Chapitre 11
TaeHyun avait avec lui la tablette qui projetait les caméras de la maison. Il me fit signe qu'il y avait trois hommes en bas. Je préparai une grenade flash en réglant dix secondes. Je la dégoupillai et attendis sept secondes avant de la lancer en bas. Ainsi aveuglés, ils foncèrent dans les murs et les meubles de la maison. Je descendis la rampe des escaliers et avançai accroupie pour ne pas recevoir de coups. Je fis un croche-pied à l'un d'entre eux avant de le retourner sur le dos et nouer ses mains derrière son dos. Les deux autres étaient toujours aveuglés, je pouvais le voir avec mes lunettes spécialisées et qui protégeaient mes yeux de la grenade flash. Quand le cliquetis d'une arme retentit dans l'air, j'eus à peine le temps de me glisser dans la cuisine que son propriétaire fit feu n'importe où. Exécutant son sbire.
Qu'est-ce qu'il est con. C'est pas très professionnel, tout ça. Je fis le tour de la maison pour le surprendre par derrière mais il se retourna au moment où j'arrivais. Je voulus sortir mon arme mais il m'en empêcha en tirant au-dessus de ma tête. Je sautai par-dessus le canapé et pus enfin la sortir. Quand je glissai sur le côté pour lui tirer dessus, il était déjà à terre. TaeHyun l'avait tué par lui-même. Je me relevai en me tenant la hanche, marquée par la chute.
-Quand tu es partie, j'ai appelé le boss avec ton deuxième téléphone pour ne pas être tracé. Le plan est en action, tout devrait bien se passer.
-D'accord, allons-y. Nous n'avons pas de temps à perdre.
Il ne manquait plus que deux cibles à l'extérieur. Selon TaeHyun, ils étaient dissimulés dans l'un des immeubles autour de la maison dans un rayon d'un kilomètre. Pour cela, nous allions devoir ruser.
-TaeHyun ! Qu'est-ce qu'on fait de lui ?
Je lui désignai mon otage du menton, il se mit à sourire d'un air sadique.
Nous voici donc à la cave, debout face à l'otage assis par terre. TaeHyun le gifla violemment, finissant de lui faire reprendre ses esprits. Il s'accroupit puis releva la tête de l'homme en lui attrapant les cheveux.
-Où se cachent les deux autres. Et dépêche-toi, on n'a pas de temps à perdre.
L'homme lui cracha à la figure avant de manger quelque chose. J'attrapai une bouteille trainant sur la table puis ouvris sa bouche en grand pour la rincer, il se mit alors à suffoquer comme s'il allait se noyer. TaeHyun ne comprit pas tout de suite ce que je faisais, trop occupé à enlever le crachat de son visage.
-Il avait une dent de cyanure, il allait se suicider pour éviter de nous répondre.
En colère, TaeHyun lui affligea un coup de pied retourné sur le côté de la tête, l'envoyant à terre. Son oreille commençait immédiatement à saigner. Je me retournai pour prendre un taser mais alors que j'allais envoyer la première décharge, il se mit à crier comme une fillette.
-Ils sont cachés à l'Es et à l'Ouest ! Le premier se trouve dans le bâtiment abandonné de l'ancien supermarché et l'autre sur le toit des immeubles sociaux.
TaeHyun et moi échangeâmes un regard entendu avant de partir. Avant de quitter le sous-sol, j'envoyai un coup de taser pour endormir notre otage. TaeHyun téléphona au boss en signalant sa présence ainsi que celles de deux cadavres chez nous. Avant de sortir de la maison par derrière, nous allumâmes nos talkiewalkies et vérifiâmes s'ils fonctionnaient bien. Ceci fait, nous échangeâmes une poignée de mains avant de foncer sur notre objectif. Je me chargeai du gars à l'ancien supermarché tandis qu'il se chargeait de celui sur les toits, étant plus casse-cou que moi.
Je me faufilai dans les ruelles sombres, capuche sur la tête, progressant doucement vers l'endroit où je me rendais. Je ne devais pas éveiller les soupçons des gens aux alentours comme les soupçons du gars qui pouvait me canarder à tout moment. Mon cœur battait fort dans ma poitrine, au même rythme que mes pas martelant le trottoir humide de cette nuit pluviale. Quelques mèches collaient sur mon front, mêlant l'eau de la pluie à mes sueurs froides. Je devais à tout prix conserver mon sang-froid pour éviter un écart de concentration. Sinon... j'étais morte.
Je relevai la tête et aperçus l'ancien supermarché dans mon champ de vision. Il était caché là, ce bouffon. J'essayai d'apercevoir le canon d'un sniper mais ne voyais rien du tout, éblouie par la lumière des phares des voitures et des lampadaires. Je progressai sur les derniers mètres avant d'arriver en face du bâtiment. Manquait plus qu'à trouver le passage qui nous permettait l'accès, puisque l'entrée était condamnée avec un cadenas. Si je fixe le silencieux, je pourrais le sauter avec mon arme. Mais je préfère garder toutes mes balles. Je fis le tour du bâtiment, glissant ma main contre la vieille pierre datant d'il y a trente ans. J'aperçus une fenêtre brisée, menant directement au deuxième étage. Je préparai mon grappin à ma ceinture puis appuyai dessus pour l'envoyer au-dessus de la fenêtre. Une fois celui-ci bien attaché, ayant vérifié en tirant dessus, je montai doucement contre le mur.
J'arrivai à l'étage sans trop de mal. Je me laissai quelques secondes à écouter les alentours et comme je n'entendais rien, je décrochai mon grappin pour le ranger à ma ceinture. Je glissai le long du mur, dans la pénombre du lieu, afin de ne pas être vue. La tension était plus que palpable, j'avais l'impression que les battements de mon cœur effrénés pouvaient résonner contre les murs. Je rehaussai mes lunettes sur mon nez et aperçus qu'il n'y avait personne à cet étage. Je montai alors pour le troisième et dernier étage, il devait certainement s'y trouver là-bas, près de la fenêtre logiquement pour un angle de vue sur ma maison. Soudain, mon talkiewalkie se mit à grésiller. Les mains tremblantes, je le décrochai pour éviter de faire plus de bruits. Je m'affaissai contre le mur, angoissée comme jamais à l'idée qu'il ait pu m'entendre.
-Su, tu m'entends ?
-Oui. Qu'est-ce qu'il y a?
-Je l'ai abattu, on va venir le chercher. Tu en es où ?
-J'arrive au troisième étage, il doit s'y trouver.
-D'accord. Sois prudente. Je t'aime.
-Merci. Moi aussi je t'aime.
Encouragée, gonflée à bloc, je rangeai le talkiewalkie dans sa pochette à ma ceinture puis m'avançai à l'étage. Personne. Il n'y avait personne. A part un fusil de sniper à la fenêtre. Je retins ma respiration avant de déglutir.
-Tiens tiens tiens.
Je me retournai, manquant de glisser. Une silhouette se détacha de l'ombre, un sourire mesquin sur le visage barré par une cicatrice, partant de l'arcade gauche à la joue droite. Alors qu'il s'avançait, je reculais. Un rat fila entre mes jambes, m'arrachant un cri de surprise.
-Tu n'as pas l'air très rassuré, Suzanne.
-J'vous emmerde.
-Même dans cette situation tu restes polie. Est-ce que tu continueras d'être polie en me suppliant de continuer ?
-... continuer quoi ?
-De marteler ton corps de mes rudes coups de bassin.
Horrifiée, je portai une main à ma bouche avant de la descendre sur mon arme. Mais un coup de feu près de mon pied m'en dissuada.
-Lève tes mains.
Je m'exécutai. Il approcha encore, je cessai de reculer. Réfléchis, réfléchis, réfléchis. J'ai une idée ! Je me mis à faire trembler mes jambes puis à tourner de gauche à droite, comme manquant de perdre connaissance. Mon agresseur s'en rendit compte et me laissa tomber à terre, riant mesquinement. Je fermai les yeux dans un dernier soupir, puis me laissai approcher. Une fois qu'il fut assez proche, j'exerçai un pied levier en le posant sur son ventre, le projetant en arrière. Par chance, son arme glissa de ses mains et fut envoyée plus loin. Evitant de perdre du temps à aller la chercher, je sortis la mienne et le visai.
-On fait moins le malin là, hein ?
Il passa sa langue sur ses dents, comme amusée par se virement de situation. J'allai chercher son pistolet et l'utilisai comme deuxième arme. A présent armée des deux mains, j'étais confiante, mais je ne devais pas faire d'excès non plus.
-Eh bien, qu'est-ce que tu attends ? Tire-moi dessus.
Je tirai sur le chien, plaçant une balle dans chaque arme. Mais j'hésitai, et je ne savais pas pourquoi.
-Pourtant, c'est ce que TaeHyun aurait fait depuis bien longtemps. Aurais-tu peur ?
-Non.
-Alors ? Tire !
Je me mordis la lèvre inférieure, incapable d'abattre quelqu'un. Impatient, il se releva du sol et fonça sur moi dans un cri de rage. Je fermai les yeux et tirai sans m'arrêter. Son corps s'effondra sur moi, son sang coula sur mes vêtements. Des larmes commencèrent à couler sur mes joues. Pourquoi je pleure ? Il me voulait du mal, je n'ai fait que me défendre. Et ce n'était pas fini, des pas approchaient. Je rejetai le corps par terre et courus me cacher dans un coin de l'étage.
-Suzanne ?
-T-TaeHyun !!
Je lâchai mes armes en tombant par terre, soulagée qu'il soit venu me rejoindre. Il s'agenouilla et s'empressa de me serrer contre lui, embrassant mon visage de toute part.
-Je l'ai tué. Je l'ai tué.
-C'est ce qu'il fallait faire, Suzanne. C'est passé, tout va bien maintenant. Ton talkiewalkie était resté bloqué, j'ai tout entendu. C'est fini, je suis là. Il ne te touchera pas.
Je sanglotai dans ses bras, relâchant toute la pression que j'avais emmagasiné. Une équipe de nettoyage nous rejoignit pour se charger du corps, nous rejoignîmes la voiture du boss pour se rendre au QG. Notre maison était encore en nettoyage et il était dangereux d'y retourner pour le moment car nous allions très vite être recherchés pour avoir tué quatre hommes. J'appris que notre otage était le fils du patron que TaeHyun m'avait parlé, la raison pourquoi il ne l'avait pas tué.
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