8- L'Errance
Une ombre apparaît au coin d'une rue passante...
Personne n'y porte attention, pressé de se rendre au travail ou à quelques rendez-vous importants.
L'ombre s'épaissit puis se stabilise en substance.
Kalia est en ville !
Elle ne reconnaît pas les lieux - si tant elle qu'elle le devrait. Elle observe son nouvel entourage. Décidément, rien ne lui est familier mais elle est bien heureuse de se retrouver dans un environnement tangible, ayant des formes et des perspectives.
Le ciel est gris et bas, des bandes de nuages sombres et serrés se précipitent das le ciel. Les rues lui sont en reflet, grises et blanches de neige plus ou moins usées, comme des sentiers peu invitant à la promenade. Les arbres qui les habillent de leurs silhouettes dénudées n'ajoutent aucune couleur. Les commerces présentent des vitrines tristes. Aucune mentions de célébrations quelconques qui pourraient permettre à Kalia de savoir à quelle époque de l'année elle se trouve. Tout ce qu'elle sait, ce n'est certainement pas l'été ni le coeur des festivités en plein hiver.
Même les enseignes des magasins sont ternes comme l'ensemble des vêtements et manteaux des passants. Mais voilà, Kalia est sûrement la seule à s'apesantir sur les lieux, car les gens se pressent sur les trottoirs inertes en relavant leur col ou leur foulard sur leur bouche. Leurs souffles laissent des nuages de buée. Ils semblent avoir froid et se hâtent à s'engouffrer dans un immeuble, un taxi ou un autobus.
Mais elle, a-t-elle froid ? Non.
La jeune femme observe son propre habillement : toujours ce vêtement grisâtre et ses pieds nus. Loin d'être approprié pour la saison ! Et pourtant , elle ne ressent aucun froid. Une femme passe près d'elle avec ses longs cheveux qui virevoltent autour de sa silhouette sous le vent, mais Kalia ne ressent aucun souffle sur sa peau. Un autobus tourne le coin de rue en pétaradant et en laissant derrière lui un nuage de kérosène, mais aucune odeur ne parvient à ses narines. Elle réalise alors : aucun de ses sens ne lui envoit des perceptions ! Elle est présente mais sans y être vraiment !
Un début de panique s'empare d'elle mais elle se reprend. Au fond est-ce cela être un ange ? Qu'est-ce qu'elle en sait.
Une fois qu'elle a réussi à s'habituer à sa « non présence », elle entame une marche dans les rues. Elle se déplace mais sans sentir le froid du sol, seulement un frémissement sous la plante de ses pieds auquel elle s'habitue rapidement comme étant la seule preuve de sa présence en ces lieux. Pourrait-elle voler ? Mais, elle ne le veut pas. Alors elle se concentre sur ce frisson sous ses pieds et s'y ancre de toute sa volonté.
Elle marche dans les rues, personne ne lui porte attention, ils sont si pressés ! Pour sa part, elle s'émerveille de son retour sur terre. Sans souvenir, tout lui paraît nouveau et intéressant. Malgré la mornitude de cet endroit, tout est surprenant. Morne mais intriguant. Elle promène ses yeux partout aux alentours, cherchant un indice qui raviverait sa mémoire.
Qui est-elle ? Ou plutôt qui était-elle ? Est -elle venue ici ?
Peine perdue. Seul le néant habite ses souvenirs. Un ange n'a peut-être aucune mémoire.
Elle doit se faire une raison. Au fond, elle est ici pour sauver une âme, pas pour retrouver qui elle était.
Sauver une âme ! Comment faire cela ? Doit-elle vraiment exécuter cette mission ? Et si elle s'éloignait de ces lieux ? Elle pourrait refaire sa vie. Sans bruit.
Elle réfléchit à cette option alors qu'elle arrive au coin d'une rue. Un homme hélant un taxi fonce sur elle... et la traverse. C'est une sensation bizarre, comme de passer sous une bruine fraîche avec des étincelles qui picotent l'esprit. Durant cette traversée, elle ressent les émotions de l'homme : fatigue, frustration, anxiété, stress. Elle voit des images inconnues : une femme blonde qui crie des insultes, un téléphone qui sonne sans arrêt, une voiture qui est en panne. Le moment de vie de l'homme qui, sans l'avoir aperçu ou même tiqué de l'avoir traversée, s'engouffre devant elle dans un taxi qui démarre en trombes. Kalia reste immobile sur place, choquée par ce qu'elle vient de vivre et surtout de réaliser : elle n'a pas de corps physique.
Non ! C'est impossible !
Elle se tourne vers une femme assise à un arrêt d'autobus. Elle se plante à quelques centimètres de son visage : rien. Elle lui parle, agite les mains devant ses yeux : rien. Elle tend sa main avec rudesse et lui touche le bras : sa main passe au travers ! En un instant, Kalia ressent les pensées de l'inconnue dans sa tête. Elle frissonne et retire vite ses doigts ! Rien de bien beau n'est apparu à son esprit : abandon, solitude, morosité... Comment de telles pensées peuvent se trouver derrière un visage en apparence si paisible ? Elle regarde les gens qui passent eutour d'elle : ont-ils tous de telles pensées ?
Effrayée de faire d'autres contacts, elle reste le long des murs des bâtiments en évitant autant que possible les endroits trop achalandés.
Kalia est découragée. Pas de vie, de corps physique, d'emprise sur le milieu. Comment pourra-t-elle aider quelqu'un si elle n'a pas de substance. Où aller ?
Elle marche au hasard dans la ville en scrutant les visages. David lui a dit qu'elle saurait qui elle doit aider. Comment ?
Elle attend un signe.
Errera-t-elle ainsi pour l'éternité ?
Finalement, serait-ce cela l'enfer ? Être condamnée à vagabonder comme une ombre pour l'éternité ?
Elle s'assoit tristement le long d'un mur et se recroqueville sur elle-même, alors que la vie tangible se déroule autour d'elle au rythme des heures qui passent.
........
Bonjour chers lecteurs !
Kalia se sent bien seule dans cette ville. Et pourtant, elle est entourée de tant d'humains !
N'est-ce pas ainsi que l'on se retrouve, dans nos cités si grandioses et modernes ?
Isolé dans la multitude, accompagné de multiples silhouettes mais de bien peu de visage, nous devons trouver les personnes qui sauront nous accompagner sur une bout de notre chemin dans cette réalité. C'est à la pointe de notre esprit, au coeur de notre être, au fond de notre âme que nous saurons reconnaître les alliés pour un destin favorable.
Qui est votre ou vos acolyte(s) dans votre chemin de Vie actuelle ?
Quel signe ou événement vous a permis de le(s) reconnaître ?
Le ou les cherchez-vous encore ?
Que feriez-vous à la place de Kalia ?
Bonne recherche mes anges.
Gaïa;)
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