Chapitre 42
Dans la même nuit, de nombreux cavaliers galopèrent venus de toute part se réunirent à Roënster et la plupart repartirent sans tarder d'une manière pressé mais furtive.
Une semaine après.
-Brochettes ! Pas cher, juste une pièce les deux ! Bon goût garanti, venez gouter !
-Deux draps achetés, un tissu offert !
Devant la muraille qui séparait le marché du centre de la capitale et les petites maisons, un garde grogna :
-Qu'est-ce qu'il y a, dans ce panier ?
Une jeune fille souleva son voile en laissant apparaître un visage propre mais sans pouvoir être qualifié de beau à cause de sa peau rugueuse et de ses quelques tâches de rousseur. Elle minauda un sourire et se plaignit d'une voix chantante :
-Vous êtes bien digne de votre poste...fit-elle, en mettant la main dans le grand panier et un ressortant une bouteille d'alcool pour chacun des gardes.
-Hé, le chef à donné les ordres, il faut être vigilent ! Allez, passes, avec ton p'tit camarade !
Il la poussa vers l'entrée en ne manquant pas de frotter sa main contre sa taille, avec un regard provoquant vers le garçon qui marchait avec la jeune fille. Mais, à son grand regret, ce dernier baissa la tête et accéléra son pas.
Krusla laissa s'étaler sa vision périphérique et sut que le garde les regardait toujours. Alors il se rapprocha de la jeune fille et enlaça sa main. De son bras libre, il lui prit le panier comme s'il avait peur de la fatiguer, comme s'il s'agissait de jeunes amants. Mais il regretta de suite son acte quand Floralyn lui lança un regard surprit et tendre.
-Flo...chuchota-t-il, mais ses explications se noyèrent sur le bout de ses lèvres.
Cette dernière dissimula sa déception en un éclair et leva ses yeux bleus d'un air étonné :
-Oui ?
-R..rie....regarde, on est bientôt arrivés !
De cette courte discussion se suivit un silence gênant, avant que Floralyn réponde en souriant :
-Oui ! Nous ne sommes encore jamais venus ici ensemble ! Et pourtant, nous nous connaissons depuis si longtemps...
-Insinuerais-tu qu'on est vieux ? accusa Krusla d'un air faussement grincheux avec une voix rauque caricaturant un papi enrhumé.
-Que TU es vieux, plutôt !
-Comment... comment oses-tu ?!
-Ha ha ha... C'est pas moi qui l'ai dis, en tout cas ! Rit Floralyn en s'enfuyant vers le marché bruyant.
Krusla s'immobilisa quand il vit ce visage florissant de joie, et se rappela de Florys, cette fillette qu'il n'avait plus revue depuis qu'il avait quitté Acadmyr après l'avoir aidé. Il fut soudain pris par l'envie de le cacher au bout du monde pour que jamais personne d'autre ne puisse le lui voler.
Soudain, la main parcourut son échine. Était-il en train de trahir Alexia ?
« Non, non, j'agis juste par amitié, c'est tout... »
Il rattrapa sa compagne en quelques grands pas de course et vit qu'elle contemplait une brochette de sucre soufflé en forme de bonhomme, finement travaillées, avec intérêt.
-Deux brochettes ! lança-il au vendeur en les prenant.
Il en donna une à Floralyn, qui dit, à son grand étonnement :
-C'était pas la peine...
-Je ne suis pas pauvre au point de ne pas pouvoir servir en sucreries la grande Flo !
Il ne prononça pas son nom complet pour ne pas éveiller de soupçons.
-Regarde qui le bonhomme représente.
Krusla examina le bout de sucre et vit un visage efféminé qui il rappelait quelqu'un...
-Weskovin ?! s'écria-t-il à voix basse en lâchant la brochette.
Un nuage eisthones l'enroba et l'amena aux mains de la jeune fille, qui la lécha.
-Si t'en veux pas, j'en veux, bouda-t-elle, c'est mal le gaspillage.
Elle décapita violemment la tête de sa brochette initiale avec rage :
-Regarde, il est la mascotte de plus de la moitié des objets ! Ce serait de la propagande s'ils étaient beaux !
Krusla regarda la brochette possédait encore sa tête et objecta :
-Ils sont beaux.
Floralyn fit un « mouais » réprobateur qui finit d'enterrer toute sa noblesse et rechercha un contre exemple. Soudain, elle pointa du doigt un étalage où elle prit une minuscule statuette représentant un personnage couronné et sur-maquillé. Comment avait-elle pu repérer une chose pas plus garde que son pouce parmi tant d'objets ?
« Instinct féminin, maître, qui nous est inaccessible... », remarqua Zelriasfer, pile au bon moment.
Au grand désespoir de Krusla, elle dit au vendeur :
-Je vous l'achète !
L'homme qui lui faisait face leva sa tête écrasée par un chapeau de paille faisant de l'ombre à la moitié de son visage et fit un sourire qui, même à travers cette cape et son chapeau sales et en piètre état, laissa paraître un air désinvolte.
-La tête de quiconque –même d'un chien- coûte cher, mam'selle.
La main de la jeune fille trembla en entendant cette voix étrangement familière, et fit tomber la statuette qui se brisa de mille morceaux.
« Est-ce bien lui ? », se demanda-t-elle.
En voyant Krusla approcher avec la bourse dans la main, prêt à rembourser, elle eut une idée pour vérifier.
-Attends, Wensraël, ne te presses-pas ! rit-elle avec légèreté, tout un observant du coin de l'œil la réaction du vendeur, qui se crispa.
« Quelqu'un porte le même nom que moi ? se demanda-t-il, perplexe. Impossible, c'est mon nom de noblesse ! Serait-ce... pour me tester ? M'a-t-on repéré ? »
Il dirigea son regard confus vers la jeune fille, et ne sembla pas l'avoir vue quelque part, et il avait confiance en son sens d'observation. Soudain, il vit une mèche de cheveux dépasser de son voile. Une mèche d'une blondeur éblouissante comme le soleil chaleureux d'été, ou bien le reflet de d'aurore sur l'eau paisible.
-Flo... Florys ? souffla-t-il, méfiant.
Il vit alors les mains de la jeune fille se perler de larmes.
Floralyn se força à ne pas se jeter dans ses bras, et s'efforça de feindre une voix légère :
-Remballes tes machins, Blaise, on rentre !
Puis, en se heurtant à un silence, elle insista :
-Père veut que tu viennes moudre le poivre, dépêches !
Alors, Wensraël laissa paraître un sourire sous son chapeau et dit :
-Oui !
Mais aucun des trois ne se doutait que, non loin de là, un homme qui s'était attardé sur l'étalage d'à-côté leva son visage marqué par une cicatrice qu'une mèche de cheveux ne pouvait caché leur lança un regard, les sourcils froncés.
...
Dans l'appartement le plus luxueux de Liore, une silhouette masculine posa un genou à terre, un signe normal devant un maître, tellement banal qu'il en perdait la sincérité, mais dans les yeux de cet homme brillant un dévouement sans faille.
-Votre majesté, articula-t-il clairement.
Un homme dont la légèreté de sa chemise blanche créait un contraste avec les lourdes tapisseries du lit à baldaquin en donnant une illusion trompeuse de pureté se retourna, la tête posée sur son bras accoudé. Il entrouvrit ses lèvres fines et dit :
-Redresses ta tête, Robert.
Ce dernier sentit ne force invisible redresser son menton. Si Krusla avait vu ce visage, il aurait pu reconnaitre qu'il s'agissait de l'homme qui était sur l'étalage d'à côté quand il avait rencontré Wensraël.
-Qu'as-tu à me dire ? Demanda l'homme avec un demi-sourire, en recouvrant d'une main son épaule dévêtue.
-J'ai repéré des individus qui éveille les soupçons, Votre Majesté.
Krusla , Wensraël et Floralyn ne savaient pas que, à cause du fait que cette dernière avait appelé Wensraël Blaire au lieu de Blaise, ils étaient à présent repérés par Weskovin.
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