𝟤𝟦 | 𝖳𝗁𝖾 𝖤𝗎𝗉𝗁𝗈𝗋𝗂𝖺 𝖭𝗂𝗀𝗁𝗍𝖢𝗅𝗎𝖻.

╔═════ ✸ 𝐖𝐀𝐑𝐍𝐈𝐍𝐆 ✸ ═════╗
Ce chapitre contient de la violence






🎵 She's So High - Tɑl Bɑchmɑn





ೃ⁀➷ ℋope et Joyce, les deux petites sœurs de Lindsay étaient jumelles et plus jeunes que Jimmy. Elles ne faisaient que courir partout à travers la maison, à la poursuite de leur grand frère ou bien dans l'espoir d'embêter Jayden. Celui-ci avait l'air de les adorer. Je le retrouvai dans la cuisine, Joyce dans les bras, sa main bandée occupée à faire cuire quelque chose. Je me demandais toujours ce qu'il lui était arrivé.

— J'ignorais que tu savais cuisiner, lançai-je sarcastiquement. Les hommes sont pleins de surprises.

Il ne prit même pas la peine de me regarder pour me répondre.

— Tu as raison Elidiote, comme c'est une tâche de femme, je vais te laisser faire.

Puis il sortit de la pièce avec un clin d'œil, emportant Joyce un peu plus loin. Je poussais un soupir et attachais quelques-unes de mes boucles avec mon nœud blanc avant de reprendre la poêle. Je compris qu'il faisait des pancakes pour les enfants et je mourrais d'envie d'en manger un. Cependant, je devais faire attention à mon poids alors je me retins. Je terminais la tournée et plaçais les pancakes fraîchement cuits dans un plat que j'apportai au salon.

— Les enfants ! criai-je depuis le hall. Le goûter est prêt !

Des cris de joie retentirent depuis l'étage supérieur et les trois petites têtes brunes firent leur apparition autour de la table basse. J'avais apporté de la confiture, du beurre et du chocolat et les regardais s'extasier en mangeant. Ils étaient vraiment adorables même si leurs voix aiguës avaient le don de me briser les tympans, déjà affaiblis par les disputes incessantes de Greene et Palmer.

Je passais la fin d'après-midi à jouer à des jeux de société avec Josh, Petit Gil et les enfants, ce qui m'avait permis d'oublier, l'espace d'un moment, le chaos qu'était ma vie.

— Evans, tu triches ! s'écria Josh en me tapant légèrement sur le bras.

— Je le savais ! s'exclama Jimmy en se levant soudainement.

Il m'arracha les cartes des mains et les montra à tout le monde. Les jumelles écarquillèrent les yeux, s'apercevant de ma supercherie. Je n'étais pas mauvaise, bien au contraire. Le but du jeu était de tricher, sans se faire prendre. Quant à moi, je venais de perdre la partie. Nous riions aux éclats, tenant notre estomac qui se tordait dans tous les sens sous notre fou rire.

— Allez, c'est fini, vous allez rentrer chez vous, déclara Josh.

— Mais je veux rester ! s'indigna Jimmy. Elizabeth est trop gentille.

— Moi aussi ! dit à son tour Hope. En plus, tu ressembles à une princesse.

Je lui souris et déposai un baiser sur le haut de la tête.

— C'est toi la princesse.

Ses joues rougirent aussitôt et elle me prit dans ses bras. Lindsay rassembla toute la troupe dans le hall puis nous fîmes nos aurevoirs et la petite famille quitta la villa dans la nuit.

Au cours de la soirée, chaque Angel vint me proposer une activité avec un air tout innocent, mais je comprenais que cela signifiait « amuse-toi avec nous histoire de te changer les idées et de ne pas penser à tes parents ». Au moins, personne ne m'avait sorti la fameuse phrase « ça va aller, dis-toi qu'ils seront toujours avec toi » et c'en était soulageant.

De toute manière, je n'étais pas la seule à avoir été affectée par toute cette histoire avec les Rebels. Greene s'en voulait lui aussi d'avoir abandonné Owens dans le hangar face à Cox et son allié, mais celui qui se sentait le plus coupable était Jayden. C'était lui qui avait orchestré l'attaque, lui qui avait tiré des conclusions hâtives. Et même s'il ne le montrait pas, je pouvais dire qu'il culpabilisait plus que nous tous réunis.

— Que fais-tu assise dans les marches Evans ? T'élabores un nouveau plan pour tuer le Chef ?

— Très drôle Josh, grommelai-je en lui donnant un coup de pied dans le tibia. Belloni vient de nettoyer ma blessure et refaire mon bandage.

— Donc tu peux venir tirer ?

— Au point où j'en suis.

Josh m'attrapa le bras et m'aida à descendre les marches une nouvelle fois. Quelle idée de s'asseoir à un tel endroit lorsqu'on est blessé.

Nous sortîmes de la villa et en fîmes le tour jusqu'à atteindre le garage. Le jeune homme fouilla dans sa poche et sortit un trousseau de clef. La porte du garage s'éleva dans un grincement métallique, laissant apparaître toutes les motos du Club. Nous nous faufilâmes à travers les engins jusqu'à atteindre l'endroit où Josh s'entraînait tous les jours et que j'avais expérimenté lors de ma semaine de formation. La salle de tir n'avait pas changé, si ce n'était qu'il y avait encore plus de traces d'impacts qu'avant.

Désormais, je connaissais la chanson. J'attrapai un casque, le fixai sur mes oreilles puis choisis une arme avec laquelle j'étais à l'aise. Enfin, je me postai face à un mannequin situé à six mètres et tirai plusieurs fois.

— On se calme, il ne t'a encore rien fait, se moqua Josh lorsque je retirai mon casque.

— Je crois que je commence à comprendre pourquoi t'aimes autant faire ça, murmurai-je en chargeant à nouveau l'arme.

— Tu vois, je te l'avais dit, répondit-il en dégageant quelques mèches grises de son visage. Seulement, les gens qui ont une vie normale ne peuvent pas comprendre.

Il tira une fois et atteignit le cœur du mannequin en plein dans le mille.

— Tant qu'on n'a pas vécu ce moment où tout bascule, murmurai-je en tendant le bras, lorsque tout ce qu'on a nous est retiré, tant qu'on n'a pas ressenti cette colère, on dira qu'il faut être fou pour aimer une chose pareille.

J'appuyai sur la détente et la balle vint se loger dans le front du mannequin. Josh m'adressa un petit sourire en coin, signifiant qu'il pensait avoir découlé sur moi.

— Ne te fais pas d'idée, je ne tuerai jamais personne, tranchai-je avant qu'il ne fasse la moindre réflexion.

Ainsi, nous enchaînâmes plusieurs rafales de tir jusqu'à ce que le mannequin, ou du moins ce qu'il en restait, ne soit plus utilisable. Nous passâmes donc au tir sur des cibles dessinées sur un papier particulier et démarrâmes un petit match. Le premier qui arrivait à viser dix fois le centre de la cible gagnerait.

— Au fait Josh, comment t'es arrivé ici ?

— Chez les Hell's ? demanda-t-il avant de jouer son tour. Oh, trois à deux pour moi.

— Oui, tu ne m'as jamais dit comment t'avais rencontré Jayden, répondis-je tout en tentant de me concentrer sur la cible. Trois à trois !

— C'est... Quelqu'un m'a mis en contact avec lui et on a fait un marché. Je lui prêtais allégeance et en retour il m'aiderait à retrouver ceux qui méritent de crever dans d'atroces souffrances.

Josh avait dit ça les dents serrées alors je me retins de poser plus de questions sur son passé et ces personnes « qui méritaient de crever dans d'atroces souffrances ». Je m'estimais heureuse de ne pas être l'une d'entre elles. Nous terminâmes donc notre match sans revenir sur cette conversation.





J'avais une musique dans les oreilles, mais je ne me rappelais plus son titre. Mes écouteurs enfoncés au maximum et le volume à fond, je marchais à travers les rues d'Allentown, les yeux rivés vers le ciel étoilé. Je ne me souvenais pas particulièrement de ma journée de cours et je ne me sentais ni mal, ni bien. Seulement vide. Je tournai au carrefour près de la pharmacie que je connaissais bien, ou du moins, il me semblait passer devant souvent. Le passage piéton se rapprochait de moi à chaque pas, mais je n'y faisais pas vraiment attention. J'y mis un pied, puis un autre. J'avançais droit devant sans m'attarder sur les personnes qui semblaient crier quelque chose de l'autre côté de la route.

Soudain, le moment que j'attendais arriva. Une lumière fonça sur moi et pour une fois, tout se passa lentement. La voiture blanche au phare droit cassé n'avait ni conducteur, ni plaque d'immatriculation. C'était seulement une voiture dont le but était de m'écraser. Et juste avant qu'elle ne me percute, je pus voir les étoiles bouger dans le ciel et former un seul et unique mot.

« Illusion »





Je me levai en sursaut, me précipitai hors de ma chambre et courus en direction de celle de Lindsay. Je la trouvai affalée sur son lit, son téléphone entre les mains. Elle tourna son regard vers moi lorsque j'ouvris sa porte en trombe et m'adressa un large sourire.

— Viens par-là, murmura-t-elle en me tendant sa main.

Je m'approchais doucement et elle me tira vers elle.

— Encore un cauchemar ?

Je hochais lentement la tête, encore essoufflée. Douze nuits que mon accident me hantait. Douze nuits depuis que j'avais appris la mort de mon père. Chaque nuit qui tombait devenait une torture, mais lorsque le soleil se levait, je voulais juste me recoucher.

Je ne supportais plus ces mauvais rêves, j'étais épuisée et je ne pourrais pas tenir ce rythme éternellement. Je n'étais pas la seule à en avoir, Jayden était dans le même cas que moi. Mais cela lui arrivait-il toutes les nuits ? Parvenait-il à les affronter ?

J'hésitais à parler à Lindsay de la nuit de son cauchemar, du fait qu'il me connaissait sûrement avant ou encore de l'état de la salle de bain ce matin-là à New York et de sa main bandée. Je savais qu'il avait brisé ce miroir au-dessus de l'évier. Je savais que c'était la cause de sa blessure à la main. La question n'était pas « qu'était-il arrivé ?» mais « pourquoi était-ce arrivé ? ».

Lindsay se leva du lit d'un bond et ouvrit son dressing en grand.

— Bien, Eli. Si tu continues à faire cette tête une seconde de plus, tu vas finir par me déprimer. Il est temps de s'amuser ! Alors prépare-toi ma belle, ce soir on fait la fête !





Nous arrivâmes dans le centre de Philadelphie aux environs de vingt-trois heures trente. Nous étions arrivées en taxi et Jayden n'avait toujours pas remarqué notre absence. Nous lui avions fait croire que nous allions nous coucher, avant de sortir discrètement de la maison. Je portais une robe relativement courte, rouge et couverte de paillettes. Elle ne possédait pas de manches, seul un bustier la maintenait en place sur ma petite poitrine.

J'étais complètement surexcitée à l'idée d'aller en boîte de nuit. Je faisais enfin des choses de mon âge et c'était pour moi une bénédiction. En plus de ça, j'allais pouvoir me vider totalement la tête.

Nous nous dirigeâmes vers l'entrée d'un night-club devant laquelle se tenait deux imposants vigiles en cravate et armés jusqu'aux dents. Lindsay leur montra nos deux entrées et ils nous laissèrent passer sans prononcer le moindre mot.

Nous traversâmes un long couloir étroit et faiblement illuminé par des néons violets. Arrivées au bout, Lindsay ouvrit une porte et de la musique vint cogner instantanément contre mes tympans. Nous étions arrivées près d'un garde-corps se situant au premier étage.

A cet endroit, nous pouvions apercevoir l'entièreté du nightclub. En bas, des néons rouges parcouraient les murs ensevelis sous des décorations osées comme des culottes en dentelle ou des marques d'alcool, éclairant le visage de dizaines d'invités. Des jeunes filles se déhanchaient sur une estrade, leurs jambes d'une finesse élégante s'enroulant autour d'une barre de pole dance. Les hommes les regardaient danser, leur verre de liqueur à la main.

Quelques mètres derrière, on pouvait apercevoir un bar qui ne servait que de l'alcool fort pour les plus vigoureux, et de l'eau pour les plus éméchés. Une odeur suffocante régnait à l'intérieur et la chaleur s'engouffrait à l'intérieur de mon corps, me faisant peu à peu transpirer. De la fumée émanait d'un dispositif placé près de l'estrade ce qui nous donnait l'impression que tout était flou autour de nous. Nous étions comme droguées par cet endroit qui nous tournait la tête. La musique assourdissante tintait si fort à l'intérieur de mes oreilles que je pensais devenir sourde au bout d'un certain moment. Cependant, cela ne semblait déranger personne.

A notre étage, les néons étaient violets et ceux de l'étage supérieur, verts. J'en profitais pour lancer un regard sur les tables autour de moi, occupées par des groupes d'amis riant aux éclats, le sang rempli de liqueur. Quelques-uns passaient rapidement à côté de moi, manquant de me bousculer, dans l'espoir de trouver les toilettes avant de ne rendre leur repas sur le sol.

— Bienvenue à l'Euphoria NightClub ! s'exclama Lindsay. Tu vas voir, cette boîte est géniale !

Elle me prit par la main et m'entraîna au rez-de-chaussée, sous les néons rouges.

— En réalité, cette boîte est un peu spéciale, m'avertit mon amie. On dit qu'à l'étage rouge, tu risques de repartir avec un bras en moins. A l'étage violet, les centaines de trafics qui s'y trament pourraient bien t'envoyer en taule. Et à l'étage vert... C'est la mort qui t'attend !

Trop cool... Je sens qu'on va s'éclater...

Arrivées au bar, on commanda de quoi se soûler suffisamment pour les heures à venir. Le barman avait l'air de connaître Lindsay car il la salua d'un « Morgan ! Ça faisait un bail ! ». Mon amie entama une discussion avec lui que j'écoutais d'une oreille tandis que je jetais des coups d'œil furtifs autour de moi. A vrai dire, je n'étais pas très rassurée. Il y avait trop de monde au même endroit et je me sentais étouffée par la chaleur de ces corps qui se mouvaient dans tous les sens.

— Oh c'est la fille du Daily, la nouvelle recrue des Hell's Angels ! cria tout à coup une voix féminine.

— Ouais, j'ai aussi vu sur le blog que sa mère a été tuée y a deux mois, la pauvre...

Un groupe de femmes d'environ mon âge s'approchèrent du bar en nous dévisageant.

— Clark n'est pas ici ? demanda l'une d'entre elles.

— En tout cas je ne l'ai pas vu, répondit le barman occupé à essuyer des verres.

— Pas ce soir, rétorqua Lindsay. Vous êtes donc priées de vous trouver quelqu'un d'autre pour la nuit, merci.

— Ça va, j'ai juste entendu dire qu'il reviendrait ici, marmonna la plus grande d'entre elle qui avait de beaux cheveux frisés.

— Viens avec moi Eli, on va s'éclater ! coupa mon amie sans faire attention au groupe de filles.

Je la remerciais de nous sortir de cette situation gênante et elle m'attira vers la piste de danse sur laquelle des hommes et des femmes flirtaient, bougeant leurs bassins qui se trouvaient séparés d'un minuscule espace.

Lindsay se mit à danser à son tour, au rythme de la musique. Je l'admirais, le sourire jusqu'aux oreilles. J'étais heureuse à cet instant, mais trop timide pour faire quoi que ce soit. Je me disais que peut-être, j'avais besoin d'un peu d'alcool pour me décoincer. Je commençais alors à boire rapidement quelques-uns des verres que nous avions commandés.

— Dis donc, t'es rapide ! me cria Lindsay, en espérant que sa voix passe par-dessus le son de la musique.

Je lui adressai un sourire et vidai un nouveau verre. Je le posai violemment sur une petite table et me promis de ne pas revenir le chercher.

Ainsi, je rejoignis Lindsay et mon corps se mit à bouger tout seul. La musique emportait mes mouvements avec elle, ne me laissant aucun contrôle. Mon esprit était brouillé et je ne percevais plus rien, hormis ce son enivrant qui prenait possession de moi. L'alcool jouait sûrement un rôle dans tout ça mais je m'en fichais. Je me sentais si bien, il n'y avait que ça qui comptait.

Puis, le DJ changea de chanson et partit sur une ambiance plus sensuelle. Les corps autour de moi ne demandaient que ça, les hommes baladaient leurs mains sur le corps des femmes, laissant celles-ci soupirer de plaisir. Aucune d'elle n'était gênée à l'idée de se faire tripoter devant un nombre incalculable de personne, bien au contraire. Cela me redescendit un peu sur Terre, mais ma tête tournait et j'avais perdu Lindsay de vue.

Je rejoignis le premier étage, là où se trouvaient les toilettes car je me sentais partir. En effet, à peine eussé-je mis un pied à l'intérieur de la cabine, que je me vidais de mes tripes. Je détestais vomir par-dessus tout. Mais l'alcool me rongeait tellement que c'était à peine si j'en avais conscience. Je me relevais difficilement, me rinçais la bouche et partis à la recherche de mon amie.

C'était comme chercher une aiguille dans une botte de foin, je savais que c'était perdu d'avance. Je vacillais un peu plus à chaque pas et je compris que je ne devais pas m'aventurer trop loin des toilettes.

— Tu cherches quelqu'un, Fillette ?

Je me tournai dans un sursaut et un jeune homme blond, d'environ mon âge avec de grandes lunettes en argent sur le nez, apparut dans mon champ de vision. Je ne voyais pas vraiment son visage dans la pénombre, mais je pouvais dire qu'il portait différents tatouages sur le corps et ses doigts fins étaient ornés de bagues en bronze.

— Je... Euh, bégayai-je. Oui. Mon amie, Lindsay. Lindsay Morgan.

— Tu es amie avec elle ! s'exclama-t-il ravi. Je ne t'ai pourtant jamais vue avant. Comment t'appelles-tu ?

— El...

Je m'arrêtais net. Une sensation de brûlure envahit ma gorge.

— Je crois que je vais vomir.

J'accourus vers les toilettes et j'entendis le jeune homme me suivre. Je vomis une deuxième fois et je sentis mes cheveux être tirés en arrière pour ne pas me gêner. J'aurais dû avoir honte dans une telle situation, mais l'alcool avait raison de moi.

Je m'essuyai la bouche d'une main tremblante et me tournai difficilement. Le jeune garçon était toujours là.

— El... ?

— Elizabeth, terminai-je péniblement.

— Enchanté, moi c'est Ray. A vrai dire, j'aurais préféré te rencontrer dans d'autres conditions.

Il m'adressa un petit sourire que je n'eus pas la force de lui rendre. Puis, son regard se dirigea vers ma cicatrice, qu'il avait lui-même dévoilée en levant mes cheveux. Ses yeux s'arrondirent quelques instants avant de revenir vers mon visage, comme si de rien n'était.

— Allons trouver ton amie, d'accord ?

Je le suivis à travers l'étage violet, poussant des corps afin de me frayer un chemin. Je me penchai par-dessus le garde-corps dans l'espoir d'apercevoir mon amie. En effet, celle-ci se trouvait au bar, au bras d'un inconnu. Je sentis la colère monter en moi, me répétant qu'elle m'avait lâchement abandonnée pour un mec. Je la désignais du doigt, faisant comprendre à Ray que je l'avais trouvée.

— Tu as besoin que je t'accompagne ? me proposa-t-il gentiment en remontant ses lunettes.

— Ça va aller. Encore merci, murmurai-je.

Je descendis les escaliers et me retrouvai de nouveau au rez-de-chaussée. Je marchais d'un pas assuré en direction du bar et tirai d'un coup sec sur la robe de Lindsay lorsque j'arrivai à son niveau. Des larmes dévalaient mes joues rougies par la boisson.

— Eli ! s'écria-t-elle. Je t'ai cherchée partout ! Tu as disparu au beau milieu de la piste de danse, où étais-tu passée ?

Je pouvais dire qu'elle était très inquiète et je regrettais d'être partie sans lui avoir dit quoique ce soit. Je sortis mon téléphone de ma poche et je me sentis ridiculement honteuse à la vue des dizaines de notifications provenant de Lindsay. Pourquoi ne lui avais-je pas envoyé de message ?

— Qui c'est lui ?

— Oh ! fit Lindsay. Je te présente Noah Barry. Noah, voici Elizabeth Evans.

L'homme me tendit la main pour que je la lui serre, mais je n'en fis rien. Il était encore plus moche que sur la photo que j'avais vue dans le Daily Witness. Il n'était pas plus grand que mon amie et son air nonchalant m'énervait au plus haut point. Ses cheveux bruns ébouriffés tombaient de manière désordonnée sur son visage disgracieux. Je ne voyais vraiment pas ce que Lindsay lui trouvait.

— Tom, une bière pour la demoiselle ! lança la tête de brocoli au barman.

— Elle a déjà assez...

— C'est bon Lindsay, laisse-moi faire, coupa-t-il en me tendant un verre rempli jusqu'au bord.

Je le vidai d'une traite en espérant oublier l'horreur qu'était son visage.

— Pourquoi tu ne m'as pas dit que cet abruti serait avec nous ? demandai-je en me tournant vers mon amie.

— Ex-Excuse-la, elle n'est pas dans son état normal, se justifia-t-elle gênée en me prenant les épaules. Bordel Eli, à quoi tu joues ? chuchota-t-elle à mon oreille.

Noah haussa les épaules et éclata de rire avec le barman. En fait, je n'aimais pas le barman non plus.

— Je suis quand même étonné de vous voir ici Mademoiselle Evans avec ce qu'il se passe en ce moment, dit Noah d'un ton condescendant.

— Il ne se passe rien en ce moment si ce n'est que votre famille aime foutre la merde, répliquai-je sèchement.

— Eli ! s'indigna mon amie les yeux écarquillés.

Il était clair comme de l'eau de roche que Noah n'en avait rien à faire de Lindsay et pourtant celle-ci s'obstinait à l'aimer comme une imbécile. Laid, prétentieux, arrogant, il n'avait rien pour lui et cela me fit presque de la peine.

— Je vais retourner danser, informai-je Lindsay d'un ton neutre.

— Tu en es sûre ? me demanda-t-elle inquiète. Tu n'as pas l'air en forme.

Je ne lui répondis pas et tournai les talons vers la piste de danse.

Le nombre de personnes n'avait pas diminué, bien au contraire. Il était encore plus difficile de bouger. Je parvenais cependant à effectuer quelques mouvements par-ci par-là, comme si les personnes autour de moi n'existaient pas. De toute façon, elles étaient probablement trop bourrées pour se rendre compte de mon insignifiante présence.

Malheureusement, je n'échappais pas au regard de certains. Ceux-là n'avaient pas peur de poser leur regard gorgé de désir sur mon corps et m'admiraient, assis sur une chaise, un verre à la main. L'un d'eux s'approcha de moi et je reculai lorsque je sentis sa main se poser sur ma hanche.

— Doucement ma jolie, dit-il d'une voix pleine de lubricité.

Je me retirai de sa prise, mais il revint à la charge. Un autre homme arriva et aida le premier à me maintenir en place.

Je ne comprenais pas ce qu'il m'arrivait. Ma tête tournait, je ne voyais plus rien et personne ne semblait se rendre compte de la situation. Pourtant je criais, criais, criais, criais, criais, mais Lindsay devait être trop loin pour m'entendre hurler son nom, la voix pleine de désespoir. Qu'allaient-ils me faire ? Me déshabiller ? Ou me tuer ?

Ils vont me torturer c'est sûr, ou bien me vendre.

Je me débattais tant bien que mal, mais ils étaient trop forts. Je ne pouvais rien contre eux. Je ne pus retenir mes larmes lorsque mon esprit admit que c'en était fini de moi.

Soudain, un coup de feu retentit. Et puis, plus rien. Les deux hommes s'étaient arrêtés. Le DJ avait coupé la musique. Le barman, la bouche grande ouverte, tenait une bouteille dans sa main dont le contenu se vidait sur le sol. Les femmes étaient descendues de l'estrade. Les personnes présentes sur la piste de danse se tenaient maintenant immobiles. Les groupes d'amis assis autour des tables de l'étage violet avaient cessé de rire.

Une atmosphère glaciale régnait dans l'Euphoria. On entendait seulement les lourdes respirations abattre ce silence de plomb.

Puis, un bruit, d'abord imperceptible, s'intensifiant au fil des secondes, vint rendre l'ambiance effrayante. Ma respiration s'était coupée, à l'entente de ces échos de pas que je reconnaissais bien. Ses pas.

En effet, Jayden fit son entrée au milieu de la foule silencieuse. Il tenait tout le monde en haleine et il le savait. Dans sa main droite, se trouvait un petit paquet en plastique. Il fourra ses doigts dedans et en sortit quelque chose qu'il apporta à sa bouche.

Des bonbons. Des putains de bonbons.

Sa démarche, lente, narguait tous ceux qui se trouvaient autour de lui. Il s'avança en ma direction, piochant dans son petit paquet, les bonbons de gélatine qu'il mâchait au rythme de ses pas.

Sa présence venait écraser chaque personne dans le club. Son calme était terrorisant. Sa lenteur, angoissante.

Mais moi, je ne demandais que lui. Je voulais que ces deux hommes répugnants me lâchent. Je voulais qu'il me sorte de là.

Je l'implorais du regard et il parut répondre à cet appel. Il arriva à mon niveau et les deux hommes se détachèrent de l'emprise qu'ils avaient sur moi. Jayden se baissa, un genou à terre, apporta sa paume brûlante vers mon visage et essuya ma joue humide. Il se releva lentement et s'avança silencieusement vers mes agresseurs.

— J'ai l'impression d'interrompre quelque chose, dit-il l'air naïf, en piochant à nouveau une friandise. Dîtes-moi, vous étiez en train de la toucher ?

Son regard interrogateur croisa ceux apeurés des deux hommes. Il haussa les sourcils, comme s'il était surpris de leur réaction, et avala la sucrerie qu'il avait en bouche. Puis, un sourire machiavélique prit place sur son visage.

— C'est regrettable.

Il me tira contre lui et sa main droite couvrit mes yeux. Je me fichais de ce qu'il pouvait arriver. Il était là, contre moi, et c'était tout ce dont j'avais besoin à cet instant.

Je le sentis tirer quelque chose de sa poche. Il marqua une pause avant que je ne le sente remuer à nouveau.

Deux coups de feu brisèrent mes tympans. Puis le silence revint.






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Salut mes Pringles !
(Je suis en train d'en manger, avouez que c'est un pur délice)

Bienvenue à l'Euphoria NightClub, une super boîte de nuit où tout se passe bien jusqu'à ce que deux hommes vous embarquent pour vous faire des choses obscènes...

Heureusement, il est venu me sauver.

"Heureusement ?" Pas pour certains...

Brefouille, je vous retrouve dimanche pour un nouveau chapitre les amis !

Biz les loustics !

Lily ♡

Instagram : @lilygreybooks

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