𝟤𝟢 | 𝖫𝗎𝖼𝗂.
🎵Wires - The Neighbourhood
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𝐸𝓁𝒾𝓏𝒶𝒷𝑒𝓉𝒽
L'odeur de chlore, d'alcool et de désinfectant embaumait la salle d'attente. Le crissement aigu des roues des brancards se superposait au bip continu des machines. Des pas de course retentirent dans le couloir, suivis de cris et de respirations haletantes.
Je grelottais, immobile sur ma chaise en métal, les genoux ramenés contre ma poitrine. Alvarez s'était assis dans un fauteuil roulant en attendant que le chirurgien vienne nous chercher tandis qu'Owens restait debout près de la fenêtre.
— Tenez, j'ai pris des cafés au distributeur, dit Todi en arrivant dans la pièce.
Il les distribua à chacun d'entre nous, mais personne n'eut la force de le remercier.
La nouvelle avait été un choc pour tout le monde. Un si jeune garçon comme Gil allait perdre sa jambe si injustement. Il n'aurait pas dû me protéger, cette balle méritait de finir en moi, pas en lui.
Si je vous retrouve, je vous tue tous. Allez crever, putain de blousons argentés !
La mâchoire contractée, j'enfonçais mes ongles plus profondément dans mes paumes, jusqu'à ce que les marques rouges deviennent indélébiles. Une larme roula le long de ma joue et Alvarez posa une main sur mon épaule.
— Ça va aller, Evans. Il est plus fort que tu le crois.
Mon corps entier ployait sous le poids de la culpabilité, bien qu'au fond de moi, je savais que ce n'était pas ma faute.
Le chirurgien arriva au même moment. Sa blouse bleutée, boutonnée jusqu'en haut et bien ajustée, électrisa ma conscience et me rappela que ce n'était pas un cauchemar, mais bien la réalité.
— Suivez-moi, dit-il d'un ton neutre.
Je déglutis difficilement, étranglée par l'angoisse. Owens me prit par la main. Je redressai les épaules, inspirai profondément et sortis de la salle d'attente. Les spots rectangulaires émettaient une lumière blanche qui léchait les murs et leur donnait une teinte blafarde. L'air empestait à la fois la maladie et la guérison. Chaque pas vers la chambre de Gil devenait plus douloureux, heureusement que Owens me soutenait.
Au quatrième étage, le chirurgien s'arrêta devant la porte numéro 416.
— Il est ici, déclara-t-il. Il y restera jusqu'à l'opération puis sera transféré dans une autre unité. Si vous avez besoin de quoique ce soit, n'hésitez pas à faire appel aux infirmiers.
Alvarez le remercia et attendit qu'il disparaisse avant de presser la poignée de la chambre. Mes poumons se pétrifièrent, si bien qu'ils ne se gonflaient plus d'oxygène.
Dans l'obscurité de la pièce, le visage de Gil s'illumina lorsqu'il nous reconnut. Ses joues creusées peignaient son visage d'un masque squelettique, auquel s'ajoutaient ses lèvres pâles et ses paupières trop lourdes pour s'ouvrir entièrement.
— Vous en faites une tête, se moqua-t-il tout bas.
Ses muscles crispés indiquaient que chaque mot
sortant de sa bouche, l'écorchait à vif. Le voir dans cet état de fragilité me brisa le cœur.
— Tu devrais voir la tienne, souffla Alvarez submergé par l'émotion.
Owens lâcha ma main et rejoignit Gil près de son lit.
— Ça te fait peur ? demanda-t-il.
Le jeune rouquin secoua la tête.
— Je me dis que ma nouvelle jambe aura peut-être des super pouvoirs, qu'elle pourra me propulser dans les airs comme Iron-Man.
Todi gloussa tristement.
— Tu as raison, il vaut mieux voir les choses comme ça.
Gil était le plus jeune, mais sûrement le plus mature d'entre nous. Il était dans un état critique et pourtant, il était le seul à sourire.
— Dépêche-toi de rentrer, OK ? murmurai-je la gorge serrée.
— Bien sûr, Eli, me répondit-il. Je serais bientôt de retour pour t'aider à taper sur Greene et Palmer.
L'atmosphère devint plus légère ; néanmoins ce n'était pas le cas de mon cœur.
— Repose-toi, dit Alvarez en frottant la tête du jeune garçon.
Cette visite de courte durée se termina sur un signe d'aurevoir. Dehors, le croissant de lune se cachait timidement derrière une mer de nuages. Demain, il pleuvrait.
✩
De retour dans le Queens, Greene, Palmer et Matthis se jetèrent sur nous et nous assaillirent de questions. Je n'avais pas envie de parler alors je montais directement dans ma chambre. Zia et Lindsay étaient déjà là. Je me déshabillais comme si elles n'existaient pas et enfilais mon pyjama. Sans plus attendre, je me jetais sous les couvertures.
— Eli...
La rage fulminait en moi et me dévorait de l'intérieur. La vision de ces blousons argentés ne me quittait pas.
— On les retrouvera, m'assura Zia comme si elle lisait dans mes pensées.
Je rabattis ma couette furieusement et me redressai dos au mur.
— Et comment ? On ne sait pas qui ils sont, ni où ils se planquent.
— Ils finiront par se montrer, déclara Lindsay. Ce genre de gros poissons ne peut pas rester invisible définitivement.
— Je leur arracherai les membres un par un, grinçai-je sur le point de péter un plomb.
— Si ça peut te soulager, soupira Zia. En attendant, essaie de dormir un peu.
— Je dors avec vous cette nuit, dit Lindsay en baillant.
Cette dernière s'étira et se débarrassa de ses vêtements. Je remarquais la marque sur son ventre, semblable à une brûlure. Je m'étais toujours demandée ce qu'il lui était arrivé. Cela me rappela le sous-sol de la villa réduit en cendres que j'avais découvert avec Zia.
On dirait que les pyromanes sont nombreux par ici.
✩
𝟷𝟷 𝚊𝚗𝚜 𝚙𝚕𝚞𝚜 𝚝𝚘̂𝚝.
Il pleuvait ce jour-là. J'étais clouée au lit à cause de la fièvre qui était apparue cette nuit. Maman était partie travailler et Jayden se trouvait au collège. Il avait promis de venir me voir après ses cours.
En attendant, je décidais de lire les bandes dessinées sur les Archanges que Papa m'avait achetées. Il rentrait plus souvent à la maison qu'avant et j'en étais ravie. Autrement, il me manquait beaucoup.
— Liz ! Je suis là !
Je n'avais pas la force de sortir de mon lit mais je souris malgré tout. Papa arriva dans ma chambre avec un sac de médicaments.
— Tiens, prends ça, petit monstre, si tu veux retourner gambader demain.
J'adorais quand il m'appelait ainsi parce qu'il disait que lui aussi, plus jeune, il était un vrai petit monstre pour ses parents. Il faisait même plus de bêtises que moi. Une fois, Grand-mère l'avait privé de sortie pendant une semaine entière parce qu'il avait forcé son frère à manger les croquettes du chat. Dégoûtant.
— Je t'ai aussi apporté de nouveaux livres, dit-il en
posant un carton sur mon lit. Ceux-là sont mes préférés. Tu aimes Jules Verne, il me semble ?
Je hochai vivement la tête.
— Et voilà La Ballade de Pern, sûrement le favori de ta mère. Lis-le quand tu seras plus grande, d'accord ?
— Oui, Papa.
Il m'embrassa sur le front et recouvrit mes épaules avec la couverture.
— Dors, petit monstre. Appelle-moi si tu as faim.
Malgré son absence, mon père essayait de s'occuper de moi le plus possible. Son travail prenait beaucoup de place dans sa vie mais il parvenait à en garder une pour moi et pour ma mère.
Pour mes dix ans, il m'avait emmené au Cherry Spring State Park, une magnifique clairière pour observer les étoiles. Les cerisiers qui s'y trouvaient me rappelaient Jayden, ce qui en faisait un lieu parfait. Mon père avait apporté un petit télescope sur pied, et pour la première fois de ma vie, j'avais pu voir les étoiles de près. J'avais pleuré de joie.
A ce moment-là, Papa m'avait dit : « Si tu ne peux pas les toucher avec tes doigts, touche les avec ton esprit. Rien n'est impossible tant qu'on y croit ».
Après ça, je sortais dans le jardin tous les soirs pour utiliser le télescope. Papa m'expliquait comment tout cela fonctionnait et disait que les plus grands télescopes du monde étaient encore plus immenses que notre maison. Un jour, j'emmènerais Jayden dans un Observatoire, il fallait qu'il voit ça.
Lorsque je me réveillais le lendemain matin, la fièvre avait disparu. Je sautai du lit, glissai sur la rembarre des escaliers, ce qui me valut des réprimandes de la part de ma mère. Ray m'attendait sur le péron.
— Qui a repeint ton visage en blanc ? se moqua-t-il devant mon teint blafard.
— Je viens d'être malade, imbécile.
— C'est un nouveau livre que t'as là ?
Je lui tendis l'exemplaire de La Ballade de Pern que mon père m'avait donné la veille.
— Papa m'a dit de le lire quand je serais plus grande mais je suis incapable d'attendre.
— Ben, on n'a qu'à le lire dans la cabane, suggéra-t-il.
Nous voilà dans la voiture de Mary, direction la villa des Clark. Jayden était absent pour la journée, il avait voulu accompagner son père à son travail. Un gang de motards, apparemment et il était dangereux. Mais Jay n'avait pas peur de ça, au contraire, il trouvait ça amusant. Pas moi.
— Alors, je lis ou tu veux le faire ? demanda Ray adossé contre la paroi boisée de la cabane.
— Un chapitre chacun ?
— Comme tu veux.
Ray n'était pas un garçon si détestable que ça. Son caractère m'énervait beaucoup mais il avait aussi des bons côtés. J'adorais lire avec lui, il connaissait plein d'histoires intéressantes. Ce point commun nous avait rapproché ces derniers mois et une autre facette de sa personnalité s'était dévoilée à moi. Il se sentait seul, et avait besoin d'une amie.
En fin d'après-midi, Mary nous apporta des briques de jus d'orange et des minis tartes à la tomate.
— Maman, Liz est allergique je te rappelle, s'indigna Ray.
— Oui, je sais, j'ai donc fait des muffins à la cerise spécialement pour elle. Tiens, Eli, fit Mary en me tendant une assiette pleine de muffins.
— Merci !
Lire en mangeant était devenu l'une de mes activités favorites. Je nourrissais mon corps en même temps que mon cerveau. Ainsi, je débordais d'imagination et avais un tas de rêves en stock pour m'endormir.
Cependant, celui dont je rêvais le plus, c'était Jayden.
Celui-ci rentra tard chez lui ce soir-la. Le reste de la famille Clark et moi étions déjà installés pour dîner dans la salle à manger. Lorsque Jayden arriva, il m'embrassa sur la joue puis salua ses parents avant de donner une tape à Ray sur la tête.
— Que fais-tu ici Elidiote ? Je te manquais ?
— Jay, je vais te frapper si tu continues, répliquai-je en tenant fermement mon couteau.
— Ouh, j'ai peur.
Il s'installa sur sa chaise, apporta la saladier de tomates à lui et se servit. Seul inconvénient, Jayden ne serait pas Jayden s'il passait une minute sans m'embêter. Alors il déversa des tomates dans mon assiette avec un grand sourire.
— Etouffe-toi bien surtout, gloussa-t-il.
Je me redressai, pris mon assiette, fis le tour de la table et jetai les tomates dans son assiette.
— Mange-les tout seul !
— Les enfants, on ne joue pas avec la nourriture, soupira William désabusé.
— Il veut clairement me tuer ! m'exclamai-je outrée.
Jayden éclata de rire et Ray ne put s'empêcher de faire de même.
— Super, grommelai-je en retournant à ma place.
— Bon, ce soir je vous propose de regarder un film tous ensemble, suggéra Mary pour détendre l'atmosphère.
— Roulement de tambour, dit Jay en faisant claquer ses doigts sur la table.
— Un truc bien, s'il te plaît, marmonna Ray.
Mary fit durer le suspense quelques secondes avant d'annoncer :
— Le Fabuleux destin d'Amelie Poulin !
— Je vote contre, rétorqua Ray en levant la main.
— Pareil, répondit Jayden.
— Moi je vote pour, les défiai-je. Vous êtes trop nazes pour aimer ce genre de film.
— Tu sais même pas de quoi ça parle, Elidiote, répliqua Jayden.
— Et alors ? Vous êtes nazes quand même. En plus, je suis sûre que Elio l'a déjà vu donc je te conseille de le regarder si tu ne veux pas te faire distancer.
— Elle a raison, renchérit Ray.
— Je vois..., souffla Jayden. Honneur aux filles alors.
✩
Je fus réveillée par des cris, des éclats de verre et le son de plusieurs objets brisés. Le jour était déjà levé et j'étais seule dans la chambre.
D'abord, je crus que les bruits venaient du salon mais je me rendis compte rapidement que cette cohue avait lieu à mon étage. Je sortis sur la pointe des pieds et croisai Zia complètement essoufflée.
— Est-ce que ça va ?
La jeune blonde s'arrête, pantelante, les mains sur les hanches pour reprendre son souffle.
— Jay a pété un câble. Je crois que c'est à cause de ce qui va arriver à Gil.
— Dis-moi où...
— Non Elizabeth, me coupa-t-elle. Actuellement il est incapable de savoir ce qu'il fait. Par contre, tu peux nous aider.
— Comment ?
— Débrouille-toi pour éloigner Ray. Il ne doit pas voir son frère dans cet état.
J'acquiesçai sans poser de question. Je n'avais pas vu Ray depuis un bout de temps et je ne savais même pas s'il se trouvait à l'intérieur de la villa en ce moment. Je dévalais les escaliers en quatrième vitesse et trouvais Teri au salon. Elle ne savait pas non plus où était Ray mais il était à la villa.
Je fis rapidement le tour, inspectai le jardin mais rien, aucune trace de lui. Il ne restait qu'un seul endroit où je n'avais pas mis les pieds.
Au dernier étage, j'ouvris la porte secrète qui menait à l'escalier en pierre. Je fis abstraction du frisson qui courait le long de ma colonne vertébrale et grimpai les marches. Une voix se faufila jusqu'à mes oreilles.
Ray.
Une autre, plus douce, chantonnait doucement.
Son petit frère.
Ce n'était pas une bonne idée de les déranger mais je n'allais pas rester sans rien faire. Après un instant d'hésitation, je toquai. Ray soupira de l'autre côté.
— Tu peux entrer, la fouineuse.
Il me fallait une excuse pour expliquer ma présence et qui n'attirerait pas l'attention. Gagner du temps, c'était mon objectif en attendant que Jayden se calme.
Je refermais la porte derrière moi. Ray et le petit garçon me fixaient tous les deux avec de gros yeux.
— Alors quoi ? s'impatienta Ray. J'espère que t'as une bonne raison de nous déranger.
Il ramassa deux figurines sur le lit qui représentaient des super-héros et les donna à son petit frère. Ce dernier les déposa sur sa table de nuit puis attrapa un pistolet en plastique qui traînait sur le sol.
— Je... J'ai...une question.
Ray plissa les paupières et afficha une expression blasée.
— Tu te fiches de moi ?
— C'est à propos de ton frère. Petit frère.
— Je vois, dit-il avec un sourire.
Je m'assis par terre, les jambes croisées. Des legos étaient éparpillés autour de moi, et de nombreuses peluches animales couvraient le lit.
— Comment s'appelle-t-il ?
Ray tenta d'attirer l'attention de son frère en lui prenant le pistolet des mains.
— Dis lui ton prénom, dis-lui comment tu t'appelles.
Le garçon leva la tête vers moi en se mordillant la lèvre.
— Lu-Luci.
— Luci ? Répétai-je pour être certaine que j'avais bien entendue
— C'est moi qui lui ai donné ce nom, expliqua Ray. Il est le fruit de l'enfer qu'on a vécu il y a huit ans.
Oui, Luci. Lucifer.
— Ça vous fait une sacrée différence d'âge, commentai-je tout bas.
— Teri s'occupe de lui la plupart du temps, il a besoin de beaucoup d'attention, répondit-il en rangeant quelques jouets. Luci est plus comme un fils qu'un petit frère pour moi. En même temps, on a presque quinze ans d'écart.
— Il n'a pas l'air d'aimer beaucoup parler.
— Disons qu'il est différent des autres gosses. De toute façon, on a tous un grain dans la famille, grommela Ray en s'allongeant sur le dos. Quel est le plus taré selon toi ?
La folie n'était pas un concours, sauf dans le Ray Clark Universe apparemment.
— Toi, sans hésiter, répondis-je d'un ton moqueur.
— Hmm, t'as sûrement raison.
Luci ferma la fenêtre en se mettant sur la pointe des pieds et regagna son lit en silence.
— Pourquoi tu veux me tuer ? demandai-je de but en blanc.
Ray s'esclaffa.
— Je ne veux pas te tuer, je dois. C'est différent.
— Pourquoi ? Insistai-je en me redressant. Qu'est-ce qui a changé depuis qu'on était petits ?
— Je vois que t'as retrouvé une partie de ta mémoire, répliqua-t-il. Donc tu le découvriras bien assez tôt.
Avais-je fait quelque chose de mal qui mérite la mort à ce point ? Non, Ray ne voyait jamais les choses du bon côté, j'étais certaine que mon acte n'était pas si grave qu'il n'y paraissait.
— Si tu étais là il y a huit ans, raconte-moi ce qu'il s'est passé, demandai-je alors que ma tête commençait à tourner. Il paraît que ton père est mort à cette époque et que c'est ça qui a déclenché un tas de problèmes. Peut-être que c'est indirectement lié à mon accident, tu vois ?
Je ne m'attendais pas à ce qu'il comprenne. C'était Ray, il voulait me tuer alors il n'allait pas me faire une faveur. Pourtant, je refusais d'abandonner.
— Ça sert à rien que je te raconte pour deux raisons, déclara-t-il. Premièrement, dans deux jours t'auras tout oublié. Deuxièmement, je ne sais pas tout ce qu'il s'est passé. C'était le chaos total, j'ai dû faire les choses de mon côté. Demande à Jay.
— Jay refuse de m'en parler, avouai-je à mi-voix.
— Ça ne m'étonne pas. Je te l'ai dit, tu vas tout oublier.
— Pourquoi j'oublierais ? m'exclamai-je les poings serrés. Jay m'a aussi dit ça une fois, mais je ne comprends pas comment c'est possible. L'amnésie n'arrive pas n'importe comment !
— Dans ton cas, c'est un mécanisme de défense. Ces souvenirs t'ont traumatisée alors ton cerveau essaye de s'en débarrasser. Et pour ça, il efface tout.
— Tout ?
— Absolument tout. Si je te dis ce qu'il s'est passé, tu vas oublier tout ce que tu as vécu jusqu'à aujourd'hui. Tu n'as pas envie de ça, si ?
Non merci, les souvenirs que j'avais créés depuis mes treize ans étaient ce que j'avais de plus précieux. Je ne les perdrais pour rien au monde.
— Jayden m'a dit que j'avais déjà retrouvé la mémoire. C'est vrai ?
— Oui, après, je ne sais pas combien de fois. Mais ouais, quand on a essayé de te rappeler les événements après ton... ton accident, tu les as subitement oubliés. Hop, effacés, ni vus, ni connus.
— C'est rassurant.
— Tu devrais aller voir Mael, suggéra Ray.
— Mael ? Tu veux dire, le Rebel ?
— Avant d'être un Rebel, il faisait partie des Eagles. Il a sûrement un tas de réponses à toutes tes questions.
Je fronçais les sourcils.
— Pourquoi tu m'aides tout à coup ? T'es pas censé vouloir me voir morte ?
— Si, j'en rêve chaque nuit. Mais pour l'instant, c'est impossible malheureusement. Je suis le premier déçu, crois-moi.
— Oui ça, j'en doute pas...
— Si Jay doit te venger, il appuiera là où ça fait mal. Mourir ne me fait pas peur, mais ça m'embêterait que les personnes qui comptent pour moi meurent à ma place, marmonna-t-il.
— Dans ce cas, qu'est ce qui t'empêche de tuer Jay ?
— Il a pris quelqu'un en otage et tant que je ne sais pas où se trouve l'otage, je suis obligé de le garder en vie. Quel triste destin ! s'exclama-t-il d'une voix théâtrale.
Donc, je devais trouver Mael pour qu'il réponde à mes questions. Tout ça avant que Ray ne me colle une balle entre les deux yeux. Ce n'était qu'une question de temps avant que Ray ne trouve l'emplacement de l'otage et donc, le début de la guerre.
En revanche, une question ne cessait de me triturer l'esprit : qui Jayden avait-il pris en otage ?
Mon téléphone vibra et afficha un message de Zia, confirmant le fait que Jayden s'était calmé. Le pression retomba lourdement. Je quittais donc Ray et Luci et rejoignis les filles dans notre chambre.
— Raconte, s'empressa Zia en bougeant nerveusement les genoux. Qu'est-ce que t'as fait avec Ray tout ce temps ?
— On a discuté, répondis-je simplement. Luci, c'est le nom de son petit frère.
— Curieux comme non, commenta Lindsay. Jay le sait ?
— Oui, je lui en ai parlé, et ça, associé à ce qui est arrivé à Gil, je pense que c'est la cause de sa crise tout à l'heure, expliquai-je.
— Possible, fit Zia, un doigt sous le menton. Sinon, quoi d'autre ? Ray t'as parlé d'autre chose ?
— Pas vraiment, il m'a seulement suggéré de trouver Mael, un type qui fait partie des Rebels. Il pourrait répondre à mes questions.
Lindsay écarquilla les yeux et ravala sa salive.
— Ma-Mael ? Eli, c'est une très mauvaise idée.
— Je sais me défendre, t'en fais pas, Lindsay.
Cette dernière hocha lentement la tête, le regard baissé.
— Et de votre côté ? leur demandai-je. Vous avez fait des découvertes ?
— Oui ! s'écria Zia en sautant sur ses pieds. Notre super collègue et incroyable informaticien du nom de Matthis a relevé des rentrées d'argent chez le Daily Witness qui disparaissent presque aussi vite qu'elles sont arrivées dans les caisses.
— Qu'est ce que ça veut dire ?
— Cet argent est placé ailleurs, expliqua Lindsay. Il doit provenir de trafics illégaux. Si on peut le prouver, le Daily tombera.
— Et Noah avec, compléta Zia.
— Donc si la parole de Noah Barry est remise en cause, ça donne à Palmer plus de chances de gagner le procès, conclus-je.
— Il nous reste le problème des blousons argentés qui ont brûlé le QG et l'histoire de la femme agressée, rappela Lindsay.
— En effet, rien n'est encore gagné, soupira Zia.
On frappa à la porte au beau milieu de notre conversation et la silhouette de Josh se révéla face à nous.
— Une réunion entre filles ?
— C'est à peu près ça, marmonna Zia. Un soucis ?
— Non, reprit Josh en fermant la porte. Je venais juste vous informer.
Il s'installa par terre, entre Zia et moi.
— Je crois que l'un de nous en sait plus sur les blousons argentés qu'on ne le croit.
— Qui ?! s'écrièrent les filles en même temps.
Je retins ma respiration.
— Palmer, confia Josh.
Palmer ? Quelle drôle d'idée. En quoi aurait-il un lien avec ce groupe de malades ?
— Faites comme si vous ne savez rien, nous ordonna-t-il. Où je vous rase le crâne.
— Essaie un peu, si tu l'oses ! s'emporta Zia en agitant les bras.
Josh pouffa de rire. C'était rare de le voir ainsi et lorsque cela arrivait, mon cœur se réchauffait.
— Au fait, l'interpellai-je en lui attrapant le bras. Quand est ce que tu comptes me raconter la suite de l'histoire ?
— Quelle histoire ? fit-il étonne.
Ta rencontre avec Jay et son ascension.
— Oh, ça.
Un sourire éclaira son visage.
— Tu fais bien de me le rappeler, Evans.
✩
꧁•❅──────✧ℕ𝔻𝔸✧──────❅•꧂
Buenos dias !
Je ne sais pas parler espagnol, pardonnez-moi.
Bon, qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? En ce moment, je vous envoie les chapitres aux infos utiles...
✭
Eh oui !
Certains d'entre vous m'ont demandé à quel moment Eli avait-elle retrouvé ses souvenirs par le passé.
Vous le verrez dans la suite, soyez patients !
✭
Kiss les loustiques !
ℒ𝒾𝓁𝓎♡
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