Chapitre I: Krusla
La neige flotta sur Roënster. La capitale Flayen, pourtant surnommée la ville des Flammes, fut ouvert d'un fin drap blanc.
Ignorant la froideur de la nuit, un petit garçon pâle était assit sur une chaise immense pour sa taille. Il traçait des lignes interminables avec sa plume argentée, tout en balançant doucement ses petites jambes qui effleuraient le sol.
-Kof ! Kof ! Kof !
Tout son petit corps fut secoué par une quinte de toux douloureuse. Son écriture régulière –trahissant l'ardeur de son entraînement- dérapa sur le papier de soie. Il fonça légèrement des sourcils et se replongea dans son travail.
Un homme d'une trentaine d'années entra sur la pointe des pieds, et jeta sur lui un regard plein de tendresse.
-Krusla ? chuchota-t-il doucement, pour ne pas l'effrayer. Il est minuit passé, tu pourras continuer demain.
-Déjà ? s'étonna le petit garçon. Mais oncle Fen, je n'ai pas le temps de dormir !
Fennir se contenta de sourire. Krusla ferma alors l'énorme ouvrage qu'il était en train de copier, et sauta de sa chaise.
-Bonne nuit, oncle Fen ! Ne dors pas trop tard !
Il courut vers sa chambre.
Son oncle le suivit du regard, et, une fois l'avoir perdu, soupira :
-Il travaille tellement dur... Pourquoi le ciel est-il si injuste ?
Au dessus de lui, les étoiles se contentèrent de scintiller, et le ciel resta muet.
*
-Votre Majesté, je suis navré de vous apprendre que l'état de santé de son Altesse ne lui permettra pas de poursuivre ses cours.
-Très bien, soupira Roëns. Vous pouvez disposer.
D'un geste, il congédia les quinze professeurs de son fils. Il ne restait plus que quatre personnes : son frère Fennir, son stratège, Krusla et lui-même.
-Krus ? lança-t-il à son fils, qui chantonnait sur ses genoux.
Krusla lui adressa le regard innocent d'un enfant de six ans.
-Je me suis aperçu que tu apprécies beaucoup le manoir des Cascades. Il est à toi. Tu peux habiter là-bas à partir de demain.
Il feignit un sourire, mais ses yeux trahirent son désespoir. Le désespoir que Krusla était loin de comprendre.
-C'est vrai ? s'écria-t-il. Oh, merci papa ! Mais... je serai tout seul... je vais m'ennuyer !
Son air candide arracha un sourire à son père, qui allait dire que son majordome préféré pouvait l'accompagner. Mais son frère, Fennir, déclara :
-Je vais venir avec toi, mon garçon.
Le roi lui jeta un regard interrogatif, mais il se heurta à un mur de froideur, dont il ne comprenait que trop bien la signification. ''Estilda n'aurait jamais abandonné son fils'', c'était ce que son frère voulait lui dire.
Le père de Krusla esquissa un sourire nostalgique, et murmura :
-Je dois le protéger, Fennir. S'il est incapable de se défendre, je ne dois pas prendre le risque de le perdre.
Estilda...
*
Assis au bord de la falaise, un petit garçon serrait contre lui un aigle de jais. Il contemplait le ciel étoilé, et son regard se tintait d'un sérieux contrastant avec ses sept ans.
-Cela fait un an, Onyx. Un an que je n'ai plus revu papa. Est-ce qu'il ne m'aime plus ? Je n'ai pas été assez sage ?
L'oiseau resta sagement immobile. De loin, les deux silhouettes semblaient de marbre. Depuis le jour que Krusla avait été envoyé dans le Manoir des Cascades, passer ses nuits ici était devenu une habitude.
-Mais tu sais, Onyx... reprit le petit garçon. Je crois que je sais pourquoi. Papa et oncle Fen m'avaient fait croire que c'était parce que ma santé est fragile... Mais enfaite, c'est parce que je ne suis ni fort aux stratégies ni fort aux arts. Je ne suis doué en rien. Rien. Et papa n'a pas besoin de moi. Ah ! J'aimerais tellement pouvoir l'aider !
Il sourit, et une larme roula sur sa joue.
Soudain, un bruissement des feuilles perturba le silence. Krusla se redressa.
<<Tiens, il n'y a pourtant pas de vent !>>, se dit-il.
Il avança vers le buis, et son aigle prit son envol. En moment ou il allait s'accroupir dans les feuillages, une main se plaqua sur sa bouche.
-Mmh ! hurla le garçon en débattant vainement de ses mains.
-Chut! souffla une voix d'homme, qui lui semblait familière.
Deux personnes passèrent devant eux, et, ne semblant pas les remarquer, s'éloignèrent à pas de loup. Il faisait trop noir pour que le garçon ne puisse les distinguer. Mais à leurs allures, n'importe qui aurait pu deviner qu'ils étaient des combattants hors-pairs.
Krusla sentit l'étreinte de la main se desserrer. Il se retourna, et vit... son oncle ! Onyx, lui, était sagement perché sur son épaule.
-Oncle Fen ! s'écria-t-il ! Qu'est-ce que tu fais là ?
Il se tut, en voyant que la chemise de son oncle était tachée de sang.
-Rentrons, Krusla... Ne me pose pas de questions avant.
Assis autour d'une table, Krusla fixa longuement Fennir que ses grands yeux mordorés.
-Qu'est-ce qui c'est passé, oncle Fen ? demanda le garçonnet, un peu ahuri.
Celui-ci lui adressa un ''presque-sourire'', un peu forcé.
-Tu vois, mon petit Krusla, les deux personnes qui sont passés près de nous me voulaient du mal. Ils sont surnommés les Enfants Zyrian.
Krusla sursauta. Les enfants Zyrian faisaient parties des croquemitaines du royaume ! La légende raconte que leur petit frère a été tué par le combattant Fernin, et depuis, celui-ci est traqué par le frère et la sœur Zyrian.
-Fennir, Fernin... Oncle Fen, tu es Fernin ! Fernin ! s'écria le garçon, encore plus content que s'il avait découvert l'Amérique.
Fennir sourit, commençant à regretter d'avoir eu un neveu aussi clairvoyant.
Mais Krusla le dévisagea d'un air exagérément grave, en silence.
-Que se passe-t-il, mon garçon ? questionna son oncle, tout en soignant ses blessures.
-Oncle Fen, apprends-moi à combattre.
Voir un petit garçon si fragile, surtout s'il s'agit du fils de son frère lui demander une chose pareil lui fit mal au cœur.
-Krusla... Tu es trop jeune, protesta-t-il.
-Mais mon grand-frère Alexandr en commencé à huit ans, et il se plaint d'avoir débuté trop tard ! bouda l'autre, en regardant son oncle d'un air suppliant. J'aimerais tellement aider papa et grand frère ! J'en ai assez de ne servir à rien !
Fennir finit par pousser un soupir conquis.
-D'accord, mais si tu abandonnes, je ne le ferais plus jamais. Maintenant, va-te coucher.
<<Il finira bien par comprendre...>>, songea-t-il.
Soudain, il fut prit par un mal foudroyant. La blessure causée par les Zyrian prit une couleur violette.
<<Une attaque empoisonnée... Je n'en ai plus pour très longtemps...>>
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