PARTIE 3 - Premier rendez-vous.

Elle n'arrivait pas à y croire ! Cet enfoiré de Wade l'avait laissé dans cette ruelle puante. Elle avait même vu passer des rats ! Des rats, bordels !

Elle n'avait même pas pu retourner à l'intérieur, car son pass ne valait que pour une entrée. C'était officiel Wade Craven était mort à ses yeux !

Elle était donc rentrée chez elle aussi chaste qu'une nonne. Sacrilège ultime, elle avait même dû jeter sa paire d'escarpin. Des chaussures à quatre cents dollars! Ses précieux bébés.

Le reste de son week-end avait donc servi à ruminer sa colère. Le dimanche touchait à sa fin quand la sonnette retentit troublant la quiétude de son appartement. Qui cela pouvait bien être à cette heure-ci? Surtout un dimanche. Elle tenta de se remémorer un rendez-vous avec les filles, mais rien ne lui vint.

Elle ouvrit pour découvrir un livreur à peine sorti de l'adolescence. Il portait un gros bouquet de roses jaunes qui lui cachait la moitié du visage.

— Lily Evans ?

— Oui.

— Bon dimanche, m'dame, dit-il en lui tendant le bouquet avant de disparaître dans le couloir.

Encore des fleurs ! Elle n'avait pas besoin de réfléchir bien longtemps pour deviner de qui elles venaient. Richard. Comment avait-il eu son adresse ? Trouver son lieu de travail était somme toute assez facile, mais elle mettait un point d'honneur à rester très discrète sur sa vie personnelle.

Elle n'avait pas souvenir de lui avoir laissé un souvenir aussi impérissable. Mais elle devait bien reconnaître que c'était agréable de se sentir courtisée. Sa pugnacité lui changeait de la froideur de Wade. Elle sentit son corps se crisper rien que d'y penser. Non, elle devait sortir Wade Craven dit le «connard » de son esprit ! Elle devait juste réussir à calmer sa libido.

Un petit bout de carton blanc attira son regard. Elle attrapa la carte en vélin et l'ouvrir sans suspens quant a son expéditeur.

« J'ai réservé une table demain chez Daniel. Je passe te prendre à 19h »

Elle sourit et se réjouit de ce dîner. Pour ne rien gâcher chez Daniel était un restaurant très élégant. Richard mettait les petits plats dans les grands et cela lui plaisait.

Sa galanterie éteint sa méfiance. Et puis tout cela avait un petit côté romantique. Qui n'aimait pas être courtisé ?

C'est donc toute guillerette qu'elle se rendit au travail le lendemain matin. Elle passa la porte de son bureau son éternel latte vanille à la main.

— Plus de bouquet ? demanda Spencer avec une grimace déçu en entrant dans le bureau.

— Non, pour la bonne raison que j'ai accepté de dîner avec lui.

— Et bien, enfin ! J'espère qu'il t'emmène dans un restaurant chic ?

— Chez Daniel.

— Mazette ! s'écria Spencer en croisant ses mains sur son cœur.

Elle leva les yeux au ciel désormais habituée à ses scènes digne d'une diva.

La journée passa rapidement. La parution du nouveau numéro était pour bientôt. Elle avait donc eu une masse de travail considérable tout au long de la journée l'empêchant ainsi de penser à son rendez-vous avec Richard.

Quand elle put enfin s'échapper, il était presque 18h. Juste le temps de retrouver son appartement et de se préparer pour son rendez-vous. L'éternel dilemme de la tenue se posa. Être chic, mais pas trop. Être Sexy, mais sans être vulgaire. Son cerveau tournait à plein régime et sa garde robe lui semblait être un casse-tête chinois impossible à résoudre.

Après de longues minutes de délibération et une bonne quantité de vêtements étalée sur son lit. Elle avait choisi une robe bleu roi au décolleté sage entièrement fermé par des petits boutons à l'arrière. S'il devait se passer quelque chose, il allait devoir le mériter et cette ribambelle de boutons était l'idéal pour tester la patience d'un homme !

Elle compléta sa tenue par une paire de stilettos nude. Une dernière touche de rouge à lèvres et elle était fin prête.

Sa sonnette retentit à 19h précise. Elle ouvrit la porte pour découvrir Richard dans un élégant costume noir.

— Bonsoir. Tu es magnifique, la complimenta-t-il en lui déposant une légère bise sur la joue.

— Merci, toi aussi.

Elle ne mentait pas, il avait fière allure. Elle aimait son côté dandy élégant. Il faisait propre sur lui, cela pouvait paraître ridicule, mais avec la mode masculine il devenait difficile de trouver un homme avec une allure élégante. Et pour ne rien gâcher, il sentait terriblement bon. Elle ne pouvait pas résister à un parfum masculin.

— Pouvons-nous y aller ?

— Bien sûr, acquiesça-t-elle en posant la main au creux de son bras. Il firent le trajet dans un silence gêné typique du premier rendez-vous. Deux personnes qui se découvrent, se jaugent. Chacune attendant que l'autre se dévoile tout en ayant peur de le faire soit-même.

Elle avait peur de dire quelque chose de stupide. Elle préférait donc se taire écoutant la musique douce qui sortait de l'autoradio. Peut-être Chopin ou alors Beethoven ? Elle n'était pas très classique, elle préférait le bruit assourdissant la poussant à danser et tout oublier.

La circulation était calme leur permettant d'arriver à destination rapidement. La salle de restaurant était sublime. Les immenses colonnes de marbres blancs les accueillirent ouvrant sur une grande salle au parquet parfaitement cirés. Un maître d'hôtel les guida jusqu'à une table centrale. Son regard se porta sur le majestueux lustre en cristal qui illuminait la pièce. Elle se fit la remarque idiote qu'épousseter ce genre de luminaire devait être un enfer.

En bon gentlemen, Richard lui tira sa chaise avant de prendre place sur la sienne. Deux menus en cuir noir arrivèrent comme par magie devant leurs yeux. Elle détailla l'intitulé chaque plat avec gourmandise. Le saumon, non le risotto ou peut-être le bœuf bourguignon ?

— Bonsoir messieurs, dame. Avez-vous fait votre choix ?

Le serveur en livrée blanc surgit pile au moment où elle avait porté son choix sur la sole à la truffe. Elle en salivait par avance !

— Oui, je...commença-t-elle.

— Nous allons tous les deux prendre le filet de bœuf au foie gras. Et une bouteille de Saint-émilion 1989.

Le serveur acquiesça tout en récupérant leurs menus. Elle n'avait rien contre les hommes qui prenait le leadership. Cela montrait une certaine confiance en soi qui n'était pas pour lui déplaire. Tant pis pour sa sole.

— Cela ne te déranges, j'espère ? Mais leur bœuf vaut vraiment le coup de fourchette.

— Non, ne t'inquiète pas.

La discussion s'instaura naturellement en attendant leurs plats. Elle ne souvenait pas qu'il était aussi charmant. Il prenait bien soin de l'écouter sans jamais lui couper la parole. Les sujets varièrent de la musique à la littérature. Il était cultivé et c'était quelque chose qu'elle appréciait. Il en ressortait que leurs goûts étaient diamétralement opposés ! Quand elle aimait le rock, il aimait le classique. Elle était désordonnée là où il était maniaque. Deux êtres si différents, mais qui pourtant réussissaient à coexister.

Les plats arrivèrent enfin et on pouvait dire que le chef était à la hauteur de sa réputation. La viande fondait dans sa bouche ravissant ses papilles.

— Que fais-tu dans la vie ? demanda-t-elle entre deux bouchées.

— Je suis dans l'administration.

— Tu es bien vague. Auriez-vous quelque chose à cacher monsieur Livingston? le taquina-t-elle en buvant une gorgée de vin.

— Je préfère juste ne pas trop m'étaler sur mon travail. En plus, cela n'a rien de bien intéressant.

Tout dans les gestes de Richard n'était que raffinement. Il coupait sa viande en petits morceaux les portant délicatement à sa bouche.

— Je suis sûre que tu dois avoir beaucoup de responsabilités.

— Effectivement, mais j'ai toujours préféré être celui dirige que celui qui est dirigé.

— Un homme ambitieux à ce que je vois.

— Est-ce un défaut à tes yeux ?

Elle prit le temps de réfléchir à cette question. L'ambition ne lui faisait pas peur, après tout elle même était ambitieuse. Mais jusqu'à un certain point. L'ambition et la soif de pouvoir était deux choses bien différentes. Dans l'un on pouvait se perdre en chemin. Et elle voyait dans les yeux de Richard qu'il pourrait être ce type de personne.

— Dans une certaine mesure ça peut le devenir, concéda-t-elle.

Richard but une gorgée de vin en la contemplant, mais ne répondit rien

— Et toi, toujours dans les chiffons ?

Elle se crispa légèrement. Son ton avait quelque chose de légèrement dédaigneux, voir condescendant. Monsieur l'ambitieux était visiblement en train de la prendre de haut.

— Oui, on peut dire ça, répondit -elle en essayant de tempérer son agacement. Je travaille pour un magazine de mode, je m'occupe de la direction artistique.

— Je vois, dit il en esquissant une légère grimace. Tu dois côtoyer beaucoup de mannequins.

— Oui, mais ce n'est pas tout le temps évident de travailler avec eux. La vie de strass et paillettes n'est pas toujours aussi glamour de l'autre côté du miroir.

— N'as-tu jamais pensé à faire un métier plus...commença Richard en cherchant ses mots. Conventionnel ?

— Du genre ?

— Je ne sais pas, fonder une famille, avoir un mari. Une vie plus tranquille loin des strass et des paillettes comme tu dis.

Elle n'y avait jamais vraiment réfléchis. Elle aimait son métier et avait beaucoup travaillé pour en arriver là où elle était. Elle considérait qu'avoir des enfants se faisait à deux et par conséquent devait se gérer à deux. Pourquoi serait-ce à elle de tout lâcher ?

— Je...non. J'aime ce que je fais. Et puis ce n'est pas incompatible avec une vie de famille.

À la tête que faisait Richard, il était du genre plus traditionnel. Elle avait du mal à l'imaginer dans le rôle du père au foyer, il dégageait quelque chose de beaucoup trop guindé pour ça.

Il changea de sujet, mais cette conversation lui laissa un goût doux-amer. Elle appréciait qu'il s'intéresse à sa vie, mais elle n'aimait pas du tout la petite étincelle de condescendance qu'elle avait lu dans ses yeux quand elle avait parlé de son métier.

Elle préféra éviter le sujet du travail et dériva vers un terrain plus sûr. Le reste du dîner se passa sans anicroche.

La suite logique était le retour chez elle. Allaient-ils connaître ce moment de gêne ou bien allait-il prendre les choses en main et l'embrasser fougueusement. Elle réprima un frisson de désir. Son imagination optait pour l'option fougueuse.

En bon gentlemen, il régla la note et la ramena devant sa porte. Ça y est c'était le moment. Le moment où tout allait se jouer.
Il déposa un léger baiser sur ses lèvres avant de la ramener jusqu'à sa porte.

L'avenir se présentait pas si mal finalement.

***

Coucou mes orangettes 🍊

Après une pause de deux mois qui m'a paru durer deux jours me revoilà 😅

J'ai travaillé sur quelques nouveaux projets et j'ai ( enfin ) repris le tome 3.

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