Elle se réveille. {Prologue}
Elle se réveille. L'espace est cloisonné, réduit. Elle tape, elle cherche une sortie. De la lumière filtre de l'extérieur, en un mince filet. Elle sent dans la poche de son pantalon un rectangle, plutôt un fin pavé, qui cogne contre sa cuisse quand elle bouge. Un téléphone portable. Elle s'en empare, l'allume. Une faible lueur bleutée en jaillit. C'est assez pour voir, se rendre compte de l'environnement. Un gilet orange. Un gratte-gel. Des gants. Une pelle. Elle réalise l'horreur de sa situation : elle est dans un coffre de voiture. Elle cherche dans sa mémoire, d'abord son nom, son âge, puis ce qu'il se passe.
Rien.
Le néant.
Elle énumère une connaissance élémentaire. Les planètes. Mercure, Vénus, Terre, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune. Et Pluton la planète naine. Ça va. Le portable n'a pas de verrouillage. Pas de contact non plus. Pas de SMS. Une carte SIM, cependant, mais semblant modifiée, anormale. Pas d'historique d'appel. Juste deux photos. Un selfie, d'une fille. Une fausse blonde, boucles artificielles, asiaque. Elle se reconnaît dans les traits. La fille porte un t-shirt "Olli Sho". Ce n'est pas son nom, elle le sait. Mais faute de mieux, autant l'appeler Olli Sho. Donc se nommer elle-même Olli Sho. La photo suivante lui donne envie de vomir. Elle est attachée. Tuméfiée. Dénudée. Humiliée. La position ne laisse aucun doute à son triste sort. Elle passe une main sur son visage, reconnaissant les zones douloureuses et les identifiant similaires à la photo. Elle sent sous la pulpe de ses doigts ses os qui tendent la peau. Ses cheveux, elle a l'impression qu'ils forment des croûtes grasses sur son crâne. Elle sent le vomi et la pisse, et une odeur de déjections lui soulève le cœur. Des flashs lui reviennent. La bile remonte, son goût âcre lui prend la bouche, elle crache, elle déverse ses boyaux sur ses mains, qu'elle essaye d'essuyer sur son pantalon. Son ventre gargouille.
Elle réalise une chose.
Elle a faim. Très faim.
Un bruit résonne à l'extérieur. Un craquement. Sa gorge se sèche et se serre. Une vague l'emporte. À certains moments, le corps déconnecte le cerveau, et le sang et les nerfs ne charrient qu'une seule rage : survivre. La peur de la mort qui pousse tous les organismes à s'adapter pour vivre, voilà ce qui l'anime. Elle frappe contre les parois, paniquant à chaque mouvement. Le coffre s'ouvre soudain. Elle étouffe un cri de surprise. Personne autour. Juste un chat. Un chat... Elle ricane. Un chat ! Elle se sent bête.
Le soulagement s'efface bien vite pour laisser place à une angoisse sourde. C'est un garage. Elle reconnaît le sol de la deuxième photo. Fuir. Il faut fuir. Un pyjama gris moisit dans une corbeille. Elle se dénude, laisse tout par terre, se change avec cette tenue ample et flasque sentant la mauvaise lessive. Elle tire une veste noire, un paletot bien coupé, un manteau d'homme. Elle y cache son portable.
Elle ouvre le garage. Le soleil du matin brille. La brise lui fouette les joues. Ça sent quelque chose... La liberté.
Du bruit derrière elle. Fuir. Il faut fuir, partir d'ici le plus rapidement possible.
Alors le corps reprend le dessus. Tout son être hurle.
Son instinct donne un seul ordre :
COURS.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top