté d'elle alors qu'elle ne comprend pas comment elle peut ne pas être au courant qu'il sera présent. Elle relève un regard étonné vers le sauteur à ski qui lui fait face et avec qui elle a passé toute son enfance.
— Ils s'entrainent sur le Bergisel à partir de la semaine pro et je lui ai proposé. Mais c'est une décision prise hier soir tard.
Elle hausse les épaules un franc sourire présent sur ses lèvres protégées par une couche importante de baume à lèvres. Après plusieurs semaines à ne discuter que par téléphone ou sms, elle était plus qu'heureuse de le retrouver pour faire ce qu'ils aimaient le plus au monde : skier.
— J'espère quand même qu'il va se bouger, sinon on va louper le lever de soleil !
Des murmures d'approbation s'élèvent doucement alors que petit à petit, la lumière se fait sur la montagne. Mais avant que des remarques ne puissent être faite les phares tranchent dans la nuit et bientôt le 4x4 électrique de l'allemand se gare à côté d'eux.
— Salut la compagnie et merci pour l'invitation ! Micha.
La main du blond qui est avant tout son concurrent est serrée fortement. Bientôt, il est pressé contre Laura qui sourit tandis qu'elle est enveloppé dans ses bras.
— Tu m'as manqué, t'aurais pu me dire quand tu serais là quand même !
Sa main s'écrase gentiment dans son épaule alors qu'un rire s'élève en réponse.
— Il faut bien que je te fasse des surprises !
Elle serre le sauteur à skis un peu plus fort contre elle tout en souriant fortement.
— C'est une très belle surprise.
Bientôt, il s'éloigne pour saluer les autres alors que l'ancienne skieuse enfile ses chaussures avant de récupérer sa paire de skis de randonnée sur son toit. Elle active sa balise et la glisse dans son sac à dos alors que tous finissent de se préparer.
— Bon, tout le monde est enfin prêt ?
Le petit groupe s'engage dans un petit chemin recouvert de neige avant d'arriver en bas de la piste qu'ils vont emprunter pour s'élever dans la montagne pendant toute la journée. Les skis sont alors chaussés et Laura enfile son léger casque après avoir remonté encore un peu plus son cache-cou pour se protéger du froid. Les cinq amis commencent alors lentement leur montée dans la montagne par ce chemin qu'ils connaissent par cœur pour l'emprunter plusieurs fois par hiver. Laura ne peut s'empêcher de sourire alors qu'elle est en train de continuer le rituel commencé alors qu'elle n'était qu'une jeune adolescente avec son ami d'enfance qui l'accompagne encore une fois cette année-là. Chaque année, dès les premières chutes de neige, ils font ce parcours peu dangereux, ni propice aux avalanches et admirent un lever de soleil depuis un petit promontoire à la fin de la première montée qui prend quelques dizaines de minutes.
La neige poudreuse remonte sur ses chaussures alors qu'ils grimpent péniblement malgré leurs excellents niveaux physique.
— Vous commencez quand l'entrainement sur piste ?
Elle tourne la tête vers Michael qui vient de l'interroger se projetant déjà sur la saison à venir. Avec le retour des neiges, l'euphorie est de retour dans la station et chez elle. Elle est heureuse depuis ce jour où elle l'a vue arriver sur ses prévisions météorologiques dix jours plus tôt. Et depuis, elle n'attendait que la veille pour la voir enfin tomber en quantité et recouvrir l'intégralité de sa montagne d'une belle couche immaculée.
— On a déjà repris sur glacier pendant les vacances de la Toussaint. Mais là, on devrait pouvoir reprendre sur la piste compet dès le milieu de semaine.
Comme tous les ans, les remontées mécaniques seraient mises en marche pour l'entrainement des jeunes et groupes compétitions bien avant que le grand public puisse y accéder. Laura a donc hâte de pouvoir se rendre là où elle a également commencé à dévaler les pentes avec son groupe d'adolescents qu'elle compte bien emmener au plus haut. Elle a passé énormément de temps en compagnie de leur précédent entraineur à planifier leur saison. Il lui fallait redescendre de ce qu'elle connaissait et s'adapter à des jeunes de leur âge, bien qu'ils soient tous destinés à concourir sur les circuits européens ou mondiaux. C'était en tout cas à cela qu'elle devait les préparer.
— Ça sent vraiment bon le retour de l'hiver. J'ai tellement hâte de la reprise aussi.
Elle lui adresse un grand sourire. L'année précédente, elle aurait eu le même sourire béat sur son visage à l'idée d'enfin reprendre la compétition après des mois d'attente. En alpin, ils faisaient toujours partie des premiers à reprendre, rendant jaloux certains de leurs compatriotes s'entrainant sur les mêmes sites qu'eux et continuant d'y rester pour quelques semaines avant de s'envoler pour d'autres pays et rejoindre leurs rivaux.
— Ruka comme d'hab ?
— Et oui !!
La voix qui répond vient de devant alors que Karl s'est retourné et lui adresse un sourire qu'elle devine lumineux dans la pénombre.
— Vous êtes prêts ?
— Je pense.
— J'espère.
Elle roule des yeux. Elle savait que les deux concurrents l'étaient du meilleur qu'ils le pouvaient. Elle accélère légèrement pour se retrouver au niveau du brun.
— C'est ce que tu dis tous les ans et tous les ans tu sors des super saisons.
— On est jamais trop prudent !
Bientôt, elle aperçoit la lumière de l'autre côté de l'arrête et elle sait qu'ils sont arrivés où ils le désirent. Elle déchausse et enlève ses bâtons avant de se poser dans la neige. Un corps se laisse tomber à côté du sien. Elle se laisse tomber contre celui-ci, se calant confortablement contre l'épaule de l'allemand qui lui sourit avant de poser sa main contre son épaule et de l'en envelopper.
— J'ai du thé si vous voulez vous réchauffer.
Elle tend alors une main pour récupérer le gobelet en métal tendu par une de ses anciennes coéquipières et partenaires d'entrainement tout au long de l'année.
— Merci Mimi.
Un sourire lui est adressé alors qu'elle continue son tour, en déposant un dans la main gantée de Karl tandis qu'elle sirote déjà le sien.
— Vivement que vous soyez tous à la retraite qu'on puisse se faire ça tous les jours !
— Il faudra quand même qu'on bosse une fois de temps en temps !
Les rires s'élèvent alors qu'elle s'enfonce encore un peu plus contre le brun qui joue légèrement avec ses mèches dépassant de son bonnet. Elle pense néanmoins chacun de ces mots. Elle n'aspire à pas grand-chose de plus que des journées passées en compagnie de la slalomeuse, des deux sauteurs à ski et de la discrète biathlète habitant dans le même village qu'elle à l'année. Elle avait appris à la connaitre dans la salle d'entrainement de la fédération où elles se retrouvaient régulièrement l'été pour faire leur musculation. Si elles n'avaient pas du tout le même âge, cela paraissait presque naturel de l'inviter pour ce genre de sorties étant donné qu'elle était sur place et que sa passion pour le ski de randonnée était visible sur chacun de ses réseaux sociaux. Avec le temps, elle avait donc naturellement intégré leur groupe. Laura suspectait même son ami d'enfance d'avoir des vues sur elle-même s'il ne faisait rien pour lui montrer.
— Y a Noël et après la post-saison. Et puis, on est pas encore partis !
— Parlez pas de malheur c'est hyper loin.
Une moue s'installe sur ses traits alors que pour la première fois, elle prend conscience qu'elle ne passera plus jamais l'hiver à partager sa chambre avec Mirjam, à rentrer chez elle juste le temps de s'occuper de son félin et de continuer de s'entrainer avec ses amis. Quand ils seront tous partis, elle se demande si elle se sentira seule. Elle chasse la pensée de son esprit, reléguant celle-ci au fait qu'ils sont tous dans l'euphorie de leur début de saison. Elle aura s'occupera. Elle a son chalet à finir de construire et d'aménager, ses parents qu'elle compte bien aider lors de la pleine saison, son frère avec qui profiter, les cours à donner à ses jeunes tous les après-midis et les cours classiques à mener le reste de la journée.
— Dis-toi que pour la première fois tu vas pouvoir venir nous voir en compet. C'est pas génial ?
Le souffle chaud de Karl balaye sa joue et son cœur s'allège à cette idée. Après des années à ne voir de leurs compétitions que quelques brides lors des Jeux olympiques et des replays le soir dans sa chambre d'hôtel, elle va enfin profiter pour les suivre sur différentes étapes de la coupe du monde.
— N'oublie pas quand même de venir sur le vrai sport malgré toutes les invitations qu'ils te feront Lau !
Elle rit de la remarque de son ancienne coéquipière. Elle sort ensuite son téléphone de sa poche. Elle serre les dents alors qu'elle enlève son gant pour l'éloigner d'elle.
— Souriez !
Elle immortalise le groupe dans une photo avant d'en prendre plusieurs du soleil dont les premiers éclats illuminent la montagne les réchauffant légèrement. Bientôt, ils dévalent la pente. L'air frais fouette son visage alors qu'elle lâche un cri alors que ses skis transpercent la poudreuse. La vitesse est de plus en plus importante et ils ne sont que de minuscules tâches de couleur au milieu de l'immensité blanche. L'unique son résonnant est celui de la neige crissant sous leurs spatules, de leurs cris et du vent soufflant ce jour-là. Les uns après les autres, ils s'élèvent dans les airs depuis une petite bosse, effectuant divers sauts immortalisés par celui arrivé en bas avant eux. Ils s'arrêtent avec simplicité en bas de la pente. Laura a les jambes qui chauffent agréablement et bientôt elle ressort ses peaux de phoques de son sac pour les refixer sur ses skis et ils sont repartis.
Ils continuent de monter et descendre pendant des heures, s'arrêtant manger dans un petit refuge perdu dans la montagne où le propriétaire au courant de leur venue les attend et les accueille en souriant. Et quelques heures plus tard, alors qu'elle dévale à très vive allure la dernière descente engagée dans une course contre sa coéquipière, l'adrénaline prend le contrôle de l'intégralité de son organisme et une sensation de plénitude l'enveloppe. Elle se rappelle alors à quel point le ski et la neige lui procurent une immense joie sous toutes ses formes depuis qu'elle n'est qu'une enfant et que jamais son arrêt de la compétition ne pourra gâcher ça.
arrivée en grande pompe de la neige sur l'autriche & donc de laura & sa bande de p'tits potes ! deux salles, deux ambiances entre les persos principaux ! on la reverra pas tout de suite tout de suite :)
hésitez pas à faire des retours et papoter, je mords pas (pas encore).
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