PARTIE 32 - Le début des problèmes

— Je suis sûre que je l'ai vu !

Lexie la serra dans ses bras. Elle lui rendit son étreinte. Elle s'accrochait à son amie s'en servant tel un bouclier.

— Tu es vraiment sûre que c'était lui ? Je veux dire, il y a beaucoup de monde. Et il n'y a presque aucune chance qu'il ai pu passer les portes du Secret ! Je ne dis pas que je ne te crois pas, mais ça a été une journée riche en émotions. Tu aurais pu voir quelqu'un qui lui ressemble. 

Sûre ? non. Elle n'était plus sûre de rien. Mais cette silhouette, elle lui avait donné la chaire de poule. Elle avait quelque chose de différent par rapport aux autres. Peut-être sa posture.

— Je...non. Tu as raison, j'ai du rêver, concéda-t-elle.

Ce sentiment de malaise persistait, mais Lexie avait raison sur un point. Il n'y avait aucune chance que les garçons le laissent passer les portes du Secret.

— Allez, viens boire une coupe de champagne !

Elle avala le premier verre d'un trait, laissant les petites bulles la détendre. Les discussions autour de la table allaient bon train.

Elle rattrapait le temps perdu. La vie avait continué d'avancer même sans elle.

— Lexie, je suis désolée.

— Je te l'ai déjà dit Lily, personne ne t'en veux.

— Nina, je...

— Si tu comptes t'excuser, remballe tes paroles. J'avais déjà envie de lui couper les couilles, maintenant je lui péterais en plus les deux jambes.

Le franc parler de Nina était sans doute ce qui lui avait le plus manqué. Le regard de Nina venait d'être attiré vers le bout de la salle. On aurait dit un aigle fondant sur sa proie.

— Bordel de merde ! Je vais me le faire !

Elles regardèrent complétement effarée Nina se lever comme un ressort renversant quelques verres au passage. Elle remonta la piste de danse en claudiquant comme possédée. Lily connaissait cette démarche déterminée. Chez son amie c'était signe d'ennuis.

— Tu sais quelque chose ? demanda-t-elle à Lexie.

— Non.

Cela lui faisait du bien de retrouver leur complicité d'autrefois. C'était comme si elles ne s'étaient jamais quittées. Nina venait d'arriver à hauteur d'un homme assis dans une autre alcôve. Il était entouré d'une femme à chaque bras.

D'ici il paraissait plutôt grand. Il portait un costume noir qui lui tombait à merveille. Son œil de modeuse avertie reconnaissait une coupe de marque italienne, sans doute du sur-mesure.

Il avait les cheveux retenus en un chignon. Pas de doute cet homme respirait le sexe. Et s'il avait ses entrées au Secret, il n'était sûrement pas un moine. La question maintenant était de savoir ce qui avait bien pu lui attirer les foudres de Nina.

Et surtout où ils s'étaient rencontrés ! Nina changeait d'hommes comme elle de chaussures. Et dans ce domaine, peu de chose réussissait à l'atteindre. Ce qui rendait son comportement d'autant plus étrange.

— C'est Xander, dit Ayden en enlaçant Lexie.

— Xander, le Xander ? demanda Lisa en s'incrustant à la conversation.

— En personne !

— On doit s'inquieter ?

— Crois-moi, si Nina décide de s'y frotter elle risque de s'y piquer.

Elles échangèrent un sourire de connivence avec Lexie, un petit sourire en coin. Les choses commençaient à devenir intéressante.

La soirée passa agréablement et au fil des conversations elle en oublia presque cette histoire de silhouette. Nina avait disparu et son mystérieux inconnu avec. En tout ca, elle n'y couperait pas : elle allait devoir leur rendre des comptes !

— En parlant de pensées meurtrières , nous avons avec nous une criminelle de grande envergure !

A cet instant, elle aurait souhaité disparaître ! On touchait le fond, elle était revenue à New York pour se rendre à la police. Elle qui n'avait jamais rien voler de sa vie ! Même pas un pv au conteur et avec une amie comme Nina avoir un casier vierge ça tenait de l'exploit !

— Tu vas aller te livrer à la police ?

Elle n'en savait strictement rien. Mais s'il y a bien une chose dont elle était sûre c'est qu'elle ne voulait pas aller en prison ! Elle avait vu tout les épisodes d'orange is the new black et elle n'avait aucune envie de tenter l'expérience !

— Wade pense que...

— Wade pense qu'il est hors de question que tu y ailles, la coupa-t-il.

— Mais tu as dis que...

— Je sais très bien ce que j'ai dis et j'ai été con. Je ne te jèterais pas dans la gueule du loup.

Tout le monde le regardait complètement effaré. Wade qui disait plus de trois mots était déjà surprenant. Mais qu'il s'excuse, cela tenait carrément du miracle.

Jake allait dire quelque chose, mais Lisa lui pinça l'épaule avant qu'un seul son n'ai pu passer la barrière de ses lèvres.

— Aïe !

— Tu allais encore dire une connerie plus grosse que toi !

— Je n'avais même pas encore ouvert la bouche !

— Tu avais ce petit air, qui disait « je vais dire une connerie et en plus en être fier »

— Ça se tient, convint Jake en finissant son verre cul sec.

Ce couple était un mystère à ses yeux. Ils étaient à la fois mal assortis et pourtant elle ne pouvait plus les imaginer l'un sans l'autre.

— Si j'attrape ce Richard, je lui fait sa fête ! dit Lexie une lueur meurtrière au fond des yeux.

— Calme-toi petite brebis, lui dit Ayden en déposant un baiser sur son front. Laisse les loups s'occuper du festin.

Le festin. Qu'ils s'en occupe donc ses loups soit disant si féroces ! Non, elle ne devait pas penser comme ça ! Ils étaient là pour elle. Même si elle savait n'était pas la priorité de ses hommes ils ne laisseraient rien lui arriver.

Car Wade était leur famille ainsi que Lisa et Lexie. Elle détestait ce qu'elle devenait. Cette femme calculatrice se reposant sur les autres et se reprochant en même temps de le faire.

C'est dans ces moments-là que le chalet lui manquait, mais elle ne pouvait pas passer sa vie recluse dans la forêt.

Si on lui avait dit qu'une maison perdue au fin fond de la forêt viendrait à lui manquer, elle ne l'aurait jamais cru.

Pouvait-on vraiment se sentir étranger de sa propre vie ? Elle avait travaillé dur pour se forger cette vie, et maintenant tout cela lui paraissait dérisoire.

La main de Wade vint se poser sur la sienne et la serra lui apportant du réconfort.

Elle esquissa un léger sourire et se laissa aller jusqu'à poser la tête sur son épaule.

Tout allait bien se passer. Elle allait reprendre sa vie en main. Elle les détailla tous un par un. Observant leur mimiques, leurs petits gestes tendres envers les gens qu'ils aimaient.

Ayden avait toujours cette flamme dans le regard dès que ses yeux se posaient sur Lexie.

Lisa et Jake avaient traversé de nombreuses épreuves, mais ils avaient l'air d'en être sortis plus fort. Elle ne connaissait Lisa que depuis quelques mois, mais elle se réjouissait de la voir rayonnante. Aujourd'hui, Lisa était des leur.

Les garçons les avaient laissé entre filles. Une affaire relative au club avait requéri leur présence.

Lily en avait profité pour leur raconter toute l'histoire n'omettant aucun détail. Cela n'avait pas été facile et elle avait dû répondre à de nombreuses questions. Mais cela lui avait permis d'évacuer un peu de tension.

Elle ne percevait ni pitié ni jugement dans leur regard. Seulement de l'inquiétude et la bienveillance.

— On devrait aller se coucher, dit Lexie tandis que Lisa étouffait un énième bâillement.

Après de longues embrassades et une promesse de se revoir très vite, elle regagna sa chambre le cœur un peu plus léger.

Un bouquet de roses rouge trônait sur la commode. C'était étrange, elle ne voyait pas vraiment Wade entrer discrètement dans la chambre pour y déposer un bouquet de fleur.

Il était plus du genre direct et pas vraiment romantique. Elle s'approcha doucement du bouquet, comme s'il risquait de lui sauter dessus au moindre geste brusque.

C'était complètement stupide. Ces fleurs n'étaient pas arrivées là par magie. Seul Wade avait pu les y amener.

Elle tourna le vase et attrapa la carte plantée au milieu des tiges. Elle n'aurais jamais pensé que Wade puisse avoir un geste pareil. Son cœur sauta un battement. Elle l'imagina, sa grande carrure en train de choisir des fleurs aussi délicates.

Sa bonne humeur s'envola quand elle lut les mots inscrits sur le papier.

Wade, elle devait retrouver Wade !

Le papier vola sur le sol tandis qu'elle quittait la pièce à toute allure.

Tu étais sublime ce soir, un vrai plaisir pour les yeux.
Tu m'as manqué ma chérie,
À bientôt, R.

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