CHAPITRE 2.
- Que Dieu Tout-Puissant lui pardonne ses péchés au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit !
- Amen, prononça en chœur la foule qui encerclait le cercueil de feue madame Constantia.
Debout, face à la dépouille de sa grand-mère, Lena réalisa que c'en était fini. Elle ne pouvait plus nier l'évidence : plus jamais elle ne reverrait cette femme qui était devenue pour elle une véritable source d'inspiration. Même à quatre-vingts ans, madame Constantia n'avait cessé de faire parler d'elle et de son magazine. Elle avait porté le nom de Domingo Fashion à l'international et son décès allait laisser un grand vide dans la mode angolaise. Rédactrice en chef et créatrice de milliers de modèles, sa marque avait toujours cette touche d'originalité qui la distinguait des autres stylistes africains.
Une larme échappa à Lena et elle l'essuya rapidement avec un mouchoir. Elle détestait montrer sa souffrance. Même quand rien n'allait dans sa vie, elle préférait garder le sourire et la tête haute plutôt que de s'apitoyer sur son sort. Elle se souvint de leur dernière conversation et la douleur se fit encore plus grande. Un mois plus tôt, Lena s'asseyait à la même table que sa mémé sur la terrasse d'un café londonien. Elles avaient longuement échangé lorsque madame Constantia lui avait fait part de sa décision de se retirer de Domingo Fashion. Elle voulait que sa petite-fille lui succède. Lena lui avait promis d'y réfléchir encore. En réalité, elle craignait de ne pas être à la hauteur et donc de décevoir sa grand-mère. Et puis devenir rédactrice en chef de Domingo Fashion la contraindrait à s'installer à Luanda. Maintenant, elle se posait plusieurs questions auxquelles elle ne détenait aucune réponse. Resterait-elle continuer l'œuvre de feue madame Constantia ? Ou retournerait-elle reprendre le cours de sa vie à Londres ?
- Je suis sincèrement désolée pour ta grand-mère, entendit Lena.
La jeune styliste se retourna et croisa les pupilles marron d'une femme au décolleté assez vertigineux. Elle avait la peau foncée et un sourire empathique n'avait pas quitté son visage rond. Lena la remercia pour sa gentillesse. Beaucoup de gens n'étaient pas venus lui présenter leurs condoléances ; d'ailleurs seulement quelques proches l'avaient reconnue et étaient venus prendre de ses nouvelles. Elle se demanda donc qui pouvait bien être la jeune femme.
- C'était vraiment quelqu'un de bien ta grand-mère, poursuivit-elle. Tu es bien Lena Domingo, rassure-moi... ajouta-t-elle en voyant de la confusion sur le visage de son interlocutrice.
- Oui, et vous êtes ?
- Lulu Machado, on a fréquenté le même lycée.
- Ah, Lulu Machado, s'exclama Lena les yeux écarquillés. Lauréate du lycée Sainte- Anuarite, promotion deux mille onze !?
- En chair et en os, confirma-t-elle avec un sourire étincelant.
Même si sa grand-mère était mondialement connue, Lena ne s'attendait pas à croiser une ancienne collègue dans ces circonstances. Elle se disait bien avoir déjà vu ce visage quelque part, seulement elle ne se rappelait plus de l'endroit. La présentation dissipa toutes ses interrogations. Qui ne connaissait pas Lulu Machado du prestigieux lycée luandais ? En tout cas, pas les finalistes de la promotion deux mille onze. Lulu était toujours sujette aux éloges et elle n'avait jamais perdu sa première place durant son parcours scolaire.
Dix ans s'étaient écoulés et les jeunes filles qu'elles étaient alors, s'étaient transformées en femmes distinguées et raffinées. L'une devenue styliste et l'autre directrice d'une agence de mannequins renommée, elles avaient déjà bien entamé leur carrière professionnelle.
- J'ai rencontré ta grand-mère à de nombreux défilés de mode et mon plus grand rêve en tant qu'agente, était de voir l'un de mes mannequins présenter l'une de ses créations, mais hélas... !
- Ah, tu ne peux pas savoir à quel point sa mort m'affecte, avoua Lena, mais comme on dit : « à chaque chose, malheur est bon. » Moi qui n'avais pas prévu de revenir au pays avant les dix prochaines années, me voilà en plein cimetière de Luanda.
- Allez, courage pour la suite ! Et j'espère te revoir un de ces jours, lui chanta Lulu avant de lui tourner le dos.
Lena ne s'empêcha pas de reluquer les belles rondeurs de son ancienne camarade de classe qui était devenue une véritable « bombe ». Il faut croire que l'uniforme cachait des merveilles. Elle inspira en haussant les épaules et, au moment où elle se retournait, tomba nez à nez avec Lukeny.
- Désolée, je ne voulais pas t'effrayer, s'excusa-t-elle les mains en l'air.
- Merci, mais veux-tu arrêter de me suivre à la fin ? maugréa Lena en se dirigeant vers la BMW où l'attendait son chauffeur.
À l'arrière de la voiture, les larmes de la jeune femme coulèrent sans qu'elle ne pût les retenir. C'était atroce ce qu'elle ressentait à ce moment-là. Elle regretta tout ce temps qu'elle avait passé loin de sa grand-mère. Si seulement elle avait répondu favorablement à ses invitations. Si seulement elle avait pu surmonter ses peurs. Il ne lui restait plus que quelques bribes de souvenirs lointains, et elle ne pouvait pas remonter le temps. Madame Constantia était peut-être la seule personne qui aurait pu la comprendre dans sa situation, mais elle n'avait jamais osé lui dire qui elle était en réalité. À chaque fois que le sujet du « petit ami » était évoqué, Lena détournait la conversation, lui disant que ce n'était pas encore le bon moment. Elle avait sans doute tort de ne pas se confier à sa grand-mère. Madame Constantia était loin d'être irréprochable, mais elle aimait beaucoup sa petite-fille.
- Tenez mademoiselle, intervint Yero en lui tendant un papier mouchoir.
- Je ne pleure pas, se défendit-elle, comme si verser son amertume était un crime. J'ai juste de la poussière dans l'œil.
Yero hocha simplement la tête.
- Vous n'avez pas à avoir honte d'être triste vous savez, lui fit remarquer le chauffeur avec un regard dans le rétroviseur.
- Ce ne sont pas tes affaires, répliqua-t-elle. Occupe-toi de me conduire à la maison et merci de regarder devant toi !
Le silence s'imposa sur tout le trajet. Le regard mélancolique de Lena n'avait pas quitté la portière une seule seconde. Elle s'en voulait de n'avoir pas été présente aux derniers instants de vie de sa grand-mère. Son téléphone vibra et elle fouilla son sac à main pour le retrouver. Elle venait de recevoir un nouveau message de Jade.
« Hey Babe, comment vas-tu ? La cérémonie est terminée ?»
Lena souffla et serra fortement son IPhone dans sa main moite. Une autre vibration attira à nouveau son attention.
« Je ne sais vraiment pas quoi te dire. Tu me manques énormément Lele ! Tu rentres quand finalement ?»
Les idées se bousculèrent dans la tête de Lena et elle manqua de donner une réponse concrète à sa correspondante. Elle ne pouvait pas rentrer aussitôt à Londres comme elles avaient convenu, elle ne pouvait pas non plus le lui annoncer comme ça, dans un SMS, comme s'il s'agissait d'un sujet banal. Jade voulait l'avoir avec elle le plus tôt possible. « Je pars seulement pour quelques jours », avait murmuré Lena à sa fiancée pour la rassurer.
« Je te rappelle ce soir, bisous ! », pianota nerveusement l'Angolaise avant d'appuyer sur le bouton envoyer.
***
Assise devant le piano de la défunte, Lena se souvint de douces mélodies que madame Constantia lui jouait toutes les fois qu'elle était triste. Elle sourit mélancoliquement et balada délicatement ses phalanges sur les touches de l'instrument comme si elle caressait, par la même occasion, les doigts de sa propriétaire.
- Elle n'en jouait presque plus depuis ton départ à Londres, souffla Akili en passant la porte du bureau de madame Constantia.
- Cela se voit bien par cette couche de poussière présente à sa surface, ironisa Lena avec un air blasé.
- On a arrêté de nettoyer la pièce sous les ordres de madame Constantia, se justifia la gouvernante.
- Est-ce qu'elle a beaucoup souffert avant de partir ?
- Je ne saurai te le dire Lena. Tout s'est passé tellement vite que je n'arrive toujours pas à croire qu'elle nous a quittés.
- Je peux encore sentir son parfum, c'est comme si elle était encore là quelque part. Elle me manque beaucoup tu sais ?
- Elle nous manque à tous ma puce, assura Akili en se plaçant dans le dos de Lena pour la serrer fort contre elle. Mais rien n'est perdu, tu pourras maintenant continuer ce qu'elle n'a pas pu terminer. Être à la tête de l'entreprise familiale sera ton plus grand défi.
Lena se leva brusquement pour se mettre face à la bibliothèque. Entendre ces paroles lui faisait froid dans le dos. Prendre la direction de Domingo Fashion revenait à quitter Londres définitivement pour s'installer à Luanda. Et par ricochet, y laisser l'amour de sa vie, ce qui était pour elle non envisageable.
- Que se passe-t-il ma chérie ? Ai-je dit une bêtise ?
- Non ! Bien sûr que non ! la rassura-t-elle. Je ne sais pas mais je ne suis pas certaine de m'installer ici.
- Cela voudrait donc dire que tu ne veux pas occuper le poste de rédactrice en chef chez Domingo Fashion ?
- Je n'ai jamais dit ça Akili ! Je ne sais pas...
- Tu as intérêt ma chérie, sinon cela voudra bien dire que tu offres le poste à Lukeny !
- Comment ? Comment ça offrir le poste à Lukeny ?
- Actuellement elle est rédactrice de mode chez Domingo Fashion. Je ne connais personne d'autre qui serait mieux placée qu'elle pour décrocher le poste.
- Rédactrice de mode ? s'étonna Lena qui ne comprenait plus rien. Et tante Lauren ?
- Il y a bien longtemps que ta tante Lauren ne fait plus partie de la boite. L'année dernière, elle a choisi de prendre sa retraite, et c'est comme ça que Lukeny est arrivée de nulle part, comme par magie.
Lauren était le dernier espoir de Lena. Aux dernières nouvelles, elle avait décidé de partir en voyage pour quelques mois, mais la styliste ignorait pour sa retraite. Dans sa tête, elle était celle qui remplacerait sa grand-mère. Malheureusement, il s'était passé bien des choses en son absence.
- Et puis, c'est une occasion en or, répliqua Akili, enthousiaste. Devenir ta propre patronne.
- Ce n'est pas un choix facile à faire !
- Tu as rencontré quelqu'un là-bas ?
Elle ne répondit pas, mais son regard le fit pour elle.
- Je comprends, reprit Akili. Mais s'il te plait, penses-y encore ! On n'est vraiment pas sûr que Lukeny soit fiable pour lui laisser la direction de Domingo Fashion, mais ton père le ferait quand même, tu le sais !
Akili partit du bureau sur ces mots, laissant Lena à ses réflexions. Une chose était certaine, Lena ne laisserait pour rien au monde les efforts de sa grand-mère réduits à néant. Elle avait sa réponse. Elle ne quitterait pas Luanda avant de trouver une solution, chose qui n'arrangeait pas sa relation amoureuse. Sa grand-mère lui avait laissé la responsabilité du magazine, malgré elle, et elle se devait d'honorer sa volonté.
La vibration de sa tablette la sortit de ses pensées. Un appel vidéo de sa compagne qu'elle prit.
- Coucou ma chérie.
- Lele, je suis contente de te revoir ! Tu as beaucoup maigri ma puce, rassure-moi, dis-moi que tu prends correctement tes repas.
- Ouais, ne t'en fais pas ! Je vais très bien, je t'assure.
Lena remarqua que son amoureuse n'était pas chez elles.
- T'es où là ?
- Je m'ennuyais à la maison, j'ai donc préféré venir chez ma mère. Alors, tu rentres quand ? Je t'ai préparé une surprise et je suis sûre que tu vas l'adorer.
- En fait, je...
- Non, ne dis rien ! Je sais que la mort de ta mémé est terrible et que tu as passé une journée difficile, mais je te jure qu'on va s'en sortir. On se remettra de tout ça tu vas voir !
- Jade, il faut qu'on parle sérieusement !
- Quoi ? Que se passe-t-il ? Tu me fiches la trouille là ! s'inquiéta-t-elle en fronçant les sourcils.
- Je ne peux pas rentrer demain, je te l'ai déjà dit !
- D'accord, pas la peine d'en faire un plat. Je comprends que t'aies eu un petit contretemps ! Je t'attends après-demain alors ?
- En fait, c'est là qu'est le problème ! Je n'ai pas un petit mais un grand contretemps. C'est compliqué ici !
- Ok, et donc ?
- Je ne pourrai pas rentrer tout de suite ! En tout cas, pas avant la fin du mois.
- OK, je vois, répondit-elle froidement.
- Écoute Jade, je suis vraiment désolée mais tu dois me comprendre !
- Comment veux-tu que je te comprenne ? haussa-t-elle le ton. D'abord tu ne veux pas que je vienne avec toi à Luanda, tout ça parce que tu as honte de me présenter à ta famille. Et maintenant tu me dis carrément que tu vas être absente pour trois semaines alors que t'étais sensée revenir après trois jours.
- D'abord, je n'ai jamais eu honte de toi. Je sais que c'est difficile, mais je ne m'attendais pas à trouver une parfaite inconnue chez moi !
- Ah, s'exclama Jade en haussant les épaules. Tout s'explique maintenant !
- Arrête s'il te plait ! Mon père est sur le point de se remarier et...
- Et il est où ton problème ? Tu attends d'assister au mariage, c'est ça ? Ne sois pas ridicule Lena.
- Laisse-moi au moins terminer !
- Vas-y, je t'écoute !
- Et comme je disais... il se pourrait, d'après ce que ma nounou m'a fait comprendre, que cette femme soit intéressée par les affaires familiales. Et si je pars d'ici, elle aura la mainmise sur le magazine et tout le reste. Je me dois de remplacer ma grand-mère en attendant que tout rentre dans l'ordre. Et elle me l'avait fait promettre.
La styliste n'était pas crédible, et pourtant c'était la situation dans laquelle elle se trouvait.
- Finalement, ma mère avait raison... ! Il n'y a donc que l'argent qui intéresse les riches. Vous n'en avez jamais assez ! Plus vous en acquérez, plus vous en voulez !
- Jade, ne dis pas ça s'il te plait...
- Que veux-tu que je dise ? Tu viens de choisir l'entreprise familiale et la gloire à notre relation.
- Ce n'est pas ça...
- C'est quoi alors ? Tu penses pouvoir tout régler en trois semaines ? Parce que moi je n'y crois pas une seconde. Allez, je vais te laisser... Passe une bonne soirée.
- Jade, je...
Elle raccrocha sans lui laisser le temps d'achever sa phrase. Lena eut un pincement au cœur. Son couple avec Jade venait une fois de plus d'être remis en question. Elle avait merdé cette fois-ci, elle en avait conscience, mais elle ne s'attendait pas non plus à trouver ce bourbier chez elle. Elle se repentit de n'avoir pas dit non à sa grand-mère lorsqu'elle en avait eu l'occasion.
Le lendemain, Lena fut conviée à une réunion du conseil d'administration chez Domingo Fashion. Elle savait déjà qu'il était question de désigner séance tenante la directrice en chef et elle devait s'assurer que cette place lui revienne bien à elle et à personne d'autre. En tout cas pas à Lukeny pour le moment ! Lena fut surprise de croiser Jami dans le hall du magazine. C'était à croire qu'elle finirait par rencontrer tous ses anciens camarades du lycée. Les deux femmes se reconnurent immédiatement et Jami ne tarda pas à cracher son venin comme elle savait si bien le faire.
- Hey la Londonienne, déjà remis du deuil de grand-mère ? Non, ne dis rien... Il faudrait d'abord la porter dans son cœur pour regretter son décès, mais on ne peut pas dire que c'était le cas.
- Toujours aussi aigrie ! Certains caractères ont la peau dure, il faut dire que c'est héréditaire, vanna-t-elle. À propos, comment se porte madame Francisca ? Qu'est-elle devenue après son dernier divorce avec le richissime Carlos Melendès ? Ne le prends pas mal, mon intention n'était nullement de la traiter de croqueuse de diamants.
- Elle se porte comme un charme, chantonna-t-elle en penchant la tête sur le côté, on ne peut pas en dire autant pour ta mère. Ah, comment ? se moqua-t-elle en esquissant un sourire narquois. Toujours sans nouvelles ? Pauvre Lena... Je crois savoir où la trouver : au fin fond de la Namibie en train de se taper le premier venu. Parce qu'il faut bien qu'elle paie ses factures non !? Oups, sifflota-t-elle avec une main sur la bouche, je ne voulais pas la traiter de pute.
Lena grinça les dents, prise de colère. Même après autant d'années cette femme avait toujours le chic pour la mettre dans tous ses états.
- Tu sais quoi ? rétorqua la styliste, tu ne mérites même pas que je t'accorde mon précieux temps. Je me demande ce que tu fous par ici, parce que si tu es en quête d'embauche, autant te dire que l'on ne recrute pas des chèvres, lança-t-elle en faisant référence à sa denture proéminente.
- Détrompe-toi, ce n'est pas vers toi que je me tournerai pour demander un l'emploi. On dirait que tu te prends déjà pour la remplaçante de mamie, mais laisse-moi te décevoir... Le poste, tu ne l'auras pas.
- Ah, et qui es-tu pour prendre cette décision ?
- La présidente du conseil d'administration, lui annonça-t-elle fièrement. Bienvenue en Angola, Lena Domingo. À tout à l'heure !
Elle la dépassa, la tête haute, et fit craquer ses Louboutin sur les carreaux blancs. Lena ne manqua pas de lever les yeux au plafond en voyant son déhanché.
- Quelle prétentieuse, je vous jure ! murmura la styliste avant de reprendre son chemin.
Tous les membres du conseil d'administration étaient présents lorsque Lena fit son entrée plus que triomphante.
- Bienvenue chère Lena, nous n'attendions que toi pour débuter, souffla la présidente du conseil.
- Et je vous remercie de m'avoir tous attendue, répliqua la styliste en prenant place à la table ronde. Je me devais d'inspecter le lieu après autant d'années d'absence.
- Pour commencer je tiens à ce que nous gardions une minute de silence à la douce mémoire de l'ancienne rédactrice en chef de Domingo Fashion, madame Constantia Domingo.
Les soixante secondes de silence passèrent et Jami reprit la parole.
- Comme vous le savez bien, nous sommes ici présents pour parler de la succession au poste de rédacteur en chef du magazine. Il est à signaler que...
Jami n'eut pas terminé son discours que la digne héritière de Domingo l'interrompit.
- Nul besoin de faire un grand discours quand on sait quelle en sera l'issue. Allez tout droit au but s'il vous plait !
Jami fronça les sourcils et regarda Armando avant de poursuivre sans tenir compte de la remarque de la styliste.
- Comme je le disais, Domingo Fashion reste à ce jour le premier magazine de mode à avoir fait le plus de vente en Angola, avec une place de choix à l'international et nous ne pouvons pas nous permettre de placer le premier venu à sa direction.
Elle n'avait pas quitté Lena des yeux. Jami parlait comme pour la défier, et il était évident qu'elle ne voulait guère la voir au poste de rédactrice en chef.
- Et je préfère tout de suite t'arrêter, s'adressa-t-elle à Lena. Personne ne te fera de faveur ici.
- Je n'ai besoin de la faveur de personne, répliqua la styliste. Tu es bien placée pour le savoir. Ma grand-mère, paix à son âme, a durement et longtemps travaillé pour que Domingo Fashion soit ce qu'il est aujourd'hui ! Sa volonté a toujours été de me voir évoluer au sein de cette structure et aujourd'hui plus que jamais, je veux relever ce défi.
- Et ce n'est pas pour cette raison que l'on va t'offrir le poste sur un plateau d'argent. Détrompe-toi ma chère parce que c'est aussi l'investissement de plus d'un individu.
- Je n'en disconviens pas très chère, mais je te rappelle qu'à moi seule je détiens quinze pour cent des parts, tout comme mon père ici présent. Ce qui fait trente pour cent. En vertu de ce droit de véto, j'estime mériter le poste.
- Je n'offre mes parts à personne, s'exprima Armando, en tout cas pas de mon vivant.
- Merci pour la précision très cher, prononça Jami tout sourire. Alors, après une longue observation et une étude complète de son parcours, j'estime que le poste de rédactrice en chef revient à l'actuelle rédactrice de mode Lukeny Frost.
- Je conteste cette décision, s'opposa Lena en se levant de son siège.
- Je te rappelle que tu n'en as guère le pouvoir, répondit Jami sûre d'elle.
- Oh que si ! confirma la styliste, je détiens toujours le droit de véto. Avec les parts de ma défunte grand-mère, je totalise trente pour cent ; ce qui dépasse largement les parts de tout un chacun.
- Rien ne confirme que les parts de feue madame Constantia vous aient été léguées, s'opposa la présidente du conseil.
- Ridicule... se moqua Lena. Monsieur Armando pourrait bien le confirmer. Ah non, c'est à croire qu'il est contre moi. Je vous enverrai par le notaire une copie du testament jointe à un acte de propriété. Pour le moment, je préfère m'en tenir à ma décision : vous avez devant vous la rédactrice en chef de Domingo Fashion. Maintenant, si vous voulez bien m'excuser... je vais prendre congé de vous !
Lena se retira de la table lorsqu'elle entendit dans son dos la voix de Jami.
- J'espère que tu seras compétente pour ce poste, parce qu'à la moindre faille je serai là pour m'assurer que tu sois évincée loin de Domingo Fashion. Félicitations pour ton poste de directrice en chef.
Lena était consciente que ce n'était pas des menaces en l'air. Jami ferait tout pour l'écarter du magazine, mais elle n'allait pas non plus se laisser faire.
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