CHAPITRE 14
Les dernières paroles de Zhai résonnent en boucle dans l'esprit de Rozen, comme un écho persistant dont elle ne parvient pas à se libérer. Bien qu'elle se soit sentie menacée, ce n'est pas ce qui la marque le plus.
Jusqu'à aujourd'hui, Rozen avait toujours imaginée sa mère comme une comptable discrète. Elle était loin de se douter qu'elle puisse faire partie de la redoutable armée des révolutionnaires. Kaios n'a jamais daigné lui dire.
La fleuriste a passé la journée entière à se perdre dans ses pensées. Comment sa mère était-elle devenue une révolutionnaire ? Était-ce par choix ou un acte forcé par des circonstances qui échappent encore à sa compréhension ? À mesure que les heures passent, ses questions se multiplient : son père était-il également un révolutionnaire ? Étaient-ils les bras-droit de Kaios ?
Du côté d'Atlas, celui-ci se perd aussi dans ses pensées, mais ce n'est pas pour les mêmes raisons. Il en est à son cinquième candidat de la journée, et ça l'ennuie énormément.
— J'ai préparé une blague, déclare Claude, un homme naïf, qui n'a pas compris le véritable intérêt de ce concours.
Atlas a envie de se tirer une balle dans la tête, mais il se retient. Son grand-père ne serait pas ravie d'apprendre la nouvelle de son décès ; c'est bien la seule raison qui l'empêche de mettre fin à ses jours.
— Je t'écoute, se contente-t-il de soupirer.
— Toc, toc, toc.
— Entrez.
— Euh, non... vous êtes censées dire "qui est là" ?
Le jeune héritier fronce les sourcils, perturbé par le candidat n°35. Son cerveau est en train de griller comme un fusible ; Atlas ne comprend pas où il veut en venir et, en toute franchise, il n'a pas envie d'en savoir plus. Le concours a commencé depuis une semaine et demie, pourtant Atlas en a déjà plus qu'assez de tous ces participants. Aucun ne sort du lot : certains tentent désespérément de le faire rire, d'autres essayent de le convaincre qu'ils ont besoin de la récompense, et une poignée de personnes cherchent à tisser des liens d'amitié avec lui.
Rien ne l'émerveille, rien ne le surprend.
Tout ce qu'il voit, c'est une foule de personnes qui s'efforce de se démarquer, mais qui échouent lamentablement à capter son intérêt.
— Je... vais tester une autre blague, affirme le candidat n°35.
— Vas-y avant je me décide à me jeter du balcon.
— Qu'est-ce qui est pire qu'un bébé dans une poubelle ?
— Deux bébés dans une poubelle ? suggère Atlas.
— Non. Un bébé dans deux poubelles.
Un silence envahit la pièce.
Atlas n'esquisse pas le moindre rictus, son expression est aussi neutre que d'habitude. Les deux hommes se regardent, se dévisagent, avant que le jeune héritier se lève de son siège :
— Tu t'appelles comment, déjà ? demande-t-il d'une voix froide, tranchante.
Le cœur du candidat n°35 s'emballe, comme un oiseau affolé contre les barreaux d'une cage. Une lueur d'euphorie traverse son regard ; l'homme n'en revient pas que le célèbre Atlas Raylend, celui dont on ne prononce le nom qu'avec crainte et respect, daigne s'intéresser à lui, ne serait-ce qu'un instant.
— Euh, je-je... m'appelle Claude LeBlanc, bredouille-t-il, sa voix vacillant sous le poids de la nervosité.
Atlas appuie sur la télécommande à ses côtés et se retourne à nouveau vers le candidat n°35 :
— Tu es éliminé, Claude.
Un frisson glacé parcourt l'échine du candidat. La brève lueur d'espoir qui avait illuminé ses yeux s'éteint aussitôt. Devant lui, Atlas se rassoit sur son siège. Il est déjà prêt à oublier le nom de Claude, tel un grain de poussière balayé par le vent.
— Quoi ? Mais, pourquoi... ? Qu'est-ce que j'ai fait ? déclare Claude alors que des gardes font irruption dans la pièce.
— Emmenez-le dans sa chambre pour qu'il fasse ses valises, annonce Atlas.
— Non, non, s'il vous plaît ! Ne m'éliminez pas. Je-Je ferai de meilleures blagues, je vous promets, laissez-moi une chance... Je vous en supplie !
Claude s'approche d'Atlas, mais les gardes se précipitent pour attraper ses bras pour qu'il soit incapable de faire un pas de plus. Désespéré, le candidat n°35 tente de se débattre. Il veut absolument gagner ce concours ; après tout, avec cent millions de dollars en poche, on peut quasiment tout faire. Claude pourrait réaliser son rêve d'offrir une belle maison à sa mère et ouvrir un refuge pour les animaux abandonnés.
— Pourquoi est-ce que vous m'éliminez ? Répondez-moi ! J'ai besoin de savoir... Je peux m'améliorer ! Je peux faire tout ce que vous voulez.
Malgré le fait que les gardes le maintiennent fermement par les épaules, Claude parvient à s'agenouiller sur le sol. Il ramène ses mains devant lui pour supplier la clémence d'Atlas. Le jeune héritier se redresse de son siège et le dévisage longuement. Il remonte ses manches, dévoilant ses avant-bras rempli de tatouages.
— Quoi que tu fasses, quoi que tu dises, tu ne pourras jamais remporter ce concours.
La déception se dessine sur le visage du candidat n°35. Les larmes coulent le long de ses joues, c'est comme si tous ses rêves venaient de se briser devant ses yeux.
— P-Pourquoi ? Qu'est-ce que j'ai fait de mal ? bégaye-t-il.
Atlas se contracte la mâchoire et soupire un bon coup :
— Tu veux que je te dise un secret sur le concours ?
Claude acquiesce immédiatement. Il essuie ses larmes d'un revers de la main et tente de reprendre son souffle.
— Le gagnant ne s'agenouillera jamais devant moi. Il ne sera pas le genre de personne à tenter de me faire des blagues ridicules comme un clown, déclare Atlas.
— Je... Je pensais que... la seule condition de ce concours était vous faire rire, rétorque Claude.
— C'est le cas. Le premier candidat qui me fera rire remportera le concours. Mais, pour ça... le candidat doit être spécial. Et toi tu ne l'es pas.
Cette phrase a eu l'effet d'un coup de poignard dans le cœur. Les yeux de Claude se perdent dans le vide tandis que les gardes s'approchent pour le saisir et le relever de force. Cette fois, le candidat n°35 ne cherche pas à se débattre. Il se laisse traîner jusqu'à la sortie en se demandant qui sera le fameux gagnant de ce concours.
Atlas n'a pas le temps de reposer que son grand-père s'empresse de débarquer en trombe pour le gronder :
— Bon sang, Atlas... Tu sais bien que tu n'as pas le droit d'éliminer les candidats sur un coup de tête ! Tu dois attendre la fin des présélections.
— Je sais, désolé, Paw-Paw.
Le jeune héritier se lève de son siège pour se servir deux verres ; un pour lui et un pour son grand-père. Zhai soupire, mais n'insiste pas davantage. Dès que son petit-fils s'excuse, le multi-milliardaire ne peut pas s'empêcher de le pardonner aussi vite que possible.
— C'était le dix-neuvième candidat que tu as éliminé de la semaine, non ? demande Zhai en attrapant le verre que son petit-fils lui tend.
— Non, c'est le vingtième.
— Dans ce cas, les présélections sont déjà faites. Il nous reste trente candidats en lice, c'est parfait. On peut déjà commencer la deuxième étape du concours qui se déroule à la montagne, sourit Zhai.
Atlas n'est pas réjouie par la nouvelle. Il serre les dents et bois son verre d'un cul sec.
— Est-ce que ça va ? Tu as de la fièvre ? s'inquiète le multi-milliardaire. Tu m'as l'air plus triste que d'habitude.
Zhai pose sa main sur le front de son petit-fils pour vérifier sa température. Atlas déglutit. Le temps d'un instant, il a imaginé un monde sans son grand-père, et son cœur a failli se fendre en deux.
— Paw-Paw, déclare le jeune héritier dans un murmure.
— Oui ?
Atlas soupire et le regarde droit dans les yeux :
— Est-ce qu'on pourrait annuler le concours ? J'en ai marre de passer du temps avec des inconnus. J'ai juste envie de passer du temps avec toi... et seulement avec toi.
Zhai réprime un sourire. Ce n'est pas la première fois qu'Atlas essaye de mettre un terme à ce concours, et ce ne sera probablement pas la dernière fois. Cependant, le multi-milliardaire ne prévoit pas de revoir ses plans.
— Tu sais bien que ce n'est pas possible. Il nous faut un gagnant.
— Et s'il n'y a pas de gagnant ? réplique Atlas.
— Ne dis pas ça. Il y en aura forcément un. Les candidats ont été sélectionnés avec soin. J'ai passé beaucoup de temps à les choisir pour qu'ils soient compatible avec toi.
— Je les ai tous rencontrés, et ils sont vraiment tous nuls.
— C'est normal que tu n'aie pas encore de favoris à ce stade du concours. Laisse-leur le temps.
— Aucun d'eux ne pourra te remplacer.
— Le gagnant ne doit pas forcément me remplacer, Atlas. Ne le vois pas comme ça. Je sais que tu n'aimes pas ce concours, mais je suis persuadé qu'il a du potentiel. Je ne pourrais pas mourir en paix tant je n'aurai pas trouvé quelqu'un qui saura être là pour toi, pour te soutenir et te donner une raison de vivre, même après mon décès. Mon but n'est pas de me trouver un remplaçant, mais de m'assurer que tu ne seras pas seul pour surmonter mon deuil et que tu auras toujours une source de lumière... même lorsque je ne serai plus là, déclare Zhai avec les yeux inondés de larmes. Mince, je suis en train de pleurer ! Est-ce que tu peux me faire un petit sourire pour me remonter le moral ?
Un sourire éclaire immédiatement le visage d'Atlas. Ses traits s'illumine alors d'une chaleur rare.
— Quel gâchis que je sois le seul à voir ce merveilleux sourire ! remarque le multi-milliardaire.
Alors qu'Atlas s'apprête à dire quelque chose, Donnah, l'intendante de la famille Raylend, entre brusquement dans la pièce.
— Un problème ? demande Zhai, intrigué.
— Oui... J'aimerais vous informer d'un incident provoqué par la nouvelle domestique que nous venons d'embaucher.
Zhai et Atlas échangent un regard surpris.
Il n'y a pas de doute : elle parle bien de Rozen.
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Hello, hello !
J'espère que vous avez aimez ce chapitre ! 🫶🏻
🥸 À votre avis, qu'est-ce que Rozen a encore fait ?
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