Le lendemain, Eliane se réveilla plutôt tard, du point de vue d'un sportif. Sa mère semblait déjà debout, et la jeune fille l'aperçu dans le couloir, discutant avec une infirmière. Eliane tourna la tête, puis commença à se lever afin d'aller dans la salle de bain. La réalité la frappa brusquement, lorsqu'elle essaya de poser les jambes par terre, et que seule la droite répondit. Elle se recoucha, les larmes aux yeux, mais elle les chassa vite lorsque Judith entra dans la pièce.

- Eh bien, je crois que tu n'avais jamais dormi autant ! s'exclama-t-elle.

Eliane sourit. Elle respectait la faculté qu'avait sa mère d'avoir toujours le mot qu'il faut, même quand la situation semblait la pire qu'il soit.

- Maman, j'aimerai aller dans la salle de bain mais ....

Une lueur de pitié passa dans les yeux de Judith, mais elle se reprit. Elle ne devait pas rappeler à sa fille dans quelle situation elle était. Elle alla donc chercher du personnel qualifié, qui arriva tout de suite pour prendre Eliane en charge. Ils se dirigèrent vers la salle d'eau, et Judith s'assit sur le lit en attendant. Elle espérait que la visite des amies de sa fille allait lui changer les idées. Après une vingtaine de minutes, Eliane sortit, et les infirmières la remirent sur son lit. Elle regarda sa mère, et un gargouillis brisa le silence. Les femmes se regardèrent, et furent prises d'un fou rire. De l'extérieur, cela pouvait sembler bête, et on aurait pu les traiter de gamines, mais cette situation faisait un bien fou autant à Judith qu'à sa fille. Eliane du s'arrêter assez vite, ses côtes la faisant souffrir, mais elle retrouva ce sourire qui l'avait quitté depuis l'accident.

- Je vais aller chercher à manger, je reviens, dit Judith avec un clin d'œil.

Eliane hocha la tête, puis alluma la télé en attendant sa mère. Elle zappa un moment, puis tomba sur une émission de télé-réalité. Elle savait que sa mère n'aimait pas qu'elle regarde, prétextant que cela rendait idiot, mais la jeune fille prenait plaisir à les voir se disputer pour des broutilles. Elle eut le temps de regarder un épisode et demi avant que sa mère ne revienne. Lorsque celle-ci entra dans la pièce, elle jeta un regard accusateur sur le poste de télé, puis regarda sa fille d'un air désapprobateur. Eliane lui fit un petit sourire hypocrite, celui qui veut dire « non non je ne me moque pas de toi.... », puis jeta un coup d'œil intéressé vers le sac que tenait sa mère.

- Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-elle, l'eau à la bouche

- Une petite surprise ...

Judith sortit deux grandes boites, et les ouvrit : des pizzas. Eliane étouffa un cri de joie. Elle n'avait plus mangé de pizza depuis ... elle ne savait même plus quand remontait la dernière fois, en raison de son régime alimentaire assez strict pour la compétition. Elle ne pouvait manger ni sucreries, ni boissons autre que du jus de fruit et de l'eau, et la plupart de ses repas se résumaient à des féculents en tout genre. Sa mère coupa les pizzas, puis lui tendit une part. Eliane ferma les yeux, et profita du gout super chimique. Une petite voix lui criait dans tête « penses à toutes les calories que tu manges ! » mais elle la fit vite taire.

Après avoir dévoré la totalité des pizzas, l'adolescente se laissa tomber sur son lit, une main sur son ventre. Sa mère alla jeter les emballages, puis revint vers elle.

- Tu veux faire quelque chose de particulier, la questionna-t-elle

La jeune fille réfléchit un instant. Elle ne pouvait pas aller se balader dans les couloirs, donc elle ne pouvait pas non plus aller dehors malgré le beau, mais elle avait besoin de se changer les idées.

- Tu crois qu'ils ont des jeux ici ?

Judith se leva, et demanda à une infirmière qui passait s'ils avaient de quoi se divertir. La dame l'invita à la suivre, et la mère d'Eliane lui fit signe qu'elle revenait. Une dizaine de minutes plus tard, celle-ci était de retour avec plusieurs jeux de cartes. Eliane se redressa sur son lit, puis elles commencèrent à jouer.

Elles jouaient depuis maintenant une heure, lorsqu'Eliane entendit des voix dans le couloir, qui était devenu silencieux. Sa porte, qui était entrouverte, fus soudainement poussé, et quelle ne fut pas sa surprise quand elle vit Charlotte, Alix, et Blaise, qui se tenaient sur le palier. Ils affichaient tous une mine joyeuse, et l'adolescente s'aperçu qu'ils n'étaient pas venu les mains vides. Ses trois amis s'approchèrent, et Judith s'écarta pour les laisser embrasser leur amie. Eliane était plus qu'heureuse de les voir, et abordait maintenant le même visage rayonnant que ses visiteurs. Charlotte posa un cabas sur une chaise, puis s'installa sur le lit. Les deux garçons approchèrent des fauteuils, et Judith décida de sortir.