7. L'envie


Alden incline légèrement la tête en signe de détermination.

— Une folie... ou votre seule chance d'arriver à temps pour le père de Jungkook, rétorque Alden, son regard sombre traversant le groupe comme un avertissement silencieux.

Bien sûr que c'est une folie.

Personne ne sait réellement ce qu'il y a dans cette forêt, sur ce territoire où personne n'ose s'aventurer. Il paraît qu'en la traversant, le temps passe différemment, la végétation est différente et peut vous noyer comme si un océan vous engloutissait, et les légendes racontent que des êtres maléfiques y séjournent et peuvent vous emporter. Bien sûr, ceux qui ont pu en témoigner n'en sont pas ressortis indemnes. D'autres, plus sains d'esprit, ont tu ce qu'ils y ont vraiment vu.

— Que connaît ta meute de cette forêt proche de votre territoire ? demande Jungkook.

Adlen fixe un point invisible, son regard assombri par un mélange de crainte et de souvenirs transmis.

— Les légendes disent que mon arrière-grand-père, un alpha courageux et respecté que je n'ai pas connu, y est entré pour une expédition... mais quand il en est revenu, il n'était plus que l'ombre de lui-même. Il ne parlait plus, ses yeux vides comme s'ils avaient vu quelque chose que l'esprit humain ne pouvait supporter. Il est resté muet jusqu'à sa mort.

Sa voix se fait plus basse, presque tremblante.

— D'autres alphas, bien avant lui, ont tenté de percer les mystères de cette forêt. Ils en sont ressortis... brisés. Certains hurlaient à la Déesse de la Lune des choses que personne ne comprenait, d'autres... ils se sont éteints comme des flammes sans air, leurs âmes consumées par une horreur que personne n'a jamais pu expliquer. Il y a eu ceux qui n'ont même jamais refait surface. Et le pire... ce sont ceux qu'on a retrouvés. Leurs corps étaient là, mais leurs esprits... ils étaient partis, comme aspirés par quelque chose d'ancien, de cruel.

Un frisson traverse l'échine d'Alden, et son regard croise celui de Jungkook, grave.

— Cette forêt, murmure-t-il, ce n'est pas un endroit que l'on traverse impunément. Ce qu'elle prend, elle ne le rend jamais vraiment.

Un silence pesant enveloppe le groupe, chacun digérant avec résignation ou affolement les paroles d'Alden. Puis, Yoongi, fidèle à son esprit acerbe, brise la réflexion d'une voix tranquille mais tranchante :

— Je ne sais pas ce qui peut être pire. On a déjà un aveugle, un atrophié, un faux chanteur qui nous attire la poisse, un oméga balafré enceint et deux mioches... Je pense que ça fait la balance. Traverser cette forêt maudite ne changera pas grand-chose à notre tableau déjà misérable.

Le silence se transforme en un frisson d'intensité. Un grognement soudain et menaçant s'élève de la gorge de Jungkook, ses crocs sortant aussi vite. Ses yeux sombres lancent des éclairs, rivés sur Yoongi.

— Fais attention à tes mots Yoongi, gronde-t-il dans son dialecte, sa voix rauque chargée de menace.

Namjoon se lève d'un bond au cas où tout déraperait, il n'est jamais trop sûr de quoi que ce soit avec deux loups guerriers et imprévisibles dans le groupe, et tend un bras ferme entre eux.

— Jungkook, calme-toi, ordonne-t-il, un ton de chef mêlé à une pointe d'urgence. Et toi Yoongi, adoucis ton langage. Nous n'avons pas besoin d'un duel maintenant.

Yoongi, loin d'être intimidé, hausse les épaules en levant les yeux au ciel.

— Oh, épargnez-moi ce spectacle, souffle-t-il, exaspéré. Tout le monde sait que j'ai raison, même toi.

C'est Wonho qui réagit ensuite, poussant un piaillement si aigu qu'il aurait pu briser un verre. Il se plaque une main dramatique sur la poitrine, comme si Yoongi venait de l'égorger avec ses mots.

— Moi ?! Faux chanteur ?! s'écrie-t-il, des larmes pointant presque au coin de ses yeux. Je porte cet espoir mélodique en moi depuis mon enfance !

— Un espoir ? ricane Yoongi en se penchant pour remuer les braises avec un bâton. C'est plutôt une malédiction qui nous colle des ennuis à chaque fois que tu ouvres la bouche. Une bande de bras cassés, voilà ce qu'on est.

Heureusement que les enfants se sont endormis dans les fourrures près de Jimin. Le regard de Jungkook se fait encore plus noir, et sa posture tendue laisse deviner qu'il est à un battement de cœur de bondir. Hanja, les yeux écarquillés, attrape le bras de Soren pour s'éloigner d'un potentiel carnage, tandis que Namjoon, immobile mais vigilant, continue d'interposer son bras.

— Ça suffit, Yoongi, tranche Namjoon d'un ton sec. Pas de provocations. Je me rassois et on reprend comme avant, en unissant nos forces. Restons une meute unie pendant ce voyage. Nous sommes une meute de dix loups. Ne l'oubliez pas.

— Pas de provocations ? rétorque Yoongi. Tu préfères que je mente ? On est une troupe de misérables condamnés. Si on ne meurt pas dans cette forêt, c'est parce qu'on aura trébuché les uns sur les autres avant d'y arriver.

— Une meute de quoi ? Je n'ai rien à voir avec eux, fait Mingyu dans leur langue à Jungkook.

Les conversations se recoupent et s'enveniment. Jungkook se calme finalement, répondant avec une moue arrogante dans l'oreille de son meilleur ami qu'il ne comprend pas non plus ce qu'insinue Namjoon, puis ils se frappent l'un et l'autre en provocation fière le torse avec leur poing, montrant quels guerriers Jeon ils seront à jamais, défiant tous ceux autour d'eux avec un sourire narquois.

Jimin, jusque-là silencieux et dont les prunelles font des va-et-vient entre eux tous, éclate soudainement, sa voix tremblante mais forte :

— Ça suffit vous deux avec votre agressivité ! Namjoon a raison, on doit tous se supporter, vivre ensemble, n'est-ce pas, Jeon Jungkook ! Et toi Yoongi... Tu peux penser ce que tu veux, mais si on continue comme ça, ce ne sera pas la forêt qui nous achèvera, ce sera nous-mêmes ! finit-il essoufflé. J'en ai plein le cul de vos enfantillages, je pars prendre l'air !

Jimin se lève avec peine en tenant son ventre, repoussant la main de Jungkook qui chouine aussitôt d'un rejet. Le premier.

Ses grands yeux s'ouvrent d'inquiétude en se demandant ce qu'il aurait dû faire autrement pour ne pas mettre en colère son oméga. La situation a été trop loin, tout le monde est à cran et Jimin n'en peut plus. Il se dirige vers l'entrée de la grotte en se dandinant et y reste planté là, le petit vent frais venant déposer une brise dans ses cheveux.

Il regarde au-dehors, sûrement pour prendre l'air et apaiser son âme.

— Je reconnais que j'ai été un peu loin, marmonne Yoongi au reste du groupe. Mais admettez qu'on devrait trouver des moyens pour arriver un peu plus vite... Entre nous, dix troufions comme nous, ça ne fait pas une armée !

— Oui nous devons y réfléchir sérieusement, réalise le chef de la meute Kim en soufflant.

Jungkook ne sait toujours pas quoi faire, c'est la première fois qu'il se sent autant démuni devant Jimin et ne sait pas comment gérer la crise ni cette première dispute. Nul ne souffle mot, jusqu'à ce que Yoongi murmure entre eux autour du feu, en une confidence :

— Les hormones. La grossesse, tout ça... Ce n'est pas contre toi Jungkook, les changements d'humeur sont normaux à ce stade de la grossesse pour un oméga. Il va alterner des états de doute et de besoins d'être rassuré, de fatigue et de regain d'énergie, tu ferais bien de garder le rythme !

Jungkook et Taehyung n'ont jamais vécu avec les mères de leurs enfants. Même en ayant côtoyé ses belles-sœurs et d'autres louves alpha de la meute, il n'a jamais côtoyé un.e oméga enceint.e, dont les émotions sont encore plus à fleur de peau pendant tous ces mois.

— Je suis endurant, je lui ai déjà dit, répond très sérieusement Jungkook en bombant le torse à nouveau.

Une étrange clarté passe dans les yeux de chacun à ces mots et tous éclatent de rire, des sous-entendus libidineux que Jungkook a pu faire sans s'en rendre compte. Il ne comprend pas pourquoi ils sont hilares.

— Oui, sur ce point aussi ! Enfin apparemment, se permet de dire Namjoon en riant avant de se renfrogner. Bien que ma compagne n'a plus voulu que je la touche à partir du moment où elle a su qu'elle était enceinte de notre fille.

— Oh... Plus jamais ? Comment est-ce possible ? réplique Mingyu étonné. Chez nous, tout cela est naturel, on ne se refuse pas à l'autre avec nos instincts.

— Jimin aime que je le touche. Très souvent, opine de la tête Jungkook pour approuver les dires de son meilleur ami, faisant comprendre que ce n'est pas une histoire de clan ou d'éducation.

— On avait bien remarqué, siffle Wonho jaloux, qui, comme Namjoon, ne s'est jamais vraiment complu dans sa vie charnelle.


🐾

L'heure bleue enveloppe la forêt dans une presque obscurité tranquille, où seul le bruissement des feuilles et le murmure lointain du vent viennent troubler le silence.

Ils ont tous convenu de partager un repas avant de se retirer pour la nuit, veillant à ne pas prolonger davantage la soirée. Ils feront des choix plus avisés au lendemain, une fois que la terre et le sol auront eu le temps de s'assécher après les récentes pluies torrentielles.

L'entrée de la grotte est baignée par une faible lueur, celle des braises mourantes du feu à l'intérieur. Cette lumière vacillante caresse la nuque dénudée de Jimin, mise à découvert par sa chemise glissant négligemment sur une épaule. Pour une fois, il a relevé ses cheveux longs en une queue de cheval qui dégage son visage. Assis seul sur une grosse pierre arrondie, à l'abri de la roche, il laisse son regard se perdre dans la danse hypnotique des ombres projetées sur les cimes des arbres. 

De là, à cette hauteur, la vue s'étend sur la forêt, majestueuse et enveloppée d'un calme presque irréel. Dans cette lumière si particulière où le moment semble suspendu, flottant entre la fin de la nuit et le souffle de l'aube, le monde semble baigné d'une lumière douce et envoûtante. Le ciel se teinte d'un dégradé d'azur profond, flirtant avec des nuances de gris perle et de bleu indigo, tandis que les étoiles s'estompent peu à peu ou s'apprêtent à scintiller.

C'est une heure de poésie où les ombres s'adoucissent, où la nature murmure encore en silence, invitant à la contemplation et aux confidences. Peut-être celles qu'il peine à exprimer, pris entre ses émotions trop vives et exacerbées, et la culpabilité de s'en prendre à celui qu'il aime.

Jungkook sort lentement, hésitant. L'air frais est chargé de l'odeur boisée de la mousse humide et du parfum sucré et rassurant de son compagnon. Le mélange de pommes et de miel le frappe de plein fouet, et son cœur se serre. Ce n'est pas seulement l'odeur de son oméga, c'est celle de sa maison. Celle qu'il a si malmenée par sa possessivité et son incapacité à voir les changements d'humeur chez Jimin.

Il avance prudemment, ses mouvements presque maladroits, l'air penaud. Et cela est tellement rare chez lui. Jimin lui fait faire des choses inexplicables par amour et c'est certainement ce qui lui fait dire qu'il a pris les bonnes décisions en quittant son clan, pour se sentir aussi vivant à ses côtés. Il a toujours gardé la tête haute en toutes circonstances, même devant les incartades et les tromperies de son premier compagnon. Mais avec Jimin c'est différent, l'oméga arrive à réveiller en lui la compassion et son humanité enfouie.

À chaque pas, il cherche les mots. Rien ne semble suffisant pour effacer la colère qu'ils lui ont imposée, mais il refuse de rester silencieux.

— Oméga... commence-t-il d'une voix basse et hésitante.

Il sait que Jimin aime quand il l'appelle ainsi. Ce n'est pour lui rappeler son sous-genre, juste lui montrer qu'il lui appartient, qu'il forme une complémentarité alpha/oméga que personne ne pourra détruire. Pas même cette forêt ou des mots acerbes de loups de leur meute.

Jimin tourne lentement la tête vers lui. Jungkook a dans ses mains une lourde fourrure qu'il lui tend. Il ne le connaît que trop bien et s'assure la plupart du temps qu'il n'ait pas froid comme à l'instant, alors que son corps frémit. Ses yeux, légèrement gonflés par les émotions de la journée, reflètent la lumière de début de nuit. Son visage est marqué par une tristesse qu'il tente de masquer, mais Jungkook la ressent profondément. Il s'accroupit devant lui, rapprochant leur proximité, et l'aide à ajuster la peau d'ours sur ses épaules tendres. L'odeur de musc et de vanille se mélange doucement à celle de Jimin, créant une alchimie réconfortante.

— Je ne sais pas dire ça, mais.....

— ...un Jeon n'est jamais désolé ? finit par murmurer Jimin à sa place en le regardant dans les yeux.

— Pour toi, oméga, je peux l'être, répond-il doucement de sa voix profonde en cherchant les bons mots. Tu me fais tout vivre, comme... une première fois. Mon loup pensait avoir tout vécu, continue-t-il en regardant sur le côté, ému, puis à nouveau Jimin, mais avec toi, je découvre tant de choses. Alors oui je suis désolé. Moi et mon loup ferons plus attention à tes émotions la prochaine fois.

Il sonde les yeux de Jimin, ses phéromones se déployant involontairement pour lui transmettre apaisement et sincérité.

— Si tu es triste, je suis triste. Je ne voulais pas te faire sentir... enfermé ou accablé à cause des mots des autres puis de mon attitude. Je comprends mieux maintenant. Et Yoongi a parlé de ton état. Des... hormones et de la grossesse ? Et tout ça... doit être encore plus difficile pour toi.

Les paroles de Jungkook se heurtent à un mur de silence. Jimin détourne les yeux, serrant doucement la fourrure pour réchauffer son ventre arrondi. Il a trop accumulé : la peur pour leurs vies, le manque de confort, le besoin de se laver chaque jour, supporter les autres, et, surtout, l'absence des bras rassurants de son alpha qu'il aimerait toujours autour de lui. Il est possessif comme il ne l'a jamais été depuis que son bébé est en lui, et il n'arrive pas encore à s'y habituer, lui qui vivait en célibataire depuis des années. Tout ce qu'il veut, c'est sa peau chaude contre lui, c'est retrouver cette envie entre eux sans faire attention aux autres, cet équilibre entre désir et responsabilités, qu'ils avaient juste avant de partir.

— J'ai peur, Jungkook, avoue-t-il soudain, d'une voix brisée. Pas de la forêt maudite, ni des dangers, ni des mœurs de ton clan... Mais de perdre ce qu'on était. Cette proximité. Ce sentiment que rien ne pourrait nous séparer. Mais je sais que c'est la grossesse qui me fait agir ainsi, et le fait de vivre cela en groupe et pas seulement nous deux... Il baisse les yeux. Je sais que je me plains pour des choses futiles, mais tout me manque : ma maison, mon bain, mon nid et mon lit, et... toi.

Jungkook se fige, pris d'une culpabilité intense. 

Mais avant qu'il ne puisse répondre, Jimin se redresse légèrement, son regard soudain brûlant de détermination, et il réduit l'espace entre eux. D'un mouvement vif, il capture les lèvres de Jungkook dans un baiser affamé, comme s'il cherchait à combler tout le vide qui s'était creusé entre eux, malgré eux, dans ce début de voyage.

La chaleur monte immédiatement entre eux, leurs phéromones se mêlant en un tourbillon d'envie et d'amour. Jimin, incapable de se retenir davantage, enroule ses bras autour du cou de Jungkook et, malgré le poids de son ventre arrondi, tente de grimper dans ses bras et sur ses genoux. Jungkook recule instinctivement, ses mains cherchant à protéger son compagnon.

— Le bébé... murmure-t-il, hésitant, la peur au fond de sa voix, tu te protèges souvent le ventre en ce moment.

Mais Jimin, haletant, secoue la tête avec un petit rire nerveux.

— Il va bien. Je vais bien. C'est juste instinctif. Tout ce que je veux, c'est toi.

Sa voix est ferme, mais empreinte d'une douceur rassurante.

— J'ai confiance en toi. Rien qu'en toi.

Tout prend vie. Tout prend sens.

Ces mots, simples et absolus de Jimin, résonnent comme les racines d'un chêne centenaire s'enfonçant profondément dans une terre ancestrale, une lumière douce qui traverse la canopée dense pour toucher le sol obscur. Dans son regard, cette confiance éclaire tout, telle une étoile solitaire qui guide un voyageur sous l'immensité d'un ciel incertain.

Leur ciel ne l'est pas. Il est inébranlable, car c'est de là que la Déesse de la Lune veille sur eux.

Alors que Jimin prend l'initiative de rapprocher leur cœur et leur corps avec une urgence presque désespérée, c'est Jungkook qui finit par reprendre le contrôle, ses mains solides et protectrices le guidant avec une tendresse infinie. Il l'attire doucement au sol avec la fourrure, sur une épaisse couche de mousse tendre et verte, cachée de tous les regards. La lueur du crépuscule perce à travers les arbres, baignant leur sanctuaire d'un éclat presque irréel.

Leurs corps s'entrelacent, leurs souffles se mêlent, et chaque mouvement est empreint d'une intensité émotionnelle qui dépasse le simple désir. Jungkook se perd dans les sons de Jimin, les soupirs et les murmures entrecoupés de son nom. Il se concentre sur chaque sensation : la chaleur de la peau de Jimin sous ses doigts lorsqu'il le dévêt, aucune crainte d'être découverts en laissant libre court à leur instinct, son parfum enivrant qui semble s'intensifier, sa nappe qui coule entre ses cuisses, et surtout, ce lien indéfectible qui les unit.

Jungkook effleure son épiderme, suce, fredonne dans les plis de sa peau, dans ce mamelon qui durcit sous sa pulpe et sa poitrine qui commence à s'arrondir de la grossesse. Il explore, comme si c'était la première ou la dernière fois, comme si Jimin lui faisait l'honneur de lui offrir sa peau douce et zébrée de ces marques dont il fait l'éloge à chaque fois qu'il les lèche. Jungkook en jouirait rien qu'à le regarder. De temps en temps, il lui murmure à l'oreille dans son dialecte combien il est chanceux, combien il remercie la déesse de lui donner autant d'amour et de tendresse par cette seule présence dans ses bras.

Jimin s'en étouffe, comme il s'étouffe du parfum extrêmement accablant de son alpha désireux. Comme Jungkook semble s'étouffer de sa nappe qui coule entre ses doigts comme du miel lorsqu'il le touche.

Jimin donne l'impression de commander, ses mains guidant celles de Jungkook sur son corps pour lui faire ressentir, dirigeant ses doigts pour les enfouir en lui pendant des minutes qui semblent durer des heures intenses. Mais Jungkook reste celui qui contrôle, veillant à chaque instant sur le bien-être et le plaisir de son compagnon, en attendrissant ses parois pour le recevoir sans douleur.

Jimin aime être dominé plus que tout.

Jungkook l'entoure de ses bras puissants, l'enveloppant dans une bulle de protection et d'amour dès lors qu'il se déshabille complètement à son tour au-dessus de lui, montrant fièrement ses blessures de guerre, ses tatouages, sa poitrine musclée, mais surtout lui présente ce qu'il a de plus précieux à lui donner. Jimin couine à la vue du sexe imposant de son alpha tendu vers lui, humide et veineux, prêt à le remplir et le nouer. C'est tout ce qu'il veut, tout ce que hurle son loup oméga en lui : qu'il nous remplisse à nouveau de chiots.

Jimin se redresse vers lui, happe ses lèvres dans un son désespéré, le rapproche encore plus à lui en s'accrochant à ses épaules "Remplis-moi s'il te plaît".

Pendant ses précédentes chaleurs, Jimin était suppliant comme il ne l'avait jamais été auparavant. Il a vécu une période intense en même temps que Jungkook vivait ses ruts, il n'est même pas sûr de se souvenir de tout et de la folie qui les a envahis à ce moment-là. Il n'a pas su combien de temps s'est passé ensuite, ni combien de fois son alpha l'a baisé dans les fourrures comme un animal, encore et encore. Tout ce dont il s'était souvenu, c'est que c'était exactement ce dont il avait besoin, ce que son oméga voulait. Nous sommes en sécurité. Alpha est là pour prendre soin de nous.

Quand Jimin avait ouvert les yeux et que le lourd nuage d'excitation ne troublait plus son jugement, il en était ressorti couvert de bleus, de sperme, de douleurs dans tous les membres, mais heureux.

Et il ne sait pas si maintenant, alors qu'il vit un autre moment de plaisir intense, il ne vit pas les choses différemment. Empli déjà de sa progéniture en lui, cet état de grossesse lui fait ressentir tout plus intensément. Il a peut-être des sautes d'humeur, mais il a besoin de plus de réconfort. Son parfum s'accentue de plus en plus avec les mois, les hormones intensifient le lien avec son partenaire, les poussant tous les deux à rechercher leur proximité physique et émotionnelle, un désir plus prononcé de marquage ou de contact, même si l'oméga tente de garder son indépendance.

Ce n'est pas dur à admettre. Cela devient une évidence.

Jimin ressent ce besoin comme une vague irrésistible qui monte en lui, une pulsion douce mais puissante, ancrée au plus profond de son être. Chaque fibre de son corps réclame la présence de son alpha, comme si leur union était la seule chose capable de calmer la tempête de ses émotions. Ce n'est pas seulement un désir physique, mais une nécessité viscérale, un appel primal.

L'idée de leurs corps entrelacés lui donne l'impression qu'ils se lient plus intensément, comme si chaque battement de cœur partagé les connectait au-delà de l'instant, au-delà de la chair. Il sent que dans ces moments-là, les frontières entre eux s'effacent, ne laissant qu'un tout harmonieux, une force unifiée. C'est là, tout contre Jungkook, Jungkook au plus profond de lui, qu'il trouve enfin l'apaisement, comme si cet acte instinctif réaffirmait ce qu'ils sont l'un pour l'autre : deux âmes fusionnées dans un équilibre parfait.

Les phéromones qui se mêlent dans l'air ajoutent à cette impression de complétude, renforçant l'idée que cette union n'est pas un caprice mais une vérité essentielle, gravée dans leur nature même. Elles emplissent l'air, une symphonie invisible de fruits écrasants, de lait, de musc, de vanille, et de miel, créant une harmonie parfaite, lorsque Jungkook s'enfonce profondément en lui, Jimin se redresse à nouveau, sa poitrine contre celle de son alpha, ses mains dans sa nuque alors qu'il cambre les reins sous la pression des paumes de l'alpha et qu'ils mènent l'un et l'autre la danse en ne lâchant jamais le regard de l'autre. C'est beau, intense, tellement térébrant que Jimin sent le sexe en lui faire une bosse dans son ventre. Il tremble, frémit. Tous deux sont moites de sueur, les hululements d'une chouette chantent dans leurs oreilles.

Lorsqu'ils s'effondrent finalement dans les bras l'un de l'autre après leur orgasme, leurs corps encore frémissants d'émotion, une paix inattendue s'installe entre eux. Jimin repose sa tête contre la poitrine de Jungkook, écoutant les battements réguliers de son cœur comme une mélodie apaisante, tandis que son nœud se forme en lui et qu'il geint de cette douleur qu'il attendait tant. Son ventre déjà rempli de leur bébé, se remplit de tout son sperme et c'est tout ce qu'il désirait. Que Jungkook le marque de cette façon, laissant le parfum de sa semence dans toutes les parties de son corps.

— Je t'aime, murmure Jimin, sa voix presque inaudible.

Jungkook serre un peu plus son étreinte, déposant un baiser sur le sommet de sa tête, dans ses cheveux humides qui sont à nouveau déployés dans son dos. Il se recule de quelques centimètres rien que pour avoir le loisir de voir la beauté de son oméga, les yeux nébuleux, encore en pleine jouissance dans ses bras. Magnifique.

— Je t'aime encore plus et je te protégerai toujours. Toi et notre enfant.

La forêt, autour d'eux, semble se taire, respectant ce moment intime entre deux âmes liées par un amour indestructible. Les étoiles les observent. Le feront-elles une fois qu'ils seront parvenus au bout de leur voyage ? Elles, si éclatantes, quel éclat pourrait seulement rivaliser ?

— Je crois que tout le monde nous a entendus, même les étoiles... gémit Jimin dans son cou, plus que gêné.

— Oui. Et je suis fier de t'avoir fait crier.



Demain est un autre jour. Et peut-être celui des premiers vrais dangers.


𓂃 ࣪˖ ִֶָ🐾 ་༘࿐


Que j'aime ce chapitre. 

Je vous dis à demain ! Bon week-end.

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