PARTIE 38 - Intrus.
Leur journée shopping l'avait revigoré. Elle bouillonnait d'énergie ! Au vu des traits tirés de ses amies, ces dernières n'étaient pas du tout dans la même ambiance.
Wade allait sûrement taper une crise quand il allait voir la multitude de sacs qu'elle ramenait avec elle.
Elle avait été envahi d'une envie irrépressible de couleur. Des sous-vêtements jusqu'aux bijoux, elle n'avait acheté une seule goutte de noire.
— Allez viens Cendrillon, on te ramène au Secret.
— Non.
Elles se tournèrent vers elle, une pointe de désespoir au fond des yeux.
— Comment ça, non ? Moi, j'ai plus la force de marcher ! se plaignit Nina.
— Je...je crois que j'aimerais aller chez moi.
Les filles l'observèrent les yeux ronds comme si elle venait de dire une énormité.
— Tu es sûre ?
— Oui, je me sens prête à y retourner.
— OK, mais on devrait en parler en Wade non ?
— Roh ça va Lex, c'est son mec pas son père ! En avant joyeuse troupe !
Elle redécouvrit son quartier le temps du trajet. C'est seulement là qu'elle prit conscience que tout cela lui avait manqué ! Son café vanille du matin, le chinois où elle prenait ses repas..tout ce petit microcosme était partie intégrante de sa vie.
Son appartement n'avait pas changé. Une odeur de peinture fraiche flottait dans l'air et toute trace d'eau avait disparu. Il n'y avait qu'une seule personne qui pouvait avoir eu cette attention. Wade.
— Tout va bien ? lui demanda Lexie tandis qu'elle parcourait chaque centimètre carré du regard.
Tout était identique et en mêle temps différent. Son appartement qu'elle aimait tant ne lui procurerait plus la paix qu'elle y avait toujours ressenti.
— Je suis désolée Lily, mais il va falloir que je vous abandonne. Ayden m'attends.
— Moi aussi. Enfin pas Ayden, mais on m'attend.
— Alexander ?
— Je suis plus là, cria Nina en disparaissant déjà dans le couloir.
— Tu es sûre que c'est une bonne idée de rester ici toute seule ?
— Arrête de t'inquiéter Lex. Tout va bien se passer ! Et puis si j'ai le moindre problème j'ai mon téléphone.
— Je sais que tu es courageuse. Je n'en ai pas douté un seul instant et tu n'as pas besoin de jouer au héro pour le prouver. A personne.
— Je veux juste retrouver ma vie.
— Et tu le fera, mais chaque chose en son temps.
Richard n'avait pas affecté que sa vie et elle avait tendance à l'oublier. Elle jura donc une énième fois qu'elle appellerait du renfort au moindre soucis.
Elle reprit doucement ses marques. Son dressing était plus vide qu'avant, mais il y avait encore quelques vêtements de son ancienne vie. Elle caressa les étoffes en passant certaines. Elle avait l'étrange impression de se retrouver et en même temps de s'être perdue en cours de route.
Sa décoration tout en ton pastel et féminin contrastait avec la décoration aux tons riches et sensuels du Secret. Son téléphone vibra signalant un message de Lexie.
[ Tu devrais jeter un coup d'œil à ça ! ]
Un lien accompagnait le message. Cela la redirigea vers un article de presse.
Le petit génie de la finance Richard Westmorland au cœur du scandale !
Sans doute un des plus beaux partis de New York est au cœur de la tempête. Des allégations harcèlements et de détournements de fonds viennent entacher la carrière jusque là immaculée du prochain directeur financier de la mairie.
De nombreuses femmes, des ex-compagnes notamment, sortent du silence. Un florilège de plainte pour harcèlements et coups et blessures ont déferlé dans les commissariats de la ville. S'ajoutent à cela des dossiers de comptabilité plus que suspects qui ont aussi fuité de manières anonymes. A l'heure où nous écrivons ces lignes, le jeune homme ne s'est toujours pas exprimé. Il devrait être entendu prochainement par la police.
Nos équipes ont pris contact avec la mairie qui reste obstinément silencieuse. Une chose est sûre cette histoire va faire du bruit !
Elle tapa le nom de Richard sur internet et les articles se mirent à pleuvoir dans la page d'accueil ! Son nom était à la Une des plus grands journaux du pays et de la presse à scandale. Lui, pour qui sa réputation et son image touchaient au sacro-saint, il devait bouillir de rage. Elle n'était pas stupide cela ne pouvait être que Wade.
Elle entendit un léger bruit, pas plus fort qu'un craquement. Elle avança doucement dans l'appartement, attrapant un chandelier au passage. Ce n'était pas le moment de venir lui chercher des noises ! Elle se colla contre le mur et avança a pas de loup. Son coeur tambourinait dans sa poitrine. Elle repensa aux paroles de Lexie. Elle était courageuse ! Tu es courageuse, tu es courageuse...se répéta-t-elle tel un mantra.
Elle se jeta sur l'inconnu en brandissant son arme improvisée.
— Oh mon Dieu madame Brent, vous m'avez fait peur ! dit-elle en baissant son chandelier.
C'était seulement sa voisine ! C'était une vieille dame adorable. Un peu trop bavarde par moment, mais qui ne le serait pas en vivant seul.
— Je suis désolée, ma petite Lily ! Mais je dois avouer que je suis bonne pour un rendez-vous chez mon cardiologue.
— Je suis désolée, j'ai cru que...
Que quoi ? Que le vilain Richard l'avait suivi jusqu'à chez elle ?
— J'ai entendu du bruit donc je suis venue voir si ce n'était pas un cambrioleur. Je suis ravie de voir que vous êtes revenue !
— Ce n'est que temporaire.
— Un homme vous cherchez la dernière fois. Un fort bel homme si vous voulez mon avis !
Madame Brent aimait les belles choses. Elle imaginait donc sans mal l'effet que la présence de Wade avait dû lui faire.
— Oui, il m'a trouvé.
C'était le moins qu'on pouvait dire ! Il l'avait trouvé, sauvé et elle aimait pensé qu'il l'avait aimé.
— J'espère que vous ne comptez pas le laisser filer celui-la ! Il y a beaucoup plus à ce mettre sous la dent que votre grande asperge blonde, dit-elle avec un clin d'oeil.
Non, elle ne comptait pas le laisser filer ! Il était tout ce qu'elle désirait et même plus.
— Bon mon petit bouchon, je vous laisse. N'hésitez pas à passer me voir un de ces jours.
— Je n'y manquerais pas.
Elle n'osa pas lui dire qu'elle ne savait pas si elle reviendrait. Cet appartement n'était plus son havre de paix. La vibration de son téléphone la tira de sa rêverie.
— Lexie m'a dit que tu étais chez toi et toute seule !
— Bonjour à toi aussi Wade.
— Je ne rigole pas Lily. Ce n'est pas le moment.
— J'ai vu les articles, c'est toi n'est-ce pas ?
— Bien sûr que c'est moi ! et je préférerais te savoir au Secret en sécurité.
Un bruit de porte résonna dans l'entrée, sans doute encore madame Brent.
— Madame Brent vous avez oublié quelque...chose ? dit-elle se tournant.
Elle faillit lâcher son portable quand elle vit la silhouette dans la pièce.
— Lily, tout va bien ?
Richard se tenait au milieu de la pièce. Il avait quelque chose de différent dans le regard, une leur qui tendait vers la folie. Comme on les personnes qui n'ont plus rien à perdre. Son allure toujours tirée à quatre épingle était cette fois-ci débraillée. Sa chemise pendait en dehors de son pantalon froissé.
— Raccroche ce téléphone, dit-il d'une voix d'outre-tombe.
— Lily ? Réponds-moi. La voix inquiète de Wade résonnait à travers le haut-parleur.
— Je dois raccrocher Lexie est là. Je t'aime.
Elle ne pensait pas que la première fois qu'elle lui dévoilerait ses sentiments soit devant Richard. Elle raccrocha et posa le téléphone. Elle aurait pu dire directement à Wade qu'il y avait un problème, mais richard ne semblait vraiment pas dans son état normal.
Elle préférait gagner du temps. Wade allait comprendre que quelque chose clochait. Il savait qu'il y avait aucune chance que Lexie ne vienne car elles étaient censées être ensembles. Et que dire de ce "Je t'aime " lancé telle une bouteille à la mer.
Il comprendrait. Il savait qu'elle ne lui dirait jamais dans une conversation et encore moins au téléphone.
— Richard, tu ne devrais pas être là, dit-elle calmement.
— Tout ça c'est de ta faute ! Tu as ruiné ma vie !
Elle étouffa un ricanement nerveux. Il lui faisait l'effet d'un enfant capricieux.
— Tu m'as ridiculisé ! Tu as fais de moi la risée du monde entier ! Tous ces culs terreux me prennent de haut sans aucune honte. Je les vois se réjouir, me juger sans vergogne.
Il oscillait entre la colère et le désespoir.
— Tu t'es mis dans cette situation tout seul ! Tout ça n'est que le résultat de ton arrogance.
— Non, mais regardez-moi cette petite trainée pompeuse ! Tu aurais pu être parfaite, mais il a fallu que tu te fasses sauter par ton espèce de repris de justice !
Rester calme et gagner du temps ! Wade valait dix fois mieux que n'importe quel Richard.
— Tu devrais partir avant que je n'appelle la police.
— La police ! Tu crois que je ne peux pas acheter la police ? Je peux tous les acheter !
Il avançait doucement. Elle oscillait entre peur et colère. Gagner du temps était devenu son nouveau leitmotiv.
— Je vais te faire regretter d'avoir gâcher ma vie, dit-il en se jetant sur elle.
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