𝟧 | 𝖯𝖺𝖼𝗍𝖾 𝖺𝗏𝖾𝖼 𝗅𝖾 𝖣𝗂𝖺𝖻𝗅𝖾.

𝕄𝕠𝕠𝕕 : 𝟙𝟡𝟠𝟟 - ℂ𝕒𝕝𝕠𝕘𝕖𝕣𝕠




𝐸𝓁𝒾𝓏𝒶𝒷𝑒𝓉𝒽



Chevelure dorée, ongles vernis, une silhouette fine et athlétique, le tout couronné par un caractère infernal et voilà Zia qui s'accrocha soudainement aux épaules de Jayden. Celui-ci sembla plus étonné de la voir chez lui que d'avoir été surnommé "Jay-chou".

Il tenta de se défaire des bras enroulés autour de son cou en grommelant des paroles incompréhensibles - sans doute des insultes.

Zia ne devrait pas être là, j'avais demandé à tout le monde de rester au Majestic Rose, elle mériterait donc une raclée. Mais surtout, comment connaissait-elle Jayden ?

Étaient-ils amis ?

Étaient-ils plus que de simples amis ?

- Qu'est-ce' tu fous ici ? s'énerva Jayden en la repoussant pour la centième fois.

- Elle est avec moi, soupirai-je en levant les yeux au ciel.

Me retrouver attachée sur une chaise avec l'homme que je détestais le plus au monde et la femme qui me détestait le plus au monde, ne faisait pas partie du plan.

J'aurais aimé trouver un moyen de les assassiner tous les deux en même temps et faire d'une pierre deux coups. Malgré tout, j'avais besoin d'eux alors il était préférable de les laisser en vie pour le moment.

- Ah toi aussi t'es membre du Crystal Squad, c'est ça ? marmonna Jayden en direction de Zia qui avait cessé de l'étouffer.

- Exactement, acquiesça-t-elle en croisant les bras. Bon allez Jay-chou, on va manger un bout ensemble ? Ça fait des mois que je ne t'ai pas vu, tu m'as trop manquée !

Ne pas en croire mes yeux était une expression trop faible pour représenter le choc que je venais de me prendre.

Zia était complètement amoureuse de Jayden et celui ou celle qui ne le remarquait pas était définitivement aveugle. Ils avaient sûrement eu une relation dans le passé - ou étaient-ils encore ensemble ?

Non, il ne m'aurait pas embrassée.

Quoique, Jayden est un salaud.

- Zia t'es bien gentille mais je suis un peu occupé, tu vois ? T'as qu'à repasser dans dix minutes, dit Jayden en plaquant une main exaspérée sur son front.

- Si faut la torturer, je veux bien t'aider, railla-t-elle en me désignant du menton.

Jayden lui lança un regard noir signifiant "dégage vite de là" et Zia lâcha finalement l'affaire.

- OK, OK j'ai compris, j'y vais, ronchonna-t-elle avant de claquer la porte du garage.


Me voilà de nouveau seule avec lui, quelle bonne nouvelle. Tant mieux, nous n'avions plus rien à nous dire, il ne lui restait plus qu'à me retirer les menottes et à me laisser partir.

Jayden, lui, n'était pas du même avis et préféra allumer un cigarillo avec son briquet fétiche que je ne pouvais plus me voir, même en peinture.

Cet objet n'atteignait tout de même pas le haut de mon classement des choses que je haïssais, qui était dominé par Jayden lui-même et l'odeur de son tabac. J'aurais pu ajouter les cactus au podium.

- Bon, tu comptes me détacher un de ces jours ? m'impatientai-je en remuant sur ma chaise. J'ai pas que ça à faire donc t'es prié d'utiliser tes p'tits doigts pour défaire ces cordes et ces menottes, OK ?

Cet espèce de malade mental avait tué ma mère et il osait me retenir prisonnière chez lui ; une ingénieuse idée qui ne m'étonnait pas de lui. J'aurais même dû être en capacité de la prévoir.

Ma phrase le fit réagir puisqu'il farfouilla dans la poche arrière de son jean sombre et en sortit un flingue qu'il chargea nonchalamment.

Puis, il s'avança vers moi avec désinvolture, recrachant la fumée de son cigarillo en plein dans ma figure.

Une fois à ma hauteur, il écrasa son mégot sur les briques cimentées du mur et fit brusquement basculer ma chaise en arrière jusqu'à ce qu'elle cogne brutalement contre le béton derrière moi, m'arrachant un cri de surprise.

De son autre main, il posa délicatement le canon de son arme sur ma joue et un sourire machiavélique prit place sur ses lèvres à la vue de mon regard apeuré.

- Je ne sais pas si je peux utiliser mes doigts pour te libérer mais je sais faire un tas d'autres choses avec, qui pourraient bien te faire crier de plaisir, murmura-t-il en faisant glisser son arme lentement le long de mon cou, ce qui me fit frissonner.

Je penchai instinctivement la tête sur le côté comme si cela m'éviterait une balle dans la nuque. Mon cœur battait à cent à l'heure sous l'effluve d'émotions contradictoires qui s'étaient emparées de mon esprit.

J'avais peur qu'il me tire dessus mais la haine et la rancœur que j'éprouvais étaient plus fortes. Suffisamment puissantes en tout cas pour faire disparaître toute trace de peur.

- Alors tu feras pas l'étonné quand demain matin tu te réveilleras en Enfer parce que je vais te tuer dès que mes amis m'auront faite sortir de là, crachai-je tandis que le canon avait désormais atteint ma clavicule.

- J'espère que pour toi que t'es inventive parce qu'on me tue pas facilement, souffla-t-il malicieusement.

- Je te fais la promesse de te réduire en pièce, déclarai-je avec dédain.

Il éloigna finalement son arme de la surface de ma peau mais ne recula pas pour autant. Ses yeux perçants me glacèrent instantanément, signe qu'une très mauvaise idée venait de lui traverser l'esprit.

- Faisons un deal alors : dès qu'on en a fini avec le Daily et le procès, il n'y aura plus aucune règle entre nous ; c'est à celui qui tue l'autre en premier.

Il n'en fallait pas plus pour me convaincre.

- Marché conclu.


Jayden m'autorisa enfin à reprendre ma liberté. Je frottais mes poignets endoloris et gonflés par le frottement des menottes.

J'eus à peine le temps de me remettre sur pied que des échos retentirent de l'autre côté du garage. Je me sentis bien soulagée d'apercevoir les têtes de mes compagnons apparaître dans l'entrebâillement de la porte.

Kelyan entra en colère dans la pièce, suivi de près par Matthis et Zia qui se tapaient littéralement dessus. Todi serait apparemment aux abonnés absents pour la journée.

- Je croyais que vous étiez cinq, maugréa Jayden en rangeant son arme. Peu importe, il me semble que votre présence dans ma maison n'est absolument pas nécessaire donc vous pouvez partir sur le champ. Bye bye.

Et il claqua la porte sans même adresser un regard à mes compagnons. Zia décida de lui courir après et sortit à son tour du garage, me laissant avec les garçons.

Rien ne se présentait comme je le voulais, je devrais donc faire des pieds et des mains pour élaborer un plan avec les Hell's Angels et mettre le Daily Witness hors d'état de nuire.

- Toujours d'aussi bonne humeur celui-là, grommela Kelyan en s'asseyant sur la chaise à laquelle j'étais attachée un peu plus tôt. On devrait le laisser tomber pour le moment, au pire Zia s'occupera de lui.

- Je ne savais pas qu'ils étaient amis, dis-je en espérant qu'on me corrige.

- C'est plus compliqué que ça, ils se connaissent depuis l'enfance et Zia est amoureuse de lui depuis des années, m'informa Matthis. Elle a dû atteindre les mille râteaux aujourd'hui.

Au fond, j'étais heureuse d'apprendre qu'ils n'étaient pas ensemble et puis tout à coup, tout prit forme à l'intérieur de mon esprit.

Zia me détestait depuis mon arrivée au Palace pour aucune raison mais elle savait que je faisais partie des Hell's Angels et que je connaissais forcément Jayden.

Elle était tout simplement jalouse depuis le début.

- Si c'est comme ça, vous vous occuperez de rassembler tous les Angels que vous trouverez en salle de réunion, leurs suggérai-je. Moi je dois parler à Lindsay d'un truc important. On se rejoint dans une demi-heure, ça vous va ?

- C'est toi la Cheffe ! s'exclama Matthis en me donnant une tape dans le dos. Ohé Kel, on doit remonter, lâche ces menottes, tu veux ?

Le concerné lâcha ce qu'il avait entre les mains en soupirant nous suivit à l'extérieur de la pièce. Je décidai de nous faire passer par le jardin et d'entrer par la porte principale histoire de ne pas avoir l'air de cambrioleurs.

Moi qui m'étais promis de ne plus jamais rentrer par effraction chez Jayden, c'était raté. Cette fois-ci, la porte d'entrée était ouverte.

Matthis pénétra dans le hall en premier sans aucune prudence et je dirais même qu'il essayait de faire le plus de bruit possible, ce qui lui valut un coup de pied aux fesses de la part de Kelyan.

Je me séparai d'eux et pris la direction des escaliers de marbre blanc en silence afin d'atteindre la chambre de Lindsay au premier étage.

Arrivée sur le palier, mon regard fut attiré par une porte au fond du couloir. Je m'approchai à pas de loup et posai une main tremblante sur la poignée. Je savais qu'une fois que j'appuierais dessus, je regretterais d'avoir quitté la villa.

Pourtant, je poussais le battant et la lumière du jour m'éblouit à travers la baie vitrée. Rien n'avait changé. Les mêmes draps blancs immaculés couvraient le lit, mon armoire n'avait pas bougé non plus et à l'intérieur je trouvais quelques livres que j'y avais laissés.

Sur une étagère, je repérai le mini cactus que Jayden m'avait offert à mon anniversaire pour se moquer de moi.

Et puis, il y avait ces étoiles dessinées au plafond. Elles étaient toutes là, au-dessus du lit à veiller sur la chambre durant mon absence.

Je m'étais réfugiée de nombreuses fois dans cette pièce, elle m'avait accueillie à la mort de mes parents, elle m'avait observée rire, pleurer, crier, m'énerver contre la Terre entière. Ses murs étaient encrés de souvenirs que je ne pourrais jamais effacer - ou du moins je l'espérais.

Je finis tout de même par sortir de mon ancienne chambre et regagnai celle de Lindsay qui se trouvait à côté de la salle de bain.

J'hésitai un peu à toquer à la porte mais je me disais que ce devrait être à elle d'avoir peur de me revoir. Après tout, elle était plus en tort que moi.

- Jay c'est toi ? fit une voix féminine de l'autre côté du mur.

Je m'introduis doucement même si elle ne m'avait pas explicitement - ni implicitement en fait - donné la permission.

Elle releva ses yeux émeraudes vers moi, me provoquant une vague de nostalgie. Elle ne semblait pas surprise de me voir au beau milieu de sa chambre mais elle m'envoya un sourire triste.

Elle pouvait être autant désolée qu'elle le souhaitait, elle n'avait qu'à pas me trahir.

Ses cheveux noirs avaient encore gagné en longueur. A ce rythme là, ils atteindraient bientôt ceux de Raiponce.

De nouveaux tatouages ornaient ses bras et elle portait un crop top multicolore, dévoilant sa longue marque violette qui lui traversait le ventre.

- J'étais sûre que tu viendrais, me souffla-t-elle en me faisant signe de venir près d'elle.

Je m'asseyais sur son lit sans un mot. En fait, je ne savais plus par où commencer. D'un côté, je voulais me jeter dans ses bras et lui crier qu'elle m'avait manqué.

Mais ma raison me rappelait sans cesse qu'elle m'avait fait fausse route.

- Ça concerne le Daily, n'est-ce pas ? me demanda-t-elle avant de démêler négligemment quelques mèches avec ses doigts.

- Oui mais c'est pas tout, répondit-je en jouant nerveusement avec le bout de ma tresse. Je sais que t'es la mieux placée pour coincer ce journal vu que t'es sortie avec Noah Barré.

Lindsay gloussa en entendant le surnom que j'avais attribué à ce gros naze.

- Il y a deux mois avant de partir pour Washington, je t'avais dit qu'il fallait qu'on parle d'un sujet important, continuai-je. Tu t'en souviens ?

Elle acquiesça, ne détachant pas ses yeux des miens.

- Ça concerne l'épisode des Rebels, repris-je lentement. A Brooklyn, deux hommes se sont attaqués à moi et je pensais qu'il s'agissait de Rebels. Il est arrivé une chose similaire à Owens durant la bataille, tu te rappelles ? Mais quelques semaines plus tard, il m'a avoué que les types qui l'avaient blessés n'étaient pas des Rebels. Et là j'ai compris que ceux qui m'avaient poursuivie n'en étaient pas non plus.

Lindsay parut réfléchir un instant à une réponse qui pourrait me convenir. Mes paroles ne l'enchantaient clairement pas mais on aurait dit qu'elle s'en doutait déjà.

- On devrait en discuter avec Jayden, proposa-t-elle le doigt sous le menton. Owens nous a vaguement parlé de ce qu'il lui était arrivé mais on n'avait pas ta version. Ecoute, ce que je vais te dire va paraître bizarre mais je pense que ça a un lien avec l'agression qu'il y a eu devant notre QG à Manhattan.

Je lui lançai un regard signifiant que j'avais besoin de plus de détails pour me satisfaire.

- Jayden pense savoir qui est derrière tout ça mais tant qu'on a pas de certitude, je ne peux rien te dire, m'expliqua-t-elle. La seule chose qui est sûre c'est que les personnes qui vous ont blessés Owens et toi sont les mêmes qui sont derrière l'agression.

Nous avions au moins une piste qui pourrait innocenter les Hell's Angels de cet incident. Quelqu'un voulait les faire tomber et réduire le Club à néant.

Le Daily ? Peut-être mais ces méthodes ne leur ressemblaient pas. Les Barry avaient tendance à faire des coups en douce en manipulant les gens.

Ils n'étaient pas du genre à tuer ou torturer pour satisfaire leur soif de pouvoir.

- Alors ? Qu'est-ce qu'on fait ? questionnai-je légèrement désespérée.

- On va demander l'avis des Frères d'abord puis on avisera, suggéra Lindsay.

Je hochai la tête. De toute manière, ce n'était pas comme si nous avions le choix. Nous devions unir nos forces ; Nicolas n'avait pas formé le Crystal Squad pour rien.

La balle restait d'en notre camp étant donné que la presse pensait que je n'avais plus aucun lien avec les Hell's Angels.

Cela n'était qu'une question de temps avant qu'ils ne se rendent compte que ce n'était pas le cas, il fallait donc profiter de cet avantage de courte durée pour en jouer le plus rapidement possible.

Comme prévu, Kelyan et Matthis avaient rassemblé tous les Angels présents dans la salle de réunion.

En vérité, il ne restait plus que Josh, Owens, Emerson, Greene et Palmer. Jayden avait daigné se joindre à nous ou plutôt, Zia l'avait forcé à venir.

En entrant dans la pièce, je fus accueillie par des regards à la fois mélancoliques et interrogateurs. Greene ouvrit la bouche pour me dire un mot mais se retint après un coup de genou de la part de Palmer sous la table.

Ils ne savaient clairement pas comment agir en ma présence. Josh fixait le sol, honteux et je sentais qu'Owens ne souhaitait que me prendre dans ses bras.

Quant à Jayden, celui-ci se mit à jouer avec le bout de ma tresse. Je le repoussai brutalement contre le mur mais il revint à la charge avec, cette fois, son briquet favori.

- Tu veux que je te montre ce qu'on faisait dans le temps aux sorcières ? ricana-t-il en le faisant claquer.

Clic Clac.

Tic. Tic

Il n'avait donc toujours pas réparé cette foutue horloge avec ses deux tic consécutifs. Quel enfer.

- Et tu veux que je te montre comment on punissait les violeurs en Europe médiévale ? sifflai-je en sortant ma lame de son étui en cuir.

- Laisse mes deux pierres précieuses tranquilles et je promets de ne pas t'immoler.

Je levai les yeux au ciel et me retournai vers la petite tablée qui attendait bien sagement que je prenne la parole.

Je n'avais pas encore pris l'habitude d'avoir tous les regards braqués sur moi et je me disais que mon rôle de Cheffe du Crystal Squad saurait me rendre un peu moins timide.

- Euh... Je... Bonjour, bafouillai-je nerveusement. Je suis... Enfin, nous sommes venus ici en tant qu'alliés de la part de Moreno. Nous sommes le Crystal Squad et j'en suis la Cheffe. Si nous sommes là, c'est d'abord pour innocenter Palmer.

- Et nous aider à vaincre le Daily Witness, compléta Lindsay. On doit établir un plan de ce qu'on va faire durant les prochains jours.

- J'espère que votre idée n'est pas d'aller voir les Barry et leurs demander bien gentiment d'arrêter de raconter des conneries, fit Jayden en fumant un autre cigarillo. Parce que je vous le dis tout de suite, ça ne marchera pas.

- Tu ne nous aides pas du tout, grinçai-je en sa direction. Soit tu dégages de là, soit tu restes dire des trucs intelligents qui seraient susceptibles de faire avancer les choses, OK ?

Jayden me lança un regard noir à faire froid dans le dos.

- On devrait retourner à l'Euphoria, suggéra Emerson. Tu avais trouvé un ticket de caisse Evans avec une date dessus.

- Et c'est dans deux jours, continua Greene. On peut commencer par ça et on verra pour la suite en fonction de ce qu'on découvre.

J'interrogeai silencieusement les membres du Crystal Squad qui acquiescèrent tous les trois.

Je savais que Kelyan et Matthis n'auraient aucun problèmes avec les avis des Hell's et en ce qui concernait Zia, tant qu'elle était avec Jayden, tout lui allait.

Alors on se revoit dans deux jours à l'Euphoria, dis-je solennellement avant de quitter la salle.

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