𝟦𝟢 | 𝖤𝗍 𝗌𝗂 𝗈𝗇 𝗋𝖾𝗆𝗉𝗅𝖺𝖼̧𝖺𝗂𝗍 𝗅𝖺 𝖽𝗋𝗈𝗀𝗎𝖾 𝗉𝖺𝗋 𝖽𝖾𝗌 𝗆𝖺𝗇𝗀𝗎𝖾𝗌 ?

🎵 Instɑnt Crush - Dɑft Punk ft. Juliɑn Cɑsɑblɑncɑs






ೃ⁀➷ 𝒥e trouvais l'amour ridicule, c'était pour moi un mensonge créé par l'humain pour combler la solitude. Ou dans certains cas, une arme chargée, dirigée contre nous-même que l'on donnait à quelqu'un d'autre en espérant qu'il ne nous tire pas dessus.

Ça, c'était ma définition de l'amour avant qu'il n'entre dans ma vie. Avant que ses lèvres ne se déposent contre les miennes. Avant que tout ne se chamboule dans ma tête.

Aujourd'hui, je pensais différemment. L'amour existait bel et bien. Il ne se voyait pas toujours mais il se ressentait.  Et cela ne s'expliquait pas par de simples « papillons dans le ventre », c'était bien plus complexe. On avait l'impression d'être quelqu'un d'autre en présence de la personne que l'on aimait. On se sentait plus vivant.

— Si Elidiote n'a pas fini de rêvasser d'ici dix secondes, elle sera privée de sortie pendant deux semaines, c'est clair ?

L'amour était magnifique. Mais surtout cruel.

— Elle est épuisée, Jay, répliqua Lindsay. C'est pas facile ce qu'elle vit en ce moment.

J'adressai un sourire à mon amie pour la remercier de m'avoir défendue. Trois jours étaient passés depuis cette fameuse nuit durant laquelle Jayden et moi nous étions embrassés. Trois jours qu'il m'évitait, sauf s'il avait des indications à me donner pour les événements à venir. Le seul point positif, c'était qu'entre-temps j'avais réussi à avoir une discussion avec Lindsay. Je lui avais peut-être un peu menti en lui disant qu'il ne se passait rien entre Jayden et moi, mais le plus important, c'était que nous nous soyons réconciliées.

Nous étions assis autour de la grande table rectangulaire dans la salle à manger. Jayden nous avait rassemblé dans le but de nous parler de la famille Genovese.

— Toutes les livraisons ont été effectuées, grâce au Chapitre de New-York, annonça-t-il. Maintenant, nous devons rendre l'argent récupéré à Genovese. Autrement dit, Washington est notre mission. Nous avons un pacte, il faut le tenir jusqu'au bout.

— C'est quoi ce pacte, au juste ? demandai-je en fronçant les sourcils.

Je me souviens qu'il l'avait déjà évoqué lorsque nous étions à New-York mais personne ne m'avait vraiment expliqué de quoi il s'agissait.

— Nous avons un marché avec Genovese, commença Emerson. Ils nous prêtent des renforts, ils peuvent même tuer pour nous. En échange, on doit vendre leurs ressources.

— Nous leur avons demandé de l'aide pour vaincre les Rebels, continua Greene. On a donc le devoir de remplir notre part du marché le plus vite possible.

Leurs « ressources » ? Je me doutais bien qu'il ne s'agissait pas de fruits exotiques, quand bien même j'aurais voulu que ce soit le cas.

— De la drogue, répondit Palmer comme s'il lisait dans mes pensées. D'habitude on fait les livraisons via l'Euphoria, mais c'est trop dangereux en ce moment.

— On ira donc nous-même à Washington, termina Jayden.

Emerson m'avait déjà prévenue concernant la vente de drogue au sein du Club. Mais entendre quelqu'un d'autre le dire de vive voix rendait cette situation terrifiante.

— Pour ça, j'avais déjà choisi d'emmener Morgan et Griffin, reprit Jayden. Mais je me suis vite rendu compte que j'allais avoir besoin de renforts.

Je vis Josh et Lindsay acquiescer, l'air grave. Cette mission avait l'air bien plus dangereuse que ce que je pensais.

— J'ai appelé New York et j'ai récupéré deux de ces clowns. Les gars, vous pouvez entrer ! s'écria Jayden.

La porte de la salle s'ouvrit et un visage transpercé de piercing ainsi qu'une silhouette imposante dont les doigts étaient couverts de bagues, firent leur apparition.

— Miller ? Garcia ? Que faites-vous ici ? s'exclama Palmer.

Ceux-ci ne lui répondirent pas et Garcia se jeta directement sur Owens, qui se tenait bien sagement sur sa chaise sans prononcer un mot.

— Tu vas bien, bonhomme ? On t'a pas revu depuis l'attaque à Brooklyn ! s'égaya Garcia en lui frottant la tête.

— Ah... Salut, marmonna Miller de sa voix nasillarde.

— Ça va les gars, calmez-vous, soupira Owens un peu gêné. On est en plein milieu d'une réunion au cas où vous ne l'auriez pas remarqué.

Garcia se tut immédiatement et se redressa comme si de rien n'était. J'étais vraiment heureuse de les revoir, Miller et lui.

— Bien, reprit Jayden avant de se racler la gorge. J'ai appelé une dernière personne et même si vous ne l'approuvez pas, elle viendra quand même avec nous.

— Moi ? demanda timidement Petit Gil.

  Tout le monde éclata de rire.

— Non, Barnett, tu n'as pas encore assez d'expérience.

Le rouquin prit un air renfrogné, mais ne dit pas un mot de plus.

— J'ai confiance en cette personne et j'ai surtout besoin de son intelligence, affirma Jayden sûr de lui.

La porte s'ouvrit brusquement, cette fois-ci en un claquement assourdissant. L'homme brun s'avança d'un pas lent à travers la pièce, quelques mèches châtains tombaient en avant. Un frisson d'angoisse parcourut ma colonne vertébrale lorsque je reconnus son piercing à la lèvre.

Le jeune homme releva la capuche de son sweat-shirt orangé, laissant apparaître ses traits tirés par la fatigue.

— Chef, tu... tu déconnes ?  bégaya Palmer.

Moi-même, j'étais complètement estomaquée. Je ne m'attendais pas à sa venue. Surtout après tout ce qu'il s'était passé.

— O... Orlando, murmura Owens.

Celui-ci ne répondit rien, laissant Jayden s'exprimer à sa place.

— Je sais que vous avez l'impression que cette idée sort de nulle part, et vous avez tout juste. Mais vous le connaissez et vous savez de quoi il est capable. J'ai besoin de lui pour résoudre une énigme concernant Genovese. Leur boss m'a informé que des armes disparaissaient inexplicablement, et que quelqu'un volait de l'argent dans les caisses, comme il y a deux ans. On parle de plusieurs millions de dollars. Il n'a plus confiance en ses hommes, nous devons donc nous assurer que ceux qui viendront à Washington chercher l'argent des livraisons, ne font pas partie de ces escrocs.

Il y eut un silence de plomb. Aucun de nous n'était préparé à cela. Orlando n'avait pas dit un mot et je jugeais qu'il en était mieux ainsi. Il se serait probablement attiré les foudres des membres du Club. Josh et Lindsay semblaient être les seuls à approuver cette décision.

— Si personne n'a rien à dire, alors vous pouvez sortir.

Je me levai de ma chaise et suivis Palmer, Greene et Owens à l'extérieur. Je ne savais pas quoi penser de cette situation. Je ne connaissais pas vraiment Orlando contrairement à eux qui avaient déjà vécu plusieurs années avec lui. Et je comprenais à quel point il pouvait être bouleversant de le revoir maintenant alors qu'il y a deux mois nous étions sur le point de le tuer lui et ses confrères.

— C'est n'importe quoi, le Chef perd la tête, s'énerva Palmer en s'affalant sur le canapé. Orlando ? Sérieusement ? Manquait plus que lui.

— Je te rappelle que les Rebels ne sont pas coupables du Châtiment, Palm', répondit Owens en croisant les bras.

— C'est pas le problème, souffla Greene. Orlando a trahi la Famille et il doit le payer.

— Je suis sûre que Jayden a une autre idée derrière la tête, leur confiai-je. Il y a autre chose que nous ne savons pas et qui nécessite la présence d'Orlando.

— Tu n'as pas tort. Le faire venir juste pour une livraison à Genovese alors qu'il aurait pu demander à l'un d'entre-nous, c'est loin d'être normal, fit Palmer en posant un doigt sous son menton. Dis Evans, tu l'as trouvé bizarre ces derniers temps ?

Mis à part le fait qu'il me fuyait comme la peste, et qu'il me parlait comme si j'étais un chien, Jayden était aussi bizarre que d'habitude.

— Pas vraiment. De toute façon, même si quelque chose allait de travers, il ne laisserait rien transparaître, répondis-je sans grande conviction.

— Griffin et Morgan ont l'air de trouver ça normal, dit Owens en replaçant une mèche de cheveux derrière son oreille.

— Ils savent quelque chose, affirma à son tour Greene.

Je ne les écoutais plus vraiment. Je venais de voir passer une silhouette orangée dans le hall, et mon instinct me criait de la suivre. Ça n'était pas du tout une bonne idée, mais peut-être qu'il avait des réponses concernant ma vie avant mon accident. J'étais sûre qu'il pouvait m'aider.

Je sortis du salon d'un pas précipité et cherchais du regard un potentiel sweat-shirt orangé. Je l'aperçus dans l'entrebâillement de la porte d'entrée. J'enfilai une veste et pris la direction du jardin. Orlando se tenait accoudé à ce que je supposais être sa moto, une cigarette entre les lèvres. Lorsque son regard croisa le mien, j'eus envie d'opérer un demi-tour sur le champ.

— Tu veux essayer ?

Il me tendit sa cigarette que je pris d'une main peu certaine. Je l'apportais à ma bouche et aspirais la fumée âcre. Je manquais de m'étouffer lorsqu'elle entra dans mes poumons. Je lui redonnai la cigarette aussitôt.

— C'est dégoûtant.

Ses lèvres s'étirèrent puis il se remit à fumer normalement. Je m'assis dans l'herbe face à lui, en attendant de trouver une question à lui poser.

— Clark t'a tout raconté ? Ou plutôt, tu as tout découvert, non ? demanda-t-il avec un sourire désolé.

Je hochai la tête.

— Je l'ai entendu prononcer ton prénom.

— Et alors ? Tu ne savais pas que je m'appelais Elio, répliqua-t-il.

— Non, mais je t'ai vu en rêve, rétorquai-je à mon tour.

Il lâcha sa cigarette qui tomba sur le gazon fraîchement tondu. Ses yeux s'écarquillèrent en entendant ma réponse.

— Tu... Tu as retrouvé tes souvenirs ?

— Non, lui assurai-je. C'était juste un rêve et ce n'est arrivé qu'une fois.

— Tu dois...

— N'en parle pas à Jayden s'il te plaît.

Orlando secoua la tête pour remettre ses idées en place. Il ne me croyait probablement pas et c'était une bonne chose.

— Je ne pensais jamais te revoir, Liz.

Je relevai la tête vers lui et un frisson parcourut mon corps lorsque je le vis sourire sincèrement. Je ne parvenais toujours pas à me dire que Jayden, lui et moi avions été des amis d'enfance et y penser me fit mal au cœur.

— C'était comment ? Enfin, je veux dire, on était comment, avant ?

Il écrasa sa cigarette déjà au sol et vint s'asseoir juste à côté de moi. Il sentait encore l'eau de Cologne, une odeur qui m'avait fait tourner la tête la première fois que je l'avais vu.

— Des enfants normaux, répondit-il simplement en jouant avec des brins d'herbe. Clark, toi et moi, on avait créé un petit club secret à nous trois ; on s'appelait les Trois Archanges et on espionnait les adultes. Notre QG c'était une cabane en bois dans un arbre.

Il se mit à rire en se remémorant ces souvenirs.

— On avait volé des talkies-walkies dans le bureau du père de Clark, m'expliqua-t-il avec un grand sourire. Et on se parlait toute la journée avec ça. On était destiné à vaincre le grand méchant qui racontait toutes nos bêtises aux parents.

— Et qui était ce grand méchant ? dis-je en mimant des doigts crochus censés représenter les griffes d'un monstre.

— Tu vas rire, dit-il en se tournant vers moi. Ray.

Je m'esclaffai ouvertement en entendant ce nom. Il était vrai que, si Jayden faisait partie de mon passé, Ray me connaissait forcément lui aussi. Et c'était très angoissant. Cependant, je n'arrivais pas à croire que petit, il était déjà notre ennemi.

— Aujourd'hui ça n'a pas vraiment changé, murmurai-je.

— Ouais... Et en même temps, tout est différent, souffla-t-il la tête dans les nuages.

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