Chapitre 11

Annyeong tout le monde ! Voilà la suite de la fic. Tard mais à l'heure ! XD N'hésitez pas à commenter et bonne lecture !

Le temps s'écoula et l'état de Jungkook s'améliora. Sa fièvre le quitta, réjouissant Jimin qui s'inquiétait de l'état de son patient. Peu importe qui il était, à ses yeux, pour le moment, il n'était qu'un homme blessé qu'il avait le devoir de maintenir en vie.

Non pas parce qu'on le menaçait, mais parce que cela faisait parti de ses convictions. C'était plus une question d'humanité qu'autre chose. Il se fichait des menaces de Namjoon, ce n'était pas pour cela qu'il s'acharnait à le guérir, empêchant le soldat haut gradé de s'en prendre à lui.

Il n'avait pas le droit de lui donner d'ordre, car dans la hiérarchie, il était son supérieur. Mais Jimin s'imposait sans le provoquer réellement, car s'il le faisait cela se passerait mal pour lui. Il avait donc mené à bien sa mission et guéri Jungkook avec son aide, car il ne pouvait le toucher.

Haptophobie.

Jungkook l'était devenu et était incapable de supporter les touchers. Les tortures avaient marqué son âme et son corps de toutes parts, au plus profond de lui-même. Et Jimin se doutait fortement de la raison qui l'avait fait devenir ainsi.

Jungkook était coopérant pour les soins, préférant le faire lui-même plutôt que Jimin le touche. Les sensations en étaient bien trop horribles et son corps réagissait violemment lorsqu'il sentait une main sur sa peau devenue extrêmement fragile et sensible. Namjoon s'en amusait bien.

En un peu plus d'un an, il avait largement eu le temps de façonner Jungkook comme il le souhaitait. En faire sa poupée, détruire son âme et jouer avec son corps. Le frappant sans cesse, le mutilant, le brûlant, brisant ses os, testant toutes sortes de tortures nouvelles ou anciennes.

Simulations de noyade, privations de sommeil, coups, isolements, menaces psychologiques, humiliations, la goutte d'eau...

Mentalement, aussi bien que physiquement l'ancien soldat était désormais totalement brisé, mais il gardait toujours le silence, énervant au plus haut point Namjoon. Posant sans arrêt la même question, chaque jour, après chaque blessure qu'il lui causait. Mais il ne disait jamais rien, ce qui lui valait encore plus de coups, un peu plus violents lorsque la patience de Namjoon s'effritait.

Jusqu'à ce qu'il le batte au point qu'il en tombe inconscient.

Mais il ne disait rien.

Parfois la douleur était telle qu'il ne la supportait plus, et il songeait à révéler ce qu'il désirait, pour qu'elle cesse enfin. Mais juste avant de desceller ses lèvres, il se souvenait et reprenait conscience, s'empêchant de répondre.

Namjoon avait besoin de ces informations, car le dictateur les voulait. Mais jamais il ne lui ferait ce plaisir. Il n'avait peut-être plus rien et ne possédait même plus sa propre vie, mais il lui restait encore ça.

Grâce à Jimin, Jungkook put récupérer sans se faire blesser à nouveau. S'il ne retenait pas Namjoon, celui-ci ne se gênerait pas pour le frapper de nouveau, peu importe son état. Tant qu'il ne crevait pas tout allait bien dans le meilleur des mondes pour lui.

Il reprit donc des couleurs, mangea enfin convenablement, car Jimin lui amenait des plats normaux, ce qui n'était pas le cas avec Namjoon qui lui apportait les restes et le stricte minimum en le traitant de merde tout en insistant sur le fait qu'il ne méritait que ça.

Ses blessures cicatrisèrent petit à petit, bien que les plus profondes mettaient plus de temps à le faire. Après un peu plus d'une semaine, il put enfin se déplacer sans trop de douleur. Cela faisait bien longtemps qu'il ne s'était pas senti un minimum libre de ses mouvements.

Il était soit inapte au déplacement à cause de ses blessures, soit séquestré par Namjoon. De ce fait, rares étaient les fois où il pouvait sortir. Et c'est pour ça qu'il inspira longuement l'air frais dans ses poumons une fois dehors.

Cela faisait désormais six mois qu'il n'était pas sorti d'entre ces quatre murs. C'était à en devenir complètement fou. Il avait beau résister à certaines choses, il savait que psychologiquement, il avait des problèmes. Parfois il le voyait, d'autres fois il n'en avait pas conscience.

Comme le fait de sans arrêt se gratter le poignet jusqu'au sang. Il ne s'en rendait pas tout le temps compte et s'en arrachait lui-même la peau avec ses ongles parfois. Son corps avait reçu tellement de douleur que certaines ne lui faisaient plus rien. Elles étaient considérées comme minimes alors quelles étaient tout aussi graves.

Il ne savait même pas pourquoi il faisait ça. Ça se faisait inconsciemment. Jimin l'avait vu faire plusieurs fois, mais n'avait rien dit, observant et cherchant les raisons silencieusement.

Il avait tenté de dialoguer avec Jungkook, oubliant momentanément ce pour quoi il était là. Mais il ne parlait que très peu, voire jamais. Cela dépendait des jours et du sujet. Lorsque c'était trop personnel, il se renfermait immédiatement, coupant tout dialogue.

Jungkook mit ses chaussures et marcha dans la cour extérieure, profitant de ce petit instant de liberté. Douce ironie pour quelqu'un d'enfermé. Il laissa ses jambes le guider jusqu'à l'arrière, frissonnant et se méfiant de chaque regard des soldats situés à l'extérieur, qui ne le quittaient pas des yeux.

Il resta à une grande distance d'eux, ne les approchant jamais de trop près et se retrouva près du puits. Il s'y approcha lentement, sans émotion et posa ses mains sur la pierre. Penchant doucement sa tête, il fixa le fond et se perdit dans ses pensées, imaginant toutes sortes de situations.

S'il sautait là-dedans, il pourrait en mourir non ? La profondeur semblait assez grande et il pourrait se noyer dans le fond sans que personne ne vienne l'en empêcher. Il y pensa sérieusement, se pencha un peu plus et admira le fond. Il en avait tellement envie... Sauter là-dedans lui permettrait de cesser de souffrir sans arrêt.

Abréger ses souffrances était une vision idylique de son futur sombre.

Il se pencha un peu plus avant de se stopper, les souvenirs remontant jusqu'à lui. Il se recula rapidement, le souffle soudainement court et le cœur affolé. Puis il se mit à rire. Namjoon avait vraiment réussi à le détruire. Il n'était même plus capable de mettre fin à sa propre vie à cause de tous les traumatismes qu'il lui avait causés.

La noyade en était devenue une phobie. Combien de fois avait-il senti son cœur s'arrêter avant de rebattre une fois réanimé ? Le nord-coréen adorait le noyer puis le réanimer juste après, il en jouissait fortement. Alors Jungkook était incapable de sauter là-dedans pour s'y noyer. Il en avait bien trop peur.

Il cessa son rire et redevint vide d'émotion, puis marcha lentement à l'arrière. Il se rendit finalement dans le jardin japonais. Les gravas blancs crissèrent sous ses pieds. Ceux-ci avaient une disposition décorative spécifique aux jardins japonais, mais cela n'importait pas à Jungkook qui marchait dessus jusqu'à l'étang.

Il monta sur le petit ponton, fixant sans émotion les poissons nageant paisiblement sous lui. Il se perdit dans ses pensées en les regardant puis sembla reprendre conscience après quelques minutes sans bouger, ni cligner des yeux.

Il reprit son chemin et se rendit proche du jardin florale un peu plus loin. Il s'assit sous un cerisier et toucha la terre comme s'il la découvrait. Et c'était le cas de le dire. Après tant de temps passé séquestré il avait perdu la sensation de nombreuses choses.

D'autres avaient quitté son esprit au point qu'il ne se souvenait plus de nombreuses sensations et paysages. Parfois il se demandait ce qu'il était devenu depuis le jour où tout avait basculé. Il n'était pas là, mais depuis le temps, il était sûrement rentré.

Jungkook ne savait même pas ce qu'était devenue la Corée. Si ça s'était arrangé, s'ils avaient perdu, si on les aidait ? Il aurait vraiment aimé savoir, mais il avait été coupé de tout. Tout ce qu'il savait, c'était la façon dont était construit chaque mur et sol entre lesquels il était enfermé.

Où se situait chaque trace de son propre sang, où se trouvait les tâches noires de saleté, le nombre de carreaux sur les murs de papier. Il avait largement eu le temps d'observer chaque millimètre des deux pièces dans lesquels il vivait.

Généralement il n'en avait accès qu'à une seule, sa "chambre". L'autre, il avait eu le temps de l'observer après s'être fait torturer lorsqu'il était encore conscient et que Namjoon l'avait enfin laissé en paix. Le corps meurtri, allongé au sol, ensanglanté, il ne pouvait qu'observer ce qui l'entourait.

Un soupire traversa la barrière de ses lèvres tandis qu'il fixait les fleurs face à lui. Aucune émotion ne traversait ses yeux ternes, la brillance qu'ils avaient autrefois avait totalement disparu pour n'en laisser que deux orbites sombres et vides de sentiments.

Jimin n'avait vu qu'une partie du dessus de l'iceberg. Jungkook, même s'il n'en n'avait pas l'air, avait de grandes séquelles psychologiques suite aux séquestrations et à la torture. Et c'était totalement normal. Aucun être humain même fort mentalement, ne l'était assez quand on réduisait son corps et son âme en miette.

Les insultes répétées à longueur de journée finissaient toujours par l'atteindre, qu'il le montre ou non. Et parfois les blessures physiques ne valaient pas celles mentales.

La haine.

La peur.

L'anxiété.

L'angoisse.

La culpabilité.

La dépression.

L'abandon.

Le dégoût de soi.

Jungkook était passé par tous ces sentiments. Il n'arrivait même plus à penser correctement. À discerner le bien du mal. À discerner s'il avait mérité ce traitement ou non. Namjoon avait finalement gagné. À le rabaisser constamment, il se rabaissait lui-même.

S'en voulait énormément pour le poids de la mort de sa famille qui hantait de plus en plus ses cauchemars. Les nuits étaient devenues des épreuves insurmontables. Le manque de sommeil dû à ses insomnies et cauchemars de plus en plus violents se voyait à travers ses cernes.

Il en était même venu à penser qu'il méritait ça. Car il n'avait pas su être à la hauteur de son poste. Il aurait dû sauver la présidente au péril de sa propre vie, et peut-être que tout ça ne serait jamais arrivé. S'il avait mené à bien sa mission, s'il avait sauvé son pays comme il le devait.

Il en avait pourtant fait le serment en devenant soldat.

Et au final quoi ? Il n'avait pas accompli ce pour quoi il avait donné sa vie. Protéger son pays et sa population. Sa famille était morte par sa faute, la présidente aussi, le pays était en guerre.

Maintenant qu'il y pensait Namjoon l'avait informé de l'état déplorable de son pays. Mais sans révéler la vérité. Le nord-coréen se délectait de la souffrance qu'il voyait sur ses expressions, dans ses yeux lorsqu'il contait des horreurs qui s'y déroulait, amplifiant sans arrêt la réalité pour le détruire un peu plus. En lui répétant que tout était de sa faute, toujours sa faute.

Si au début il n'y croyait pas, à force d'être répété, cela s'était incrusté en lui. Il ne pouvait plus rien y faire d'autre que croire ses paroles qui avaient l'effet d'un violent coup de poignard dans le coeur.

Les heures s'enchaînèrent alors que Jungkook était perdu dans ses pensées. Jimin se rendit dans sa chambre pour le soigner, mais s'inquiéta immédiatement en ne le trouvant pas à l'intérieur. Était-ce Namjoon qui l'avait embarqué avec lui ?

Il sortit précipitamment de la chambre et observa partout autour de lui, à la recherche de l'ennemi. Il courut à l'extérieur, inquiet pour son patient et fit le tour de la maison. Lorsqu'il arriva au jardin, il aperçut sa silhouette recroquevillée contre le cerisier et soupira de soulagement. Il allait bien.

Il s'approcha alors doucement de lui et s'assit à ses côtés, le faisant sursauter. Positionné ainsi, il ressemblait à un enfant traumatisé qui se protégeait avec son corps. Les jambes contre son torse et les bras croisés dessus, il avait la tête posée contre ceux-ci et dévia son regard sur les fleurs, restant tout de même méfiant et attentif à la nouvelle présence. Jimin sourit doucement en le trouvant adorable, avant de se reprendre en se rappelant qu'il était un ennemi.

-Qu'est-ce que tu fais ici ?

Jungkook ne répondit pas, fixant les fleurs.

-Tu as le droit de sortir ? Demanda légèrement inquiet Jimin.
-Oui. Murmura l'ennemi.

Jimin détourna son regard sur les fleurs qu'observait Jungkook et eut un air triste en les reconnaissant.

Des gentianes.

Tout ce que devait penser Jungkook. Le japonais avait eu un ami passionné des fleurs qui lui avait appris de nombreuses significations avant qu'il n'aille à l'armée. Pendant ses années de lycée, que ce soit des fleurs asiatiques ou occidentales, il les aimait toutes et adorait en parler aux autres.

La plupart s'en fichaient et ne l'écoutaient pas, mais Jimin aimait voir son sourire lorsqu'il en parlait alors il était l'un des seuls à l'écouter déblatérer pendant des heures les caractéristiques de chaque fleur qu'il connaissait. De ce fait il en connaissait la signification.

Mépris, dédain, douleur.

Elles correspondaient parfaitement à Jungkook.

-Tu connais leur signification ? Demanda curieusement Jimin.
-Mhm. Acquiesça-t-il.
-Comment ?
-Ma mère était fleuriste.
-Oh ! Moi c'est mon ami qui en était passionné. Il en parlait tous les jours pendant des heures ! Rigola-t-il.
-Tu as des fleurs que tu préfères ?
-Non.
-Moi c'est les perce neige. Je les trouve magnifiques et puis elles sont l'espoir de jours meilleurs. Quand l'armée était difficile et que je voulais abandonner, je les voyais percer la neige en hiver et elles me redonnaient l'espoir que les jours s'améliorent. Peut-être que cet hiver elles pousseront par ici ?
-Mhm.

Jimin détourna son regard sur Jungkook et fixa ses yeux ternes d'un air triste. Il n'aimait pas voir la souffrance chez les autres et préférait leur sourire aux pleurs.

-Pourquoi tu as tué la présidente ?

La question claqua dans l'air, figeant Jungkook. La franchise de Jimin était à revoir.

-Ça ne t'a rien apporté d'autre que de te retrouver ici et de souffrir autant. Alors pourquoi ?

Il ne voulait pas l'enfoncer, juste essayer de comprendre.

-Peut-être... parce que je suis juste con.

Jimin resta silencieux alors que les yeux de Jungkook brillèrent de larmes qui ne couleront jamais.

-Mais il y avait bien une raison non ? Je sais qu'elle n'était pas aimé mais faire ça pendant que le dictateur était là ? Ça n'a pas de sens.
-Personne ne te l'a dit ? Il doit pourtant y avoir de nombreuses rumeurs sur moi.
-Je préfère demander au concerné. Tu sais il y a tellement de rumeurs que personne ne sait laquelle est la véritable.
-Et tu crois que je vais te dire la véritable ? Cracha-t-il en le regardant.
-Pourquoi pas ? Tu n'as rien à y gagner à me mentir et rien à perdre en dévoilant la vérité.
-Tu ne me croirais pas de toute façon. Se renferma-t-il.
-Au contraire, comme je l'ai dit tu n'as aucune raison à mentir.

Les secondes s'écoulèrent, mais Jungkook garda ses lèvres scellées. Il fixa de nouveau les fleurs et se renferma, grattant inconsciemment son poignet bandé. Jimin comprit alors qu'il était allé trop loin et qu'il n'en dirait pas plus. Il soupira avant de se lever.

-Profite d'être dehors, je reviendrai dans ta chambre plus tard pour changer tes pansements. Ah et arrête de gratter ton poignet tu vas encore l'ouvrir.

Jungkook prit conscience de son acte et s'arrêta avant de croiser ses bras contre son ventre. Jimin soupira discrètement, laissant Jungkook tranquille, perdu dans ses pensées.

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