PARTIE 8 - Cohabitation.

Elle attrapa quelques affaires dans sa salle de bain et quitta son  appartement le cœur lourd. Une boule de stress se forma rien que de  penser à tout ce qu'elle allait devoir gérer. L'assurance, le ménage et  tous ses vêtements à faire nettoyer ou à changer. La lassitude s'empara  d'elle.

Richard la conduisit jusqu'à son appartement. Il habitait un beau  loft dans un quartier huppé de la ville. Elle y avait déjà passé  quelques nuits, mais elle ne s'y sentait pas vraiment à l'aise. Tout y  était beaucoup trop froid. Elle qui vivait dans un océan de couleurs,  ici tout était noire et blanc.

Pour tout avouer, elle se sentait complètement empotée. Richard la  sortit de sa gêne et la conduisit jusqu'à la chambre d'ami. Pas plus de  vie ici que dans le reste de l'appartement.

— Richard, attends, dit-elle le rattrapant tandis qu'il sortait de la chambre.

— Il te manque quelque chose ?

— Non, c'est juste que je n'ai pas vraiment besoin de dormir dans la chambre d'ami.

Pour être honnête, elle n'avait pas vraiment envie de rester seule  dans cette chambre. Elle avait l'impression d'avoir tout perdu, Richard  était la seule chose tangible qui lui restait ce soir.

Pour toute réponse, il prit dans ses bras et la serra fort.

— Je suis désolée pour ton appartement, mais je suis content que tu sois là.

Elle ne répondit rien et se laissa entourée par la chaleur de  Richard. Quand il la relâcha, il la guida jusqu'à sa chambre, qui si  elle manquait elle aussi de couleur, contenait au moins une présence de  vie.

Elle rangea le peu d'affaires qu'elle avait pu sauver. C'est-à-dire  pas grand chose. Pour la plupart, des affaires de toilettes.

—  Tu viens dîner ? demanda Richard. J'ai fait livrer du chinois.

— Je...je n'ai pas très faim. J'ai juste envie d'aller me coucher, si cela ne te dérange pas.

Il n'insista pas et quitta la pièce en refermant doucement la porte  derrière lui. Elle s'allongea sur le lit moelleux et réfléchit. Tout  foutait le camp ! Elle avait besoin d'appeler les filles, mais son  téléphone n'avait plus de batterie et bien sûr elle avait oublié de  prendre son chargeur. Elle grogna de frustration. Pitié que cette  journée se termine !

Malgré la présence réconfortante de Richard à ses côtés, elle ne put  fermer l'œil de la nuit. Encore une nuit blanche et elle deviendrait  officiellement un zombie. La place à côté d'elle était déjà froide. Elle  se traîna jusqu'à la salle de bain et ne pût s'empêcher de grogner en  voyant son reflet. De grosses cernes violettes ornaient le dessous de  ses yeux. N'ayant plus rien à se mettre, elle avait dû remettre ses  vêtements de la veille. Spencer allait en faire des gorges chaudes.

Elle sortit de la chambre et regarda furtivement dans le couloir afin  de voir si Richard était toujours présent dans l'appartement. Aucun son  ne filtrait dans l'appartement. Visiblement, il avait déjà quitté les  lieux. Elle pénétra dans la salle à manger où l'attendait un petit  déjeuner, ainsi qu'un petit mot.

J'espère que tu as bien dormi. Je t'ai préparé le petit déjeuner. Tu as une clé dans l'entrée.

Je t'embrasse. A ce soir.

Elle attrapa un bagel et bu son café en vitesse. Si elle ne partait  pas rapidement, elle allait finir en retard. Son regard lorgna sur la  clé. Devait-elle la prendre ? Après quelques minutes de tergiversations,  elle décida de la prendre. Après tout, cela ne mangeait pas de pain  d'avoir un plan de secours.

Elle attrapa la clé et fila travailler. Une fois les portes du bureau  passées, Spencer ne manqua pas d'y aller de son petit commentaire.

— Et bien, et bien, en voilà une qui a passé une nuit de folie.

— Tu parles ! Mon appartement s'est transformé en piscine géante. Je  n'ai absolument plus rien à me mettre à part ce que j'ai sur le dos.

— Oh mon dieu ! Mais tu as dormi où ?

— Chez Richard. Je voulais aller chez Nina, mais elle était injoignable et Richard s'est proposé.

— Attends. Il était chez toi quand c'est arrivé ?

— On va dire qu'il est arrivé à point nommé.

— Tel un chevalier sur son chevalier blanc, ironisa Spencer. Mais du  coup, ça veut dire shopping ! s'exclama Spencer en tapant des mains. Il  ressemblait à un enfant à qui on avait annoncé que Noël venait d'être  avancé.

— Tu vas rester chez lui ?

L'idée n'avait pas l'air d'enchanter son assistant. Spencer avait pris Richard en grippe depuis sa visite au studio.

— Je ne sais pas si c'est une bonne idée, avoua Lily.

— Tu n'as pas l'air vraiment enthousiaste pour quelqu'un forcée de vivre chez son petit-ami.

— Je...je ne sais pas. Quelque chose me dérange chez Richard sans que  je puisse mettre le doigt dessus. Peut-être que c'est moi qui cherche  la petite bête afin de tout saboter.

     — Lily, suit son instinct. Prends du temps, rappelle Nina et va chez elle.

— En parlant de ça, tu n'aurais pas un chargeur ? J'ai oublié le mien et Richard n'avait pas le bon.

Spencer lui ramena son chargeur de bonne grâce. Vivre sans téléphone  était la punition ultime pour lui. Elle s'inquiéta du nombre d'appels de  Richard qu'elle trouverait en rallumant son téléphone. Elle fût  agréablement surprise de voir que son journal d'appel était vide. Ce qui  la préoccupait un peu était que Nina ne l'avait pas rappelé. C'était  étrange, son amie ne mettait jamais bien longtemps à rappeler  d'habitude. Elle retenta de l'appeler encore une fois, mais elle tombait  automatiquement sur sa messagerie. Elle essaya d'appeler Lexie, sans  plus de résultat.

Et voilà comment se déroula le reste de sa journée, l'oreille collée à  son téléphone. Son assurance allait envoyer un expert et une équipe de  nettoyage. Elle ne pourrait pas y retourner tant qu'un plombier ne  serait pas venu réparer la fuite et qu'un autre expert ne serait pas  passé pour voir si aucune trace de moisissure due à l'humidité n'était  présente. 

Sans réponse de Nina, elle avait prit la décision de retourner chez  Richard jusqu'à ce qu'elle s'organise. Quand elle put enfin s'éclipser  du bureau et qu'elle arriva chez Richard, une quantité de sacs était  présente dans l'entrée.

— Richard ? appela-t-elle en traversant l'appartement.

— Oh tu es là !

— C'est quoi tous ces sacs dans l'entrée ?

— C'est pour toi, dit-il avec un sourire jusqu'aux oreilles. 

Visiblement, il attendait avec impatience qu'elle rentre pour lui  faire la surprise. Elle resta un moment sans voix. Pour elle ?  N'était-ce pas un peu trop ?

— Je...merci.

— Tu devrais aller les essayer voir si la taille te convient.

Elle alla récupérer les paquets et se rendit jusqu'à sa chambre.  Richard avait pensé à elle et cela lui fit plaisir. Les sacs étaient  tous griffés de grandes marques. Elle sortit les vêtements un par un et  on pouvait dire qu'il n'avait pas fait dans la fantaisie. Tout était  noir. Du noir à perte de vue. Elle avait l'impression de nager dans un  océan de deuil. Elle essaya une robe. Peut-être que portée cela ne  serait pas aussi terrible que cela paraissait.

Elle se contorsionna sans succès. Elle n'arriverait pas à fermer le  vêtement. Elle en passa une autre, le même problème se posa. Impossible  de fermer une seule tenue. Tout était trop petit. Son orgueil de femme  en prit un coup.

— Alors cela te plait ? demanda Richard tandis qu'elle ressortait de la chambre.

— C'est très...noir, dit-elle en tenta d'être diplomate.

— Le noir fait plus professionnel.

Ok, visiblement Richard n'était pas fan de sa garde-robe colorée.

— Je n'ai rien contre ton style habituel, tempéra-t-il, mais une couleur sombre est plus approprié pour le travail.

C'était vrai quand on travaillait dans la banque ou les pompes  funèbres, mais pas dans la mode. Du moins pas dans la tendance du  moment. Et cette coupe datait d'un autre temps. Elle avait l'impression  d'être en face de l'ancienne garde-robe de Lexie.

— Pourquoi tu ne me montres pas comme tu es belle dedans ?

— Je..as-tu pris la bonne taille ?

Richard parut surpris par sa question.

— Je ne rentre dans aucune tenue, avoua-t-elle piteusement.

— Oh. Je suis désolé, je te voyais plus mince.

Visiblement, il n'avait pas eu la note concernant les femmes et leur  susceptibilité sur leur poids. Mais elle ne pouvait pas lui en vouloir,  il n'y avait pas une seule trace de malice dans son regard. Il la  pensait tout simplement plus mince. Après tout, elle aussi s'était déjà  trompée de taille pour des mannequins, il n'y avait pas mort d'homme. En  plus, elle ne regrettait pas de ne pas avoir à porter ses tenues.

— Ce n'est pas grave. Tu devrais aller les ramener.

— Je vais en commander d'autres. Ne t'inquiète pas, dans une heure elles seront livrées.

— Ne t'embête pas, Richard. Vraiment.

— Oh, je vois tu n'aime pas, c'est ça ? demanda-t-il d'une voix déçue.

— Non, c'est juste que...

— J'ai passé beaucoup de temps à les choisir tu sais, mais si vraiment tu n'aimes pas...

— Non, tu as raison. Merci d'avoir pensé à moi, dit-elle avec un petit sourire crispé.

— Tu es magnifique dans tout ce que tu porte, dit-il en lui faisant un baiser dans la nuque.

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