CHAPITRE 8
Vêtu d'une robe de chambre en soie, Zhai Raylend s'avance dans la pièce aux côtés de ses trois gardes du corps.
Malgré sa tenue contrastant follement avec son habituel costume, le milliardaire est toujours doté d'un charisme renversant. Lorsqu'il aperçoit la jeune femme, Zhai hausse les sourcils :
— Voyons, Atlas. Tu ne devrais pas inviter tes prétendantes dans ta salle de jeux si tard dans la nuit ! Ce ne sont pas les manières d'un gentleman.
— Paw-paw. Mets tes lunettes de vue, déclare Atlas.
Zhai le dévisage un instant avant d'attraper ses lunettes suspendues contre son torse. Il les mets sur le bout de son nez et, dès lors où ses yeux s'arrêtent sur Rozen, celui-ci commence à s'étouffer avec sa propre salive. Son cœur meurtri par les années échappe un bond.
— Mlle Petrovas, mais que faîtes-vous ici ?
Rozen reste bouche bée. Aucun mot ne peut sortir de sa bouche à cet instant. Atlas prend donc le relais :
— Elle a essayé de voler ma montre.
— Ah oui ? Je pensais pourtant qu'elle s'était repentie pour devenir fleuriste, s'étonne Zhai.
Dans la voix du milliardaire, il n'y a ni rancune ni haine, comme s'il parlait une vieille amie de la famille. Cette révélation laisse Rozen encore plus déconcertée qu'avant. Elle n'aurait jamais imaginé que les Raylend en sauraient autant sur elle.
— Je le pensais aussi, mais elle a l'air de travailler à nouveau pour eux.
Le regard de Zhai se durcit instantanément :
— Est-ce qu'elle connaît l'identité du traître ?
— Non, répond Atlas.
— Comment est-ce que vous me connaissez ? demande Rozen, surprise.
Les deux hommes se tournent dans sa direction et la dévisagent, comme s'ils avaient oublié qu'elle est là, parmi eux. Zhai la fixe avec une animosité certaine. Il fronce les sourcils et lui dit :
— Tu es la fille adoptive du monstre qui a massacré notre famille, bien sûr que nous te connaissons. Le sang de Rozen se glace tandis qu'un frisson indescriptible se répand sur sa chair.
Prise de court, elle bafouille des excuses. La tension dans la pièce devient alors palpable, et elle se sent comme une proie aux aguets de ses prédateurs.
Sous les ordres de Zhai, les gardes du corps la saisissent fermement afin de lui mettre un bracelet sur son poignet. La jeune femme ne résiste pas puisqu'elle a un plan en tête.
Elle sait que si elle parvient à s'enfuir, cela marquera la fin de sa mission et de sa vie. Rozen a toujours pensé que la mort serait la seule solution. Cependant, une nouvelle option s'offre désormais à elle : s'allier aux Raylend en leur donnant l'identité du traître qui se cache parmi eux.
— Je peux trouver un moyen de connaître le nom du traître. Laissez-moi quatre semaines, leur propose-t-elle.
Zhai pouffe de rire pendant qu'Atlas se concentre sur Rozen :
— D'accord, mais tu auras deux semaines, pas plus.
— C'est bon pour moi ! confirme Rozen.
— Oh que non ! Ça ne l'est pas pour moi, s'écrie le milliardaire. Il est hors de question qu'on s'allie avec une révolutionnaire, la fille de leur chef en plus de ça !
Atlas s'approche de son grand-père afin de lui chuchoter quelques mots :
— Il faut absolument qu'on connaisse le nom du traître, et elle peut nous aider.
— Bon sang, Atlas ! C'est bien trop risqué ! Kaios n'aurait jamais laissé sa propre fille entrer dans notre maison et se faire piéger aussi bêtement. Elle essaye forcément de nous tendre un piège, vocifère le milliardaire en essayant de chuchoter tant bien que mal.
— Laisse-moi prendre le risque. J'en assumerai les conséquences, ne t'en fais pas. Et puis... tu me dois bien une faveur, non ? déclare Atlas.
Dans les médias, Zhai Raylend est souvent présenté comme un grand stratège, autoritaire et sans pitié, ayant érigé son empire grâce à de nombreuses manipulations. Néanmoins, ce que les médias ne disent pas, c'est qu'il ne peut rien refuser à son petit-fils bien-aimé. Il est prêt à se plier en quatre pour lui.
— Très bien, comme tu voudras. Mais ne viens pas me demander de l'aide quand elle te trahira, grogne Zhai.
En vérité, le milliardaire ne refuserait jamais, ô grand jamais, de lui apporter son aide. Son petit-fils représente tout ce qu'il lui reste ; tout ce qui lui importe. Zhai soupire, agacé et quitte la pièce sous le regard troublé de la fleuriste.
— Lâchez-la, ordonne Atlas.
Les gardes s'exécutent sans plus attendre, libérant ainsi Rozen de leur emprise.
Silencieuse et attentive, elle observe la scène qui s'offre à elle ; Atlas échange quelques mots avec ses gardes, laissant alors la voie libre pour s'échapper par la porte. La jeune femme pourrait tenter de s'échapper et vivre le reste de sa vie en cavale, mais elle sait d'avance qu'elle ne tiendra pas plus d'un an. Rozen a vécu assez de temps avec les révolutionnaires pour savoir qu'ils la retrouveront sans le moindre problème. Ils ont accès à toutes les caméras de surveillance de la ville.
— Avant de commencer notre collaboration, il y a certaines choses que j'ai besoin de savoir sur toi, déclare-t-il dès que les gardes ont quitté la pièce.
Rozen hoche la tête en guise de réponse. Il poursuit :
— Quelle est ta fausse identité ?
— Kim Omaris. Je suis la nouvelle domestique qui remplace Adeline.
À l'entente du nom d'Adeline, le visage du jeune héritier se crispe par la stupéfaction. Adeline est une domestique hors pair ; elle a toujours été très assidue dans ses tâches. Elle fait partie des meilleures employées, si bien que Zhai la félicite souvent pour son travail impeccable.
— Comment est-ce que tu as fait pour te débarrasser d'Adeline ? lui demande-t-il d'un ton accusateur.
Rozen serre les poings, submergée par la culpabilité qui la ronge de l'intérieur. Les révolutionnaires sont des monstres, et en participant à cette mission, elle se sent également complice de leurs actes abominables. Pendant quelques instants, elle hésite à dire la vérité, mais elle se rend vite compte qu'un mensonge ne ferait que détériorer leur nouvelle collaboration.
— Une équipe de révolutionnaires a empoisonné ses parents durant plusieurs mois pour qu'ils tombent malades et qu'elle prenne des congés pour leur rendre visite.
Atlas a entendu tellement d'atrocités commises par les révolutionnaires que plus rien ne semble le surprendre. Il remet en question ses propres décisions, se demandant si son grand-père n'a pas raison depuis le début. Peut-être que Rozen, elle aussi, finira par le trahir. Après tout, c'est la nature même des révolutionnaires : mentir, trahir, manipuler, tuer sans le moindre remords.
Il observe à nouveau Rozen, comme s'il tentait de sonder son âme. Elle a un visage innocent, tellement innocent, qu'il a envie de croire ses paroles, ses mensonges, en se disant qu'elle est la seule à pouvoir trouver l'identité du traître.
Atlas n'est pas naïf.
Il sait qu'il y a d'autres opportunités de trouver la taupe, mais une part de lui a envie de croire en cette collaboration. Le fait d'avoir suivi son quotidien à travers ses espions lui a donné une raison d'y croire.
— Le bracelet que tu as sur ton poignet est équipé d'une balise GPS. Si tu essayes de t'échapper, le bracelet enverra une décharge électrique qui te paralysera le corps et qui déclenchera un avis de recherche dans tous les postes de police de la ville.
Toute l'attention de Rozen est désormais focalisée sur ce bracelet qu'elle effleure du bout de ses doigts. Il ressemble à un bijou ordinaire, un simple anneau d'argent qui entoure son poignet fin. Il n'y a pas le moindre motif.
— N'essaye pas d'enlever ce bracelet. Tu n'y arriveras pas. Un mécanisme se déclenchera pour t'envoyer une violente décharge électrique qui ne s'arrêtera qu'à mon signal. Si tu te coupes la main, cette fois, ce sera une centaine de tueurs à gage qui seront à tes trousses.
La jeune femme ne frémit pas devant la menace que représente ce bracelet, sachant que les révolutionnaires insèrent des puces pour traquer et contrôler ces soldats. À la différence du bracelet qu'elle tient sur son poignet, les puces des révolutionnaires n'envoient pas de décharge électrique, elles permettent uniquement de localiser et de pulvériser la cervelle de leurs soldats.
Rien ne peut rivaliser avec la cruauté des révolutionnaires.
Rozen est l'une des rares personnes à ne pas détenir cette puce, cela fait partie des multiples avantages qu'elle peut bénéficier en tant que fille adoptive de Kaios.
— Est-ce que tu as des questions ? interroge Atlas.
Rozen ne sais quasiment rien sur lui. Elle le regarde comme si elle pouvait déchiffrer ses secrets dans le détail de ses yeux.
Un tas de questions lui traverse l'esprit :
Comment a-t-il réussi à échapper aux révolutionnaires le soir où sa famille a été tuée ? Comment sait-il autant de choses sur elle ? Pourquoi ne tente-t-il pas de la tuer une bonne fois pour toutes ?
À ses yeux, Atlas est une véritable énigme.
Tant de questions tournent dans son esprit, mais une seule la hante depuis toujours. Elle ravale sa salive et prend son courage à deux mains :
— Pourquoi est-ce que tu ne ris jamais ?
Rozen sait que sa question n'est pas un choix judicieux et qu'Atlas n'y répondra certainement pas, mais elle ne peut pas s'empêcher d'y penser pendant toutes ces semaines. Elle a beau imaginer un tas de raisons, aucune d'entre elles n'est assez bien pour être plausible.
Cent millions pour un simple rire, c'est quelque chose de fou, d'invraisemblable.
Atlas recule d'un pas, comme si elle venait de lui planter un couteau dans le ventre.
— Pourquoi est-ce que ça t'intéresse ?
Elle n'a pas le temps de répondre qu'une silhouette féminine pénètre soudain dans la pièce, captivant aussitôt leur attention. La femme s'approche, dévoilant alors les traits de son visage ciselé par les années. Chaque ride semble raconter une histoire, un récit façonné par le temps. Ses cheveux noirs comme la nuit sont parsemés de mèches blanches et sont noués en un chignon soigneusement arrangé. Quelques mèches rebelles s'échappent pour encadrer son visage aux contours délicats et au teint doré.
Elle se penche en avant, les mains agrippées à ses genoux pour reprendre son souffle, avant de les signaler qu'ils doivent patienter un instant de plus.
— Arya ? s'étonne Atlas.
— Nous avons un code rouge, annonce-t-elle.
Atlas retient son souffle un instant. Il se tourne vers Rozen et lui adresse une dernière parole avant de quitter la pièce :
— Rejoins-moi demain soir, à minuit, dans le jardin royal.
✽ ✽ ✽ ✽ ✽ ✽ ✽ ✽ ✽
Hello à tous ! Je suis désolée pour ce retard !
Le lancement de Living With Boys sous format papier avance à grand pas et je n'avais pas prévu que ça me prendrait autant de temps... :(
En tous cas, j'espère que vous avez aimé ce chapitre !
On se revoit samedi prochain pour la suite ✨
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