7- De l'autre côté : l'Ultimatum

Je suis là depuis... je ne sais pas.

Je suis seule... je crois.

Je vois... non, je ne vois rien en particulier.

J'entend... c'est plutôt confus.

Je sens une panique qui m'envahie et j'ai peur d'y céder et de perdre la tête. Je tente de conserver mon calme mais je sens tout mon être trembler.

— Calmez-vous, ce malaise va se dissiper bientôt.

— Qui a parlé ?

— Calmez-vous, répète la voix doucement.  Je suis ici pour vous accueillir et vous informer.

— M'informer ? De quoi ?

— Vous répondre.  Car, c'est sur que vous avez plein de questions, n'est-ce pas Kalia ?

Kalia !  Oui, c'est mon nom.   Je réalise que cette information me calme.  Me reviennent ensuite, en une série de flash : des images, des souvenirs, des sentiments.  Mais le tout s'évanouit en une seconde, un petit instant de joie qui s'évapore hors de ma portée.  Une seule image demeure dans ma tête : la silhouette musclée d'une jeune femme à la peau claire, aux cheveux châtain clair en désordre sur les épaules.  Ses yeux bleu pervenche me fixent avec intensité, comme si elle voulait voir en moi.  Mais qui est-ce ?

— C'est vous, me répond la voix tout près de moi.

Je sursaute autant de surprise par la proximité de mon interlocuteur que par sa capacité apparente de lire en moi.  Un frisson me traverse alors que je prends conscience de ma propre apparence mais... l'image s'évanouit aussi vite dans ma tête.  Je me sens perdue.  Je tente de voir autour de moi, mais tout est noir.

— Où suis-je ?

— En fait, vous n'êtes nulle part.  Ce sera d'ailleurs à vous de décider où vous irez.

— Qui êtes-vous ?

— Vous voyez que vous en avez des questions, ricane la voix.

— Mais répondez-moi !  Qui êtes-vous ?

— On me nomme Daniel, je suis le Garde des Voies.

— Je ne comprends rien, murmuré-je en sentant la panique m'envahir.   Où sommes-nous ?  Où êtes-vous ?  Je ne vous vois pas !

— Pourquoi le visuel est si important pour les nouveaux ? soupire Daniel.

Autour de moi une lueur de crépuscule s'installe.   Tout est entouré d'un halo de lumière blanchâtre qui provient de partout à la fois. Je suis debout face à un homme très blême, imberbe et au crâne nu.  Ses yeux pâles me scrutent intensément mais avec bienveillance et appui.  Il est habillé de vêtement gris pâles et se tient calmement devant moi, paisible et patient, ses mains sagement croisées devant lui. 

Je me penche sur mon corps, je suis habillé de vêtements semblables. Je lève mes mains pour palper mon visage. Je ne porte aucun bijou, aucun trait distinctif ne se distingue dans mon examen.  Étrange, je suis aussi fade que mes souvenirs absents...  La peur remplace la panique.  Je plonge me yeux dans ceux de Daniel :

— Mais qui suis-je ?

— Cette amnésie est normale.  C'est mieux ainsi.  Vous avez eu une vie bien chargée, soyez-en sûre.

— J'ai eu ? Quoi ?

Il me laisse un instant pour réfléchir.  Je fouille ma mémoire.  Plus rien.  Sauf mon prénom et mon image corporelle.  Rien d'autre.

Mais, une certitude s'impose alors à moi :

— Je suis morte.

Il acquiesce doucement.  Je regarde autour de moi.  J'analyse mon comportement : bizarrement, je ne panique plus.   Je constate simplement ce fait : je suis morte.  Je ne sais plus quelles sont mes croyances religieuses, mais je me rappelle des concepts d'Enfer et de Paradis.   Mais ici tout en flou, rien n'est distinctif, ma vision ne me permet pas de m'orienter en quoi que ce soit.   Il n'y a pas de nuages blancs ni de flammes douloureuses.   Aucune musique ou plainte des damnés.  En fait, je n'ai aucune perspective, aucune idée des distances.  Tout ce qui m'entoure est intangible.  Il n'y a que moi et Daniel qui offrent une certaine réalité.

Ce-dernier commence à me parler de sa voix grave et douce.

— Kalia, sachez en premier que je suis incapable de mentir.  Comme vous aussi d'ailleurs, vous le réaliserez bientôt.  En fait, vous n'étiez pas supposée venir ici.

— C'est quoi : l'Enfer ? risqué-je.

— Non, non , ce n'est ni l'Enfer, ni le Paradis, répond-il en souriant.  Vous êtes engagé dans une voie qui... En fait, vous auriez dû vous arrêter en un lieu qui se nomme la croisée des Anges. Bon... Normalement ceux qui se présentent ici ont échoué à leur formation et sont déchus pour un temps indéterminé....

— Un ange... moi ?

— Oui, c'est ce que vous êtes... un ange.  Je ne sais pas quel chemin vous avez pris, mais c'est bien cela.

— Et ici, c'est là où un ange devient déchu ?

— Oui, l'Enfer pour celui qui a échoué.  C'est mon triste rôle.  C'est ainsi...normalement.

—...normalement.  L'enfer ? Donc, je ne suis pas supposée y ...   Pourquoi ? 

J'observe autour de moi.  Je tente de contrôler ma voix qui chevrote.

— Non, vous n'êtes pas rendu là.  Mais vous êtes ici... On va l'accepter ainsi.

— Mais je ne mérite pas cela, je crois !  J'imagine que...  Je refuse !

Un silence inquiétant se pose entre nous.   Daniel ferme les yeux et son visage devient lumineux.  Il semble en réflexion intense.  Observe-t-il ma vie passée dont j'ai tout oublié ?  Quand il réouvre ses paupières, ses yeux ont un reflet insistant qui m'émeut au plus haut point.

— En effet, vous n'avez pas mérité cette sanction.  Donc, je dois vous donner une chance de vous diriger ailleurs.  Mais votre vie est complètement effacée et vous ne pouvez... en fait vous ne devriez pas être ici.

Daniel semble bien découragé.  Je crois que je suis un fardeau pour lui.  Mais je ne veux pas qu'il choisisse pour moi la voie directe vers l'Enfer.  Je tente de placer tout mon pouvoir de persuasion dans ma voix, mes yeux, tout mon être :

— Alors envoyez-moi ailleurs, je vous en prie Daniel.

Il me regarde en passant sa main sur son visage.  Est-ce un ange lui aussi ?  Il n'a pas d'aile ?  Ai-je, ou aurais-je, des ailes ?  Une auréole ?  Je viens pour lui poser la question, mais il déclare d'une voix plus ferme et décidée :

— Vous ne pouvez sortir d'ici qu'en achevant une mission comme l'une de celles que l'on vous aurait fait accomplir à la Croisée des Anges.  Mais vous n'aurez malheureusement qu'une seule et unique mission pour faire vos preuves.

— Que voulez-vous dire ?

— Vous devez sauver une âme condamnée.

— Quoi ?  Un méchant, un criminel, une brute ?

— Pas tant que cela, sourit-il avec indulgence, vos capacités ne sont pas de ce niveau.

— Comment je saurai que c'est une âme condamnée ?  Que c'est celle que je dois sauver ?   Vous allez m'aider ?

— Vous le saurez en croisant l'âme, je ne peux pas vous aider.  Pas directement et officiellement, en tout cas.  Mais vos chemins se croiseront.  Vous devrez développer la Patience.

Je sens le découragement m'étreindre.

— Mais je ne serai pas capable.  Je ne saurai pas quoi faire ?

— Avec la Patience viendra le Savoir.   Je vous donne seulement la consigne d'entrer dans la vie de l'âme désignée et ensuite de la ramener dans le droit chemin.  Vous aurez alors découvert l'Altruisme et la Rédemption.

— Entrer dans sa vie ?  Mais je n'ai plus ma propre vie.  Je suis morte et sans aucun souvenir.

— On vous donnera une vie d'emprunt.   Vous la découvrirez en temps opportun, rassurez-vous. Cependant, c'est vous qui déciderez de vos actions.  Comprenez Kalia, je ne peux pas agir à votre place.  Vous devrez réussir cette mission. 

— Ai-je le choix ? 

— Pas vraiment, j'en ai peur.   C'est cette mission ou un sans-issu : l'Enfer, comme vous dites.   Et cela, pour un temps indéterminé.

Je réfléchis à toute allure.  Je ne sais pas comment j'en suis arrivé là ou ici, mais je n'ai pas d'autre alternative.   Même s'il s'agit d'une erreur.... 

J'essais de me convaincre.

— Ah oui ! j'oubliais, il y a deux contraintes : vous ne pourrez mentir et vous aurez vingt jours terrestres pour réussir, dès l'instant où vous serez là bas.  De plus, vous ne pouvez revenir ici que deux fois pour avoir des conseils et finalement, vous pouvez choisir d'abandonner en tout temps..

— Abandonner de moi-même !  Choisir l'Enfer ?  Plutôt mourir...

"Mais tu l'es ! " me murmuré-je en esprit.

Je réalise l'inéluctabilité de ma situation.  Je dois réussir... sauver une âme !

— Je vous souhaite de réussir.

— Les autres... anges, eux, ils réussissent ?

— Pas toujours. 

— Vous êtes encourageant !

— Je ne dis que la vérité, rappelez-vous.

— Et je peux revenir vous voir exactement deux fois !

— Ce sont les Règles.  Revenir une troisième fois sera un constat d'échec.  Pour revenir vous n'aurez qu'à me demander.  Je suis à l'écoute.  Vous verrez, cette mission est...

— ... impossible.

Un sourire s'épanouit sur son visage.

— C'est la mission de plein d'Anges vous savez.

L'image de ces êtres aux ailes blanches me revient en esprit.  Je suis l'un d'eux.   Je dois m'y faire.

— Vous vous y ferez.  Ne cherchez pas les ailes.  Ce n'est pas tout faux mais, il y a une part de folklore là-dedans. 

Il me regarde avec les yeux pétillants.  Je jurerais qu'une lumière surplombe sa tête.

— Je commence quand ?

— Il n'y a pas de "quand" ici.  C'est vous qui en ferez le choix.... que vous êtes d'ailleurs en train de faire...

Il me sourit.   Il devient flou.  Je regarde mes mains : je m'évapore...

— Que m'arrive-t-il ?

— Vous avez choisi, Kalia.  Votre mission commence.  Faites de votre mieux.  Patience.

Ce dernier mot résonne dans ma tête, alors que ma vue s'obscurcit et que je me sens emportée dans un maelström de lumières iridescentes.

Je suis Kalia... un ange envoyé sur Terre pour sauver une âme... et me sauver des enfers.

Qui le croirait ?

Moi ?

********************

Bonjour !

Et vous voilà plongé dans le Fantastique.  

L'ange Kalia qui part en mission.  Pour éviter les enfers.  Pour sauver une âme perdue.  Laquelle ?

;)

Qui était Kalia de son vivant pour se retrouver dans ce quiproquos angélique ?

On tombe dans un monde fantastique avec du paranormal qui s'invite dans notre train train de tous les jours !  Bienvenue dans cette zone où l'Autre côté crée des passages avec notre réalité.

Croyez-vous aux anges ?

J'avoue avoir bouquiné un peu le sujet pour cette histoire.  Les anges existent dans les croyances depuis la Mésopotamie.  On les retrouvent dans toutes les grandes religions de notre Histoire et ils existent aussi chez les athées qui y retrouvent l'expression de l'énergie primordiale de chacun de nous.  Bref, les anges sont partout.


Bonne semaine mes angelots !

Gaïa ;)

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