Chapitre XV: L'objectif
Krusla, qui écoutait silencieusement, sursauta.
Cristal.
Cristal écarlate.
C'était celui qui s'était fusionné à son corps, il y a plusieurs années ! Alors il est le pouvoir de Melwis...
En son fort intérieur, il se surprit à la remercier. C'est vrai. A cette gracieuse jeune femme, il en devait trop. Beaucoup trop.
-En t'offrant ce qu'elle avait de plus cher, Krus... souffla Floralyn, qui s'était de nouveau blottie dans son fauteuil, elle a fait de toi son héritier. Elle ne t'aurait jamais choisie si elle le savait, car tu es l'ennemi des Vickeliya, sa famille. Mais elle a choisit l'âme qui lui ressemblait le plus, et c'est toi.
-Cela n'explique rien ! protesta sa sœur, pourquoi doit-on récupérer le trône de Liore ? Il n'a rien avoir avec tout cela !
Zellan s'était tut, surprit par l'attitude vive de la jouvencelle. Krusla fit de même, mais avec un léger sourire.
<<Malgré le fait qu'elle soit une jeune fille studieuse et paisible, elle a conservé un trait de son enfance...>>, songea-t-il en reconnaissant la « vraie » Alexia.
-Aurais-tu oublié que Liore traquait Melwis ? lui rappela Floralyn. Le corps spirituel de Melwis a été transpercé par la lance d'un des Sept. Ils sont ensuite partis à la recherche de son pouvoir. Mais l'un d'eux nous a arraché son corps et l'a enfermé dans un cristal de glace. Melwis existe toujours, prisonnière dans la glace. Et elle détient le Secret. Un Secret de la plus haute importance. Et nous, les héritiers Écarlates, devons absolument le connaître.
-Le roi de Liore ne veut pas libérer Melwis, c'est compréhensible, dit Krusla, mais ne pourrions-nous pas entrer dans la salle où elle est détenue, ou nous infiltrer ?
Son ancêtre secoua la tête.
-Hélas non, Krusla, soupira-t-il. Les Sept la gardent nuit et jour. Et de toute façon, seul le roi peut fondre le cristal à l'aide du pouvoir de son sceptre. Et il est puissant. Trop pour vous et mon état actuel.
-Que faisons-nous, alors ?
-Je dois m'entrainer afin d'avoir le trône à coup sûr, dit Floralyn. Mais ce n'est pas tout de suite, alors Alexia se ferait un plaisir de te faire visiter !
Sa sœur la remercia d'un regard reconnaissant, Florys avait sans-dote deviné ses sentiments pour lui. Mais elle ne pouvait pas la laisser seule devant le venin de la reine Kalliope, qui la haïssait pour tout au monde.
-Viens avec nous, Flo, cela fait longtemps, après tout, l'invita la rouquine.
-D'accord, dans ce cas...
Une fois seuls, Zellan offrit un regard inquiet à sa protégée :
-Floralyn... est-ce une bonne idée ? Tu as répété bien plus de cent fois que tu ne devais pas...
-M'attacher à lui ? Je le sais. Je suis capable de me contrôler.
Enfin... pour l'instant.
Le jeune homme roux la fixa se ses prunelles écarlates.
-Floralyn... la vie est cruelle.
La jeune fille se tut, et se contenta d'hocher la tête.
-Je... le sais. Je veux profiter de la vie, tant qu'il est encore temps. Je veux juste sourire une dernière fois... Une toute dernière fois.
Sa voix était presque étranglée. Mais elle ne devait pas pleurer. Elle ne devait plus commettre le moindre faux pas à présent. Et pleurer était un faux pas.
Un vœu. Un seul... Doit-il créer tant de tristesse ?
Zellan se rapprocha, et la serra dans ses bras. Il ne pouvait la toucher, n'ayant pas de corps réel, mais son aura si chaleureuse lui offrit le réconfort qui lui donna la détermination de vivre.
*
Krusla se réveilla en sursaut. Il regarda à gauche : pas d'incendie. Puis, à droite : pas de flammes qui dévorent la ville.
Il a rêvé. Tant mieux pour lui, s'il a rêvé.
Il avait rêvé d'un incendie qui ravageait le palais de Roënster. En repensant, ce rêve possédait de nombreuses incohérences...
Le garçon enfila sa chemise et son bas noir avant de s'envelopper dans la veste apportée par un majordome. Il déjeuna avant de longer le corridor sombre. Contrairement aux salles vitrées, les couloirs ne possédaient pas de fenêtres.
<<Ton rêve était absolument horrible>>, se plaignit Zelriasfer en se rendant compte que cet odieux gamin l'avait enfermé dans un sac ; il allait le payer !
<<Que veux-tu ? rétorqua son maître, un brin taquin, tu n'aurais pas dû me choisir contre mon gré !>>
<<Cesse de rêver, si tu es incapable de te contrôler ! Maître Zellan n'était pas comme toi, il avait de belles ambitions !>>
Le garçon ricana :
<<Comme « sauver le monde » ? Dommage pour toi, moi, je ne suis qu'un gamin qui ne cherche qu'à s'amuser et, plus tard, fonder une famille normale, et avoir une vie normale.>>
Il cessa de se quereller avec son livre, ce qui était totalement ridicule, et frappa la porte qui se dressait fièrement devant lui.
Une jeune fille aux cheveux roux fougueusement ébouriffés lui ouvrit. Elle était vêtue de bleu pâle, et ses tâches de rousseur fleurissaient son visage. Quand elle le vit, une pointe de rougeur y apparut, et elle esquissa un sourire.
-Bonjour Krusla, je ne te pensais pas si matinal...
-C'est une habitude incorrigible que de se réveiller en sursaut à cause d'un mauvais rêve, dit-il.
Alexia referma la porte derrière eux afin de chasser le froid, et courut à la fenêtre.
-Regarde ! La première véritable tempête de neige de l'année !
Le garçon la rejoignit d'un pas vif et colla ses deux mains sur la grande vitre glacée.
Le splendide spectacle s'offrit à ses yeux. Weiska, cette magnifique capitale, était animée. Non par les passants qui salissaient ce tapis moelleux et immaculé, mais par les flocons dansants et les stalactites larmoyantes.
-Magnifique... c'est la seconde fois... que je vois la neige, souffla-t-il, provoquant un nuage de vapeur.
-Et la première ?
-Avec... ma mère. C'était l'unique fois où il a neigé à Roënster.
-Je suis désolée.
Krusla renversa sa tête en arrière, comme si, à travers le plafond, il pouvait voir sa mère au ciel.
-Tu n'as pas à l'être, Alexia. Je l'ai accepté depuis longtemps. Elle n'est qu'un merveilleux souvenir...
Puis, il s'aperçut que l'atmosphère s'alourdissait, et troqua cette discussion contre une plus légère :
-Que faisons-nous aujourd'hui ?
La jeune fille sourit :
-Nous baigner dans un lac en plein hiver ? Mais non... restons sagement au palais. Et allons voir ma sœur. Elle doit être dans son jardin favori... parfois, il lui arrive de passer des heures là-bas.
-D'accord, je crois le connaître. C'est celui qui donne sur l'extrémité de l'aile droite ? l'interrogea le garçon.
-Exact !
Alexia opina du chef.
-Puisque tu le connais, je te laisse partir devant... vu la resplendissante toilette, je vais devoir me réajuster...
Elle montra sa robe de chambre dissimulée sous une pelisse, écrasée par une tignasse désobéissante.
Le garçon acquiesça et prit les devants.
La jeune rousse mit une main sur la trace laissée sur la vitre par le garçon, et ses yeux émeraude mi-clos, regarda dans le vide blanchâtre.
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