18. L'adaptation
Désolé pour l'attente, j'ai eu un contretemps privé, mais le chapitre est bien là et relu. Bonne lecture !
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— Et toi, tu m'avais dit que tout irait bien...
La voix de Jimin, empreinte de reproches, résonne dans l'air lourd de phéromones et de fumée de bois. Ses mots frappent Jungkook en plein cœur, mais l'alpha ne flanche pas, pas encore. Il reste là, droit et imposant malgré le sang qui commence à sécher et qui tiraille sa peau, ses poings toujours crispés. La fatigue et la douleur menacent de l'engloutir, mais il refuse de la montrer, encore trop sous l'emprise de son instinct primaire.
— Je l'ai fait pour toi, finit-il par répondre, la voix grave et pourtant douce, comme un murmure entre deux éclats de tonnerre.
— Non, tu l'as fait pour toi. Pour ta fierté. Ce n'est pas la même chose.
Jimin n'élève pas la voix, mais chaque syllabe est un coup de couteau invisible. Il le fixe avec cette intensité qui le désarme toujours, un mélange de tristesse et de colère qui noue quelque chose dans le ventre de Jungkook. Pourtant, il ne répond pas. Parce qu'il sait qu'il est encore trop imprégné de testostérone, son loup rugissant toujours sous sa peau, grondant de sa victoire. Tout ce qu'il veut, c'est s'asseoir, se poser enfin et partager un repas avec ses frères, rire un peu et reprendre son souffle. Pas... ça. Pas maintenant.
Il serre les dents, incapable de calmer ses instincts. Dans d'autres circonstances, dans d'autres meutes plus strictes, on aurait dit à Jimin de se taire, de baisser les yeux et de féliciter son alpha comme il se doit. Un oméga plus soumis aurait peut-être déjà sauté au cou de Jungkook comme le ferait un partenaire de la meute Jeon, pour l'encenser, aurait inondé l'air de ses phéromones et l'aurait entraîné sous les fourrures pour se laisser posséder jusqu'à l'épuisement, calmant ainsi la bête en Jungkook.
Mais Jimin n'est pas les autres.
Jimin a été élevé avec l'âme de ses ancêtres, ancrée dans le respect de la vie et la préservation de l'amour. Malgré sa douceur et sa prévenance, il ne s'efface pas, même face à la bête. Jungkook n'oublie pas non plus que Jimin est enceint, ses hormones déchaînées par les jours éprouvants qu'ils viennent de traverser. Il inspire profondément et choisit de ne pas riposter, même si chaque fibre de son être lui hurle de prendre le dessus.
— Viens manger, vous en avez besoin tous les deux, lâche-t-il finalement, tentant une approche plus douce.
— C'est ton ventre qui parle pour toi, rétorque Jimin, les yeux plissés, son ton cinglant. Je préférerais que tu soignes tes blessures avant !
Jungkook voit rouge. Il sait que d'autres alphas les regardent maintenant, curieux, amusés même, les sourires narquois étirant des lèvres aux dents aiguisées. Il entend les murmures à peine dissimulés "L'Alpha Jeon, mené par un petit oméga fragile..." Une rage sourde monte en lui, le besoin presque animal de rappeler sa place, son rang. Il n'est pas seulement l'alpha qui est parti. Il est le meilleur guerrier, celui qui a dominé ce cercle brutal de ses propres mains, celui qui s'est taillé une place dans la sueur et le sang.
Alors, il grogne. Un son rauque, guttural, qui fait vibrer l'air autour d'eux. Ses yeux noirs prennent une lueur inquiétante, presque vermillonne, tandis qu'il élève la voix avec une autorité qui ne laisse aucun doute. Car il a pris sa voix d'alpha dominateur :
— Arrête de couiner ! Tu vas t'asseoir aux côtés du meilleur guerrier pour manger, et je ne veux plus que tu me contredises.
Jimin écarquille les yeux, figé. À cet instant, son loup oméga en lui hurle à la soumission. Il se bat intérieurement contre ce torrent qui gronde, cette sensation insupportable de chaleur qui monte en lui, qui consume tout. Son instinct lui souffle de se mettre à genoux, de sortir sa langue pour lécher et fourrer son nez dans les plis de l'aine de son alpha, près de son sexe, et sentir l'odeur primale de ses glandes sexuelles. Il veut le sentir, s'emplir de son odeur à s'en étouffer. C'est tout cela que ressent Jimin avec cette voix. Son corps entier le trahit, grondant d'un désir primitif qui le terrifie autant qu'il l'enivre.
Il sent son ventre se tordre, son souffle devenir irrégulier. Il a envie de s'abandonner. Un couinement lui échappe malgré lui, léger, presque inaudible. Il couine. Bien sûr qu'il couine en inclinant la tête, découvrant instinctivement son cou, en signe de soumission indiscutable pour apaiser son alpha. C'est son loup qui s'exprime, pas lui, mais il ne peut pas lutter.
— Bien.
La voix de Jungkook, grave et vibrante, caresse l'air comme un grondement satisfait. L'alpha s'approche, ses mouvements lents et calculés, presque félins. Il penche la tête, si près que son souffle chaud effleure la glande olfactive de Jimin, juste sous son oreille. Il inspire profondément, déposant son propre parfum dans ce geste possessif qui le définit entièrement. Jimin tremble sous l'intensité de ce contact, son cœur battant si fort qu'il pense qu'il va exploser.
— N'oublie pas que je t'aime, murmure Jungkook contre sa peau, sa paume chaude se posant doucereusement mais avec possessivité dans la nuque de Jimin, ancrant ce lien invisible entre eux.
Jimin couine une nouvelle fois, ses yeux cherchant désespérément ceux de son alpha. C'est un regard brut, intense, dans lequel tout est dit : la colère, l'amour, la peur que leur lien n'explose un jour de trop de passion. L'oméga aime cela autant que l'alpha, cette fusion primaire de leurs instincts. Mais au fond de lui, Jimin, l'humain, refuse encore de céder totalement.
Il sait que dans cette meute, il ne pourra pas toujours agir comme il le veut et qu'il faut faire des concessions. Il sait aussi que Jungkook, malgré tous les efforts qu'il fait, a le sang des Jeon en lui, et de ces alphas à la lignée brutale et ancienne.
Mais, ensemble, ils forment quelque chose de beau et intense. Un couple de loups loin d'être parfaits, mais entièrement complémentaires. L'un à côté de l'autre, ils peuvent exprimer la meilleure partie d'eux-mêmes, du moment que l'amour les remplit.
Jimin sait aussi que, plus tard, dans le silence de leur tente ce soir, il reprendra le dessus. Il ne se laissera pas dominer aussi facilement et le fera attendre, le temps qu'il faudra, jusqu'à ce qu'il décide que Jungkook le mérite. Mais pour l'instant, il se tait.
Jungkook redresse la tête, satisfait, ses lèvres s'étirant en un sourire à peine visible. Il prend la main de Jimin et la serre brièvement, comme pour lui rappeler qu'ils sont ensemble dans cette tempête. Pour le meilleur et pour le pire.
Ils avancent vers le feu, côte à côte, sous les regards des alphas qui se dispersent lentement, rassurés de voir l'ordre rétabli. Mais à l'intérieur, Jimin sait qu'il n'a pas dit son dernier mot.
Et cette nuit, dans leur tente, il le prouvera.
🐾
La tente centrale des Jeon déborde de vie, une énergie brute et presque chaotique, comme si les murs eux-mêmes vibraient sous le poids des voix et des rires. Le feu central crépite, ses flammes projetant des ombres vacillantes sur les visages tannés par le froid et les combats, illuminant les tatouages sombres et les cicatrices qui racontent autant d'histoires que les mots échangés.
Jimin, assis aux côtés de Jungkook, observe la scène en silence. La table basse devant eux - un assemblage rudimentaire de bois sculpté - est couverte de plats généreux : des viandes rôties qui fument encore, des bouillons épais dans des bols en bois, des pains grossiers et des fruits confits conservés pendant l'hiver. Les hommes Jeon mangent avec un appétit vorace, les doigts dégoulinants de graisse, mais il n'y a rien de malveillant dans leur brutalité. Ici, on rit, on partage, et on se moque bruyamment, sans retenue. C'est un spectacle saisissant, presque hypnotisant dans son intensité.
Jimin, surpris, remarque que tout le monde participe. À tour de rôle, les hommes se lèvent pour aller chercher ce qui manque : un plat de plus, un broc d'eau, ou même une nouvelle fourrure pour l'un des enfants endormis dans un coin, roulés en boule comme de petits loups. Même les plus grands guerriers de la meute, ceux qui se seraient battus jusqu'à la mort quelques heures plus tôt, se lèvent sans rechigner pour aider, passant des plats avec des mots bourrus mais fraternels. C'est inattendu, et quelque chose dans ce tableau familial le serre un peu plus fort.
Jungkook, assis en tailleur sur les épaisses fourrures étalées à même le sol, attrape un morceau de viande et le tend à Jimin sans un mot. Le regard de l'alpha est doux malgré les bleus et les coupures qui marquent encore son visage et son œil à moitié fermé. Son bras gauche, fraîchement bandé, semble déjà le démanger, car il le bouge légèrement comme pour tester sa guérison. L'oméga sait que Jungkook attend surtout d'être chez eux pour pouvoir mieux se soigner.
- Mange, murmure-t-il, un sourire presque timide au coin des lèvres. Tu en as besoin.
Jimin accepte le morceau, mais il est trop absorbé pour vraiment apprécier. Autour de lui, les membres de la meute Jeon sont un spectacle à eux seuls. Wonho
Wonho est déjà accroupi non loin, un instrument à cordes posé sur ses genoux, ses doigts calleux glissant dessus avec une dextérité surprenante. La musique, douce au début, s'élève lentement, un air grave et mélancolique qui tranche avec le tumulte ambiant. Quelques alphas cessent leurs bavardages pour écouter, hochant la tête en rythme.
— Tu joues encore mieux qu'avant, Wonho, lance Namjoon pour faire la conversation.
— Bien sûr que je joue mieux, répond-il, un sourire malicieux étirant ses lèvres. Qu'est-ce que tu crois que je fais quand vous grognez tous en dormant ?
Des rires éclatent, profonds et sonores, et la tension de la soirée semble s'apaiser légèrement. Même Jimin ne peut s'empêcher de sourire face à cette scène. À quelques pas de là, Namjoon est assis près de Jin, le Grand Alpha. Une étrange paix semble flotter autour d'eux, malgré leur discussion presque silencieuse. Jin, toujours aussi énigmatique, ne quitte pas des yeux son interlocuteur, ses traits durs s'adoucissant à peine sous la lumière du feu. Namjoon, quant à lui, parle calmement, ses gestes mesurés, sa voix sûrement posée. À cet instant, on pourrait presque croire qu'ils se comprennent sans mots inutiles.
Jimin reporte son attention sur Jungkook, qui s'est joint à une discussion houleuse entre deux alphas :
— Je t'ai vu faillir, Jungkook, grogne un colosse tatoué, une hache encore posée à ses côtés. T'as vieilli, on dirait !
— Moi ? Vieillir ? réplique Jungkook en haussant un sourcil, un sourire provocateur étirant ses lèvres. Tu feras moins le malin quand je t'aurai remis au sol demain matin.
L'autre éclate de rire, ses épaules secouées, et tape Jungkook dans le dos avec une telle force que Jimin grimace pour lui. Mais Jungkook ne bronche pas. Au contraire, il rend le geste avec la même intensité. C'est ainsi qu'ils fonctionnent : la force brute comme signe de respect, les défis comme preuve d'affection.
— C'est surprenant, n'est-ce pas ? murmure une voix douce à ses côtés.
C'est Yoongi, le guérisseur, qui s'est assis près de lui avec un sourire discret. Son corbeau est perché non loin, silencieux comme une ombre.
— Quoi donc ? demande Jimin.
— Leur façon de vivre. Ça a l'air sauvage, mais ils sont plus unis qu'on ne le croit. Quand tu regardes vraiment, chacun a sa place ici. Même les plus bruyants. Même ceux qu'on croit inutiles.
Yoongi parle comme s'il voyait à travers eux tous, et cela trouble un peu Jimin. Il hoche doucement la tête, son regard se posant une nouvelle fois sur Jungkook, qui échange encore des moqueries avec ses frères. C'est vrai. Tout semble brut, presque chaotique, mais c'est un chaos organisé, une fraternité forgée dans le sang et les rires.
La soirée continue ainsi, dans un mélange de bruits, de chaleur et de cette vie intense propre aux Jeon. Jimin sent pourtant une fatigue sourde peser sur lui. Le bruit l'épuise, les phéromones alpha l'étouffent presque, et son regard glisse sans le vouloir vers le sang séché encore visible sur la mâchoire de Jungkook. Il ne peut pas s'empêcher de repenser à plus tôt, aux combats, à cette violence pure qu'il avait tant détestée.
La musique de Wonho change de rythme, devenant plus vive, plus légère, et les rires redoublent autour du feu. Mais Jimin, lui, ne rit plus. Il sait que bientôt, ils devront rejoindre leur tente, et il n'aura rien à dire à Jungkook.
Quelque chose en lui bout. Une colère froide. Une tristesse incontrôlable. Peut-être un peu des deux. Mais il est fatigué par tout ce qu'il a vécu aujourd'hui et tout ce qu'il veut, c'est finalement être tranquille dans son nid.
Et Jungkook le sent, sans un mot, ses yeux sombres se posant sur lui comme pour lui demander ce qu'il a sur le cœur. Mais Jimin détourne le regard, incapable de répondre.
.
La tente, qu'ils avaient pris soin de nettoyer et d'organiser quelques heures plus tôt, semble désormais plus accueillante, presque chaleureuse malgré son apparence simple. La lanterne posée diffuse une lumière douce, projetant des ombres vacillantes sur la toile. Mais cette atmosphère apaisante ne suffit pas à dissiper la tension entre eux. Le contraste entre cette tente silencieuse, où le froid semble s'être infiltré malgré les fourrures, et le tumulte de la fête résonnant au loin est saisissant.
Quand Jungkook entre, sa silhouette imposante se découpe dans l'ombre. Il porte encore les marques du combat : du sang séché sur sa peau, ses vêtements déchirés, et une fatigue lourde dans son regard. Pourtant, il semble plus calme, presque apaisé après la soirée. L'envie simple d'être près de Jimin, de retrouver un semblant de normalité, le pousse à avancer doucement vers lui. Il croise son regard, mais ce dernier détourne la tête presque aussitôt, fixant un point invisible au sol.
— Ça va ? Tu es fatigué ? demande-t-il, sa voix basse, presque hésitante.
Jimin relève la tête brusquement, ses yeux sombres fixant Jungkook avec une froideur qui le prend de court. Une froideur inhabituelle, tranchante comme une lame. Il ne répond pas tout de suite, préférant détourner le regard.
— Va te laver, lâche-t-il finalement. Tu pues le sang et les autres.
Les mots tombent comme un couperet. Jungkook fronce les sourcils, hésitant. Il avance d'un pas, cherchant à comprendre, à briser ce mur invisible qui semble s'être dressé entre eux.
— Jimin... Qu'est-ce qui se passe ? souffle-t-il, la voix empreinte d'une incompréhension sincère.
Il tend une main, hésitante, pour effleurer son compagnon, mais Jimin se recule aussitôt, repoussant ce geste pourtant doux. Ses mots, acérés et froids, frappent Jungkook de plein fouet :
— Tu as failli te faire tuer et même te faire violer comme si de rien n'était. Mais apparemment, tout est normal ! Quand tu apprendras à ne pas jouer ta vie à chaque instant, alors tu pourras t'approcher de moi.
Le silence qui suit est presque assourdissant. Jungkook reste figé, comme si les phrases avaient creusé un fossé sous ses pieds. Ce rejet, si brutal et inattendu, le désarme complètement. Il n'a jamais vu Jimin ainsi. Mais au-delà de la colère, il y perçoit autre chose. Une tristesse sourde, une déception qui lui serre la poitrine plus violemment que n'importe quel coup reçu lors du combat.
Il ne répond pas. Les mots lui manquent. Ses mâchoires se crispent et, lentement, il recule d'un pas, puis d'un autre. Il détourne les yeux, refusant de laisser paraître la blessure qu'il ressent. Pour la première fois, il accepte ce refus, comprenant qu'il est allé trop loin. Qu'il a franchi une limite, sans le vouloir, mais qu'il devra maintenant la réparer.
— Je vais me laver, dit-il simplement, la voix rauque, avant de sortir.
Une fois dehors, il s'installe près de la bassine d'eau froide qu'ils avaient remplie plus tôt. À la lumière de la lune, il inspecte ses blessures. Des ecchymoses marquent son torse, ses bras, et son visage, et l'entaille près de ses cotes est toujours suintante, mais ce n'est rien comparé à la fatigue qui pèse sur lui. Il pose une main sur sa poitrine, laissant son don s'activer. Une chaleur familière envahit son corps, irradiant doucement de ses paumes vers les zones douloureuses. Il sent ses muscles se relâcher, ses plaies se refermer lentement, comme si le lien entre lui et son pouvoir se renforçait à chaque instant.
Quand il termine, il s'asperge le visage d'eau fraîche, espérant effacer plus que la saleté, tentant de calmer la tourmente qui agite son esprit.
Pendant ce temps, Jimin quitte la tente pour aller chercher les enfants chez Mingyu. À son arrivée, il les trouve endormis dans un coin, entourés de fourrures et bercés par l'ambiance chaleureuse de la tente de Mingyu. Il les réveille doucement, un sourire aux lèvres en les voyant si paisibles. Rowon se blottit contre lui, tandis que Siobhan, encore somnolente, prend sa main.
— On rentre... chez nous, murmure-t-il doucement, les guidant à travers le campement jusqu'à leur tente, même si le "chez nous" n'est plus ce qu'il était.
Une fois de retour, il les installe dans la partie chambre, ajustant les couvertures autour d'eux avec soin. Rowon, encore à moitié endormi, murmure :
— Tu sens bon, papa Mimi... avant de se pelotonner contre lui et de sombrer à nouveau dans le sommeil.
Jungkook entre à cet instant, ses cheveux encore humides, une odeur fraîche émanant de lui. Il observe la scène en silence, son regard se posant sur Jimin qui s'installe à côté des enfants, les entourant de ses bras comme pour les protéger de sa chaleur.
Il hésite un instant, puis s'approche doucement. Les enfants ronflent déjà doucement, et Jungkook profite de ce moment pour se glisser à côté d'eux. Avec une lenteur presque craintive, il se place derrière Jimin dans son dos, puis il pose sa main sur sa hanche. Son nez se niche doucement dans son cou, cherchant ce parfum si familier qui apaise son âme, alors que sa main ose remonter jusqu'à la poitrine de son oméga et effleurer sa rondeur et ses tétons durcis à travers sa chemise. Le loup de Jimin jappe intérieurement, vibrant de plaisir sous cette proximité, trahissant ses véritables émotions enfouies. Son parfum se fait plus doux, plus accueillant, malgré sa volonté de résister. Mais l'humain en lui lutte encore. Jimin se redresse légèrement, repousse la main de Jungkook et se tourne brusquement.
— Pas ce soir, murmure-t-il, la voix rauque, presque brisée. Il faut le mériter.
Le loup de Jungkook laisse échapper un grondement sourd, frustré, mais il ne force pas. Il recule de quelques centimètres pour lui rendre son espace, respectant la distance imposée même avec le froid qui s'installe sur sa peau. Son loup pleurniche à l'intérieur pendant plusieurs minutes, même si son parfum virevolte dans la pièce d'inquiétude et de chagrin. Sa peau fraîche a la chair de poule du manque de ses bras. Tout ce qu'il veut, c'est retrouver leur complicité, rassurer son oméga et se rassurer lui-même pour tout ce qu'ils viennent de vivre.
Il sait qu'il doit se montrer patient, comme il l'a toujours été avec Jimin. Ce soir, il doit accepter ce mur entre eux, même si son cœur en souffre.
Il s'allonge à son tour, le regard fixé sur le plafond de la tente, ses pensées tourbillonnant. Les épreuves harassantes de cette journée interminable, le rejet de Jimin, et la douleur sourde de ses blessures l'envahissent. Pourtant, il sait que Jimin a besoin de temps, tout comme lui. Alors, il ferme les yeux, espérant que le sommeil l'emportera avant que la douleur ne devienne insupportable.
🐾
Le matin suivant, un soleil pâle printanière traverse le ciel couvert, baignant la forêt d'une lumière grise et diffuse.
Jungkook se tient à l'entrée de l'infirmerie, un bâtiment de toile et de bois à peine plus grand que les tentes qui l'entourent. L'odeur des herbes séchées et des baumes amers emplit l'air, mêlée à une fraîcheur humide typique des matinées printanières.
Il s'est levé tôt, réveillé aux aurores et trop tourmenté par les derniers évènements. Il a juste embrassé le front de Jimin et des enfants avant de partir, les laissant se reposer.
— C'est rudimentaire, mais efficace, murmure Yoongi en scrutant les lieux, comme pour lui rappeler qu'il est là. Le bêta, vêtu de noir, porte une petite sacoche à herbes en cuir, le corbeau toujours perché sur son épaule. Il a aussi ramené ses deux autres gros sacs, remplis d'autres trésors d'apothicaire.
— Tu sais, avec un peu d'organisation, on pourrait faire mieux.
Jungkook hoche la tête, ses yeux parcourant la pièce. Des étagères bancales soutiennent des pots de terre cuite, certains étiquetés d'une écriture presque effacée. Sur une table centrale, des linges tâchés de sang voisinent avec des outils rudimentaires, certains rouillés par l'usage. C'est un contraste brutal avec ce qu'il avait connu quand son père était actif et rendait les lieux impeccables à chacune de leur installation quand ils bougeaient sur le territoire.
— On fera mieux, promet Jungkook, sa voix basse mais ferme. Il n'attend pas, et commence à organiser les pots, classant les herbes par fonction avec Yoongi. Les gestes sont méthodiques, ancrés dans des années de pratique sous l'œil exigeant de son père.
Lorsqu'un premier alpha blessé de la veille se présente, boitant mais la tête haute, Jungkook ne dit rien. Il l'observe, puis lui fait signe de s'asseoir. Le silence entre eux est lourd, mais Jungkook le brise finalement.
— Montre-moi, grogne-t-il.
L'alpha obéit, révélant une entaille profonde à la cuisse. Yoongi tend un baume que Jungkook applique avec assurance. Mais plutôt que de simplement soigner, il pose ses mains au-dessus de la plaie, fermant les yeux. Une chaleur douce, presque imperceptible, émane de lui. L'alpha fronce les sourcils, mais ne bouge pas.
— Ça va ? murmure Yoongi au blessé.
— Oui, répond l'alpha, sa voix rauque. J'ai l'impression de sentir les mains d'Hakon, merci Jungkook. Ça va faire du bien ici, on t'attendait.
Jungkook ouvre les yeux, son souffle légèrement saccadé par l'effort. Une chaleur résiduelle émane encore de ses paumes, tandis que les blessures de l'alpha devant lui se referment lentement, laissant des cicatrices nettes et propres. Malgré la fatigue qui commence à peser sur ses épaules, il reste impassible, maîtrisant ses expressions comme il l'a toujours fait.
Il se tourne ensuite vers ses propres plaies, des coupures et des hématomes laissés par les combats de la veille. Avec précision, il applique un onguent préparé par Yoongi, mêlant son don à l'efficacité des plantes. La douleur diminue peu à peu, mais il veille à ne pas trop puiser dans ses forces. Il sait que sa journée est loin d'être terminée.
Lorsqu'il relève enfin la tête, quelques autres alphas se tiennent à l'entrée de l'infirmerie improvisée, certains appuyés contre des piliers de bois, d'autres attendant patiemment leur tour. Ils ont confiance en Jungkook et c'est peut-être pourquoi ils ont osé venir. Parmi eux, un alpha massif couvert de boue et de sang sec, son bras pendant à un angle étrange.
— J'ai croisé un sanglier, grogne-t-il en guise d'explication, un sourire espiègle à peine voilé derrière son masque de douleur.
Non loin, une femme enceinte s'avance avec l'aide de sa mère et certainement de son compagnon alpha, sa main posée sur son ventre proéminent. Son visage trahit une douleur intense, et Jungkook perçoit immédiatement la tension dans ses muscles.
— Elle souffre depuis ce matin, pourtant ce n'est pas encore le moment, souffle l'homme qui l'accompagne et qui regarde Yoongi de haut en bas, en se demandant s'il peut lui faire confiance.
Il n'a pas besoin de terminer sa phrase. Yoongi se redresse aussitôt, ses prunelles sombres balayant la pièce pour évaluer la situation.
— Allongez-la dans la pièce à côté, je vais m'en occuper, ordonne-t-il calmement en désignant un rideau derrière lequel un lit de fortune, recouvert de couvertures propres et sans odeur, est à disposition.
Jungkook échange un regard avec Yoongi, une compréhension tacite passant entre eux, quand l'alpha qui n'a d'autre choix, accepte et aide sa compagne à rejoindre les lieux. Yoongi aura fort à faire dans cette meute, où les besoins semblent inépuisables. Partout, des signes de vie et de lutte s'entrelacent : les blessures, les cicatrices, les naissances. C'est un cycle incessant, brut et implacable, où la mort et la vie cohabitent sans cérémonie. Il a déjà remarqué qu'il y a beaucoup de femmes enceintes dans cette meute, et donc aussi beaucoup d'enfants et futurs combattants.
Là où la mort fait partie de la vie et peut arriver chaque jour sans prévenir, et il est nécessaire de renouveler le nombre d'alphas et de Jeon. Il est tout à fait normal pour une femme d'avoir au moins trois ou quatre enfants, et c'est même une grande fierté pour celles qui en ont les capacités physiques.
La pièce est remplie de murmures, ponctués seulement par les murmures de Yoongi qui travaille, les discussions de ceux qui attendent, et les grognements du chasseur au bras brisé. Jungkook se remet au travail, les gestes précis et calmes, mais son esprit reste agité.
Il pense à l'affluence, il y aura sûrement plus de monde qui osera venir au fil des jours. Il pense aussi à la meute Kim, à son travail agréable à la forge avec Arhel et cela lui manque. Mais chaque soin apporté est un rappel de son rôle ici, un rôle qu'il n'a jamais demandé, mais qu'il doit assumer, pour sa meute, pour son père, pour Jimin.
Et tout ce qu'il espère à l'instant, c'est qu'il se sente mieux.
🐾
Pendant ce temps, ailleurs dans le village, Jimin marche aux côtés de Hanja et Soren, les enfants courant devant eux avec un cerceau en bois de hêtre. Hanja, toujours souriant, parle avec enthousiasme des coutumes qu'il a observées depuis leur arrivée, tandis que Soren, plus silencieux, écoute en s'appuyant sur son bâton de marche.
— Ils vivent comme dans un autre temps, murmure Jimin en observant les tentes qui s'étendent autour d'eux. Pas de cabanes en bois, pas d'écoles visibles, tout se passe en plein air, au gré des besoins. Ici, les enfants courent pieds nus à leur guise sans vraiment de surveillance. Ils font les activités qu'ils souhaitent quand ils ont fini leur tâche pour servir la meute...
Ici il a remarqué que les enfants apprennent à vivre avec les autres, au sein des différents groupes. Les plus âgés montrent ainsi l'exemple aux plus jeunes, ce qui développe leur confiance en eux, mais aussi leur sens de la solidarité, de l'entraide et de la cohésion de groupe. Il y a beaucoup de rapports de force dans ce clan, mais surtout cet esprit de famille qui les unit tous.
— C'est fascinant, mais... effrayant, admet Hanja. Ces alphas... leurs regards... Ils sont si... bruts. Et déstabilisants. Il n'y a pas de limite, comme si tout était illimité, comme ce territoire...
Jimin acquiesce. Lui-même sent le poids de plusieurs paires d'yeux sur eux. Des femmes alphas, certaines enceintes, d'autres portant des cicatrices témoins de leur rôle de guerrières, les observent avec une hostilité à peine voilée.
— Elles n'apprécient pas que nous soyons là, chuchote Soren. Mais ce n'est pas notre problème. Marchons la tête haute.
Jimin inspire profondément, ses mains effleurant son ventre arrondi comme pour se donner du courage alors que son bébé bouge, peut-être pour approuver les dires. Il croise une femme particulièrement attrayante, ses cheveux tressés tombant jusqu'au bas de son dos, et qui le fixe d'un regard perçant. Leurs regards se croisent, et Jimin soutient le sien avec défi, refusant de détourner les yeux. Finalement, la femme hausse un sourcil, comme intriguée, avant de s'éloigner.
— Bien joué, souffle Hanja avec un sourire nerveux.
— Même si elles sont indéniablement les plus belles femmes du pays, elles ne sont pas nous. Elles sont sûrement jalouses, pour ce nous sommes tous les trois. Ce qu'elles ne seront jamais, répond Jimin avec une pointe de fierté arrogante.
Les omégas mâles sont spéciaux, rares et enviés. Il a besoin de se le dire, plutôt que plonger dans la déprime et penser qu'ici, ils ne sont considérés que comme des louves à reproduire. Ils continuent leur chemin, découvrant les différentes zones du camp. Des groupes d'alphas s'entraînent au combat, leurs grognements et phéromones difficilement supportables résonnant dans l'air. Plus loin tandis qu'ils se dirigent vers la rivière, un petit groupe de femmes semble préparer des repas collectifs, leurs mains expertes mélangeant des ingrédients dans de grandes marmites.
— C'est si... différent, et en même temps, je suis obligé d'admettre qu'il y a des ressemblances avec chez nous, murmure Jimin, partagé entre fascination et malaise.
Hanja pose son bras réconfortant sur les épaules de son ami.
— Ce sera difficile, mais nous trouverons notre place.
— Je ne suis pas certain qu'ils aient accepté que Jungkook, le meilleur d'entre eux, soit revenu avec un étranger comme moi.
— Ils finiront par comprendre qui tu es.
— Et si ce n'était pas le cas ? demande Jimin, une pointe d'inquiétude dans la voix.
— Alors tu leur montreras. Tu n'es pas qu'un oméga, Jimin. Tu es bien plus que ça, fait Soren avec un clin d'œil. Tu es celui qui porte le futur loup blanc, protégé des elfes !
— Youhou, qui l'eût cru ! Ma déesse, tu réalises un peu ? intervient Hanja en levant le poing en l'air. Quand elles vont réaliser ou même voir arriver Faën, elles vont vite arrêter de nous narguer en se dandinant devant nous avec leurs seins en avant.
Sa bonne humeur est tellement contagieuse que tous les trois éclatent de rire.
Jimin sourit enfin. Il n'est pas seul et ne le sera jamais. Il en profite pour emmagasiner les sensations de cette amitié sincère, tous ces rires en lui, les rayons de soleil qui réchauffent leur peau et font du bien, et les sourires de ses enfants qui se retournent régulièrement vers lui pour le surveiller. Mais ses pensées restent mitigées.
Et même si le chemin pour s'intégrer ici semble interminable, il se promet de ne pas fléchir.
Et pourtant.
— Il a juste eu pitié de cet oméga. Tu connais Jungkook, il a un grand cœur... fait Merwyn.
— Oui enfin la pitié, ça ne dure pas des lunes ! répond son amie Hella. Tu te souviens de la façon dont Taehyung vantait l'appétit insatiable de Jungkook ? Même Nabi l'avait dit. Que j'aimerais aussi qu'il me baise... Tu n'as qu'à voir comment se comporte cet oméga pour comprendre que Jungkook ne sera jamais assez satisfait sur ce plan là avec lui...
Et pourtant,
lorsque Jimin entend ces deux saletés discuter près de la rivière à propos de lui, son sang ne fait qu'un tour. Enceint ou pas, lui aussi sait se battre. Que ce soit avec ses mots ou ses poings.
Il a son honneur à défendre. Et ici, les limites n'existent plus, n'est-ce pas ?
𓂃 ࣪˖ ִֶָ🐾 ་༘࿐
Je vous dis à demain !
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