Ce texte a été écrit à l'attention d'un concours d'écriture sur le thème "la boite". Ce récit s'écarte un peu de ce que j'ai l'habitude d'écrire, puisque c'est un récit dramatique. Dommage que le texte était limité dans sa longueur, j'aurais bien continué plus longtemps !

Je vous laisse découvrir ça ;)

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Ç'aurait dû être un bien triste jour pour Aileen. Il y avait déjà plus d'une semaine que sa mère était décédée à la suite d'une maladie incurable. L'enterrement était passé, et maintenant, il était temps de vider la maison de ses affaires.

Seulement, Aileen ne se sentait pas triste du tout. En fait, elle ressentait comme un profond vide sentimental à l'égard de cet évènement si tragique. Et pour cause : sa mère et elle ne s'étaient jamais entendues.

Ce n'était un secret pour personne, Aileen haïssait sa mère. Elle était odieuse, carrément cruelle, plus stricte que la méchante marâtre des contes de fées.

Cependant, elle était dans l'obligation de récupérer les affaires de sa mère avant la saisie de la maison. Elle y entra alors, et se mit à vider les pièces une par une, aidée de son mari et de son cousin. Elle s'était vidée la tête de sorte qu'aucun souvenir ne lui remontait à l'esprit chaque fois qu'elle retrouvait un objet familier. Elle ne souhaitait pas se remémorer le "bon vieux temps".

-Occupez-vous du salon, je vais dans sa chambre, dit-elle à ses compagnons.

Lorsqu'elle entra dans la pièce, Aileen ne sut par où commencer. Au hasard, elle se dirigea vers une porte qui s'ouvrit sur une penderie. La jeune femme commença à vider les vêtements un à un, les fourrant dans un grand sac plastique. C'est lorsqu'elle arriva à la moitié qu'elle aperçut quelque chose rangé au fond de la penderie. Aileen se pencha pour attraper l'objet en question et le tira à la lumière du jour.

C'était une boîte. Faite de carton décoloré, elle n'avait rien de spectaculaire. Pourtant, elle réussit à intriguer la jeune femme qui l'ouvrit alors.

Aileen fut stupéfaite d'y trouver des objets qui lui étaient familier. Elle plongea sa main dans la grande boîte et en sortit un collier de cuir marron. Il avait appartenu au chien de son enfance, juste avant que sa mère ne le donne à une autre famille parce qu'il "sentait trop mauvais et aboyait tout le temps".

De son doigt, elle caressa la médaille rouillée où était gravé le nom de Milo, quand soudain, le décor disparut. Adieu le papier peint défraichi de la chambre de sa mère, celui-ci ayant été remplacé par un petit jardin à la pelouse mal tondue. Aileen reconnut alors le jardin de son ancienne maison, dans laquelle elle vivait avec sa mère lorsqu'elle était enfant.

Une petite fille venait d'entrer dans le jardin. Aileen se reconnut avec vingt ans de moins. Elle voyait sa doublure plus jeune gambader joyeusement, son cartable d'école sur le dos et crier :

-Milo ! Milo, viens jouer avec moi !

Seulement, pas de chien devant la niche. Ni dans la maison, ni chez le voisin.

-Maman, où est Milo ?

Sa mère fit alors son apparition. Les traits de son visage tirés par sa sévérité, elle lui répondit :

-Ce chien galeux ? J'en ai eu marre de lui et de ses poils qui trainent partout. Je l'ai refilé à une bonne famille pour qu'ils prennent soin de lui à notre place. Crois-moi, il sera bien plus heureux là-bas, et nous aussi.

Aileen se rappela avoir beaucoup pleuré ce jour-ci. Elle venait de perdre son plus grand et fidèle ami à cause de son égoïste de mère.

Seulement, elle ne connaissait pas toute la vérité. Et c'est ce qu'elle découvrit en suivant l'apparition de sa mère qui entra dans sa chambre peu de temps après. La vieille femme rangea le collier de Milo dans la mystérieuse boîte, ainsi qu'une lettre. Aileen s'approcha un peu plus jusqu'à lire ce qui était écrit.

C'était une facture du vétérinaire pour avoir euthanasié Milo. Dans le courrier, il était écrit que son chien avait été renversé par une voiture et qu'ils n'avaient rien pu faire pour le sauver. Ainsi, ils avaient préféré abréger ses souffrances et l'ont endormi pour toujours.

Aileen revint à la réalité, les yeux brillants. Sa mère n'avait pas donné son chien à une autre famille, celui-ci était mort suite à un malheureux accident. Depuis toute petite, elle avait été persuadée que son Milo chéri vivait de merveilleuses aventures auprès de cette autre famille. Sa mère savait que cet abandon lui aurait fait moins de mal que la mort de son compagnon, et ainsi avait décidé de l'en préserver.

Aileen se saisit d'un autre objet. C'était un CD de son groupe préféré, sa mère lui avait offert le jour de ses vingt-trois ans. Le décor disparut à nouveau, et cette fois, Aileen se retrouva dans sa maison, le fameux jour de son anniversaire.

Aileen se rappelait très bien ce moment. Sa mère avait accusé son mari - qui n'était à l'époque que son fiancé - de la tromper ouvertement avec d'autres femmes. Aileen avait l'habitude des mensonges de sa mère et de ses manigances cruelles. Outrée qu'elle puisse ainsi critiquer l'homme de sa vie, elle l'avait viré de chez elle.

-Dégage, je ne veux plus que tu remettes les pieds ici ! lui avait-elle hurlé.

Aileen vit son propre double lancer le CD sur sa mère, décidant qu'elle ne voudrait plus un seul présent de la part de cette vipère. Sa mère était repartie dignement, le CD dans sa main. Son fiancé l'avait raccompagné jusqu'à sa voiture tandis qu'Aileen était restée dans la cuisine pour décompresser. Ainsi, elle n'avait jamais entendu la conversation qui avait eu lieu entre sa mère et son fiancé. Aujourd'hui, elle le découvrit.

-Vous pensiez vraiment qu'elle allait vous croire ? Elle vous déteste, vieille bique.

-Un jour, elle se rendra compte de tes manigances, le prévint sa mère.

-Bah voyons ! Aileen est si aveugle. Une fois, j'ai couché avec sa propre meilleure amie sur le canapé du salon pendant qu'elle cuisinait dans l'autre pièce, et elle ne s'en est même pas rendue compte, se vanta son fiancé.

Aileen revint au moment présent. La jeune femme se sentait oppressée. Elle avait toujours cru sa mère machiavélique, et voilà qu'elle découvrait toute la vérité. Elle regrettait maintenant.

-Tout ce temps, tu m'as laissée te détester, alors que tu n'aspirais qu'à mon bonheur. Tu as été une mère merveilleuse, maman. Et moi, j'ai été si aveugle.

Quel dommage que cette révélation se fit bien trop tard. Sa mère était partie et jamais elle ne pourrait lui dire les mots qu'elle était digne d'entendre. Mais Aileen trouva enfin une consolation à tout ça. Désormais, elle savait. Et elle allait pouvoir rendre hommage à sa mère comme elle le méritait.