Je me réveille, il fait noir. Je sursaute, mais mes jambes ne suivent pas, j'ai l'impression qu'elles sont saucissonnées, j'en ai des fourmis et j'ai une gêne sur le ventre. Je ne vois absolument rien, je me mets à paniquer et c'est ainsi que la mémoire me reviens.
Oh putain mais... Jake m'avait forcée à le suivre jusque sa voiture, il nous a conduits dans un endroit qui m'était complètement inconnu... Puis je me souviens m'être retrouvée devant des marches d'escaliers qui descendaient profondément puis... plus rien. L'enfoiré... Il a dû me pousser dans les marches, je suis incapable de me souvenir du reste.
- Au secours !
Personne ne me répond.
- Jake ! Espèce d'enfoiré ! Montre-toi si t'as les couilles !
Toujours rien.
- Si tu crois que tu me fais peur, tu te fourres bien les doigts dans le...
Soudain, ce n'est pas une voix qui vient m'interrompre, mais des lumières qui m'éblouissent. Mes yeux ont du mal à s'habituer à ce changement soudain de clarté. Je me redresse sur les avant-bras et ouvre enfin les yeux, qui au passage ont eu le temps de verser quelques larmes d'irritation. Et c'est un choc qui me prend toute entière. Je suis sur une table, attachée aux jambes comme je l'avais senti et sur mon ventre, se trouve une cloche de verre sous laquelle se trouve un rat. Un cri de stupeur s'échappe d'ailleurs lorsque mon regard se pose dessus. Mon rythme cardiaque augmente de plus en plus, la panique s'empare de moi. Je sais que Jake est derrière tout ça, ce mec est complètement taré ! La veille au soir il se rend chez moi pour me faire l'amour comme jamais, puis devient l'être le plus psychopathe du monde, lorsqu'il m'annonce que c'est lui qui a tué Samuel ! Je dois être en plein cauchemar, ça ne peut pas être la pure réalité !
Dans un coin de la pièce dans laquelle je suis enfermée, un écran de télévision se tient, pour l'instant noir, mais très vite, il s'allume et laisse place à la peluche la plus flippante du monde. Une sorte d'ours en peluche sur lequel on aurait arraché le visage. Mon visage se crispe d'incompréhension et de peur à la fois puis lorsque la boule de poil effrayante tourne légèrement la tête, une voix s'adresse à moi, rauque et modifiée :
- Olivia, sale petite poufiasse... Contente d'être ici ?
- Plutôt crever... Connard.
- Eh bien, c'est ce qu'il va t'arriver d'ici quelques instants !
- Ose te montrer Jake !
- Oh que non ! Tu vas devoir t'en sortir toute seule. Jouons un peu... Pour sortir de cette pièce, tu devras faire don de ton sang. De ce fait, tu as sur ta gauche de quoi t'aider à faire couler le liquide rouge dans le récipient que tu vois également. Plus tu le rempliras, plus la cloche où le rat se trouve s'ouvrira. En revanche si tu ne fais rien, le rongeur qui se trouve sous la cloche n'a aucun moyen d'en sortir, comme tu peux le constater. Par conséquent il devra se frayer un chemin, et le chemin, c'est ton corps.
Mon front perle de sueur froide, qu'est-ce qu'il vient de dire ?!
Si je ne me scie pas les veines, ce rat dégueulasse va creuser en moi, dans mes boyaux pour sortir ?!
Mon cœur tambourine tellement fort que je crois qu'il va éclater. Je ne sais même plus quoi dire, la peur prend trop le dessus sur le fait que j'ai extrêmement envie de lui refaire le portrait. Ce mec me dégoute... Et dire que j'avais un petit quelque chose pour lui, que j'avais envie de le découvrir plus que le Jake solitaire et pas très bavard. J'ai passé une nuit avec un putain de meurtrier !
- Tu as 180 secondes pour remplir le récipient, bonne chance...
Le petit ours qui fait flipper baisse son masque. Heurk, il est vraiment horrible. Mais pas plus que ce qui m'attend. L'écran alors laisse place à un compte à rebours qui commence à 200, puis 199, 198... Merde ! Mon souffle ne peut être plus bruyant, je peine à faire gonfler mon ventre, à moitié écrasé par cette cloche de verre. Il faut que je fasse quelque chose ! Le rat s'agite, pose ses pattes sur les parois transparentes. Si je ne fais rien, je vais finir avec un trou dans le bide, et ma vie se terminera ainsi. S'il a tué Samuel, il est hors de question qu'il obtienne ma mort...
J'étends loin mon bras pour attraper les ustensiles de tortures qui se trouvent sur la table sur ma gauche comme il me l'a dit. J'attrape un cutter et observe la lame avec angoisse. Je pose mon avant-bras sur le récipient et serre les lèvres, tandis que j'approche la lame des veines de mon poignet... Est-ce que je suis obligé de faire ça ? Je n'ai pas envie d'entrer dans son jeu même si malheureusement, j'en suis obligée... Putain c'est pas vrai ! Pourquoi moi ?!
J'appuie le cutter et tout en serrant les dents, effectue un mouvement horizontal.
185...
J'ai fermé les yeux en faisant ça, incapable de me calmer. Je serai peut-être tombée dans les pommes si j'avais gardé les paupières ouvertes.
182...
Le sang coule le long de mon avant-bras, de mon poignet et sur ma main. Je tourne de l'œil mais me reprend vite.
Bordel, il faut que je tienne bon et que je lui montre à quel point je n'ai pas peur de lui... Même si ce n'est pas tout à fait vrai.
Les premières gouttes rouges tombent dans le fond du récipient de verre. A ce rythme-là, je ne sortirai jamais d'ici !
177...
Je fais une seconde entaille, plus haut sur mon bras et incline le membre pour que les hémoglobines s'écoulent plus rapidement. Je lâche mon premier gémissement de douleur, mais fait tout pour qu'il ne se doute pas que je souffre, même si c'est bien le contraire. De mini-ruisseaux se forment pendant que je me vide de mon propre liquide rougeâtre. Sur le verre géant, il y a une marque faite au feutre indélébile, c'est sûrement ici que devait s'arrêter le sang.
J'en ai encore pour un moment...
173...
Un fond couleur rouge se forme, je regagne espoir.
140...
Il en faut de la patiente pour regarder sa propre vie s'égrener sous nos yeux. Le récipient commence à bien se remplir, mais la cloche de verre elle, ne bouge pas d'un poil, et le rat commence à s'agiter. Je le sens me griffer le ventre depuis quelques secondes. Je crois qu'il va sérieusement me faire mal d'ici peu. L'oxygène doit lui manquer là-dessous... Merde. Je suis concentrée sur mes gouttes de sang, si je regarde de l'autre côté, je vais vite me faire emporter par la panique.
137...
Je pince mes lèvres et crispe mon visage. Le bras toujours au-dessus de ce fichu verre, je grogne de douleur. Le rongeur gratte, gratte, gratte, sans arrêt. Il est déterminé à sortir de là et à ce rythme-là, il va vite atteindre la chair. Je trace une nouvelle ligne droite dans ma peau, je commence d'ailleurs à sentir des fourmis dans ma main.
Par pitié, faites que ce truc se soulève enfin, j'en peux plus, mon souffle ne suit plus !
119...
Mon bras pali, et pour cause. Il va falloir que je m'attaque au second, car j'ai l'impression que le flux ralentit. Ou alors c'est simplement ma conscience qui délire dû à la perte de sang... Je ne sais plus. A ce stade, je suis en train de me demander si ma vie aurait été différente si je n'avais jamais rencontré cet enfoiré de Jake. Bien évidemment qu'elle n'aurait pas été la même, c'est logique. Puis au moment où je pensais m'évanouir, je sentis un relâchement. La cloche avait bougé. La charpente de métal qui la maintient sur mon ventre s'est desserrée, mais ne s'est pas pour autant décollée. Je secoue la tête et replace mon cerveau dans ma boîte crânienne. Il faut que je sorte d'ici ! Le rat a atteint la chair mais j'ai l'impression de ne plus rien ressentir, tellement les marques sur ma peau sont endolories.
99...
Je prends mon deuxième bras et me met à la tâche d'entailler profondément, il faut que je me dépêche, le récipient est rempli à un peu plus de la moitié de sang. Mon visage se déforme avec la douleur, je redeviens sensible à la lame du cutter.
32...
Il ne manque pas grand-chose, c'est vrai. La cloche s'est levée très légèrement permettant au rongeur de respirer. J'ai des étoiles plein les yeux qui me ralentissent et mon ventre continue d'être gratté. Mon souffle devient saccadé, mes mains rougies tremblent et la force commence à me quitter. Non pas maintenant, pas si près du but !
Ressaisis-toi, merde !
Il faut que j'aille plus vite, que je m'ampute quelque chose... Un doigt. Rien que l'idée me donne des haut-le-cœur, mais je n'ai pas le choix, si je veux sortir de là. Je prends un autre outil, qui est un grand couteau. Les yeux plissés et le visage pâle à mon avis, je l'empoigne et le lève en écartant mon auriculaire des autres doigts de ma main gauche, celle que je n'utilise que rarement.
23...
Coup sec... Je hurle. Ma tête se cambre aussitôt en arrière et verse des larmes automatiquement. Je sanglote, et reporte l'attention sur le bout de viande de moi-même que je viens de sectionner. Mon doigt est là, détaché de ma main manucurée. Sans hésiter et en observant l'écran du compte à rebours se réduire de plus en plus, je l'attrape et le plonge dans le grand bécher.
15...
Rien à bouger, je m'affole. J'ai pourtant atteint le trait ! Je replace mes deux bras au-dessus de la petite cuve, ils continuent à goutter, puis...
9...
La cloche se dégage enfin de moi.
8...
Je dégage le rat du bout de mes doigts.
7...
Je me redresse pour délier mes jambes fourmillées par les nœuds.
6...
Je défais un nœud.
5...
Puis un autre...
4...
Je dégage ma première jambe.
3...
Je délie un nœud de ma seconde jambe.
2...
Puis un autre...
1...
Je me dégage des liens et tombe à la renverse sur le sol.
0...
Une porte se déverrouille, porte que je n'avais même pas remarqué, à l'autre bout de la pièce, qui était dans la pénombre jusqu'à maintenant. Je reprends mon souffle, et me lève après quelques secondes de plus. Après quelques pas de fait, je vois du linge blanc, sûrement pour recouvrir mes entailles. En tout cas, c'est avec cet usage-là que je les utilise et enroule mes avant-bras et serre comme une folle malgré la douleur. Une fois cela fait, je me dirige vers la sortie. Du moins j'espère que s'en est une...
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