Chapitre 11

Dans l'obscurité de la nuit, Sylas sillonne les jardins des Raylend à la recherche de la tignasse blonde de sa meilleure amie. Steven, son coéquipier, tente de le suivre malgré ses blessures dans l'abdomen.

— Petrovas, ramène ton gros cul ! On rente à la maison ! hurle le capitaine.

— Ce n'est pas comme ça que tu arriveras à la retrouver.

— Ferme ta grande gueule, Steven. ! Tu me casses les couilles.

— Détends-toi, souffle-t-il.

— Tu sais ce qui pourrait me détendre là, tout de suite, maintenant ? s'énerve Sylas. C'est mon poing dans ta sale gueule !

Steven s'arrête de le suivre, agacé par le comportement de son capitaine.

— Rends-toi à l'évidence. C'est fini pour nous. On vient d'échouer l'exfiltration, déclare-t-il en essayant de le raisonner.

— Putain ! Je vais péter un plomb ! jure Sylas à bout de forces.

— Tous les membres de notre escouade viennent de mourir sous nos yeux. Il faut qu'on parte sans elle, et vite.

— Pars, vas-y ! Mais, n'oublie pas que si on revient sans Petrovas, Kaios va nous pulvériser la cervelle. C'est ça que tu veux ? Parce que moi, non !

Steven commence à prendre conscience que sa vie pourrait s'achever en un rien de temps. Alors qu'il s'apprête à rejoindre Sylas, un coup de feu retentit. Le corps de Steven s'effondre aussitôt. Une balle vient de perforer son cœur.

Sylas se retourne en réalisant que des gardes de la famille Raylend l'entourent. Il est pris au piège. Pourtant, il n'y a aucun once de peur dans son organisme.

— Vous venez de tuer le plus pacifiste des révolutionnaires, bravo ! grogne Sylas.

— Attrapez-le ! ordonne Ivan, le chef de la sécurité.

— Sept contre un, vous êtes vraiment des sous-merdes !

Sans grande difficulté, les gardes parviennent à neutraliser le révolutionnaire pour le mettre à genoux. Afin de montrer son mécontentement, ce dernier n'hésite pas à cracher sur les chaussures des gardes.

— Sylas Ollister, capitaine d'escouade, membre de la nouvelle génération. Quel plaisir de te voir ici !

— Plaisir non-partagée.

Ivan et Sylas se connaissent bien. Chaque fois que Kaios veut s'en prendre à la famille Raylend, Sylas est envoyé sur le terrain. Ces deux-là ont donc été amené à se battre à plusieurs reprises, mais jusqu'alors, aucun match n'a pu déterminer le plus fort des deux.

— Arrête. Tu vas me fendre le cœur, se moque Ivan.

— Bah voyons, comme si t'avais un cœur, enfoiré.

— Tu pensais vraiment que tu pouvais venir chez les Raylend sans te faire massacrer ?

— Honnêtement ? Non. Tout a été organisé à la dernière minute. Je savais déjà que j'allais mourir en venant ici.

Ivan affiche un sourire sur les lèvres. Il dégaine son arme et place son doigt sur la gâchette. Lorsqu'il s'apprête à retirer la vie à son plus grand rival, la voix d'Atlas retentit à travers son oreillette :

— Ne tire pas.

— Mais... bafouille Ivan.

— C'est un ordre. J'arrive.

Frustré, Ivan range son arme et retire son oreillette. Il aurait tant voulu tuer Sylas qu'il ne peut pas s'empêcher de grogner :

— Putain, fais chier !

— Il y a un problème ? demande Samira.

— Atlas a ordonné de ne pas le tuer ! déclare Ivan avec beaucoup d'amertume.

— Ah bon ? Pourquoi ? s'étonne Sylas.

— A toi de me le dire.

— Aucune idée. J'ai déjà essayé de le tuer deux ou trois fois, donc je suis autant choqué que toi ! Je pensais qu'il me détestait, annonce le révolutionnaire. Vous pensez qu'il a eu un coup de foudre pour moi ? Genre un ennemie to lovers ?

— Atlas a une tête d'ange, et toi une tête de cul. Arrête de rêver ! Ça n'arrivera jamais, riposte Samira.

— Mais tu t'es vue ? Avec ton nez écrasé, tu ressembles à un bouledogue français.

Samira tente de bondir sur le capitaine, mais ses coéquipiers l'en empêchent. Sylas en profite pour envenimer les choses :

— Et pour ton information, l'amour ne repose pas uniquement sur l'apparence physique. Sinon, les gens moches comme toi ne trouveraient jamais de partenaire !

— Je vais le tuer ! Je vous jure que je vais le tuer !

— Samira, ressaisis-toi. Atlas s'avance vers nous, déclare Ivan à voix basse.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Samira entreprend un pas en arrière, avec les poings serrés et la mâchoire contractée. Bien qu'elle brûle d'envie de s'en prendre au révolutionnaire, elle n'oserait jamais défier un ordre venant d'Atlas.

— Ollister ! s'égosille Rozen en courant dans sa direction.

Elle se précipite pour le prendre dans ses bras, Sylas eut instinctivement un air dégoût. Peu importe la situation, les contacts physiques n'ont jamais été sa tasse de thé.

— Qui... êtes-vous ? demande le capitaine en faisant mine de ne pas la reconnaître.

— Je suis déjà au courant. Pas besoin de jouer la comédie, intervient Atlas.

— Quoi, déjà ? Mais ça ne fait qu'une semaine !

— Merci remuer le couteau dans la plaie, lance la fleuriste. J'ai pourtant tout bien fait pour garder mon identité secrète.

Rozen se dégage de son étreinte et recule d'un pas. Elle soupire pendant que Sylas toise Atlas du regard. Il ne peux pas s'empêcher de se demander pourquoi est-ce qu'il ne les tue pas. 

Après tout, Rozen et Sylas font partie des révolutionnaires, ses ennemies jurés. Il pourrait se venger de Kaios pour tout le mal qu'il a pu lui faire. Malgré tout, Atlas se tient là, debout devant lui, l'air de rien.

— Pourquoi est-ce que tu ne me tues pas ? lance Sylas en brisant le silence environnant.

— Il paraît que tu connais le traître qui se cache parmi mes employés. Dis-moi son nom et je te laisse la vie sauve, propose Atlas.

— Et qu'est-ce qui me fait dire que tu ne tueras pas ensuite ? enrichit le capitaine sous le regard désapprobateur de Rozen.

— Je ne brise jamais mes promesses, certifie Atlas. Après, si tu ne veux pas me croire, c'est ton problème, pas le mien.

— Ta proposition est alléchante, mais je risque de te décevoir... Je ne connais pas l'identité de la taupe.

— Quoi ?! s'indigne Rozen, abasourdie. Mais je croyais que tu le connaissais, moi !

— Je t'ai seulement dit que je lui avais parlé ! Sa voix a été modifiée, donc je ne saurais même pas dire si c'est un homme ou une femme.

La fleuriste s'écroule sur l'herbe :

— Pourquoi est-ce que tu ne lui a pas demandé son nom ?

— Parce que tu crois vraiment que le traître me répondrait ? Mais t'es devenue conne ou tu l'as toujours été ?

— Je vais t'enculer, lâche-t-elle sous le feu de l'action.

— Vas-y ! Je n'attends que ça, se moque Sylas.

— Mais t'es dégoûtant !

Rozen arrache une poignée d'herbe pour le balancer sur la figure de son meilleur ami.

— Par pitié, arrêtez avec vos disputes de couple. Vous me donnez mal à la tête, s'interpose Atlas.

— Moi, en couple avec cette "chose" ? s'exclame Sylas. Plutôt crever. Ivan, tire-moi une balle dans le crâne !

— Ivan, tire-moi aussi une balle dans le crâne ! On va jamais réussir à trouver ce traître, donc autant en finir maintenant ! rétorque Rozen.

Pris au dépourvu, Ivan lance un regard de détresse à Atlas afin de recevoir ses ordres. Le jeune héritier fronce les sourcils et lui adresse un hochement de tête. Ainsi, à contrecœur, Ivan range son arme dans son étui.

— Être suicidaire, c'est un critère de sélection chez les révolutionnaires ? déclare Atlas.

— Pas forcément, mais maintenant que tu le dis, c'est vrai qu'on ne tient pas beaucoup à nos vies, remarque Sylas.

— Tu parles trop ! Reste en retrait ou il va te tuer ! chuchote Rozen en s'adressant à son meilleur ami.

Bien que la tonalité de sa voix soit basse, Atlas n'a aucun mal à entendre ses paroles. Il remonte ses manches, révélant ses tatouages, et attrape son arme afin de le pointer sur le visage du révolutionnaire.

— Elle a raison. Je vais te tuer, affirme l'héritier en retirant la sécurité de son arme.

— Maintenant ?

— Oui, confirme Atlas.

— OK.

Sylas ferme les yeux. Rozen se précipite pour s'immiscer entre eux :

— Non ! Ce n'est pas OK ! Défends-toi.

— Pourquoi faire ? soupire le capitaine en ouvrant les yeux.

— Il va te tuer si tu n'essayes pas de te défendre. Fais un effort, Ollister ! Atlas ne plaisante pas avec ça ! grommelle la fleuriste.

Sylas déglutit. Il marque un long silence, la mâchoire crispée.

— J'ai pour mission de te ramener au QG. Si j'échoue en revenant avec les mains vides, ton père me pulvérisera la tête.

— Reste ici alors. Aide-moi à trouver le traître, on peut le faire à deux !

— La puce de Kaios fonctionne à distance. Tu l'as oublié ? déclare Sylas, dépité. Je doute qu'Atlas nous laisse partir tous les deux d'ici, ce serait une perte de temps de débattre sur ça.

Les larmes coulent sur les joues de Rozen malgré tous ses efforts pour les retenir. Sylas essaye à son tour de retenir ses larmes, en vain. Voir sa meilleure amie aussi malheureuse le fend le cœur. Il a l'impression de lui planter un couteau dans la poitrine, de l'abandonner pour toujours.

— Je suis désolé, Petrovas, mais il va falloir que tu me laisses mourir et que tu trouves l'identité du traître sans moi.

— S'il te plaît... ne m'abandonne pas, sanglote Rozen.

— Merci de m'avoir supporter toutes ses années, sourit Sylas.

A leurs côtés, Samira mime un bâillement tandis que d'autres gardes réprime des sourires face à leurs derniers instants. Atlas observe la scène, en silence, avant de jeter un regard menaçant à ses gardes pour qu'ils soient plus respectueux.

— Tu vas me manquer, déclare-t-elle entre deux sanglots.

— Tu vas me manquer aussi.

Des gardes répriment à nouveau des sourires, et c'est la goutte de trop pour Atlas. Il les frappe sur la nuque avec le dos de son arme afin d'accentuer la puissance de son coup. Puis, à voix basse, il les menace :

— Le prochain qui rigole sera le festin d'Haku. Est-ce que vous m'avez bien compris ?

Ils acquiescent sans la moindre hésitation. Atlas prend une profonde inspiration et attarde une nouvelle fois son attention sur les deux révolutionnaires.

— Atlas, vas-y ! Je suis prêt, annonce Sylas.

L'héritier braque son arme sur son front et, la seconde d'après, rien ne se passe. Au plus grand étonnement de tous, Atlas ne tire pas. Il baisse son arme et passe une main dans ses cheveux.

— Lâchez-le.

— Pardon ? s'offense Ivan.

— Ne me faites pas répéter. Vous avez très bien compris ce que je viens de dire, grogne Atlas.

Ses ordres ont un effet immédiat : les gardes détachent leur emprise et se mettent à l'écart. Tout le monde ici présent est surpris par la tournure des évènements.

— Vous pouvez disposer. Merci d'avoir pu neutraliser l'attaque surprise des révolutionnaires, ajoute l'héritier en s'adressant à ses employés.

Bien que les gardes ne soient pas ravis à l'idée de laisser Atlas en compagnie de ces deux individus hautement dangereux, aucun ne s'y oppose. Ils savent que, même si Sylas est un excellent combattant, ses blessures ne lui permettraient pas vaincre leur boss. Atlas n'est pas qu'un simple héritier fortuné; il peut aisément rivaliser avec un membre des révolutionnaires. Il s'est entrainé toute sa vie avec les plus grands tueurs à gages, dans l'espoir de pouvoir un jour arracher le cœur de son pire ennemi, Kaios.

Lorsque le trio improbable se retrouve seuls, Sylas prend la parole :

— Tu n'as pas peur qu'on te tue ?

— Non, vraiment pas, répond Atlas en contractant sa mâchoire.

— Pourtant, tu devrais ! rétorque le capitaine.

Rozen roule des yeux et s'empresse de lui asséner un coup de coude.

— Ne dis pas n'importe quoi ! le sermonne-t-elle.

— Putain, Petrovas. Pas la peine de m'hurler dans les oreilles !

— Je le ferai jusqu'à ce que tu lui fasses des excuses ! Je n'ai pas envie de mourir à cause de toi !

Atlas est attentif à leur chamaillerie. D'ordinaire, il aurait coupé court à leur conversation. Mais en les observant interagir avec une telle spontanéité, le jeune héritier prend conscience que l'image qu'il s'était faite d'eux était loin de refléter la réalité.

Ces deux-là ne sont pas n'importe qui ; ce sont les enfants chéris de Kaios et Dean, les chefs de l'armée des révolutionnaires. Leurs morts pourraient déclencher une colère immense, une guerre sanglante, une révolte qui embraserait le monde entier. Pourtant, Rozen et Sylas semblent insouciants. Ils ignorent à quel point leurs pères les aiment et les protègent.

Mais Atlas, lui, a bien compris l'intérêt de les avoir comme alliés. Leur présence à ses côtés représente un atout inestimable dans sa quête de vengeance.

— Vous deux, suivez-moi ! intervient Atlas sous le regard stupéfait du duo de révolutionnaires. 

J'ai adoré écrire ce chapitre ! J'espère que vous avez aimé le lire ! :))

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