CHAPITRE 1.
Il était presque midi lorsque Lena Domingo débarqua à l’aéroport de Luanda. Elle ne s’était pas imaginée revenir un jour dans son Angola natal. Après tout, elle s’était bâtie une vie plus que stable à Londres et rien, ou presque, ne la prédestinait à revenir dans un pays où les gens ne juraient que par les traditions et les coutumes.
Elle avait esquivé toutes les invitations de sa grand-mère qui ne se lassait jamais de lui envoyer un billet d’avion pour Luanda chaque fin d’année. Constantia espérait voir sa petite-fille débarquer à Noël. Mais pour Lena, l’Angola n’évoquait pas que de bons souvenirs. Loin de là. Toute sa famille était en Afrique, et ses vieilles casseroles aussi. Elle avait trouvé ailleurs son chemin, son bonheur, sa joie de vivre, et il était hors de question d’y mettre un terme. Refaire face à ses fantômes du passé n’était pas envisageable pour la jeune femme. Mais ça, c’était avant de recevoir l’appel de son ancienne nounou, lui apprenant la triste nouvelle. Lena avait gardé le silence pendant un court moment, puis s’était assise afin de reprendre ses esprits. Elle espérait avoir affaire à une mauvaise blague, mais il est des sujets pour lesquels on ne plaisante pas. Surtout que la taquinerie n’était pas la tasse de thé d’Akili. Elle avait fini par se rendre à l’évidence : sa grand-mère n’était plus de ce monde. Le cancer avait eu raison d’elle. Bien entendu, la jeune femme n’avait pas été là pendant ses derniers instants de vie. Elle regretta presque de n’avoir jamais utilisé tous ces billets d’avion qu’elle collectionnait au fond d’un tiroir de sa commode. Elle prit donc une décision radicale : celle de retourner « chez elle » après dix longues années d’absence.
Habillée d’une robe moulante Tom Ford assortie à sa paire de Louboutin, la surélevant encore un peu de son mètre soixante-dix-sept, Lena ne regardait jamais à la dépense lorsqu’il s’agissait de ses toilettes. Cette tenue lui avait coûté presque le tiers de son salaire mensuel de styliste. Et c’était sans compter son sac à main Hermès calé sur le coude, et ce chapeau en laine feutrée et plumes au bord très large qui cachait sa chevelure tirée en chignon. Lena aimait se faire belle et son apparence comptait plus que tout, que c’en était une obsession ! La jeune styliste descendit les marches avec une telle lenteur qu’elle se demanda si ce retour au pays était une bonne idée. Elle avait déjà projeté dans son esprit les sermons de son père, mais qu’est-ce qu’elle s’en foutait royalement ? Elle ne pouvait pas rater les funérailles de sa grand-mère, c’était tout ce qui importait. De plus, elle avait une promesse à tenir, même si sur le moment elle n’avait encore rien décidé.
Lena retira ses lunettes de soleil et reconnut immédiatement l’homme assis sur le capot. Celui-ci eut du mal à s’imaginer qu’il s’agissait bien de la jeune fille qu’il était venu accompagner dix ans plus tôt. Elle était plus rayonnante, élégante et raffinée. Elle était devenue une femme tout simplement. Le chauffeur se précipita pour lui prendre des mains sa valise.
— Mes condoléances mademoiselle, lui chuchota-t-il. Soyez la bienvenue chez vous !
Lena esquissa un sourire pour faire bonne impression, malgré sa mine défaite. Elle monta à l’arrière de la décapotable et ordonna au chauffeur de démarrer.
— Vous rentrez directement à la maison, ou vous souhaitez faire un petit détour ? lui demanda-t-il, le regard fixé sur le rétroviseur.
— Non Yero, répondit-elle. Je veux juste rentrer chez moi.
Yero appuya sur l’accélérateur tandis que toute l’attention de Lena dévia vers la portière. Elle s’imagina un court moment l’accueil qui lui serait réservé, et ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel. Ça sentait le roussi et si elle avait encore le choix, elle reprendrait le premier vol pour Londres. Mais pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Lena n’avait rien d’une dégonflée et elle se dit qu’il était peut-être temps d’affronter finalement son père. Leur relation laissait à désirer, pourtant Lena n’avait rien fait pour que les choses en arrivent là. Les deux avaient appris à se détester au fil des années, et la jeune femme n’avait rien à se reprocher de cette situation pitoyable.
Devant la grande propriété des Domingo, les souvenirs revinrent et la jeune styliste devint soudainement nostalgique. Elle ne put se retenir d’essuyer une trace de larme au coin de l’œil. Rien n’avait changé depuis son départ. La façade de la maison était toujours couverte de sa peinture acrylique et les allées bordées de diverses variétés de fleurs. Elle se voyait courir dans tous les sens, débordant de joie. Mais elle se rappela aussi ses instants de solitude et de mélancolie. Ses dernières années passées dans cette villa n’avaient pas été de tout repos. Lena en eut presque le cœur serré en se remémorant ce détail.
— Soyez la bienvenue mademoiselle, lui souhaita une femme de ménage qui prit la valise des mains du chauffeur pour remonter les marches de l’aile gauche du bâtiment.
— Toujours aussi ravissante ! se fit entendre une voix dans le dos de Lena, qu’elle reconnut naturellement.
Elle se retourna et marcha à grands pas pour faire une accolade à celle qu’elle considérait comme sa deuxième mère.
— Akili, prononça la jeune femme. Je suis si heureuse de te revoir.
— Et moi donc ! Regarde un peu comme tu es devenue une femme. Quand je pense que tu étais à peine majeure lorsque tu es partie poursuivre tes études à Londres. Que le temps passe vite… !
— Ah oui, je ne te le fais pas dire. Vous m’avez tous manqué si vous saviez !
— Et pourtant tu as repoussé les invitations de ta grand-mère qui espérait te voir revenir au moins pour tes vacances, répliqua la sexagénaire sur un ton las.
La remarque ne fit qu’attrister la jeune femme qui n’avait déjà plus bonne conscience.
— Ah, Akili, soupira Lena désolée. Tu n’imagines même pas à quel point tout ceci me ronge. Mais je ne regrette rien. Au moins, elle est venue me voir toutes les fois qu’elle était invitée aux grands défilés de Londres. Comme tu le sais, j’avais mes raisons. Et puis avec mon père… ! De toutes les façons, je suis là maintenant et…
— Pour combien de temps, hein ? l’interrompit-elle. Quarante-huit heures, le temps des funérailles ?
— Akili…l’appela-t-elle en relâchant un demi-soupir.
— C’est vrai que tu vas encore retourner à Londres ?
— Je ne sais pas, répondit-elle sèchement, peu tourmentée. Akili, je suis venue dans l’urgence et tu te doutes bien que j’ai une vie toute rangée là-bas et que je ne peux pas tout plaquer du jour au lendemain.
— Et l’entreprise familiale, maintenant que madame Constantia n’est plus là ?
Lena s’apprêtait à rétorquer lorsqu’une voix inconnue vint l’arrêter dans son élan :
— Bienvenue Lena. C’est bien toi, Lena ? continua la jeune femme qui s’engagea dans leur direction. Les employés de maison ne font que parler de ton arrivée et… oups, quelle maladresse ! Je suis Lukeny, la fiancée d’Armando, se présenta-t-elle enthousiaste en tendant la main.
Dubitative et quelque peu méfiante, Lena hocha impulsivement la tête sans prendre la main manucurée offerte par celle qui devait avoir presque le même âge qu’elle. Sans tout autre forme de discours, Lena la dépassa et prit la direction de l’escalier, suivie d’Akili.
— Ok, ça se confirme, murmura Lukeny, les chats ne font pas des chiens. Plus mal élevée, tu meurs ! Eh, Akili, j’ai besoin de toi tout de suite.
— Désolée mademoiselle, répondit la gouvernante de la maison, jusqu’à preuve du contraire je ne suis aucunement sous vos ordres. Madame Constantia n’est plus, mais ses ordres sont encore d’actualité.
— Parfait, j’en toucherai deux mots à Armando dès son retour ! répliqua Lukeny, les bras croisés sur la poitrine.
— Comme vous voulez ! trancha calmement Akili.
Les deux femmes poursuivirent leur marche dans l’escalier sous le regard glacé de Lukeny. Lena ne connaissait pas la nouvelle fiancée de son père, mais le comportement de sa nounou avait suffi à lui mettre la puce à l’oreille. Plusieurs questions lui passèrent à l’esprit et elle ne comprit pas pourquoi sa grand-mère ne lui avait jamais touché un mot sur la fameuse Lukeny. Tout portait à croire qu’elle désapprouvait cette union. Pourquoi donc ?
— C’est quoi cette histoire de fiancée ? osa demander Lena une fois dans sa chambre. Et pourquoi suis-je la dernière à l’apprendre ?
— Une très longue histoire. Cette femme a débarqué de nulle part, et elle essaie clairement de s’imposer. Après tout, c’est la future maitresse des lieux, mais quand même…
— Et pourquoi grand-mère ne m’a jamais parlé d’elle ?
— Madame Constantia n’a jamais porté cette femme dans son cœur et puis… ce n’est pas comme si la vie de ton père t’intéressait !
— Et donc elle habite ici ?
— Malheureusement oui, et ce n’est pas madame Constantia qui était ravie de la voir poser ses bagages par ici. Mais que veux-tu ? Ton père n’écoute jamais personne une fois qu’il s’est mis une idée dans la tête.
Lena souffla, dépitée, comme pour reprendre ses esprits.
— Il ne cessera jamais de m’étonner lui ! articula la styliste, pensive.
— Mais quelque chose se trame avec elle, prononça Akili sur le ton de la confidentialité. Et je préfère que tu le saches.
— Vas-y, dis-moi !
— Madame Constantia avait de forts soupçons sur le fait que Lukeny ne soit attirée que par la richesse de ton père. Moi, ça ne m’étonnerait pas que cela soit vrai !
— Tu sais quoi ? reprit Lena avec un léger rictus. Ça ne me dit absolument rien. Et d’ailleurs ça lui apprendra à faire confiance à la première venue. Que cette femme le laisse sur la paille ; ce sera si peu de chose pour qu’il paie pour tout le mal qu’il a fait autour de lui. Ça s’appelle le karma, et ça ne rigole pas.
— Je ne fais qu’attirer ton attention. Tu n’aimerais quand même pas que le dur labeur de ta chère grand-mère finisse entre les mains d’une opportuniste !?
— Et pourquoi ça ? demanda Lena le sourcil arqué.
— Je dis tout simplement que tu devrais rester sur tes gardes, d’autant plus qu’on ignore tout de cette femme.
Lena ne comprit pas qu’Akili parle de la fiancée de son père avec autant de méfiance. Mais après tout, elle n’avait pas à douter de sa parole. La gouvernante n’avait rien d’une personne médisante, si elle parlait, c’était probablement pour une bonne raison.
— Ah, je ne sais même pas pourquoi je te casse la tête avec tout ça ! regretta Akili. Tu dois être anéantie par la disparition de madame Constantia. Repose-toi un moment. Je vais voir où ils en sont avec le diner.
Akili se retira de la chambre et Lena profita de ce moment de solitude pour sortir sa tablette de la pochette de son sac à main. Elle fit défiler la liste de ses contacts et s’arrêta sur un numéro avant de lancer l’appel.
— Allez, décroche, s’impatienta-t-elle devant la baie vitrée qui donnait une belle vue sur la piscine.
— Oui allo ! se fit entendre finalement une voix à l’autre bout du fil.
— Allo mon amour, je voulais juste te dire que je suis bien arrivée chez moi. Et que tout le monde va bien, d’ailleurs ils t’embrassent tous, signala-t-elle en grimaçant. Aussi, je voulais te prévenir que je ne rentrerai finalement pas ce samedi comme prévu.
— Attends, mais pourquoi ce changement radical ? Tu m’as assurée que…
— Oui, je sais ce que je t’ai dit ! Mais la réalité n’est pas comme je me l’étais imaginée. Je ne peux rien te dire pour le moment, mais promis, dès que j’aurai un peu de temps je t’expliquerai tout !
— Lena…
— Allez, bisous, je t’embrasse.
Lena raccrocha. Elle ne voulut pas s’étendre sur la conversation, en manque d’arguments. Elle détestait plus que tout se prendre la tête avec l’amour de sa vie, comme c’était tellement devenu monnaie courante ces derniers temps. Jade voulait obstinément rencontrer la famille de sa compagne, alors que cette dernière trouvait toujours un prétexte pour éviter le sujet. Elle ne préférait pas que sa relation amoureuse avec Jade soit connue par les siens. Pire encore… son orientation sexuelle. Venue d’une famille conservatrice, Lena était presque sûre que jamais sa famille ne verrait d’un bon œil le fait qu’elle aime les femmes plutôt que les hommes. Pour les traditionalistes africains, la famille c’était un homme, une femme et des enfants. Jamais une femme avec femme. Et pire encore pour un homme avec un homme. Les couples homosexuels n’avaient aucune raison d’exister. Les extrémistes allaient même jusqu’ à dire : « Que deviendraient les queers si leurs parents en étaient ? » Les traditionalistes pouvaient encore se montrer tolérants tant que le queer était chez le voisin ; ce qui n’était jamais envisageable chez les extrémistes dont la famille de Lena faisait partie ! En dépit de toutes ces contraintes, Lena aimait Jade plus que tout au monde. Elle était devenue sa raison de vivre, sa plus belle histoire d’amour. Elle n’imaginait plus sa vie sans elle.
À l’heure du diner, Lena descendit dans le grand salon où siégeaient déjà son père en compagnie de Lukeny. Elle hésita un moment entre deux marches, mais se résolut à franchir le pas pour rejoindre le couple. Elle salua son père à distance et n’attendit pas de réponse avant de prendre place à la table.
Armando était surpris de voir sa fille et ne le cacha d’ailleurs pas, posant instinctivement ses couverts au bord de son plat. Il en avait déjà eu la confirmation par ses employés et même par sa fiancée, mais Lena était tellement imprévisible qu’il voulait la voir de ses yeux.
— Pas de salutation à ma personne ? ironisa Lukeny. Pas grave, je finirai bien par m’y faire.
— Quand est-ce que tu rentres à Londres ? demanda directement Armando en pointant la fourchette dans son plat de couscous.
— Pardon !? s’offusqua Lena en reposant son plat sur la table. À peine arrivée et tu veux déjà me voir déguerpir ? Désolée de te décevoir, mais je ne pense pas partir d’ici avant longtemps.
Lena détestait plus que tout recevoir des ordres, encore plus lorsque ceux-ci émanaient de son père.
— Je ne vois pas en quoi cette question pourrait être choquante ! intervint Lukeny en portant le verre d’eau à la bouche.
— Je suis chez moi, répliqua la styliste à l’intention de la compagne de son père. Et on ne peut en dire autant pour certaines personnes ! Maintenant si vous le permettez, je veux juste prendre mon repas, et en silence.
L’ambiance devint subitement tendue. Mais Armando ne tarda pas à briser le silence.
— Dès que tu auras terminé, je veux que tu me rejoignes dans le bureau. Excusez-moi, trancha-t-il en passant la serviette au coin de la bouche, puis il quitta la pièce.
— Maintenant qu’on est seules, reprit Lukeny, ça te dit de discuter entre filles ?
— Je n’ai aucune envie de discuter avec toi, répondit Lena le regard posé sur son plat. Et je ne vois pas de quoi on pourrait parler toi et moi.
— Ok, je…
Lukeny n’eut pas le temps de terminer sa phrase que Lena sortit de table à son tour et prit la direction du bureau de son père. Loin d’être hautaine, la jeune styliste avait horreur des lèche-bottes et Lukeny en donnait nettement l’impression. Depuis l’arrivée de Lena, Lukeny n’avait de cesse de marquer sa présence même quand ce ne fut pas nécessaire ! Et la fille d’Armando était de celles qui n’y allaient jamais par quatre chemins. Quand quelque chose ne lui plaisait pas, elle ne tardait pas à le faire savoir.
Lena passa la porte du bureau et trouva son père confortablement installé, avec le regard posé sur la paperasse. Elle s’éclaircit intentionnellement la gorge pour attirer son attention.
— Je me demande s’il t’arrive de prendre un peu de temps pour toi, entama-t-elle la conversation. En même temps, je me dis aussi que cet empire ne s’est pas bâti tout seul.
Armando n’avait peut-être rien d’un bon père, mais il avait su faire ses preuves dans le monde des affaires.
— Exactement, confirma-t-il. Tout ce que nous possédons aujourd’hui est le dur labeur de plusieurs générations, mon grand-père avant mon père, et maintenant moi.
— Sur ce point-là, il n’y a rien à te reprocher. Si seulement il n’y avait que ça… ! Mais passons, de quoi voulais-tu me parler ? demanda-t-elle en prenant place en face de son père.
— Pourquoi es-tu revenue ?
Choquée, la jeune femme se renfrogna.
— Attends… Suis-je sensée répondre à ta préoccupation ?
— Évidemment que j’attends une réponse, confirma-t-il. Et plus qu’une réponse, j’attends que tu te donnes un ultimatum, après quoi tu seras retournée de là où tu viens !
Lena s’esclaffa. Si fort que l’on pouvait l’entendre de l’autre côté du mur. Un rire pour masquer sa douleur, sa révolte et son amertume. Elle n’appréciait pas que son père la traite ainsi, mais il valait mieux en rire plutôt que de s’apitoyer.
— Rassure-moi : c’est une blague ? parce que je n’ai l’intention d’aller nulle part !
— Oh que si et cela va dans ton intérêt !
— Mon intérêt ou le tien ? Parce que si c’est pour moi que tu te fais du souci, je peux t’assurer que je suis une grande fille et que je peux me défendre toute seule.
— Ah oui, éructa Armando, comme tu as pu le faire il y a dix ans.
Lena rata un battement à l’évocation de ce terrible évènement dont elle gardait encore le souvenir, malgré les nombreuses années passées.
— Tu ne vas pas recommencer avec ça ! C’était un accident, riposta-t-elle. J’ai commis une erreur et tu ne vas pas me le sortir à chaque fois que tu en auras l’occasion. Ma décision est prise et tu ne me feras pas changer d’avis. Si je suis restée toutes ces années loin de Luanda, c’était par choix et non par contrainte !
Lena savait se montrer têtue lorsqu’il le fallait. Elle avait peur, mais ne voulait pas pour autant donner raison à son père.
— Puisque tu y tiens tant… je vais prendre le taureau par les cornes. Lukeny et moi allons nous marier très prochainement et je veux que tu lui donnes la place et le respect qu’elle mérite dans cette maison.
— Pourquoi tu m’en parles ? Dois-je te faire un dessin pour que tu comprennes que je ne la calcule pas ? Je te dirais bien que je n’approuve pas cette union, mais ce ne sont pas mes oignons donc…
— Et tu fais bien, vois-tu ! Je n’ai pas besoin de ton approbation, ajouta-t-il, ni de ton opinion d’ailleurs. On se passera de ta bénédiction. Lukeny et moi allons nous marier et puis c’est tout !
— Il est clair que cette femme a été séduite par ta poche, trancha Lena en fixant son père. Mais ça m’arrange, car je pourrai te balancer droit dans les yeux que je te l’avais dit !
— Je ne te permets pas de parler ainsi de Lukeny, s’énerva Armando.
— Je le referai parce qu’il n’y a que la vérité qui blesse.
— Mets-toi en tête que cette femme sera mon épouse et donc ta belle-mère. Trêve de la discussion ! Et si tu t’évertues à ne pas la respecter, autant te dire que la porte est ouverte ! Encore une fois, je te préviens, tu y gagneras beaucoup en retournant à Londres. Parce que comme tu peux t’en douter, je ne bougerai pas d’un pouce quand la presse et la police seront à tes trousses.
Prise de rage, Lena balaya d’une main le bureau et prit la porte. Comment se faisait-il que son père continue à ne pas la croire après autant d’années, d’explications ? Lena clamait son innocence et ne comprenait pas que son nom soit encore lié à cette tragédie. Elle cala son dos contre un mur, comme pour se calmer, reprendre son souffle. La styliste avait pris des années pour guérir ses blessures et chasser de son esprit les fantômes du passé. Mais il suffit d’un soir pour que son père les libère de la boite de Pandore…
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