Chapitre 3
Le panneau ainsi que mon GPS indique bien que je suis arrivé à destination. L'endroit où je me trouve actuellement n'est pas vraiment, ou plutôt à vrai dire, absolument pas comme celui que j'avais dans mes pensées. Impatient, je gare ma voiture le long du trottoir de la rue indiqué par l'homme précédemment, enclenche le frein à main et voit finalement le fameux propriétaire. Et là non plus, je ne m'attendais pas à... ça. Je lui fais un signe de main et sort enfin de mon véhicule. Je vois l'homme arrivé en fauteuil roulant électrique, souriant. Il m'a l'air tout aussi sympathique qu'au téléphone. Je le rejoins alors et lui serre la main avant d'entamer la conversation :
- Bonjour ! dis-je tout content. Je suis Jake, enchanté... Monsieur ?
- Moi, c'est Nathan, vraiment ravis de vous rencontrer, ajouta-t-il en renforçant de plus belle la poignée de main.
Un petit silence prend place quand nous nous éloignons, puis Nathan finit par reprendre :
- Venez plutôt, je vais vous montrer ce carré de béton sous terre.
En réalité, je suis dans une avenue remplie d'ancien commerce plus ou moins fréquentés. Le gaillard lui, était plus âgé que moi d'une dizaine d'années, assez trapu. Il était en chemise claire, jean et blond bien coiffé. Un bel homme. De mon côté, je le suis, de plus en plus intrigué. Il m'emmène dans une impasse perpendiculaire à la roue principale et une fois arrivé au fond, il se retourne vers moi en un vrombissement et me sourit, avant de basculer la tête sur une porte à double battants bien cadenassée, et les chaînes grignotées par la rouille.
- Comme c'était un parking à l'origine, c'était seulement une ouverture. J'ai alors j'ai réduit l'espace entre les deux murs et j'ai mis cette porte, pour que ce soit disons, plus présentable, me dit-il toujours avec cette risette chaleureuse dessinée sur le visage.
- Je ne m'attendais pas à ça en arrivant ici, lui dis-je objectivement.
- Ah oui ? Pourquoi ?
- A aucun moment je ne pensais voir un ancien parking souterrain ici, dans ces zones un peu à l'écart...
- C'est peut-être quelque chose qui vous dérange ?
- Non absolument pas, au con... enfin je veux dire ça n'a aucune importance.
- Tenez alors.
Nathan tient entre ses doigts un trousseau de clés dont il m'invite à prendre. Je le saisis donc et ouvrit après tout de même plusieurs tentatives les deux gros cadenas et écarte la porte de toute sécurité apparente avant de pousser le battant droit qui se met à grincer.
Première impression : Il y fait très noir...
D'ailleurs Nathan me le fait bien savoir :
- Vous avez un interrupteur juste ici, sur votre droite, avec le point lumineux.
Effectivement, lorsque j'exerce une pression sur le bouton, une lumière jaillit et des escaliers plongent vers la pénombre.
- Avant c'était simplement une route qui plongeait vers le parking. Mais comme je trouvais ça trop pentu à l'époque, j'ai fait couler des marches en béton... Sauf qu'aujourd'hui, je regrette un peu cette décision, dit-il avant de ricaner.
Je me tourne vers le propriétaire handicapé, mais à peine j'ai le temps d'ouvrir la bouche qu'il prend la parole :
- Ne vous inquiétez pas pour moi, j'ai l'habitude. Je vais descendre moi aussi. Après vous, je vous en prie.
Il m'invite alors à descendre, ce que je fais, tout en observant dernière moi, Nathan qui s'avance vers les marches. Décidément, cet homme ne cessera jamais de me surprendre. Il appuie sur un bouton et son fauteuil roulant se met en mode "descente d'escaliers" et le voilà en pleine ascension. Il me regarde et me sourit une énième fois.
- Allez-y, je vous rejoindrai vite. Allez jusqu'en bas et ouvrez la porte en cherchant la bonne clé.
Comme prévu, une fois toutes les marches gravies, je fais ce qu'il me dit. Et encore une fois, c'est un cadenas qui orne la poignée. Lorsque je pousse une autre porte à battant déverrouillée, je découvre ce pourquoi je suis ici. La lumière embellit ce qu'il se trouve sous mes yeux. Un immense espace bétonné s'étend, comme sur les photos.
- Il y a des choses à faire, n'est-ce pas ?
Nathan arrive près de moi, tandis que j'avance pour observer ce qu'il y a sur les centaines de mètres carrés sous terre. La poussière est assez omniprésente, je vois que certains murs ne sont pas terminé, mais le plus gros est là. Les pièces sont assez grandes, je me demande d'ailleurs ce qu'il voulait faire de toute cette surface. Mais décidément, il répond à la question sans que j'aie le temps de lui poser :
- Je voulais faire une cave avant. Puis comme il y avait tant de place, j'ai voulu construire des pièces. Une maison pour être précis.
- Et pourquoi ne pas avoir appelé des professionnels pour terminer le travail ?
- Vous savez, j'ai peut-être les moyens de m'acheter ce je désire, mais à quoi bon, puisqu'aujourd'hui les gens pour qui je faisais ça sont décédés.
- Je ne savais pas, je suis désolé.
- Ce n'est rien. C'est quelque chose que je ne désirais pas préciser, parce que ça ne regarde pas les gens en général... Mais vous, vous m'avez l'air quelqu'un de bien.
Il marque une pause avant de reprendre :
- Mes parents travaillaient dans le bâtiment au-dessus, un commerce qui n'est plus fréquenté à ce jour. Ils habitaient à l'extérieur de la capitale.
- Et ils n'avaient pas les moyens d'acheter un appartement ici ? Ils devaient être aisés si vous avez les moyens aujourd'hui.
- Je ne suis pas l'héritier de mes parents, figurez-vous. C'est bien ma femme qui me permet de faire tout cela.
- Oh je vois. Je comprends maintenant vous voulez vous en séparer. Le passé peut nous hanter tant qu'on ne l'efface pas.
- Eh oui vous avez raison. De plus vous savez, je n'habite plus vraiment ici, il y a peu de temps, moi et ma femme avons acquis une villa au bord de l'océan Atlantique, à Sidney toujours. Mais bien plus éloignée de tout ça.
- Et ce n'est pas plus mal je pense...
- Tout à fait.
Je continue de visiter ce qui est finalement l'endroit où auront lieu mes futurs massacres. Mon esprit commence à divaguer puis mon cerveau dessinent comment ces pièces seront aménagées... Mes systèmes bien installés, il ne manquait plus que mes futures victimes. Certains mécanismes étaient imposants, d'autres pouvaient être tenus dans les mains, mon imagination fait de très belles choses. Mais à la fin, c'est Nathan qui rompt mes pensées :
- Mais vous, dites-moi, qu'allez-vous faire de tout cet espace ?
La question piège...
Évidemment il fallait que j'invente un mensonge.
Comment faire ? Et que dire ? Il a l'air d'être un homme de bonne foi et généreux. En plus il est riche, il doit y avoir un moyen de toucher une minime partie de sa fortune si je sors les phrases et les arguments qu'il faut. Il faut que je parle, maintenant.
- Oh vous savez, je suis loin d'avoir le même budget que vous, mais en effet j'aimerai construire quelque chose en particulier.
- Je vous écoute ?
- J'aimerai bâtir des appartements pour les sans-abris et les personnes en difficultés...
Bingo...
J'ai touché le maillon faible, apparemment ça lui plait énormément, puisque son visage s'illumine de gaieté :
- Wow ! C'est vraiment génial.
- Il y a des gens dans le besoin, et je pense que c'est important de s'en préoccuper.
- Vous avez extrêmement raison, les personnes que vous allez servir vous être ravies.
- Mais encore faut-il arriver à atteindre ce but.
- Si ce n'est qu'une question d'argent, je peux vous aider.
- Comment ? Mais il faut bien que je vous dois quelque chose pour ça ! dis-je en désignant l'espace autour de moi.
- Oh non ! Je n'ai pas besoin d'argent, je vous en fais cadeau. Mais j'insiste pour vous aider financièrement.
Je soupire et fais mine d'être embêté.
C'est vraiment parfait. Je vais être logé, chauffé gratos. Et comme en plus de ça, je n'ai plus de boulot, il va pouvoir remplir mes besoins sans qu'il ne le sache.
- Je suis gêné, vraiment, je ne sais pas quoi dire.
- Ce n'est rien, enfin ! dit-il en me tapotant le dos. Pour ce que vous allez faire, il n'y a pas à discuter !
Mon cerveau est rempli de feux d'artifice. Mes deux hémisphères dansent la samba et ma conscience souffle dans des langues de belle-mère. Je suis aux anges, clairement. Puis je vois Nathan me tendre comme le pauvre le peut sa main droite, signe que nous sommes d'accord. Tout sera tellement mieux que je ne l'imaginais. Je finis par également lui offrir la mienne en la serrant à l'intérieur de sa paume. Il me sourit, je fais de même, et le blond en fauteuil reprend la parole :
- Pour ce qui est de la somme, je vous offrirai ce qu'il faut... 200.000 $ serait idéal pour réaliser tous vos projets dans de belles conditions...
Mon regard prend aussitôt la forme de deux cercles. Je crois que je vais tomber dans les pommes.
Un riche rempli de bon cœur et de gentillesse, vend un espace qui remplit chacune de mes attentes sans en payer le moindre frais financier, et en plus me donne de l'argent pour réaliser toutes mes futures atrocités ? Je nage en plein rêve, rêve qui est bien réel...
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top