𝟦 | 𝖫𝖾𝗌 𝖺𝗉𝗉𝖺𝗋𝖾𝗇𝖼𝖾𝗌 𝗌𝗈𝗇𝗍 𝗌𝗈𝗎𝗏𝖾𝗇𝗍 𝗍𝗋𝗈𝗆𝗉𝖾𝗎𝗌𝖾𝗌.
𝕄𝕠𝕠𝕕 : ℍ𝕖𝕣𝕖 𝕎𝕚𝕥𝕙 𝕄𝕖 - 𝕕𝟜𝕧𝕕
Le Majestic Rose était réputé pour être l'hôtel le plus pourri de tout Philadelphie. Et étant donné la fortune du Gouverneur, nous ne nous attendions pas à nous retrouver dans un endroit aussi miteux.
L'hôtel était un bâtiment massif qui avait dépassé la fleur de l'âge depuis longtemps et semblait figé dans les années cinquante. La peinture sale sur la façade s'écaillait formant de grands trous sombres.
L'entrée était gardée par un majordome - si c'en était bien un - plutôt vieux et dont ce qui semblaient être ses vêtements s'accordait parfaitement avec les lieux. Sa misérable chemise bûcheron bordeaux était couverte de taches d'encre similaires à de la moisissure.
En entrant, on était accueilli par une odeur suffocante de moisi et de renfermé. Le hall du Majestic Rose restait toutefois accueillant grâce à la présence d'un lustre, d'un piano en bois ancien et de sièges confortables en velours rouge.
Le carrelage avait été lavé jusqu'à ce qu'il reflète complètement la lumière et on aurait presque pu se croire à l'intérieur d'une auberge de luxe.
En revanche, cela n'était qu'une illusion. Une fois le hall passé, on se retrouvait devant un grand escalier en colimaçon dont les marches en bois pouvaient s'écrouler d'un instant à l'autre.
Sur la gauche on pouvait apercevoir le restaurant qui n'était plus utilisé depuis un bon bout de temps. Des nappes crasseuses et mal assorties ornaient les tables en fer rouillé.
A l'étage, les chambres peu hospitalières comportaient de vieux meubles recouverts d'une épaisse couche de poussière. Des morceaux de verres provenant des fenêtres brisées jonchaient la moquette arrachée.
Le papier peint tombait en lambeaux et certains morceaux étaient dispersés sur les draps usagés des lits.
— Putain de Moreno, il s'est vraiment foutu de nous, maugréa Matthis.
— Je ne dormirai pas dans cet hôtel de pouilleux, je m'en vais trouver un autre endroit, fit Zia en prenant la direction des escaliers.
— Oh que si et t'as pas le choix, grommela Kelyan en l'attrapant par le col. D'ailleurs tu dormiras avec Beth et Volver.
— Quoi ? T'es pas sérieux ? m'indignai-je abasourdie.
— Sinon je peux partager ma chambre avec Elizabeth, proposa Todi en me lançant un petit sourire.
Heureusement que Todi était là pour apporter un peu de bonne humeur. Je ne le connaissais que depuis quelques jours mais il était gentil avec moi et me proposait toujours son aide lorsque j'en avais besoin.
Il parlait peu alors il était difficile de deviner ses pensées. Pourtant, cela lui ajoutait un côté mystérieux, ce qui le rendait d'autant plus attirant.
— Non, les filles resteront entre elles, trancha Kelyan. Bon, va falloir décider qui dirige le Crystal Squad. On a besoin d'un leader.
— Pourquoi pas le plus beau du groupe ? suggéra Matthis en prenant une pose digne d'un mannequin. Moi, par exemple.
— Y'a que ta meuf qui te trouve beau, railla Zia qui avait les bras croisés depuis qu'on avait mis les pieds à l'hôtel.
— Quelle meuf ?
— Matthis, Zia, je vous en supplie, taisez-vous, soupirai-je exaspérée. Comme vous êtes incapables de vous tenir correctement, je propose Kelyan ou Todi.
Ces derniers secouèrent négativement la tête.
— C'est pas mon truc, avoua Todi en se frottant à l'arrière du crâne.
— Et moi je dois gérer de loin les autres escouades, déclara Kelyan.
Mes quatre compagnons me regardaient tous avec des yeux ronds et je compris rapidement qu'il ne restait plus que moi. Je n'avais pas la carrure d'un leader et je n'étais pas du tout apte à diriger le Crystal Squad. Ce n'était vraiment pas une bonne idée mais je n'avais pas le choix.
— D'accord, je prends le rôle, cédai-je vaincue.
Après ça, nous décidâmes de regagner le hall dans lequel se trouvait le vieux majordome. Celui-ci lisait un livre derrière le comptoir qu'il referma en nous voyant.
Je ne voyais pas vraiment en quoi il était utile puisque personne ne venait au Majestic Rose depuis des années. Il devait être friand des histoires de fantômes et d'hôtels hantés, c'était la seule possibilité.
— Bienvenue au Majestic Rose, fit-il en penchant pour nous saluer. Je suis Charles et j'attendais votre arrivée avec impatience.
Comme personne ne répondit quoique ce soit, je décidai de lui serrer la main. Charles avait au moins soixante-dix ans et bien que son dos soit légèrement courbé, il était beaucoup plus grand que moi.
— Enchantée Charles, dis-je en souriant. Je suis Elizabeth et voici Kelyan, Zia, Matthis et Todi. Merci de nous accueillir ici.
Kelyan leva un sourcil devant le mensonge que je venais de prononcer. A vrai dire, je n'étais pas ravie d'être dans un lieu aussi délabré mais Charles n'y était pour rien et je voulais faire bonne impression.
— C'est vrai que je n'ai eu aucun client depuis des années, nous informa le majordome d'une voix fluette. En temps normal on n'accueille plus personne mais vous êtes l'exception.
— Que faîtes-vous encore ici ? demandai-je curieuse.
Charles nous invita à nous asseoir sur les fauteuils de velours rouge, près d'un feu de cheminée qui réchauffait agréablement l'air glacial.
— Le Majestic Rose appartenait à une grande famille que j'ai servie dès mon plus jeune âge. Ces gens étaient adorables et c'est tout naturellement que je me suis attaché à eux. Cet hôtel, bien qu'il n'ait plus ses couleurs d'antan, est la seule chose qui me reste d'eux et j'y tiens énormément.
— Quand a-t-il été construit ? interrogea Todi tout aussi captivé que moi par les paroles de Charles.
— Au dix-neuvième siècle. A l'époque c'était un manoir qui abritait les familles les plus aisées. Il a eu de nombreux propriétaires et est même devenu un lieu incontournable de la région.
— Ah ouais ? C'est pas l'impression que ça donne, plaisanta Matthis à voix basse.
— On va vraiment devoir dormir dans les chambres là-haut ? Questionna Zia qui souhaitait s'échapper de là au plus vite.
— Oh non non ! Vous n'êtes pas allés du bon côté. Tout le monde pense que le Majestic Rose est une pauvre carcasse abandonnée mais sa beauté est simplement cachée. Suivez-moi, lança Charles en se levant.
Le majordome nous entraîna derrière son comptoir, près d'une bibliothèque. Il pressa sa paume à un endroit précis sur le mur et la bibliothèque glissa de côté.
Un passage secret.
Moi qui pensait que ça n'existait que dans les films, j'étais on ne peut plus surexcitée. Nous passâmes la petite ouverture en pierre et nous retrouvâmes au milieu dans un immense salon chaleureux qui sentait l'encens.
Pour le coup, nous étions maintenant dans un réel hôtel de luxe. Tapisseries et tableaux d'une valeur inestimable, des dorures au plafond ainsi que de nombreuses sculptures. Jamais je n'aurais pu me douter une seule seconde de ce que cachait la grande façade moisie.
— Vos chambres sont de ce côté-ci, nous indiqua Charles. Je m'occupe du room-service jusqu'à onze heures du matin. Je suis désolé mais le restaurant est fermé.
— Pas de soucis, merci beaucoup, répondis-je avec un grand sourire.
Majestic Rose. Oui, cet endroit était majestueux.
Maintenant que la présentation des lieux était faite, je devais me coller à ma mission : parler à Jayden. Je n'avais pas du tout envie d'y aller, ni de le revoir. Rien que le fait d'y songer me donna la nausée.
Non. Tout irait bien. Medusa serait à mes côtés, je n'avais pas à avoir peur.
Jayden
Jayden
Jayden
Qu'es-tu devenu ? As-tu changé ?
M'as-tu oubliée ?
🦋🦋🦋
Elle était là, devant moi. Cette villa qui avait changé ma vie. Son crépis rosé, les ouvertures en arc de cercle, son garage qui renfermait les motos du Club, sa salle de tir.
Cette villa qui abritait les personnes qui m'étaient chères quelques mois auparavant. Me laisseraient-ils entrer ? Ou me renverraient-ils tout droit au Palace ? Fallait-il sonner ? Frapper à la porte ?
Je ne devais pas réfléchir
Ne pas réfléchir
Ne pas réfléchir.
Je serrai la poignée entre mes doigts et la baissa d'un mouvement sec pour m'empêcher de renoncer. Le hall avec ses escaliers en marbre blanc m'accueillit à bras ouverts.
Les souvenirs vinrent me frapper tous en même temps, me rappelant à quel point j'avais été stupide d'abandonner ceux qui n'avaient rien fait. Mais je ne pouvais pas revenir en arrière.
Des pas pressés résonnèrent de plus en plus fort du côté de la salle de réunion, indiquant que quelqu'un s'approchait, alerté par le claquement de la porte d'entrée.
Cheveux noirs désordonnés, yeux verts perçants, un air renfrogné et pas très grand : Sam Greene. Lorsqu'il me vit, ses yeux s'écarquillèrent, sa mâchoire tomba à ses pieds et il lâcha subitement son verre qui se fracassa sur le sol.
— E-Evans ? Qu'est-ce que tu... J-Je... Je vais ch-chercher l-le Chef. B-Bouge pas... bafouilla-t-il d'une voix tremblante.
Il grimpa au premier étage, sûrement pour rejoindre le bureau de Jayden. Pendant ce temps, je décidai de jeter un coup d'œil curieux dans les pièces alentour dans l'espoir de tomber sur quelqu'un d'autre.
Mais il n'y avait personne nulle part. Peut-être étaient-ils tous partis au bar ou bien ils étaient en mission.
Je n'eus pas le temps de me poser plus de questions que tout à coup, quelqu'un m'attrapa par derrière et me couvrit le nez avec un mouchoir. J'avais beau me débattre, tenter de crier, mes membres étaient bloqués.
Je ne pouvais pas m'enfuir. Je tentai de trouver une prise à laquelle m'accrocher mais ma vision se brouilla et les murs ne devinrent que de floues silhouettes.
Et ma tête tournait
tournait
tournait
Le sol semblait se soulever lui aussi. C'était à cela que ressemblait la mort ? Elle était plus apaisante que je ne le croyais.
Je voulais dormir, j'étais si fatiguée
fatiguée
fatiguée...
༻✧༺
𝒥𝒶𝓎𝒹𝑒𝓃
Réveille-toi.
Elle ne se réveillera pas.
Je l'ai tuée ?
Tu l'as tuée il y a deux mois. C'est trop tard maintenant.
Trop tard
Trop tard
Trop tard
Elle te déteste
Déteste
Déteste
Il faut que je lui parle.
Pas maintenant.
Elle doit savoir.
Si elle sait, elle oubliera.
Non
Non
Non
Pas encore.
Pas une nouvelle fois.
— Jayden ?
Je sursautai au son de sa voix. Cette même voix qui hantait mes nuits depuis deux mois et que je rêvais d'entendre à nouveau. Elle était vivante, putain de vivante mais j'avais failli la tuer.
Putain mais qu'est-ce qui m'a pris ?
Quand Greene était venu me prévenir qu'elle attendait en bas des escaliers, j'avais juste voulu la faire disparaître de la surface de la planète.
Je la détestais tellement. Je souffrais à cause d'elle.
Oui, c'était uniquement de sa faute. Sa faute à elle, pas à moi.
Huit années à la chercher jour et nuit, pour qu'elle finisse par me fuir et elle osait revenir chez moi comme si de rien n'était ? Non non, elle n'en avait plus rien à foutre de nous.
Aimer une fille comme elle ? Jamais.
En fait elle pourrait très bien crever sous mes yeux, je n'y prêterais même pas attention.
Il fallait qu'elle parte de là au plus vite. Je voulais qu'elle dégage sur le champ. Pourtant je l'avais droguée et maintenant je la retenais prisonnière au fond du garage. Au moins cette fois elle ne pourrait pas s'enfuir.
Merde
Merde
Merde
Qu'est-ce que j'ai fait-
Qu'est ce que j'ai encore fait ?
— Ohé ! Tu peux me dire ce que je fais là ? Et pourquoi je suis attachée sur cette foutue chaise ?
Elle est belle mais ne m'attire plus.
Quelqu'un l'avait-il touchée en mon absence ?
Peu importe, c'est pas mon problème.
Si je trouve ce connard, je le tue.
Elle a repris du poids.
Elle est mieux sans moi finalement.
Elle avait attaché ses boucles brunes en hauteur, exposant son cou à la vue de tous. Elle n'avait donc plus peur de montrer sa cicatrice ? Ou voulait-elle me défier car je lui avais demandé de la cacher ?
Quelque chose chez elle avait changé.
J'avais l'impression de retrouver la Liz d'il y a huit ans. Celle qui fronçait durement les sourcils quand je faisais une connerie, qui ne se laissait jamais faire et surtout pleine de détermination. Je retrouvai tout cela dans le regard noir qu'elle m'adressa à la suite de mon long silence.
— Que fais-tu chez moi ? Tu te plaisais pas assez au Palace ?
Ses joues se gonflèrent de colère et elle pinça ses lèvres rouges pour se retenir de m'insulter.
— Détache-moi ! C'est quoi ton problème ? protesta-t-elle en s'agitant sur la chaise dans l'espoir de défaire ces liens.
Le feu brûlait à nouveau au fond de ses iris. Ce n'était pas bon. Si elle commençait à retrouver son caractère d'avant, elle allait finir par se rappeler.
Et elle ne devait jamais, jamais se souvenir de quoi que ce soit.
Je devais l'en empêcher.
— Dis moi d'abord pourquoi tu es ici, dis-je d'un ton calme. Si c'est Moreno qui t'envoie me faire la morale, tu peux dégager. Sauf si t'es venue m'espionner et dans ce cas je devrai te tuer.
— Je suis là pour innocenter Palmer et retrouver mon père ! s'écria-t-elle pleine de rage. Et oui Moreno nous a envoyés ici mais c'est uniquement pour protéger Philadelphie !
— Nous ?
Mensonge
Mensonge
Mensonge
Elle s'était trouvée de nouveaux copains? Evidemment, elle faisait sûrement partie de la Brigade et donc d'un autre groupe que les Hell's Angels.
Traîtresse
Elle m'a trahie.
— Nom ?
— Crystal Squad, souffla-t-elle.
Quel con, Moreno avait vraiment réussi à la mettre en place ? Cette escouade devait rester secrète ! Même Josh qui avait passé plusieurs mois au sein de la Brigade n'était pas au courant. Pourquoi avait-elle été choisie ?
— Ecoute, murmura-t-elle doucement en baissant la tête. On est tous les deux en tort pour beaucoup de choses. Tu me détestes et je te hais aussi. Mais s'il te plaît, pour Palmer, pour Garcia et pour Philadelphie, nous devons nous allier.
Son regard avait beau m'électriser, elle n'allait pas m'amadouer aussi facilement. M'allier avec sa bande d'abrutis ? Elle pouvait toujours rêver.
— Pourquoi je devrais accepter ?
— Le Daily Witness.
— Mais encore ?
— Vous êtes accusés d'avoir agressé une femme devant le QG à Manhattan.
Un point pour elle. La presse était bien décidée à nous faire la misère et ça n'allait pas s'arranger avec les élections qui approchaient. Le rival de Moreno, Ronald Winfield, avait pour but d'éradiquer complètement le Club et sa campagne était financée en grande partie par le Daily Witness qui le soutenait pleinement.
En plus de tout ça, on était déjà en très mauvaise posture depuis l'incident au Rusty Rye qui avait valu un procès à Palmer. On ignorait encore s' il allait s'en sortir, il n'était qu'en liberté conditionnelle pour le moment.
— Sache que je ne te fais absolument pas confiance, déclarai-je pour lui montrer que rien n'était gagné.
— Et moi donc. Je te rappelle que tu viens de me droguer et de m'attacher à une chaise comme un prisonnier qu'on s'apprête à torturer.
— Oh... Je comptais te faire des choses disons... plus agréables, répliquai-je avec un sourire pervers.
Ses expressions à chaque fois que je tenais ce genre de propos avaient le don de me faire rire. Elle ne pouvait s'empêcher de rougir de gêne.
Mais je ne succomberais pas. Pas cette fois.
— Alors ? s'impatienta-t-elle en faisant la moue.
- Je veux d'abord savoir qui sont les autres membres du Crystal Squad.
Elle leva les yeux au ciel et gonfla les joues une nouvelle fois. C'était l'une de ses habitudes que je préférais chez elle.
Avant. Plus maintenant.
Pourquoi fallait-il qu'elle soit aussi sexy avec cette nouvelle coiffure ?
— Nous sommes cinq. Et un chien est venu avec nous, affirma-t-elle sceptique. Il y a Kel-
— Jay-chou ! Te voilà enfin ! s'écria une voix féminine avant de se jeter sur moi.
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Hello les zamis !
J'espère que vous allez bien les loulous puisque je reviens avec un chapitre assez court mais option POV Jayden. Ce petit loustique m'a donné du fil à retordre... C'est pas facile d'être dans sa tête.
Bien bien, les choses commencent enfin à se mettre en place et l'intrigue principale ne va pas tarder à sa dévoiler.
Vous retrouverez toute la bande des Hell's Angels au prochain chapitre !
Et à votre avis... qui est cette personne qui se jette sur Jayden à la fin ?
Je vous fais plein de bisous ! 😘
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Lily💜
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