𝕄𝕠𝕠𝕕 : 𝕂𝕚𝕝𝕝 𝔹𝕚𝕝𝕝 - 𝕊ℤ 𝔸

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ೃ⁀➷ Le réfectoire était complètement vide en ce début d'après-midi. En temps normal, on trouvait toujours quelques personnes assises sur les longs bancs éclairés par les six lustres en verre, même à des heures tardives.

Cela me rendit morose tout à coup, comme si je me sentais seule.

Tu es seule.

Un coup de téléphone retentit dans le réfectoire. Je décrochai rapidement.

Pas de réponse.

J'avais changé de numéro depuis que j'étais arrivée chez Moreno alors je m'attendais à un possible canular.

Cependant, il arrivait parfois de reconnaître une personne à sa respiration. Et je connaissais celle qui résonnait à l'autre bout du fil.

— Comment as-tu eu mon numéro ?

Le ton accusateur que j'avais pris devait le déstabiliser, assez pour se décider à raccrocher.

— Écoute, Evans. Le Chef a eu Moreno au téléphone il y a deux semaines et on sait tous où tu te trouves. On a aussi appris que tu comptais revenir à Philadelphie.

— Ça te pose un problème, Griffin ?

Je n'avais encore jamais appelé Josh par son nom de famille. Mais je souhaitais lui faire comprendre qu'il n'était plus aussi proche de moi qu'avant. Désormais, il n'était plus qu'une ancienne connaissance, comme tous les autres.

— Ne rentre pas.

Cela faisait longtemps que je n'avais plus eu le droit à son ton sec et tranchant. D'ailleurs, cela ne m'avait pas manqué, même si je préférais qu'il me parle ainsi plutôt que comme à une amie.

— Tu n'as pas à me dire quoi faire. Je te rappelle que Palmer risque la prison si on ne l'innocente pas vite.

— Et en aucun cas tu es obligée de t'en mêler.

— Au revoir, Griffin.

Je raccrochai aussitôt avant de dire une bêtise. J'allais rentrer à Philadelphie, et ce n'était pas Josh, ni son Chef qui allaient m'en dissuader.

Après tout, quelle raison avaient-ils pour m'empêcher de revenir ? J'avais une vengeance à accomplir, une vérité à rétablir et pour cela, je devais quitter Nicolas et le Palace un petit bout de temps.

Je n'avais aucune idée du moment auquel je partirai, et Nicolas m'avait fait comprendre qu'il fallait que j'attende d'être prête.

En revanche, le procès de Palmer, lui, ne m'attendrait pas.

— Je dirai au minimum quarante-huit heures. Sans compter les cernes.

— Ton estimation est très mauvaise Kel, elle serait dans un état de dégradation bien plus avancé. Je maintiens trente-six heures.

Les deux hommes m'observaient comme une expérience scientifique et j'étais à deux doigts de leur donner un microscope.

Je ne savais pas depuis combien de temps mes amis se moquaient de moi et je n'avais pas la force de riposter. Pas après l'appel de Josh.

— Qu'est-ce que vous faîtes ? demandai-je d'un air détaché, en essayant de paraître la plus normale possible.

— Tu sembles plus proche du cadavre que de l'être humain ces derniers temps, me répondit Kelyan avec son éternel ton autoritaire. Matt pense que tu ressembles plus à un mort de trente-six heures mais je trouve que c'est encore pire.

— Je suis sûr à quatre-vingt dix-huit pourcent d'avoir raison, fit Matthis en faisant mine de remonter des lunettes imaginaires sur son nez.

J'espérais qu'ils n'étaient pas là seulement pour se ficher de moi même si cela représentait le passe-temps favori de Matthis. Et lorsque celui-ci trouvait une occasion de se moquer, Kelyan le suivait automatiquement dans sa bêtise.

J'aimais beaucoup rire avec Matthis. Il trouvait toujours un prétexte pour se mettre en scène et on l'avait indirectement désigné comme le clown de la Brigade.

Très populaire auprès des filles, il disparaissait presque chaque soir dans sa chambre avec l'une d'entre elles.

Sa peau brune avait le don de faire ressortir encore plus le tracé de ces muscles et c'était à mon avis ce qui le rendait aussi attrayant. Il y avait quelques semaines, il avait décidé de raser sa coupe afro pour laisser place à un fin dégradé qui lui allait plutôt bien.

Il aimait l'exercice physique et passait la plupart de ses entraînements avec Kelyan, son meilleur ami. Pourtant, sa vraie passion résidait dans les chiffres.

En effet, Matthis était un mordu de mathématiques alors Nicolas lui avait assigné les comptes reliés à la Brigade. Il était vraiment très intelligent, même si ce n'était pas ce que l'on remarquait au premier abord.

— Tu comptes rester là à pleurnicher encore combien de temps ? soupira Kelyan en balayant ses mèches bleutées en arrière.

— Jusqu'à ce que tu décides de résilier ton forfait connerie illimitée.

— Bam ! Bam ! Bam ! Victoire par K.O. de la jeune et belle Elizabeth Evans ! s'exclama Matthis en mimant une explosion.

— Matthis, tu sais respirer par le nez ? demandai-je avec un grand sourire?

— Visiblement oui, pourquoi ?

— Alors tu peux fermer ta gueule.

— Deuxième victoire pour Beth ! se moqua Kelyan en voyant son meilleur écarquiller les yeux.

Ces deux-là étaient devenus mes piliers au Palace. Il suffisait qu'ils fassent partie de mon champ de vision pour que je me sente tout de suite mieux.

Au fil de la conversation, Kelyan décida de se plaindre des nouvelles recrues de la Brigade, qui avaient apparemment un gros problème avec le respect des consignes.

Quant à Matthis, celui-ci préféra nous raconter ses ébats avec ses conquêtes du mois.

Cet après-midi-là avait lieu le Rassemblement de la Brigade et il était obligatoire d'y assister. Lors de cet événement mensuel, le Gouverneur nous donnait les objectifs à atteindre durant le mois ainsi que le calendrier des missions et entraînements.

Nous sortîmes alors du réfectoire et Matthis partit passer un coup de fil à sa petite amie de la semaine - d'ailleurs c'était la première fois qu'il restait aussi longtemps avec quelqu'un - avant de nous rejoindre en salle de conférence.

Pendant ce temps, je fis part à Kelyan de ma progression aux derniers entraînements qui s'étaient avérés relativement fructueux. Il avait beau être mon mentor, il n'avait pas le temps de s'occuper de moi depuis plusieurs jours.

Nicolas le convoquait souvent dans son bureau, me laissant seule avec Zia qui était loin d'être ma meilleure amie.

Lorsque finalement nous entrâmes tous les trois dans la salle de conférence, Volver apparut, suivi du Gouverneur. Le husky se jeta directement sur moi et tenta de me lécher le visage.

— Ça suffit Volver, reste calme, dis-je en souriant.

Nous nous plaçâmes en rang comme il était convenu de le faire à chaque Rassemblement. J'aperçus Zia à l'autre bout de l'assemblée qui me lançait des regards menaçants.

Nous étions environ deux cent réunis dans cette grande salle, debout, rangées par lignées d'une quinzaine de personnes. Nous avions l'interdiction de nous asseoir malgré la présence de nombreuses chaises.

Au Palace, c'était le protocole, point final.

Nicolas monta sur une estrade en bois qui grinça sous son poids et je ne pus m'empêcher de détailler son costume un peu plus fantaisiste que d'habitude.

De couleur rouge et parsemé motifs dorés, il semblait un peu trop large pour le quarantenaire mais lui donnait un air stricte. Si le costume pouvait parler, il dirait quelque chose comme "Regardez-moi bien, je suis élégant, parfaitement repassé et je représente la richesse dans toute sa splendeur".

Le Gouverneur attrapa un micro et se racla la gorge avant de prendre la parole.

— Bonjour mes amis. Comme vous le savez, nous entrons dans une période sombre de notre ère. C'est donc maintenant que tout ce que j'ai construit durant ces dix dernières années va éclore. Et je parle bien évidemment de vous, la Brigade.

De mon côté, je ne pouvais dire ce qu'il se tramait exactement dans la tête de Nicolas et encore moins ce qu'il insinuait par "période sombre de notre ère".

La seule chose dont j'étais certaine, c'était qu'il allait y avoir un rapport avec les Hells Angels et que je serai donc forcément concernée. Que je ne le veuille ou non, j'avais reçu le Baptême et faisait maintenant partie du Club.

Malgré tout, cela m'angoissait plus que je ne le pensais, alors pour calmer l'inquiétude qui montait en moi, je caressai nerveusement la fourrure blanche de Volver.

— Il y a dix ans maintenant, j'ai décidé de créer le Palace dans le but d'accueillir les marginaux et les aider à accomplir leurs quêtes. Vous pourrez pensez que j'utilise votre soif de vengeance pour mon propre intérêt et à vrai dire, vous n'avez pas totalement tort. La Brigade est devenue mon plus grand projet, je voulais créer une armée en qui je pourrai avoir une totale confiance pour protéger la Pennsylvanie. Et c'est ce qu'il s'est produit. Si vous êtes ici, c'est parce que vous aimez assez cet Etat et votre famille pour vous mettre en danger. Je vous ai fait jurer de garder le secret de cette organisation et de la couvrir grâce à Moreno Industries. Cependant, nous allons faire face à un problème.

Toute l'assemblée retint son souffle. Nicolas était quelqu'un de très détendu au quotidien et ne s'inquiétait jamais pour quoique ce soit. C'était pourquoi, lorsqu'il évoquait le mot "problème", nous tremblions tous comme des feuilles.

Volver remarqua mon état d'alerte et ne put empêcher un aboiement qui me valut un regard accusateur de la part du Gouverneur.

— Dans quelques mois auront lieu les élections. La Brigade deviendra alors une faiblesse pour moi et je ne veux surtout pas que vous soyez confrontés à la justice. J'ai donc pris la décision de vous diviser et de vous répartir dans tout l'Etat. Nous communiquerons à distance par fréquences radio sécurisées.

Sa décision était tout à fait compréhensible, car si Nicolas venait à ne pas se faire réélire, la Pennsylvanie entière sombrerait dans le chaos. Il était le premier Gouverneur depuis une longue génération à faire régner l'ordre et la paix dans tout l'Etat.

En revanche, j'espérai qu'il tiendrait sa promesse et m'enverrait à Philadelphie pour que je puisse régler mes derniers comptes avec les Hells Angels. Et surtout Jayden.

Je ne veux plus entendre parler de lui.

Nicolas continua son speech et nous indiqua les précautions à prendre lorsque nous quitterions le Palace.

Le secret de la Brigade ne devrait jamais, au grand jamais, être dévoilé.

Il forma seize escouades auxquelles il attribua un numéro à chacune d'elle. Les membres sortirent un à un de la salle de conférence, jusqu'à ce qu'il ne reste plus que Kelyan, Matthis, Zia, Volver, un inconnu et moi-même.

— Bien, maintenant que tout le monde est parti, je vais pouvoir entrer dans le vif du sujet.

Nicolas nous adressa un grand sourire et descendit de l'estrade afin de nous rejoindre. Nous n'avions pas bougé d'un pouce depuis que nous étions entrés dans la salle de conférence alors le Gouverneur nous demanda de nous rapprocher.

— Vous êtes tous les cinq mes meilleurs éléments. Alors je vous réserve la plus importante des missions ; Philadelphie.

Je me retins de sautiller sur place tant j'étais heureuse que Nicolas ait accepté ma requête.

— Vous irez là-bas pour plusieurs raisons. Premièrement, pour te protéger, Elizabeth, fit-il en se tournant vers moi. Beaucoup de personnes te veulent du mal et tu ne seras sûrement pas en sécurité toute seule. Ensuite, aider les Hells Angels à protéger la ville. Cela signifie innocenter l'un de leurs membres nommé Andrew Palmer qui risque de se retrouver derrière les barreaux pour un crime qu'il n'a pas commis. Et enfin, le Club est la cible d'accusations de la part de la presse. Croyez-le ou non, mais je suis très attaché aux Hells Angels depuis de nombreuses années alors j'empêcherai toute menace de les atteindre. Est-ce bien clair ?

Le problème le plus important résidait dans le fait que le Club était en sous-effectif depuis sa séparation avec les Rebels deux ans et demi en arrière, ce qui rendait les choses encore plus difficiles.

Heureusement, mes amis seraient avec moi, même s'il fallait que je supporte Zia encore un bout de temps.

Pour ne pas arranger les choses, le cinquième membre de notre petit groupe m'était totalement inconnu. Je me rassurais en me disant que le hasard n'existait pas au Palace et que Moreno l'avait choisi pour une bonne raison. Ou peut-être que les locks de ce jeune homme l'avaient tout simplement séduit.

— Il est hors de question que je fasse équipe avec ces ploucs, s'énerva Zia en croisant les bras. Je suis bien au-dessus d'eux, pourquoi je devrais les supporter ? Je veux aller à Philadelphie toute seule.

— C'est pas toi qui décide, la blondasse, intervint Matthis pour la calmer. Bon, on est l'escouade 17 c'est ça ? Demanda-t-il en se tournant vers Nicolas.

— A vrai dire, vous représentez un cas particulier, répondit le Gouverneur. Vous travaillerez sous le nom de Crystal Squad.

— Crystal quoi ?! M'exclamai-je surprise, ce qui fit sursauter Volver.

— Nous formerons une sorte de faux gang indépendant, expliqua Kelyan. C'est plus prudent pour nous, Moreno et les Hell's Angels.

— Oh toi t'étais au courant depuis le début, grommela Matthis. Tu caches bien ton jeu Sonic.

Kelyan lui attribua un coup de coude dans le ventre afin de le faire taire. L'inconnu, lui, n'avait toujours pas prononcé un seul mot ; c'était comme s'il acceptait simplement son destin.

Ou bien il nous prenait tous les quatre pour des fous.

— Bien, vous pouvez prendre congé. Le plan se mettra en place à partir de la semaine prochaine, déclara Nicolas avant de nous saluer.

Le Gouverneur et son costume rouge sortirent de la salle de conférence, nous laissant tous les cinq bouche bée.

La semaine prochaine.

J'allais revenir à Philadelphie plus tôt que je ne le pensais et je n'étais pas la bienvenue là-bas. Josh me l'avait bien fait comprendre au téléphone.

— T'es qui au fait ? Demanda Zia en pointant du doigt l'inconnu avec une mine dégoûtée.

— Mon cousin ! s'exclama Matthis.

— Quoi ?!

— Je suis Todi, ravi de vous rencontrer, nous salua le jeune homme.

Ses locks tombaient en avant sur son visage et je retins une envie irrépressible de toutes les couper.

— Matthis, depuis quand t'as un cousin ? Demandai-je à moitié agacée. Et pourquoi je n'étais pas au courant ? Kelyan, tu savais, toi ?

— C'est mon meilleur ami, heureusement que je le savais.

Bon, la bonne nouvelle c'était que l'inconnu n'était désormais plus un inconnu.

Nous regagnâmes l'aile Sud du Palace sans Zia qui ne voulait pas passer une seconde de plus avec nous.

De retour au réfectoire - cette fois un peu plus rempli - nous nous installâmes tous les quatre à une table afin de discuter du Rassemblement.

Le fait de travailler sous une fausse identité de groupe était une idée ingénieuse. Les seuls personnes extérieures qui devraient être au courant de cette tromperie, étaient les Hell's Angels.

Le Crystal Squad. Je me demandai d'où venait ce nom et pourquoi l'avoir choisi.

Nous n'étions que cinq membres dans cette escouade mais Volver me collait tellement que je commençai à croire qu'il veuille devenir le sixième.

— Moreno a dit qu'on commencerait la semaine prochaine, déclara Kelyan en sirotant un café. C'est pour ça qu'il vous avait demandé d'intensifier vos entraînements, il ne reste plus beaucoup de temps avant de sauter dans le grand bain.

— Et dire qu'on va aider les Hell's Angels, c'est pas dingue ça ? s'enthousiasma Matthis.

— En parlant d'eux, il ne faut pas qu'ils soient au courant du jour de notre arrivée, leurs confiai-je à mon tour. Ils ne veulent pas me voir à Philadelphie.

— Tu les connais ? questionna le cousin de Matthis.

Pendant une seconde, j'eus presque oublié son prénom. Todi. Il s'appelait Todi et il était très charmant.

— Je fais partie du Club.

— C'est génial !

Génial.

C'était ce que j'avais pensé avant d'apprendre toute la vérité. Jayden avait tué ma mère, mon père avait simulé sa mort et pour couronner le tout, les personnes en qui j'avais le plus confiance m'avaient menti.

Alors maintenant, faire partie du Club n'avait plus rien de génial.

— Bon les gars, c'est pas tout mais va falloir réfléchir à un plan, énonça Kelyan en remuant ses mèches bleutées. A commencer par se renseigner sur les potentielles menaces.

— Wouaf !

— Merci de ta participation Volver. Vous avez des propositions ?

— Moreno a dit que le Club était - je cite - la cible de fausses accusations de la part de la presse. On devrait commencer par ça, suggéra Matthis.

— Je suis d'accord, acquiesça Todi. Et toi, Elizabeth ?

Son sourire était sur le point de me faire fondre. Je me redressai sur le banc pour ne pas tomber.

— Ça me va. On s'y met quand ?

— Tout de suite ! fit Kelyan avec un clin d'œil.

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Coucou mes petites plumes !

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Je suis désolée de poster peu souvent en ce moment mais je traverse une période difficile avec beaucoup de problèmes de santé. Cela devrait s'améliorer dans les semaines à venir mais c'est encore compliqué.

J'espère en tout cas que vous avez apprécié ce chapitre haha. Le début de ce tome 2 sert à poser les éléments déclencheurs des futures intrigues. Et croyez-moi, ce tome va être riche en rebondissements !

Je vous laisse, on se revoit très vite !

Gros bisous les loustiques !

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ℒ𝒾𝓁𝓎 ♡