𝖯𝗋𝗈𝗅𝗈𝗀𝗎𝖾.
𝕄𝕠𝕠𝕕 : 𝔹𝕝𝕒𝕔𝕜 𝕆𝕦𝕥 𝔻𝕒𝕪𝕤 - ℙ𝕙𝕒𝕟𝕥𝕠𝕘𝕣𝕒𝕞
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𝒥𝑜𝓈𝒽𝓊𝒶
ೃ⁀➷ Le Chef faisait les cent pas autour de la table basse du salon en faisant claquer son briquet. Personne ne bougeait au risque de se prendre un poing dans la figure. Je ne l'avais jamais vu dans cet état.
Ou peut-être que si.
Ce n'était pas la première fois que la Famille était menacée. En temps normal, le Chef prendrait la situation à la légère, nous donnant à peine quelques directives parce qu'il nous faisait confiance pour la suite. Il se foutait de mourir, du moment que les Hells Angels survivaient.
Il y avait deux ans, lorsque les Rebels s'étaient séparés de nous, le Chef nous avait fait conclure un pacte ; "Les Anges ne meurent jamais". C'était un moyen de dire que nous devions toujours choisir les Hells Angels, peu importe ce qu'il lui arrivait.
Une décision plus facile à prononcer qu'à faire.
Mais aujourd'hui, c'étaient nous tous qui étions menacés. Par qui ? Cette question restait en suspens.
Et je savais que s'il commençait à paniquer, c'était parce qu'elle n'était pas là. Elle avait pris la fuite en lui faisant bien comprendre qu'elle ne voulait plus jamais le revoir. Ni lui, ni Lindsay, ni moi.
Un mois qu'elle avait quitté Philadelphie pour aller je ne sais où. Un mois qu'on la cherchait dans tout l'État de Pennsylvanie, en vain. En fait, il restait plus qu'à espérer qu'elle soit toujours en vie.
D'un côté, je voulais la retrouver et m'assurer qu'elle allait bien. D'un autre, je voulais la laisser tranquille parce que je méritais pas de lui parler. J'avais menti, pour la protéger, certes, mais j'avais menti.
— Elle n'a pas pu aller bien loin, elle ne connaît personne dans ce putain d'Etat ! S'écria le Chef en prenant sa tête entre ses mains. Aucune famille, aucun ami, alors je ne vois pas où elle peut être. A moins que l'un de vous ne me cache quelque chose.
Personne ici n'oserait mentir au Chef. Cela serait synonyme de trahison et il se ferait automatiquement expulser. Et dépouiller, torturer, peut-être même tuer.
Mais je soupçonnais Lindsay de ne pas dire toute la vérité. Pendant plusieurs mois, elle m'avait bien caché que Jayden était responsable du meurtre d'Agatha Evans, comme si je n'avais pas eu le droit de savoir. Elle avait menti sur toute la ligne à sa soi-disant meilleure amie.
Et depuis, on s'adressait à peine la parole. Elle continuait d'écrire sur son blog, comme si elle n'avait pas causé assez de dégâts comme ça.
— Si il y a un traître parmi vous, je lui conseille de me le dire tout de suite avant que je ne le découvre par moi-même.
On se regarda tour à tour, cherchant à déceler la moindre lueur de culpabilité chez l'autre. Mais tout le monde la possédait. On était tous responsables d'une manière ou d'une autre de son départ.
Et elle nous manquait.
Elle me manquait.
Le début de notre amitié n'avait pas été facile, j'étais persuadé qu'elle nous voulait du mal. Jusqu'à ce que j'ai cette conversation avec elle, lorsque je lui avais appris à tirer.
Elle avait toujours prôné le bien, s'était inquiétée pour nous. Elle avait toujours été la première à essayer de nous comprendre. Et ça, je le ressentais à chaque fois qu'elle m'adressait la parole. Elle voulait toujours creuser un peu plus profond en moi, faire ressortir mes émotions.
Mais nous, on n'avait jamais cherché à la comprendre, à lui demander si elle allait bien, si elle avait besoin de parler. Elle portait les problèmes de tout le monde sur son dos mais ne nous avait jamais fait part des siens. On n'avait pas cherché à les connaître non plus.
Et c'était pour cela que nous étions tous coupables au fond.
Peut-être que l'un de nous mentait.
Mais pour une fois, on l'écoutait, on la laissait tranquille, on respectait son choix. Cette fille n'était pas bête, si elle s'était enfuie, c'était qu'elle avait en tête un endroit sûr pour elle.
Soudain, Owens s'avança vers le Chef. On aurait dit qu'il pleurait. Il pleurait. En tout cas, les larmes coulaient lentement sur la peau mâte de son visage. Ses cheveux noirs cachaient ses yeux bruns mais je pouvais deviner qu'ils étaient complètement rouges.
— Et bien ? Grinça le Chef. Dépêche-toi de parler.
Owens renifla, la tête baissée, le regard figé sur ses baskets usées.
— Je savais qu'Evans n'avait trouvé personne à qui se confier ici. Alors elle l'a fait à quelqu'un d'autre.
Le Chef devint livide et sa mâchoire se contracta. Je comprenais sa réaction. La jalousie le tiraillait de part en part mais surtout, il s'en voulait. Il connaissait la vérité.
Evans ne se confiait à aucun d'entre-nous, même pas à lui mais à une personne extérieure. Qui pouvait-elle bien connaître ?
— Elle lui envoyait plusieurs lettres chaque semaines. Leur correspondance a bien duré un mois puis elle s'est arrêtée, je ne-
- Crache le morceau! A qui envoyait-elle ces foutues lettres ?
Owens tremblait tellement que je crus un instant qu'il allait s'écrouler sur le sol.
— M-Mo-Moreno. Nicolas Moreno.
Personne ne s'attendait à ce nom. Evans serait chez Moreno, à Scranton ? Mes entrailles se serrèrent lorsque je l'imaginai blessée, un vieux garrot l'empêchant de se vider de son sang, faisant le trajet jusqu'à la villa puis jusque chez le Gouverneur. J'espérais qu'il ne lui était rien arrivé en chemin.
— Owens, t'aurais pu le dire plus tôt ! On aurait pas passé un mois à la chercher partout !
— C-C'était un secret ! Je ne l'ai pas dit parce que je suis sûr qu'elle va bien !
— T'es pas en mesure de te trouver des excuses !
— Jay, s'il te plaît, calme toi, lui souffla Lindsay en lui prenant les épaules.
Owens n'avait rien fait de mal et le Chef le savait très bien. Seulement, il fallait bien que sa colère contre lui-même se décharge sur quelqu'un. Et malheureusement pour Owens, c'était tombé sur lui.
— Bien, j'appellerai Moreno demain matin, reprit-il plus calmement. Le connaissant, il attend mon appel depuis quelques jours maintenant.
Ainsi, il quitta le salon, monta les escaliers de marbre blanc et s'enferma dans son bureau au premier étage.
J'étais heureux d'apprendre qu'elle était avec le Gouverneur. Là-bas, elle découvrirait toutes les voies qui s'offraient à elle depuis le début. Le Palace de Moreno était le meilleur endroit pour elle afin de se trouver elle-même et d'obtenir les bonnes clefs pour réaliser ses objectifs.
Et ça, j'étais bien placé pour le savoir.
Un silence pesant régnait maintenant dans la pièce. L'ambiance était glaciale depuis qu'elle nous avait quitté.
Greene et Palmer ne se chamaillaient plus, Owens s'était de nouveau enfermé dans sa chambre, Emerson passait ses journées avec moi à s'entraîner au tir et Lindsay restait avec le Chef, sûrement pour le soutenir.
En fait, je me fichais bien de ce qu'elle pouvait faire.
Orlando était retourné à Brooklyn avec les Rebels sans dire quoi que ce soit, tout comme Petit Gil et Miller étaient rentrés au QG, à Manhattan il y avait deux semaines.
Miller.
Il s'était complètement renfermé sur lui-même depuis la mort de Garcia. On avait tous été affecté par cette tragédie à notre manière, mais en ce qui le concernait c'était différent. Plus un mot n'était sorti de sa bouche.
A l'enterrement, il avait refusé de prononcer un discours. Il n'avait même pas assisté entièrement à la cérémonie.
Rien ne serait plus jamais comme avant. Garcia n'était plus là et Palmer se noyait dans l'alcool. Le Chef, lui, était au bord du gouffre.
Pendant des années, il avait cherché celle qu'il aimait pour qu'au final, elle, ne cherche qu'à le fuir.
J'espère que tu sais ce que tu fais, Evans. Mais je t'en supplie, ne reviens jamais ici. C'est la mort qui t'attend.
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Coucou mes petits anges !
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Je suis heureuse de vous retrouver pour ce prologue numéro 2 !
J'attends vos commentaires et vos avis avec impatience pour ce tome.
Gros bisous les loustiques !
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ℒ𝒾𝓁𝓎 ♡
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