Chapitre XXX: Derrière les barreaux
-Tu ne vis donc que pour ta vengeance ? Si c'est cela, alors meurs. Tu ne veux rien faire de ta vie, et tu n'es qu'une marionnette de Weskovin. J'ai un rêve, une ambition, des souhaits, et un camarade à mes côtés. Alors pourquoi ce serait à moi de mourir ? Se moqua Krusla.
-Si vous pensez que vous pouvez vous en sortir, c'est que vous êtes vraiment des enfants candides n'ayant jamais vu le monde, rétorqua le cousin de Floralyn, avec son air confiant ne dissimulant pas sa haine.
Kaeron attrapa le fourreau du poignard de Taryarren voulut s'élancer, mais s'arrêta et se raidit.
-Tu... espèce de lâche ! Jura-t-il.
-Mon parfum vous plait ? Questionna l'autre. Je sis le seul à posséder l'antidote. Il a un effet d'immobilité et empêche d'utiliser vos pouvoirs.
Krusla, toujours aussi froid, demanda :
-On s'en serait rendu compte, avant. Alors pourquoi ton poison a-t-il pu s'infiltrer dans notre corps ?
Andrew ricana :
-Car il est inodore ! Weskovin l'a dissipé dans l'air avant votre entrée dans cette galerie. Croyez-vous vraiment pouvoir vous infiltrer aussi facilement ? Vous étiez paralysés avant d'avoir pu trouver le corps de Melwis...
Krusla n'entendit pas la suite de ses paroles, car il sentit une douleur au niveau de sa tête et les ténèbres s'emparèrent de lui.
...
Krusla sentit ses paupières lourdes. Le sol était froid et dur. Une odeur souterraine sinistre flottait dans la pièce semi-obscure.
Il écarquilla ses yeux pour se chasser de sa fatigue et, ressentant un danger, sauta et s'accrocha au plafond par réflexe. Des pas se mêlaient à des bruissements de chaînes furieuses se débattant dans tous les sens.
Il examina les lieus. Comme il s'y attendait, il se trouvait en ce moment dans une cellule isolée des autres, éclairée par des torches placées à l'extérieur, trop loin pour qu'il puisse les atteindre. Le mur et les plafonds étaient parfaitement lisses, et faits d'une matière inconnue qui isolait les eisthones et les empêchait de pénétrer.
Les bruits devinent bientôt plus distincts. Le garçon se raidit. S'ils venaient vers lui, c'est que cela n'avait rien de rassurant.
Ses inquiétudes furent bientôt prouvées. Deux geôliers couverts d'une cape noire ne dévoilant la moindre partie de leurs corps agiles ouvrirent les barreaux en un cliquetis de clefs.
Une jeune fille fut violemment poussée à l'intérieur. Elle avait des cheveux d'or, des yeux bleus glacier et un visage pâle contrastant avec sa riche robe vermeille déchirée sur les bords. Les deux gardiens fermèrent la porte et poursuivirent leur chemin. Krusla allait descendre quand il se raidit, et se plaqua davantage contre le plafond sans une seule poussière.
Un homme d'une beauté presqu'efféminée, d'une grâce et d'une souplesse devinée à travers sa veste longue de cuir noir aux manches ourlées d'un argent brillant posa trois doigts gantés élégamment sur un barreau rouillé.
-Descends, mon petit Krusla, tu vas te fatiguer... souffla-t-il, paré d'un sourire légèrement moqueur.
L'adolescent lâcha ses mains qui tenaient difficilement prise, et atterrit à côté de Floralyn, qui sursauta. Ce geste pinça le cœur du garçon. Elle ne devait pas être bien, ne pouvant même plus discerner sa présence. Elle avait toujours eu un don pour cela.
La jeune fille toussa , cracha le sang accumulé dans sa bouche et fixa l'homme situé en face d'elle, de l'autre côté du barreau.
-Wes...kovin, articula-t-elle, la voix étouffée par sa faiblesse et sa rage.
-N'aie crainte, ma Floralyn. Je t'épouserais que tu sois en bonne état... ou non. Donc tu resteras vivante, je te le promets.
-Melwis se réveillera. Elle ne te pardonnera pas ! Elle a perdu ses pouvoirs... mais ses malédictions fonctionnent... toujours.
Weskovin rit doucement avant de baisser les yeux afin de la regarder :
-Je ne crois pas aux malédictions, Floralyn... il est temps que tu grandisses... Je reviendrais demain prendre de tes nouvelles, en espérant que tu seras plus raisonnable. Tu sais ce qu'il te reste à faire si tu veux que tout le monde soit sain et sauf, n'ai-je tort ?
Il jeta un mouchoir en sa direction et s'éloigna à pas lents et réguliers.
Une fois qu'il fut suffisamment éloigné, Floralyn attrapa le mouchoir, le mit devant sa bouche et se mit à tousser violemment. Krusla lui donna quelques tapes sur le bras et l'aida à s'adosser contre un coin du mur lisse.
-Florys ? Florys !
-Krus... je suis... désolée...
Elle ferma les yeux, et ne les rouvrit pas. Après s'être assuré que sa respiration était régulière, il attrapa le tissu de gros lin, le plia afin d'en faire une couverture plus épaisse et la posa sur sa campagne.
Il ne désespéra pas. Il ne paniqua pas. Il n'avait ni le temps, ni la volonté d'y penser. La seule question qu'il se posait était :
« Que faire ? »
...
Flip, flap, flop. Flip, flap, flop.
Le bruit des gouttes d'eau tombant des coins des murs humides et atterrissant au sol fit sursauter Floralyn. Ses pieds étaient gelés. C'était un mal lui venant des mauvaises conditions de son enfance. Son corps était trop humide, ce qui lui causait depuis longtemps des frissons. Quand cela s'était manifesté à Acadmyr, Melwis lui à apprit à le maitriser en se couvrant de sa lumière. Mais la matière dont le plafond et les murs étaient faits ne laissait pas s'infiltrer son élément.
Elle se recroquevilla sur elle-même et resserra la couverture contre elle. Il faisait froid... l'air était humide... c'est sombre...
Elle envoya valser ses escarpins noirs qui endolorissaient ses pieds et cacha son visage contre ses cheveux. Ses algues blondes recouvrirent ses pieds glacés, ondulant en serpents blessé.
Soudain, une main se posa sur sa tête, et elle sursauta avant de reconnaître son propriétaire.
-Krusla... Il savait tout. Il était au courant de tout... Pourquoi sommes-nous toujours les pions de l'échec de quelqu'un ?
Ses larges prunelles claires n'avaient plus le charme mêlé d'une pointe d'écarlate d'avant son réveil. Ils étaient comme lors de leur première rencontre, sinon plus pures encore. Krusla réfléchit longuement, avant de souffler :
-Nous sommes tous sur un plateau. C'est juste qu'il est tellement large que nous ne voyons pas tout. Peut-être que si tu manges tous les pinons adverses, le plateau sera plus nettes et tu verras mieux.
Floralyn esquissa un pâle sourire :
-Sans doute...
Mais ce sourire se transforma en un tremblement, et par réflexe, elle serra encore plus le tissu en gros lin contre son corps. Son compagnon dégrafa sa cape noire et la posa sur ses épaules.
-Garde-le pour toi... Je ne tente pas d'imiter l'altruiste, promis. Mais je ne dégage aucune chaleur, alors je n'ai rien à garder sous la veste. Autant qu'elle te serve, dit-elle en lui tendant la cape.
Mais la réponse attendue n'arriva pas, si ce ne fut qu'un regard inquiet. Alors son sourire se fit légèrement railleur, et elle susurra :
-A moins que tu me donnes un peu de ta chaleur ?
Cette fois, elle n'attendait pas de réponse. Mais doucement, Krusla s'assit à ses côtés et prit sa main glacée. La jeune fille se raidit, et tourna la tête en faisait une mine boudeuse.
-Alexia va être jalouse, rappela-t-elle.
-Elle ne le sera pas... car elle est persuadée que c'est elle que j'aime, répondit l'autre.
Ils ne surent plus comment continuer. Depuis quand n'arrivaient-ils plus à se parler ? Le rouquin baissa la tête. Comment étaient-ils arrivés à là ? Même en apprenant qu'ils devaient se haïr, ils étaient restés amis, non ?
Floralyn retourna samain et resserra sa source de chaleur. Elle le fixa dans les yeux et sesbouches s'entrouvrirent afin de former des mots muets
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