Jusou
-Je veux que tu sortes avec moi.
-Tu n'es pas sérieux.
Alexandra ne lui jeta même pas un regard. La scène se figea dans un silence terriblement lourd. Thibault la fixait sans sourciller, voulant la faire réagir d'une façon ou d'une autre. Elle, restait stoïque, dédaigneuse, les lèvres pincées sur ses ongles qu'elle manucurait avec soin.
Tandis qu'elle appliquait sa base sans plus faire attention aux alentours, il se saisit du flacon, intrigué par la transparence du liquide qu'il contenait. Elle remarqua son petit manège et lui lança un regard à la fois meurtrier et méprisant. Lorsqu'il tenta d'intercepter ses yeux gris, elle retomba absorbée dans sa tâche. Alors il recommença à la regarder avec insistance pour provoquer quelque chose.
-Connasse.
-Pardon ?
Elle leva enfin ses yeux de sa besogne, agacée.
-Connasse.
Son regard se durcît et devint instantanément aussi noirs qu'une nuit de ténèbres.
Il se fendit d'un sourire insolent, ses yeux pétillaient de cette volonté puérile de vouloir emmerder le monde.
Alexandra étant sur le point d'exploser serrait avec une force inouïe le petit pinceau que jusque là, elle tenait avec une délicatesse toute féminine. Puis elle souffla, fit son possible pour faire le vide dans sa tête, tout en ignorant le petit emmerdeur qui se tenait devant elle.
Calme... Calme... il ne faut pas retourner en pri...
Elle se crispa en sentant que l'autre avait prit sa main pour l'examiner sous toutes ses coutures.
-Qu'est-ce que tu fais ? lui demanda t-elle les dents serrées.
-Tu as de jolies mains.
Elle serra les poings très fort pour ne pas lui coller une droite.
Ne pas retourner en pri... PUTAIN !
Elle se rendit soudainement compte qu'elle venait de ruiner son vernis qu'elle avait mis tant de temps à appliquer. Et c'était à cause de lui. Elle lui aurait volontiers enfoncé un Calibre 38 dans la bouche. Mais cette fois, elle n'aurait pas de seconde chance. Résignée, elle commença à appliquer le dissolvant avec du coton le plus calmement possible du monde.
Thibault la contemplait toujours, cherchant par tous les moyens à capter son attention. Il se rendait tout à fait compte de la haine et du mépris qu'elle nourrissait à son endroit, pourtant, l'espoir ne dépérissait pas dans son cœur. Il la voulait et il l'aurait. Il n'était aucunement gêné par ses antécédents et sa réputation. Ce n'était pas de l'amour, seulement du désir, mais de toute façon, les deux aboutissaient au même résultat. Il mettait en place un plan en son fort intérieur pour la séduire et atteindre son but. Il l'ajouterait à sa longue liste de macho. Une fois qu'elle eut terminé son nettoyage, elle referma ses flacons très précautionneusement. Il choisit ce moment. Il choisit ce moment là pour saisir son menton dans sa main et la forcer à le regarder.
Un duel de regards débuta. Ce serait à qui remporterait la guerre des nerfs. Et Alexandra se décida à perdre avec dignité. Elle lui agrippa le bras avec rudesse et l'envoya valser. Puis la rage montant de plus en plus elle, elle balaya les flacons de vernis d'un grand coup de main et les regarda éclater violemment sur le carrelage avec une indescriptible satisfaction. Puis elle s'élança sur Thibault qui se remettait du choc de ce revirement total de situation. Elle avait un regard de furie prête à le dépecer. Ce qui avait pour effet de l'exciter encore plus. Ses cheveux étaient dorénavant dans un état de désordre indescriptible. Thibault, trop content de ce qui était en train de se dérouler, souriait de toutes ses dents.
L'excitation de la voir se déchaîner faisait battre son cœur à mille à l'heure. Alexandra, à bouts de nerfs, renversa littéralement la table qui les séparait pour aller lui flanquer un coup de poing bien senti dans la mâchoire. Elle ne se doutait pas une seule seconde qu'il pouvait l'intercepter. Il avait un sourire dément et il était presque plus effrayant que certains camarades de pri...
Elle n'eut pas le temps de continuer le fil de ses pensées qu'il la tirait vers lui et lui enfonçait son coude au creux du sien. La surprise l'ayant terrassée, elle ne riposta pas quand il lui enfonça son genou dans l'estomac.
Elle retomba à terre, à bout de souffle. Elle avait sous estimé son adversaire. Ne plus JAMAIS sous estimer son adversaire. Ni lui, ni la poli...
-Sors avec moi, s'il te plait.
-Non.
Elle se releva très rapidement et lui asséna une balayette, certes efficace, mais mal calculée, de sorte qu'elle se retrouva à califourchon sur lui qui la reluquait du haut jusqu'à... bref, de façon extrêmement concupiscente. Pour mettre un terme à cette histoire sans aucun fondement, elle lui immobilisa les poignets de chaque côté de son corps et glissa langoureusement sa bouche vers son oreille.
-Ce n'est pas contre toi, mais je préfère les filles en fait...
En se redressant, elle le gratifia d'un petit sourire.
Lui, obliqua vers son décolleté et eut un sourire étrange.
-Ce n'est pas contre toi, mais... j'ai une érection.
Alexandra afficha un air dégoûté. Sans se déplacer pour autant.
Et lui, prit une décision importante dans sa vie...
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