PARTIE 20 - La randonnée.
Lily avait eu beau pester, supplier et même tester l'indifférence. Wade avait été catégorique, ils partaient en randonnée !
Une randonnée ? La seule fois où elle se prêtait au jeu c'est quand elle parcourait les rayons de Bloomingdale's pour les soldes.
Elle n'était pas férue de sport en extérieur ou de sport tout court d'ailleurs. La sportive de la bande, c'était Nina.
Pourtant, elle devait bien admettre que la nature avait quelque chose d'apaisant. Elle aimait se réveiller avec la vue sur la forêt.
Elle se surprenait à passer des heures à rester sur le balcon, scrutant le moindre battement d'ailes. Elle laissait alors le soleil caresser sa peau. Sans doute le seul touché qui ne la blesserait jamais.
Le moment venu, elle s'habilla a contre-cœur. Une fois ses lourdes chaussures lassées, elle se regarda dans le miroir et grimaça. Son allure lui faisait penser à une bûcheronne. Elle regrettait ses escarpins aux talons vertigineux.
Son pantalon en toile d'une couleur kaki pour ne pas dire caca d'oie lui tombait jusqu'aux chevilles. Elle n'avait jamais vu autant de poches sur un seul vêtement !
Elle noua ses cheveux en une queue de cheval haute et sortit de sa chambre en trainant les pieds.
Quand elle descendit, Wade l'attendait dans le salon habillé de pied en cape. Sa polaire noire le moulait à la perfection, quand à son pantalon, il lui tombait bien mieux que le sien. Son esprit était en train de dériver vers des contrées qu'elle pensait lointaines. Elle repensa à sa soirée au Secret. A son corps sculpté, sans doute par le sport ou des activités dont elle ne voulait pas penser.
Ses bras musclés couverts de tatouages, son dos ferme...
— Allons-y, dit-il sans lui accorder plus d'attention.
Elle avait l'impression qu'ils avaient roulé pendant des heures quand ils arrivèrent enfin. Elle avait l'impression d'être au milieu de nul part. Ils étaient juste entourés d'arbres et d'encore plus d'arbres. On était très loin du paysage rempli de building et fourmillant de monde dont elle avait l'habitude !
Elle descendit de la voiture à contre-coeur et frissonna quand une bourrasque de vent froid vint la frapper. Elle laissa l'air glisser jusqu'à ses poumons, glaçant son œsophage au passage.
Toutes les senteurs de la forêt lui chatouillèrent les narines. L'odeur sucrée de la sève, celle typique des sapins et sa préférée : l'odeur de la terre mouillée.
— Il fait y aller si on veut arriver avant la nuit, dit Wade en lui tendant un sac qui semblait peser une tonne.
— Arriver où ?
Il ne répondit rien et commença à avancer. Elle détestait sa manie de partir sans l'attendre. Cela lui faisait l'effet d'être une enfant !
Elle souleva le sac qui pesait effectivement une tonne ! Que diable avait-il mis dedans ? Quand il avait dit randonnée, elle n'avait pas pensé qu'il partait pour plus d'une journée !
Elle commença à paniquer quand elle ne vit plus Wade dans son champ de vision. Il n'allait quand même l'abandonner ici ?
Elle commença donc à suivre la direction qu'avait pris Wade. Il n'était pas très loin sur le chemin.
Elle prit son courage à deux mains et se lança dans l'activité du jour.
Il avait beau faire frais, elle ne tarda pas a transpirer à grosses gouttes. Le sac pesait un âne mort et ses pieds commençaient à la faire souffrir. Comment les gens pouvaient-ils apprécier ce genre d'activité ?
Une heure passa, puis une autre sans que Wade ne prononce un seul mot. Elle n'en savait pas plus quand à leur mystérieuse destination. Elle avait donc arrêté de poser la question.
Elle soufflait comme un bœuf, mais hors de question qu'elle se plaigne. Elle ne donnerait raison à Wade. Il la voyait comme une poupée fragile. Une citadine incapable de faire quelque chose de ses dix doigts. Elle le voyait dans son regard dédaigneux à chaque fois qu'il la regardait.
Wade s'arrêta tellement soudainement qu'elle failli lui rentrer dedans.
— Donne-moi ton sac.
Elle le regarda sans rien dire. Pas une seule goute de transpiration tandis qu'elle dégoulinait de tout les pores de sa peau. Elle devait ressemblait à une tomate échevelée. Sa couette haute, avait fichu le camp depuis bien longtemps. La preuve en était les mèches qui venaient lui chatouiller le visage.
Le poids du sac disparu comme par enchantement. Elle bougea les épaules en grimaçant. Wade reprit sa marche avec a présent deux sacs. Elle ne dit rien, mais ne put s'empêcher d'être surprise par son comportement. Il ne la portait clairement pas dans son cœur.
Elle pensait d'ailleurs que cette randonnée était une façon pour lui de la torturer. La petite citadine dans la forêt.
— Merci. Pour le sac.
Wade continua à avancer. Elle ne se plaignait pas de la vue. Son fessier parfaitement moulé dans son pantalon se contractait à chaque pas.
— Je...tu as dis qu'on devait arriver avant la nuit. Je peux savoir où ?
— Tu verras quand on y sera.
— Wade s'il te plaît ! J'ai fui un homme qui prenait les décision à ma place. Ce n'est pas pour me retrouver avec un autre.
Wade s'arrêta et cette fois-ci elle lui rentra dedans. Il se tourna à la vitesse de l'éclair et la saisit par les épaules.
Elle retint un frisson de peur. Que savait-Elle de Wade après tout ? Peut-être allait-il la zigouiller dans cette forêt et faire passer ça pour un accident.
— Écoute-moi bien, car je ne me répéterais pas ! Je ne suis pas comme lui et je n'ai pas besoin de mes poings pour discuter avec une femme.
Elle déglutit et hocha la tête.
— Je...veux juste savoir où on va. S'il-te-plait.
Il la relâcha et elle relâcha un soupir de soulagement.
— Un refuge un peu plus haut dans la montagne. On peut repartir maintenant ?
— Oui, merci.
Une autre heure passa dans le silence le plus complet. Seul le bruit des branches craquants sous leur pas vont briser le silence.
— Pourquoi tu ne m'aimes pas ?
— Tu es du genre qui attire les problèmes.
— Tu ne me connais même pas.
— Je connais les femmes comme toi.
— Comme moi ?
Elle n'eut pas le loisir d'entendre sa réponse. Son pied se prit dans une racine. Sa cheville la lâcha sans qu'elle ne puisse rien y faire. Son corps s'effondra sur la sol. Elle retint un cri de douleur.
Wade la rejoignit en un éclair. Il ne dit rien mais émit un grognement qui valait tout les mots. Sa petite acrobatie n'était visiblement pas pour lui plaire.
— Un nid à problème, marmonna-t-il dans sa barbe.
Elle ne répondit rien, mais sentit une vague d'indignation courir en elle. Croyait-il vraiment qu'elle ait fait exprès de se blesser ?
— Je n'ai pas vue la branche.
— Si tu regardais où tu marches au lieu de papoter, cela ne serait pas arrivé.
Elle grommela une réponse tandis qu'il attrapait sa cheville. Elle ne put retenir un cri de douleur.
— Je vais devoir enlever la chaussure.
Super, après trois longues heures de marches elle aurait préféré éviter d'enlever ses chaussures. Enfin du moins que quelqu'un d'autre le fasse.
— Aie, cria-t-elle tandis qu'il retirait la lourde chaussure. La chaussette suivi bientôt le même chemin.
Il attrapa son pied et le fit tourner dans tout les sens. Un éclair de douleur passa dans toute sa jambe à chaque mouvement. Elle gigota dans tous les sens cherchant à échapper à cette main tyrannique.
— Bon sang ! Tu vas arrêter de gigoter !
Sa main remonta le long de son mollet afin de l'empêcher de bouger. Ses doigts la chatouillèrent la faisant gesticuler encore plus. Le regard noir que lui lança Wade la calma immédiatement. Cet homme respirait le danger, tout en lui respirait la dominance et la force. Pourtant, elle se sentait en sécurité avec lui. Elle était souvent mal à l'aise en sa présence, mais elle ne se ressentait aucune peur en sa présence.
Ses mains continuaient ses massages le long de sa cheville. Elle contempla ses longs doigts tannés par le soleil remonter le long de sa peau clair. La chaire de poule courir sur son épiderme à la pensée de ce que ces mains pourraient faire.
— Je ne pense pas que cela soit cassé. Une foulure ou une légère entorse tout au plus, dit-il en se relevant. Il appliqua de la crème et une bande autour de sa cheville avant de lui remettre sa chaussette et sa chaussure. Il se releva et lui tendit la main afin de l'aider à se relever.
Une fois debout, elle tenta de marcher mais sa jambe s'affaissa sous son poids. Wade la rattrapa avant qu'elle ne tombe une seconde fois.
— Je...Euh...merci, dit-elle se raclant la gorge. Elle se dégagea des bras de Wade, tout en tentant de ne pas trop s'appuyer sur sa cheville blessée.
Ils étaient au milieu de nul part, elle ne se voyait clairement pas repartir à pied. Wade allait-il la laisser ici ? Avant qu'elle ne puisse dire quoique ce soit. Elle se sentit soulever du sol.
— Qu'est-ce que... ?
— Nous devons arriver au refuge avant la nuit.
Wade la portait sur son dos, un sac à dos sur devant.
— Le sac ?
— Il reste ici, on le récupérera au retour.
Rien qu'à penser qu'ils allaient devoir faire le chemin en sens inverse, tous ses muscles se révoltèrent à cette idée.
Wade marchait avec elle sur son dos, comme si elle ne pesait rien. Sa poitrine frottait contre son dos à chaque pas. Elle essayait d'en faire abstraction, mais elle ne pouvait rien contre les réactions de son corps. Son entrejambe se contractait malgré elle. Tout son corps réagissait au contact du sien. Sa respiration s'accéléra. Il n'y avait aucune chance que Wade n'ai pas remarqué l'effet que leur promiscuité lui faisait. La chaleur des mains de Wade la troublait plus que nécessaire.
Wade réveillait trop de sentiments contradictoires en elle et cela la perturbait. Elle était en train de ce créer une nouvelle vie. Une nouvelle vie calme et sans interférences, pourtant la présence de Wade bouleversait sa tranquillité d'esprit. Rien qu'au magasin, elle avait presque failli se jeter sur lui.
Ils marchèrent pendant deux bonnes heures, quand enfin ils arrivèrent à ce que Wade appelait le refuge. Et elle était au supplice, son odeur, sa peau, tout lui donnait envie de se jeter sur cet homme.
Son désir retomba comme un soufflet quand elle aperçut le refuge. Il ne s'agissait ni plus ni moins que d'une petite bicoque en pierre. Ils allaient vraiment passer la nuit la dedans ?
— On est arrivé, dit Wade.
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