Chapitre 12.
10h. Je me suis réveillé doucement après une longue nuit. J'ai très bien dormi et je suis plutôt en forme. Aujourd'hui c'est samedi, et ma mère a du inviter quelqu'un parce que je l'entends qui est en train de cuisiner.
Je me suis relevé, et mes cotes me faisaient encore mal. J'ai pris le sachet de médicaments que ma mère avait déposé sur mon bureau et j'ai pris deux comprimés. J'ai enfilé un pull et un jogging rapidement et suis allé rejoindre ma mère.
-"Bonjour maman. Ai-je dit en entrant dans la cuisine.
-Bonjour mon Lou. Anne vient manger ici. Elle arrive dans une heure." A-t-elle dit tout sourire.
Je suis allé faire un bisou à mon petit frère qui buvait un biberon dans sa chaise haute et je suis retourné dans ma chambre. J'ai pris des vêtements propres et je les ai enfilé rapidement, ne voulant pas prendre de douche.
Les cours qu'Harry m'a déposé étaient sur mon bureau. Et je me revois l'écouter quand il m'expliquait le cours.
J'ai mis mes cheveux rapidement en place et suis allé dans le salon, m'allonger sur le canapé. Ma mère a déposé Ernest sur mon torse doucement et il s'est assoupi dans mes bras. Sa respiration était calme et lente, et je pouvais sentir son cœur battre contre mon torse.
-"Bonjour mon grand."
Anne venait d'entrer et elle a chuchoté ces quelques mots en me déposant un baiser sur le front. J'ai déposé doucement Ernest dans son maxi cosy essayant de ne pas le réveiller.
-"Alors tes cotes ? Ça va mieux ? M'a-t-elle demandé alors que je m'installais à la table de salle à manger à côté d'elle.
-Ouais, ça va mieux, merci." Ai-je dit.
Ma mère est arrivée avec le plat et nous avons commencé à manger.
-"Alors les cours mon grand ? Ça se passe bien ? A demandé Anne.
-Oui ça va. Je vais bientôt passer le bac, j'espère que ça ira." Ai-je répondu.
Elle m'a souri gentiment et nous avons continué de manger. Ma mère et Anne parlaient de tout et de rien, mais je n'écoutais pas vraiment, parce que ça m'intéressait nullement. Le repas était finit et j'ai aidé ma mère à débarrasser la table rapidement. Il était 13h, le temps était passé très vite.
Je suis allé dans ma chambre et me suis allongé sur mon lit.
Je vais devoir rester une semaine comme cela, à ne rien faire, ne voir personne. Mais je ne sais même pas si je préfère aller en cours. Parce qu'en cours, je me fais insulter, frapper. Je ressens les regards posés sur moi et cela devient vraiment gênant. J'aimerai tant que les gens sachent la vérité, qu'ils comprennent que je n'ai rien fait. J'aimerai qu'on se rendre compte que je suis comme les autres, et que malgré cet accident, j'essaie de me reconstruire. J'essaie, sans vraiment y arriver. Mais j'essaie.
Je me suis assoupi quelques temps, repensant au sourire de mon petit frère.
14h30. Je me suis réveillé calmement, ne sachant pas du tout quoi faire. J'ai ouvert le tiroir de ma commode en espérant trouver des cigarettes mais il n'y avait que des paquets vides. J'ai pris de l'argent et suis descendu rapidement. Ma mère était dans le fauteuil avec Anne qui jouait avec Ernest.
-"Je vais chercher des cigarettes maman." Ai-je crié en prenant mes clés sur le meuble de l'entrée.
Je suis monté dans ma voiture et j'ai démarré. Un samedi après-midi à Londres, le trafic routier est vraiment minable. Le tabac n'est normalement qu'à 10 minutes, mais j'en ai pris 30 pour m'y rendre. J'ai acheté des cigarettes rapidement et je suis arrivé à la maison à 15h35.
En entrant, j'ai vu ma mère, Anne et.. Et Harry sur ma table de cuisine.
-"Ah Loulou, Harry est venu te dire bonjour."
J'ai fait un sourire ironique à ma mère et j'ai fait un signe de la tête à Harry pour qu'il me suive. Il portait un pull noir et un jean slim.
Je ne voulais pas le voir. Pas aujourd'hui. Ni demain, ni dans un an. Je ne m'accrocherai pas à lui.
Nous sommes allés dans le jardin et nous nous sommes assis sur le rebord de ma porte-fenêtre. J'ai sortit mon paquet de cigarette et j'en ai allumé une. Et habituellement, la cigarette me fait tout oublier, peu importe la situation. Mais je n'arrivais pas à faire l'impasse sur les yeux d'Harry qui me fixaient.
-"Quoi ? Ai-je dit, méchamment.
-Rien. Tu ne devrais pas fumer.
-Et tu devrais arrêter de me fixer comme ça."
Je ne voulais pas le voir, mais il ne semblait pas le comprendre. Alors je vais me le trainer toute l'apres-midi.
-"On va dans ma chambre ou tu préfères écouter ma mère et sa meilleure amie parler de maquillage ? Ai-je demandé.
-La chambre me semble être une meilleure idée." A-t-il répondu avec un sourire.
Nous sommes allés calmement à l'étage et il s'est assis sur mon lit. Ma chambre n'était pas du tout rangée, 2 ou 3 paires de chaussettes sales traînaient, des feuilles de papiers jonchaient sur le sol et mon lit n'était pas fait. Mais je m'en fichait, parce qu'il n'était pas censé venir. Il ne peut pas venir. Je ne peux pas m'accrocher à lui. Je ne supporterais pas de perdre quelqu'un d'autre. Alors je ne m'approcherai pas trop de lui.
-"Tu veux que je t'explique le cours d'An-anglais ?" A-t-il demandé.
Oui Harry. Oui je veux que tu m'expliques l'anglais comme tu m'as expliqué les sciences hier. Je veux voir les mots déferler de ta bouche rose et je veux voir tes fossettes se former à chaque fois que tu souris. Mais je ne peux pas Harry. Tu partiras comme les autres, nous le savons tous les deux.
-Non." Ai-je répondu le plus sèchement possible.
Tu ne peux pas t'accrocher à lui, il partira comme les autres, il est comme les autres.
-"Tu aimes les jeux vidéos on dirait. A-t-il dit en pointant du doigt mon étagère pleine de CD.
-Ouais.." Ai-je répondu nerveusement.
Il ne fait que semblant. Il ne s'intéressera jamais à toi.
-"On joue ? A-t-il demandé avec un grand sourire de gamin.
-Ouais, choisis ce que tu veux." Ai-je dit gentiment.
Après tout, jouer à un jeu vidéo avec lui ne veut pas dire que je l'apprécie.
-"FIFA ? A-t-il demandé en me montrant le CD.
-Si tu as envie de perdre, oui." Ai-je dit avec un petit sourire.
Il a fait une petite grimace et je n'ai pas pu m'empêcher de trouver ça mignon.
Non, non, il n'est pas mignon, il n'est rien, il est comme les autres.
Il a mis le jeu dans la console, il est venu s'installer à côté de moi et nous avons commencé à jouer.
Au début, je maîtrisais la situation et j'arrivais à faire en sorte qu'il ne mette pas de but. Mais en une fraction de seconde, il m'a laminé.
-"Je pensais que tu étais plus fort que ça. A-t-il dit avec un sourire taquin.
-Avec un vrai ballon devant les pieds, tu ferais moins le malin. Ai-je dit, énervé.
-On verra ça demain."
Et cette phrase m'a fait un petit pincement au cœur. Parce que tous mes amis m'ont dit "à demain" le jour de l'accident. Puis plus personne n'est revenu.
Il a du voir que j'étais dans mes pensées parce qu'il s'est levé et a éteint la console.
-"Je vais y-y aller."A-t-il dit.
Le Harry timide était de retour.
-"Je te raccompagne chez toi ? Ai-je demandé.
-Non, non ça va merci."
Je me suis levé et nous sommes descendus. Il a dit au revoir à ma mère et à Anne et il a fait un petit bisou sur la joue de mon frère. J'avais envie de lui sauter dessus pour lui dire de ne pas l'approcher mais je n'ai rien dit.
-"Tu ne veux pas diner ici Harry ? Louis pourra te raccompagner après. "A demandé ma mère.
Dis oui. Je veux voir ta mâchoire se contracter à chaque vois que tu mangeras quelque chose. Je veux te voir sourire aux blagues nulles de ma mère et je veux voir tes yeux verts un peu plus longtemps.
Non, il ne peut rester. Je ne peux pas m'accrocher, je ne peux pas m'accrocher, je ne peux pas..
-"Non, mais merci Joanna. Je reviendrai vous voir, merci beaucoup."
Et mon cœur a été partagé entre la joie et la peine. J'hésitais à le supplier de rester et le pousser dehors.
J'ai ouvert la porte doucement et il est parti. Je l'ai regardé s'éloigner dans mon allée, me disant qu'il ne reviendrait sûrement jamais. Parce que les autres ne sont jamais revenus. Parce que demain, il ne voudra plus venir. Il se dira que je n'en vaux pas la peine. Je le sais.
Mon estomac était noué et j'avais la gorge serrée. Ma mère s'est approchée doucement de moi et a dit :
-"Tu vas diner mon chéri ?
-Non, je n'ai pas trop faim maman."
Elle a fait un petit sourire agacé et je suis monté dans ma salle de bain. J'ai fouillé dans les tiroirs, jusqu'à trouver l'arme de mon auto-destruction. J'ai ouvert le robinet de ma baignoire et l'eau a commencé à couler doucement.
Quand le bain était rempli, je me suis déshabillé et j'y suis entré doucement. L'eau était chaude. La lame était posée sur le rebord de ma baignoire et je l'ai prise dans ma main droite.
Tu dois le faire, tu n'es pas quelqu'un de bien. Harry ne reviendra pas, parce que tu n'es rien.
Ma conscience prenait le dessus sur mon esprit et la lame traçait des traits doucement sur mon bras gauche. Des larmes coulaient doucement sur mes joues. Des larmes de fatigue. Ma conscience a raison. Harry ne reviendra pas. C'est comme ça. Et je n'ai pas la force de me battre. J'aurai aimé tout faire pour qu'il reste, pour qu'il s'attache à moi. Mais je n'en ai pas le courage.
Tu es un lâche. Hurlait ma conscience.
Et le plus dur, c'est qu'elle a raison ma conscience. Je ne suis pas foutu de faire des choses bien. Tout ce que je fais, tout ce que j'entreprends, tout ce que je dis est mal. Je suis quelqu'un de mal. Je fais parti des gens incompris qu'on déteste. Je suis à part, je ne suis pas comme les autres. Je suis seul, renfermé. Et la bulle dans laquelle je suis entré commence à m'étouffer.
Et je revois ses rires, je la revois jouer. Je la revois toucher mon visage. Et je me dis que je ne la reverrai surement jamais.
J'ai peur d'oublier tous ses moments. J'ai peur que tout le monde l'oublie, qu'on ne parle plus d'elle. Je veux que l'on se souvienne d'elle. Parce qu'elle était une perle rare.
L'eau avait pris une couleur rosée et mon bras me brûlait. Je le laissais dans l'eau afin que le sang arrête de couler. Après quelques secondes, je suis sorti du bain et le sang ne coulait plus. J'ai enfilé mon bandage thoracique, mon pull et mon caleçon, pour me rendre directement dans ma chambre. Je me suis allongé doucement dans mon lit.
Je regrette, je regrette je n'aurai pas du. Je ne dois pas me faire de mal, je ne dois pas, je ne peux pas..
Tu n'es pas quelqu'un de bien Louis.
Je dois me battre. Je vais y arriver, je dois y arriver.
Tu n'es qu'un lâche. Tu n'y arriveras jamais. Tu n'es rien. Rien. Du tout.
Ma conscience me hurlait à quel point j'étais nul. Je me suis caché sous ma couverture, enfouissant ma tête dans mes mains. J'étais entré en guerre avec mes pensées. Les larmes ruisselaient à grandes vitesse sur mes joues. Je bougeais mon visage dans tous les sens, essayant de faire taire ma conscience. Mais c'est toujours elle qui gagne. Et elle gagnera toujours.
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Avis ? J'ai écris ce chapitre assez rapidement et j'espère qu'il vous plaira. La suite ce sera dans la journée ou demain au maximum. Merci d'avoir lu 😊
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