PARTIE 10 - Illusions brisées.
Pour une fois Lily arriva au travail plus tôt. L'appartement de Richard n'était pas vraiment un endroit qui respirait le bon vivre. Elle préférait encore être au travail ! Et pour ne rien arranger, elle portait une robe horrible. Moins de personne la verrait avec, mieux cela vaudrait ! La robe en question était informe, et sans surprise, noire. Richard avait fait livrer de nouveaux vêtements à sa taille cette fois-ci, mais on restait dans la même nuance.
Spencer arriva tandis qu'elle se regardait de pied en cape dans le grand miroir de son bureau.
— Oh mon Dieu ! Tes fringues ? Ma chérie, c'est quoi ce bordel ?
Il ne manquait plus que la brigade du style !
— Richard. Il m'a acheté des vêtements pour me dépanner de ceux que j'ai perdu dans l'inondation. Ça partait d'un tellement bon sentiment que je n'ai pas osé lui dire non.
Spencer la fit tourner sur elle-même et grimaça sous tous les angles. Pour le coup, elle ne pouvait pas vraiment le lui reprocher.
— Au fait, tu n'as pas vu mon téléphone ? demanda-t-elle en retournant s'asseoir à son bureau.
— Non, lui répondit Spencer.
— Bizarre, je pensais l'avoir laissé ici.
— Cette robe est en train de te griller les neurones.
Elle sourit, mais cela ne réglait pas son problème de téléphone. C'était étrange, elle était sûre de l'avoir récupéré hier. Pourtant, ce matin il avait disparu. Elle avait eu beau chercher dans tous les recoins de l'appartement, impossible de mettre la main dessus. S'il n'était pas au bureau non plus, elle était bonne pour aller en racheter un autre ! Son appartement, son téléphone, et quoi d'autre après ?
Quand elle rentra, Richard était déjà là. Il l'attendait avec un dîner, il ne manquait plus que les chandelles et l'ambiance serait romantique à souhait.
— Tu as passé une bonne journée ? lui demanda-t-il en l'aidant à enlever son manteau.
— Oui, mais tu n'aurais pas vu mon téléphone ? Impossible de mettre la main dessus. Tu es mon dernier espoir, se lamenta-t-elle en entourant son cou de ses bras.
— Non. On ira en acheter un demain si tu veux, proposa-t-il de bonne grâce.
— Je n'aurais pas le temps demain. Je dois partir tôt, il y a un gros shooting pour la page centrale.
Il tiqua légèrement quand elle mentionna le shooting. Elle attendit un début de tempête qui ne vint pas. Visiblement, la leçon était rentrée ! Les mannequins étaient et resteraient du domaine professionnel.
— Tu ne trouves pas ça agréable ? demanda Richard en lui servant une part de haricots fumants.
Elle le regarda, pas vraiment sûre de comprendre où il venait en venir.
— Tous les deux se retrouvant le soir devant un bon repas. Toute cette histoire à peut-être du bon finalement, cela nous permet de nous entraîner pour notre vie future.
— Tu veux dire, habiter ensemble ?
— C'est la suite logique bébé, n'est ce pas ?
Ok, temps mort. Comment en étaient-ils arrivés là ? Elle pensait pourtant que Richard avait compris que tout ceci était temporaire. Leur relation n'en était qu'aux prémices, pour sa part elle n'avait jamais envisagé passer à l'étape vie à deux. Du moins pas dans l'immédiat.
— Je...pense que tout ça est un peu prématuré, dit-elle pour essayer de tempérer ses ardeurs. D'ailleurs, je voulais t'en parler. Je pense que ça serait peut-être mieux que j'aille m'installer ailleurs.
— Pourquoi ? Tu n'es pas bien ici ?
Comment expliquer cela sans le froisser ? Elle opta pour la manière diplomatique.
— Si, mais je ne me sens pas vraiment chez moi ici.
— On peut trouver autre chose si tu veux.
— Je...on en reparle demain d'accord. Je vais aller me coucher. Comme je te l'ai dit, je dois me lever tôt.
Elle pressentait qu'ils ne tireraient rien de cette discussion ce soir. Elle préféra donc battre en retraite.
— Bien sûr. Il lui déposa un baiser sur les lèvres.
Elle avait mis son réveil très tôt, pourtant quand elle se leva Richard était déjà parti. Elle s'habilla avec une autre robe noire toute aussi moche que celle de la veille. Si cela continuait, elle allait devoir piocher dans la réserve du magazine.
Si jamais sa patronne la voyait habillée comme ça, elle risquait de douter de sa capacité à avoir l'œil pour la mode. Et Lily ne pourrait pas lui en vouloir ! Elle chercha une dernière fois son téléphone en vain avant de se diriger vers la porte. Elle eut beau tourner la poignée, rien. La porte semblait fermée de l'extérieur.
Qu'est-ce que c'était que ce bordel encore ? Elle fouilla dans son sac à la recherche de la clé que Richard lui avait donnée, rien ! Elle était pourtant sûre qu'elle l'avait remise dans son sac la veille ! Elle revoyait le petit porte-clé brillant disparaitre au fond de son sac.
Elle retourna le sac renversant l'intégralité de son contenu sur la console. Elle alla fouiller dans ses tiroirs, dans ses poches, toujours rien ! Non, non et non. Elle eut beau taper, pester contre le battant, rien ne se passa. Et pour ne rien arranger, elle n'avait plus de téléphone et Richard n'avait pas de fixe !
Elle était coincée là ! Comment cela avait pu arriver ? Elle avait bien précisé à Richard qu'elle avait une réunion importante, pourtant. Il n'aurait pas...? Non ! Il ne l'aurait jamais enfermé délibérément. Même s'il n'appréciait pas son travail, il savait à quel point cela comptait pour elle. Il ne l'aurait jamais empêché d'aller travailler sciemment.
Elle passa toute la journée à ruminer dans son coin, tournant en rond tel un lion en cage. Ce shooting était important. Heureusement, elle avait toute confiance en Spencer, il saurait gérer.
La frustration laissa vite place à une colère bouillonnante. Quand elle entendit enfin la clé tourner dans la serrure, elle était remontée telle une cocotte minute. Il avait intérêt à avoir une bonne explication !
— Tiens, tu es déjà là ma chérie.
— Déjà là ! Je ne suis jamais partie ! explosa-t-elle.
Le ressentiment avait eu le temps de gonfler en elle toute la journée et maintenant il fallait que ça sorte.
— Mais tu n'avais pas de shooting aujourd'hui ?
— Tu m'as enfermé, je te signale ! Je n'avais pas les clés pour sortir et pas de téléphone pour appeler qui que ce soit !
— Oh, oui j'ai pris ta clé ce matin, je trouvais plus les miennes. J'ai dû fermer par erreur, s'excusa-t-il.
Par erreur ? C'est tout ce qu'il trouvait à dire ! Elle avait envie de le traiter de tous les noms d'oiseaux qui lui passait par la tête. La fatigue de ces derniers jours combinées à sa colère devait lui donner un air de furie.
— Je suis désolé, d'accord. Il n'y pas mort d'homme non plus ! C'est pas comme si tu avais raté le sommet du G20.
— Il s'agit de mon travail ! Si les rôles avaient été inversés...
— Je t'arrête tout de suite, dit-il en l'interrompant. Ne compare pas ce qui n'est pas comparable. Tu prends en photo des bouts de chiffons tandis que je gère des millions de dollars.
— Je rêve où tu me prends de haut là ?
— Je te remets les pieds dans la réalité. De toute façon, je pense que tu devrais démissionner et rester à la maison. Je ne suis pas très à l'aise avec l'idée que tu côtoies d'autres hommes en dehors de moi, lança Richard sans ciller. En plus ça fait mauvais genre.
— Démissionner ? répéta-t-elle complètement éberlué par le tournant que prenait cette conversation. Non, je veux travailler !
— Je peux très bien subvenir à tes besoins. A moins que tu aimes sortir pour aguicher les hommes ?
Que ? quoi ? Mais qui était cet homme en face d'elle, elle avait l'impression de ne plus le reconnaître. Hier, il lui parlait d'habiter ensemble et ce soir de démissionner.
— Non ! Bien sûr que non ! C'est juste que j'aime mon travail.
Jamais de la vie elle ne quitterait son travail et encore pour satisfaire l'égo d'un homme. Hors de question !
— N'en parlons plus, j'irais donner ta démission demain. Et je ne veux plus que tu sortes sans me demander avant.
Comment la situation avait-elle pu autant dégénérer ? Elle ne voulait pas démissionner, elle adorait son travail. Si elle devait rester toute la journée ici, elle allait devenir folle ! Dans un réflexe d'habitude, elle voulut appeler les filles pour discuter de la situation avec elles, quand elle se rappela que son téléphone avait disparu.
Jusqu'à présent, elle s'était refusée à penser que Richard soit responsable de cette subite disparition. Mais au vu de sa réaction à l'instant, elle commençait à sérieusement douter de lui.
Elle avait besoin de faire un break, de respirer loin de toutes ces contraintes. Même en fouillant dans ses souvenirs, elle ne se rappelait pas d'un comportement aussi possessif de la part de Richard. Certes, il l'appelait souvent lorsqu'ils s'étaient fréquentés à l'université, mais il ne lui avait jamais imposé sa manière de vivre.
Décidant que marcher lui ferait le plus grand bien, elle saisit ses affaires et se dirigea vers la porte.
— Où comptes-tu aller à cette heure-ci ?
— Je...J'ai besoin de prendre un peu l'air.
— Un peu l'air, hein ? Qui vas-tu voir ? demanda-t-il menaçant.
— Personne, je vais juste marcher en ville.
— Non.
— Pardon ?
— Je t'ai dis non. Je ne veux pas que tu sortes, en plus il est tard. Tu devrais aller faire à manger.
— Et moi, je te dis que j'ai besoin de prendre l'air ! Si tu as faim, tu connais le chemin.
Sans avertissement, elle se retrouva plaquée contre la porte. La poignée de la porte lui rentrant douloureusement dans la hanche. Elle essaya de repousser ses deux mains trop fortes pour elle. Il la tenait fermement par les épaules lui empêchant toute possibilité de mouvements.
— Tu me fais mal, Richard !
— Et toi, tu ne me fais pas mal peut-être ? cria-t-il en postillonnant sur son visage.
— Je voulais juste prendre l'air, articula-t-elle doucement.
— Je crois que tu ne m'as pas bien compris. Quand je dis non, c'est non !
Il la relâcha et elle se laissa glisser le long du mur. Partir. Il fallait qu'elle parte d'ici ! La carapace lisse de Richard était en train de se fissurer. Non, elle venait d'exploser en mille morceaux.
— Tu viens chérie? l'appela-t-il depuis la cuisine. Je mangerais bien un rôti ce soir et toi ? Si tu t'y mets maintenant, on ne devrait pas manger trop tard.
Elle prit le temps de reprendre ses esprits. Elle regarda ses mains qui tremblaient sous le choc.
Qui était cet homme ?
***
Coucou mes orangettes !!
Voilà le nouveau chapitre ! Le prochain dimanche, je serais trop occupée samedi pour poster.
Sinon j'ai réfléchi et il y aura sûrement un tome 4. J'ai trouvé la trame principale, je pense que vous n'allez pas être déçu !! Notre fougueuse Nina ne finira donc pas seule. :)
Bonne lecture, des bisouilles !! <3
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