9- L'Orbe

Au bruit de pièces de monnaie, elle émerge de son « sommeil » ?

A-t-elle dormi ?

En levant les yeux, elle voit devant elle une personne qui se relève après avoir laisser tomber quelques sous dans un pot de verre devant Kalia.

— Vous me voyez ? demande Kalia pleine d'espoir.

— Merci M'dame et que Dieu vous bénisse, fait une voix rauque près d'elle.

Kalia se retourne et aperçoit un vieil homme barbu qui tend une carte de Noël gribouillée à la main.  Il en a un tout un tas devant lui et il les échange contre quelques pièces.  Il est assis juste à coté d'elle.  Surprise et un peu apeurée par l'apparence déguenillée de l'homme, Kalia a le réflexe de se tasser plus loin le long du mur.  Qui est-il ?  Noël est proche ?  Elle ne se rappelle pas de la date.

Mais l'important est là : non, ils ne la voient toujours pas.  Personne n'a conscience de sa présence.  Le vagabond se sera installé, pour faire son petit commerce d'aumône, tout près d'elle sans la voir.

Kalia constate que le soir est tombé.  Les gens sont moins nombreux.  Les rares passants sont ceux qui sortent des restaurants ou qui se dirigent vers des bars, des salles de spectacles ou de cinémas.  Combien de temps a-t-elle dormi ?  Si elle a dormi.   Elle ne ressent pas de fatigue et ne se souvient pas d'avoir rêvé.  Est-ce que tout ceci est réel ?

Comme elle se sent désorientée...

Elle se relève et arpente encore une fois les rues au hasard.   Elle aperçoit quelques flocons qui flottent doucement vers le sol.  Et oui, il y a quelques décorations ici et là qui annoncent l'arrivée du temps des Fêtes.  Surtout dans les commerces.  Il lui semble qu'elles n'étaient pas là avant son sommeil.   Elle estime donc que l'on doit se situer après l'Halloween, soit novembre ou décembre.  En passant près d'un kiosque à journeaux, elle cherche des yeux la date.  Le 20 novembre.  Elle a 20 jours pour effectuer sa mission. 

Sauver une âme !  Pour le 10 décembre.

Quel enfer !

Avec la nuit bien installée, les rues se vident et un vieux réflexe, bien humain celui-là, la pousse à chercher un endroit pour s'abriter.  Au fond, en y réfléchissant, elle pourrait entrer dans n'importe quel endroit - maison, commerce... mais elle s'y refuse.  Par pudeur et aussi car elle considère que ce serait de profiter de la situation.  Cette nature d'ange pourrait lui apporter bien des avantages, mais elle se refuse à en user au détriments des autres.

Au bout d'une boulevard, elle se retrouve dans un quartier plus ancien.  Elle s'y aventure à la recherche d'un lieu plus tranquille où elle ne risque pas de se « réveiller » près d'un inconnu une autre fois.

Du coin de l'œil elle aperçoit une silhouette grise qui se déplace avec grâce.... un autre ange comme elle ?  Kalia se dirige vers le coin de rue où l'ombre a disparu : rien.   La jeune femme poursuit ses déambulations.  Dans la noirceur, les lieux ne sont guère rassurants.  Elle distingue comme des murmures autour d'elle.  Elle se retient de tenter de prendre contact.  «Je ne suis pas réelle » se répète-t-elle.  Cette réflexion fait naître en elle un sentiment très désagréable. 

Elle tente de calmer son angoisse.  Si elle pouvait être entendue, elle en hurlerait !

Au bout d'un croisement ... une lueur bleue.

Kalia s'élance et se faisant, par mégarde, elle traverse une barrière grillagée sans encombre.  En fait, c'est la barrière qui la traverse littéralement.  

Sensation métallique, électrique, étincelles. 

 Elle fait une mince pause : comment s'habituer à ce phénomène ?  Aucun cadenas ne peut résister à son corps vaporeux !

Au bout de quelques pas, elle se retrouve face à une vieux bâtiment en rénovation.  Elle inspecte les environs sous les rayons de la Lune qui se pointe entre les nuages.  Les sons résonnent autour d'elle : aboiement d'un chien, feuilles sèches au sol, poussées par le vent, porte que l'on referme violemment au loin.  Cette résonance indique que l'air est sec et craquant.  Il doit faire froid.   Heureusement qu'elle ne ressent rien car elle n'a vraiment pas les vêtements adéquats. Les lieux sont déserts.  Il se fait tard.  Autant se réfugier dans le bâtiment.

Soudain, alors qu'elle hésite encore, dans son champ visuel elle aperçoit la lueur de nouveau : cette petite orbe de lumière azurée entrevue plus tôt qui se glisse près d'elle et s'immisce dans le mur de pierre devant elle.

Un signe ?

Elle se résigne : «D'accord, voilà que je dois faire le passe muraille... au sens littéral du terme ! »

Elle prend son courage à deux mains et tend ses mains vers le mur.


******************

La réalité de l'ange est bien loin de la nôtre.

Kalia doit accepter l'évidence : son destin la conduit sous les courbes d'une orbe bleutée !

Quelle sera sa destination ?

Imaginez si les anges furetaient ainsi réellement  parmi nous sans que nous le sachions...

Oh mais !   Les entendez-vous qui murmurent ?

Quel est leur but réel ?  


Bonne semaine et à vendredi prochain ;)

Gaïa;)  

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top