Chapitre 2

Nous sommes quelques jours après le fameux râteau de la belle brune... Le lendemain n'a conclu à rien d'intéressant, encore quelques sourires venant d'elle mais rien de plus. Même pas un petit levé de jupe pour me faire plaisir, que dalle.

Du coup, pour remplir mes journées au bureau, je regarde encore les actualités, revenant souvent d'une manière ou d'une autre à ce sacré Jigsaw, qui malgré sa mort, continue à faire des ravages. J'ai tellement envie d'en faire des ravages ! Il ne pourrait pas m'engager ? Même en tant que stagiaire, un peu comme l'a été Amanda ? De toute façon, je n'ai même pas le fric pour m'acheter le billet d'avion et le rejoindre dans son antre... Qu'est-ce que je donnerai pour être comme lui...

Qu'est-ce que je donnerai pour être comme lui...

Cette phrase je l'ai pensé alors que j'étais en train d'étaler de la confiture sur une biscotte. Eh bien figurez-vous que malgré la situation, c'est-à-dire encore la tête dans le cul, cela ne m'a pas empêché de la répéter plusieurs fois dans mon esprit et de prendre une grande décision. Oui oui, une grande décision. Je ne parle pas de changer le rouleau de papier toilette plus régulièrement pour ne pas me retrouver en rade lorsque je suis sur le trône par exemple, mais bien une vraie décision d'adulte.

Ce jour-là j'avais laissé en plan mon petit déjeuné,je me suis à peine douché, vite habillé, monté en vitesse dans ma voiture,rejoint mon lieu de travail en avance pour une fois, me rendit directement dans le bureau de mon patron, le boss si on veut, déjà là sur son bureau verni, et annoncé ma démission. Je me souviens, j'avais frappé à la porte pour faire bonne impression et inventé, même si d'un côté c'était vrai, un scénario comme quoi l'ambiance dans ce poste ne me convenait pas, que c'était horriblement morbide, que j'étais la tête sur laquelle tout le monde s'abattait. En résumé,que je faisais le Monsieur Bisounours avec tout le monde sans rien recevoir en échange.

Même pas une baise, c'est pour dire...

Évidemment, j'ai pris un air un minimum malheureux, digne d'un acteur studio d'Hollywood et c'est bien passé, puisque quelques minutes plus tard, j'avais signé un papier, et je ne faisais officiellement plus parti de cette boite ! J'étais peut-être l'homme le plus heureux du monde à cet instant, une fois sorti de l'immeuble de l'entreprise, où je n'allais jamais remettre les pieds.

Une fois ça fait, je rentre chez moi, et les mensonges allaient pouvoir commencer...

De retour à la maison, Kai est parti au travail, puisqu'il n'y a plus de double dans l'entrée. J'ai donc champ libre, et ça c'est top. Je me précipite dans ma chambre et allume mon ordinateur portable. Je me sens comme né une seconde fois. Je ne sais pas pourquoi je n'y ai pas pensé avant.

Je sais ce que je veux désormais, je veux devenir comme mon idole, je veux lui ressembler, faire comme lui. Jigsaw a changé ma vie, à tel point que je suis son plus grand fan... Et il est temps de lui rendre hommage. Mes talents de petit bricoleur me seront utiles, maintenant que j'y pense.

Le moniteur maintenant allumé, j'entre mon mot de passe : « JigSawIsAlive »et appuie sur entrée pour atteindre mon écran d'accueil. Mon fond d'écran est noir et comporte par contre beaucoup de dossiers. Ma souris parcourt les icônes où se trouve mon dossier travail, qui me prend malheureusement trop de place et que je décide donc de supprimer. Après ça, il y a mon dossier musique parce que oui, j'aime la musique. Allant du jazz au rock alternatif, ça dépend de mon humeur. Il y aussi mon dossier privé, dont je ne décrirai pas le contenu, question confidentialité... Et enfin le dossier dont je veux vous parler, celui nommé « Mon idole ».

Je double-clique dessus et observe les autres dossiers et documents qui s'affichent. Il y a tout ici, tout ce qu'un civil peut savoir et mes propres théories. Il y a un dossier avec chaque victime de Jigsaw, de la première à la dernière. Dedans, chacun contient une photo de la victime avant et après les jeux de John, mort ou vivant, et du moins ce que les médias ont pu diffuser. Ensuite il y a un document écrit où je note moi-même l'identité de la personne, son passé, tout ce genre de chose. Après voilà tous les documents que j'ai pu recueillir. Que ce soit par la presse, les médias télévisés, ou même certains sites qui référencient des documents de la police, tout, et je suis fier de posséder de telles choses...

Et maintenant que je veux faire moi-même la même chose, il faut que je créé mon propre dossier, avec les éléments qui allaient permettre de mettre en place mes futures œuvres... J'en ajoute alors un nouveau, et entre le nom : « Hommage à mon idole ». Je me frotte les mains puis réfléchis à ce que je dois faire. Il me fallait beaucoup de choses ! Des espaces adaptés, des tas d'idées de constructions, de mécanismes... Et des victimes...

J'ouvris alors un premier document où j'écris ces choses dont j'allais avoir besoin. Puis aussitôt, je clique sur mon moteur de recherche. Il me fallait un endroit isolé, ou du moins où personne ne peut se douter de ce qu'il s'y passe. J'affine alors mes recherches sur les sites populaires d'achat de surface habitable et observe attentivement. Il doit bien y avoir quelqu'un qui veut se débarrasser d'un espace dont il ne se sert plus ! Il y en a partout des riches qui changent de maison, comme ils changent de chemise, ou de voiture...

Je me mets à parcourir des pages et des pages d'annonces en tout, genre... Que ce soit des maisons des appartements, des places de parking... Il y a de tout, sauf ce que moi je veux... Assez décevant.

***

Il n'est pas loin de 10 heures 30 quand je tombe sur the annonce. Un grand sourire de satisfaction s'affiche enfin sur mon visage. Je double-clique et l'image s'agrandit ainsi que l'annonce faite par le propriétaire :

« Bonjour,

Je cherche désespérément quelqu'un à qui céder cet ancien parking souterrain de près de 400 mètres carré, à Sidney. J'avais commencé à faire des travaux pour le transformer en pièces habitables, en partie en cave... Mais après avoir subi un accident de la route, je suis aujourd'hui incapable de reprendre les constructions, même s'il n'y a pas grand-chose à faire, hormis de chauffer et de meubler.

Alors j'espère qu'un jour quelqu'un pourra venir m'en débarrasser et en faire quelque chose de sympathique.

Je joins ici-bas, mes coordonnées. Donc n'hésitez pas à me contacter si vous êtes intéressés. »

Et en-dessous, je vois un numéro de téléphone avec lequel il désire que je le joigne ainsi que l'adresse et le reste. C'est une offre en or ! Il faut que je saute sur cette occasion unique. J'attrape alors mon téléphone portable et tape sur le clavier le numéro inscrit. Aussitôt je porte l'appareil à mon oreille et tape mes ongles sur le bois de mon bureau, signe d'excitation et d'impatience. Ça sonne, j'attends. Je me pince la lèvre inférieure.

Décroche, décroche, décroche...

Chaque "bip" fait accélérer mon cœur, il a envie d'exploser dans ma poitrine. Puis le suspens se brise enfin quand j'entends quelqu'un au bout du fil :

- Allo ?

Je soupire de soulagement, puis un sourire vient illuminer mon visage.

- Bonjour Monsieur, commençai-je. Je vous appelle à propos de l'annonce que vous avez postez pour vos travaux laissés de côté, je suis fortement intéressé.

- Êtes-vous enfin un acheteur ? Ou juste un curieux ?

- Je suis très sérieux, et je tiens à vous l'acheter en effet.

- Je suis très heureux ! Cela fait peut-être deux ans que je cherche quelqu'un à qui le vendre ! Merci beaucoup, Monsieur.

- C'est bien vous que je dois remercier. Pour ce qui est de la visite, que me proposez-vous ?

- C'est quand vous voulez ! Aujourd'hui même si ça vous fait plaisir.

- Parfait, et pour l'heure ?

- Maintenant, tout de suite, ça vous pose un problème ? Vous serez disponible ?

Mes yeux d'arrondissent, c'est encore mieux que je ne le pensais ! Si j'ai mes locaux immédiatement, ce n'est que du bonheur.

- Il n'y a aucun soucis, je prends ma voiture et vous rejoint.

- Mon adresse est inscrite dans l'annonce, à tout à l'heure !

- A tout à l'heure Monsieur.

Je raccroche. Je suis aussi enthousiaste qu'un enfant le matin de Noël ! Pendant la conversation, j'ai pris mon ton d'homme honnête et gentil, pour faire bonne impression. Mais si je ne m'étais pas retenu, j'aurai hurlé de joie. A toute vitesse, je ferme l'écran de mon ordinateur, me lève d'un bond, me chausse très rapidement et attrape les clés de ma voiture, avant de filer, direction la capitale.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top