Judith courrait à travers les couloirs de l'hôpital, demandant à chaque membre du personnel s'ils savaient où était sa fille. Alors qu'elle était installée sur son canapé, à regarder un épisode de NCIS qui passait, elle avait reçu un appel des urgences, lui indiquant que sa fille, suite à un accident, devait se faire opérer d'urgence. Elle n'avait pas donné plus de détail, mais cela avait suffi pour déclencher l'instinct maternel de Judith. Elle était sortie en trombe de chez elle, sans prendre le temps de se changer, et avait pris la direction de l'hôpital. En chemin, elle se faisait mille scénarios possibles, et repensa à toutes ces choses qu'elle n'avait pas dit à sa fille, et se dit qu'elle ne se le pardonnerait jamais si le pire devait arriver.

Finalement, un homme lui indiqua qu'elle était en salle d'opération, mais qu'elle pouvait l'attendre en chambre 423. La mère partit donc en direction de cette pièce, où elle trouva Justin, assis sur une chaise, qui regardait dans le vide. Judith entra dans la chambre, et posa son sac à main. Elle s'installa ensuite près de l'homme, qui leva la tête.

- Je suis désolé... Tellement désolé, murmura-t-il

- Justin, dis-moi ce qui s'est passé. Dis-moi que ce n'est qu'une égratignure, qu'elle n'a rien de grave. Dis le moi, dis-le !

Elle avait presque crié ces derniers mots, et les larmes qu'elle avait gardées menaçaient de se mettre à couler. L'entraineur baissa le regard, et Judith attendit qu'il ait le courage de raconter l'accident. Quelques instants plus tard, une infirmière toqua, et prévint les deux visiteurs que la patiente allait arriver, et qu'elle mettrait surement plusieurs heures avant de se réveiller. La mère hocha la tête, puis guetta sa fille. Elle arriva finalement, et Judith se précipita à son chevet dès que les médecins furent partis. Le visage de sa fille n'était pas atteint, seulement une petite coupure sur le bas de la joue gauche. Endormie comme elle l'était, Eliane avait presque l'air de rêver tranquillement, mais sa mère savait que quelque chose n'allait pas. Elle souleva donc doucement le drap, mais fu surprise, si on peut dire ça, de voir que sa fille avait ses deux bras, ses deux jambes enfin rien ne semblait manquer. Elle laissa le drap tomber, puis revint vers Justin.

- Je ne sais pas ce qu'elle a, mais ça n'a pas l'air trop grave. Peux-tu me raconter ce qu'il s'est passé maintenant ?

L'homme soupira, puis commença d'une voix pleine de remords.

- Je n'étais pas là, mais l'arbitre m'a expliqué que dès le départ la direction du bateau de Charlotte et Eliane était mauvaise, et qu'elles se rapprochaient dangereusement du bateau d'à côté. L'arbitre à essayer de les prévenir, avec la voix, le drapeau, mais les conditions été vraiment horribles. Elles ont percuté le 2- de plein fouet, le bateau est d'ailleurs brisé en deux, et Eliane a pris une rame dans le dos. Ensuite, elle est tombée à l'eau, mais les plongeurs ont dû aller la chercher car elle était inconsciente. Ils ont directement ramené les quatre rameuses à l'arrivée, et ils ont emmené ta fille à l'hôpital directement. Quand je suis entré dans l'ambulance, elle était trempée, sa joue saignait abondamment, et les médecins l'avaient calé de toutes parts. Ils m'ont expliqué que d'après l'endroit où la rame avait tapé, elle risquait une paralysie. Si j'avais eu un minimum de jugement je n'aurais pas accepté qu'elles aillent sur l'eau, c'est de ma faute...

La voix de Justin se brisa, et une larme coula sur sa joue. Judith ne savait pas quoi dire. Elle comprenait maintenant que si sa fille n'avait aucune blessure à l'extérieur, c'était tout le contraire à l'intérieur. Un médecin arriva, et confirma ses craintes.

- Madame Rosenthal ? Bonjour, je suis le médecin qui s'occupe de votre fille. Je voulais vous parler de son état avant son réveil. Vous devez savoir qu'Eliane a reçu un choc très violent comme le montraient ses radios, à la fois dans les côtes et sur la tête, et qu'elle a beaucoup de chance de s'en être sortie. En ce qui concerne les côtes, trois sont cassées, mais tout se ressoudera. Pour la tête, nous avons diagnostiqué à votre fille une hémiplégie, c'est-à-dire une paralysie, qui touche la jambe gauche.

- Je vous remercie pour vos explications. J'expliquerai cela à ma fille.

Le médecin lui sourit puis reparti, et Judith, qui s'était levée, se laissa retomber. Comment allait-elle dire à sa fille que son rêve de faire du haut niveau venait peut-être d'être brisé ? Elle tourna sa tête vers Justin, et ils commencèrent à verser des larmes silencieuses. A ce moment-là, aucun mot n'était assez fort pour expliquer la tristesse, la pitié et le remord qui envahissaient les deux adultes.