Chapitre XXIII: L'inconnu
Un claquement de porte surprit la jeune personne assise sur le rebord de la fenêtre, contemplant les étoiles avec nostalgie.
Elle ne sembla pas se rendre compte du temps écoulé, c'est en comptant les douze coups de minuit qu'elle le réalisa. Elle ouvrit la fenêtre afin d'échapper à l'étouffement le l'air trop chaud de la salle, pourtant glacée.
-Oh... tu vas prendre froid, il doit faire moins cinq dehors... protesta un jeune homme à la silhouette fantomatique debout derrière elle.
-Chut...fit-elle en désignant sa loÿstrall Fantôme, profondément endormie, la voix de la forêt, elle est comme celle de Melwis... je me rappelle de ses yeux.
Elle ferma ses yeux, et tenta de retrouver le portrait de la femme blonde. Lorsqu'elle passait, la flore resplendissait...
-Tu n'as qu'à te regarder, toi qui lui ressemble tant... remarqua-t-il avec douleur.
Soudain, la porte grinça légèrement. Mais la jeune fille, toujours aux aguets, l'entendit tout de suite. Elle sentit alors son œil gauche s'enflammer.
<<Krusla arrive...>>, sut-elle alors.
Le pouvoir Écarlate les liera jusqu'à la mort...
Étrangement, cette pensée lui réchauffa le cœur. Elle écouta le garçon parler à Alexia son projet de fuite.
-Et Floralyn ? demanda sa sœur, dont la voix était presque étouffée par le mur de la chambre.
En n'entendant que le ronflement de la loÿstrall sous ses pieds, elle sentit un léger vide en elle-même.
La jeune fille se couvrit d'un tapis, prit une bourse sur la table et les rejoignit après un signe adressé à son ami –et celui de Melwis.
Elle distingua Krusla, qui, pourtant, se fondait dans l'ombre. Puis, son regard bleu se posa sur sa sœur Alexia.
-Flo ! s'exclama celle-ci, surprise par sa sœur plus que matinale...
-Partez, dit Floralyn. Je n'ai pas le droit de vous séparer. Pas le droit d'user de votre gentillesse. Partez, suivez votre destin. Si un jour, vous voulez me revoir, transmettez un message par Zellan. Il est lié à toi, Krus, grâce à l'Écarlate. Et aussi...
Elle évita leurs regards. S'ils remarquaient sa tristesse, ils en auraient pitié et resteront. Au péril de leur propre bonheur.
Elle se contenta de murmurer :
-Prends soin de ma sœur.
Sur ces mots, elle tendit le sac remplit de pièces à Alexia, et la serra dans ses bras. Puis, elle tourna les talons et s'enferma dans sa chambre.
-Partez... murmura-t-elle, avant que je ne veuille vous retenir...
Floralyn s'assit alors dans son lit, et se blottit contre un coussin.
-Maintenant, je suis vraiment toute seule...
Zellan la serra dans ses bras, et souffla :
-Je suis là, Floralyn. Nous trouverons Melwis, je te le promets.
*
Floralyn se regarda dans le miroir taille en biseau de son armoire en finissant d'attacher ses cheveux. Elle est la cousine du Roi, et la petite-fille de l'ancien.
Elle tenta de se composer un visage glacial armé d'un sourire de façade, mais ne vit qu'une poupée pâle et morose.
Mais rapidement, ses lèvres s'étirèrent vers le ciel et un sourire fleurit sur son visage. Elle est la princesse de Liore, et détentrice du pouvoir Écarlate, après tout !
Après avoir relevé ses cheveux, la jeune fille salua Zellan d'un signe.
-Bien dormi, Floralyn ? lui demanda celui-ci, légèrement étonné par sa bonne humeur. Tu sembles presque épanouie.
-Hi ! Hi ! Après ma presque nuit-blanche, non, je ne crois pas ! s'amusa-t-elle, les épaules secouées non par les sanglots, mais par des rires joyeux.
-Pourquoi ris-tu ?
Floralyn écarquilla ses paupières, avant de dire :
-Rire me met de bonne humeur, bien-sûr ! Tu ne voudrais pas que je pleure durant le couronnement, tout de même ?
A présent, elle était tout à fait sérieuse. Zellan sentit un pincement au cœur : les angoisses et les jeux de la Cour l'avaient rendue un peu versatile, et si elle était là, c'était bien par sa faute.
La porte les interrompit au moment où un silence commençait à s'installer.
-Entrez ! ordonna la jeune fille.
La silhouette de sa servante Merzya apparut. Elle salua la princesse d'une courbette légère et annonça :
-Votre Altesse, le couronnement approche, je suis venue vous y préparer.
Elle montra fièrement les paniers et les couches d'étoffes sous lesquelles elle croulait et les posa au sol.
-J'avais pourtant congédié tout le personnel jusqu'au nouvel ordre, contesta-t-elle en se levant de son fauteuil favori.
Elle ne s'énervait pas réellement contre sa servante, mais plutôt contre le fait qu'elle perdait peu à peu pouvoir dans le palais.
-Il serait inconvenable de ne pas assister au couronnement dans votre tenue ! dit Merzya en examinant la robe bleue légèrement froissée soigneusement décorée d'un filet de bave de Fantôme d'un œil critique.
*
C'est vêtu d'une somptueusement lourde robe de velours pourpre agrémentée de chainettes dorées que Floralyn entra dans la salle du Trône. Elle mourait d'envie de défaire la coiffure complexe et dérangeante qui pliait ses algues blondes sous mille tortures, mais dut se retenir en remarquant les yeux des aristocrates braqués sur elle. Un garde posté à l'entrée fit révérence avant de lui demander :
-Votre Altesse daignera-t-elle me confier ses armes ?
-Je n'en ai point, rétorqua-t-elle froidement.
Celui-ci parut surprit. Un Estre sans arme sur lui était fort rare.
Floralyn prit place parmi les dames, et observa les autres nobles faire leurs entrées.
-Bien, conclut le roi son grand-père, profitant le dernier instant de son règne du haut de son siège massif. Il est temps.
Son épouse Kalliope lui jeta un regard approbateur avant qu'il ne poursuive son discours.
-Mon règne m'a transmit mille sagesses. Il est temps pour moi de le transmettre à mon héritier. Il s'est démarqué par sa force et sa clairvoyance. Par le pouvoir que m'a confié nos ancêtres, moi, Morst Lyrik, quatrième du nom, fils de Flayword, transmet le trône de Liore à Weskovin Lyrik. Approche, fils de Liore.
Ce dernier s'avança, fièrement dressé dans son habit blanc et rouge. Sur sa ceinture pendait une épée décoratrice émoussée et des chaines d'or garnissaient ses boutons. Il posa un genou à terre et baissa la tête.
-Je te bénis. Puisses-tu servir ton people. A présent lève-toi, fils de Liore, et que ton cœur soit gonflé de fierté face à ton people prospère.
-Longue vie au roi ! Longue vie au roi ! crièrent la reine, puis les enfants royaux, et enfin les nobles et invités.
A Liore, la coutume voulait que l'on acclame le roi à cet instant afin de fêter la gloire de l'ancien et du nouveau.
Les exclamations se tarirent bientôt en un chant religieux à l'unisson. Le roi posa le bout de son sceptre contre son front, avant de le tendre à son petit-fils. L'héritier jeta ses gants derrière lui, sur le tapis rouge avant de le prendre à deux mains.
Morts prit la couronne sculptée de motifs faisant penser aux flocons mais également à la flore –c'était qu'il des subtilités de ce bijou- de sa tête et en couronna Weskovin.
C'est à ce moment précis qu'un dard vola jusqu'au nouveau roi. Celui-ci se pencha un arrière de justesse, mais la lame trancha un bouton d'or de son manteau.
Wescovin dissimula le dard et le bouton sous son manteau et fit mine de n'avoir rien remarqué. N'importe qui aurait pu douter de la réalité du régicide.
La reine acclama alors de nouveau un « longue vie au roi » aussitôt suivi par les membres de la Cour. L'attaque s'était déroulée tellement vite que rare furent les personnes qui la virent.
Floralyn vit un jeune homme de son âge s'éclipser par la grande porte, au nez des gardes qui n'en vivent rien, concentrés sur le couronnement.
<<Ces cheveux argentés... songea-t-elle. Ils me sont familiers... qui est-ce ?>>
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