13- L'Issue

Après un certain temps de silence, l'homme murmure les yeux fermés :

— Qui est David ?

Kalia qui tente toujours d'endiguer le saignement de la main sursaute un peu.   Elle croyait l'homme inconscient.  Elle voit le pli soucieux revenu au coin de la bouche barbue.  Il est tendu.

— Un ami... mon patron

— Vous travaillez pour lui ?

— En quelque sorte.

Kalia se sent un peu mal... comme un étouffement.

« Je mens. »

— En fait, non, corrige-t-elle.  Je travaille à mon compte.

L'étouffement disparaît.

— Cela ne semble pas trop bien payé, ajoute l'homme avec un petit rire, qui s'étouffe dans sa gorge, tout en désignant le vieux manteau de Kalia.

— Cessez de parler et de vous moquer de moi, sourit-elle en fronçant les sourcils.  Et puis, oui, j'avoue que cela ne rapporte pas très bien.  Je suis, disons dans une situation délicate en ce moment.   Une... mauvaise passe.

— On dirait que nous sommes dans une situation semblable, sauf que moi... je ne sais rien de plus... sur moi.

Une plainte s'échappe de ses lèvres qui deviennent exsangues sous l'assaut d'un vertige.  Il sent une chaleur l'envahir alors que Kalia pose sa main sur son front pour l'apaiser.

— Calmez-vous, ajoute doucement la femme.  Au lever du soleil, tout sera plus simple.

— Je retrouverai ma mémoire ? demande-t-il, amer.

— On ne peut en être sûr, mais nous y verrons plus clair.

— Nous ?

— Je serai là... promis..

— Pourquoi ?

— Cela me semble un bon endroit pour passer la nuit...

— Passer la nuit, relève l'homme avec un ton plein de sous-entendu.

Kalia le regarde, interdite.  Il a les yeux fermés, mais elle discerne un relèvement discret du pli amer de la bouche masculine. 

— Mieux... qu'à l'extérieur je veux dire, corrige-t-elle en rougissant un peu.

— Je vois...

Sous l'abri de ces cils, il l'observe à nouveau : la lueur de la lune passant par les verrières met des couleurs sur les mèches blondes des cheveux qui s'échappent du bonnet.   Le visage de la femme est dans la pénombre, mais il lui semble discerner un sourire gêné par ses remarques. Ses gestes d'assistance sont si sûrs par les soins qu'elle lui a prodigués mais elle semble si ... jeune ?   Un doute subsiste.    Peut-il lui faire confiance ?   Elle va sûrement l'abandonner à son sort... à son oubli.

« Mais qui-suis-je pour la juger ainsi ?  Qu'est-ce qui me donne des pensées si négatives ? »

— Merci Kalia, souffle-t-il alors que son esprit s'apaise et retombe dans une calme inconscience.

Il s'endort et Kalia veille.  Les ombres se déplacent dans la pièce . Que doit-elle faire ?  Sauver une âme ou sauver un corps.

Sauver un corps... En aurait-elle le pouvoir ? 

Elle prend plus fermement la main blessée qui a enfin cessé de saigner.  Elle se hasarde ensuite à poser un bout de son index sur la plaie écorchée qui lui a donné tant de peine à endiguer.  Elle ferme les yeux avec application, baissant son visage vers le membre atteint.   Elle demeure ainsi prostrée, en tentant de concentrer sa volonté vers la blessure.  Elle attend un instant, puis ouvre les yeux et enlève son doigt avec précaution.

Rien.  Rien de différent !

Que croyait-elle ?   Qu'elle aurait le pouvoir de guérison ? 

Elle se traite d'idiote en réajustant le bandage en place.

Ceci étant fait, elle reprend place, assise en tailleur près du blessé.

Qui est-il ?   Un SDF ?   Un voleur ?  Un criminel ?

« Une âme à sauver... »

Il n'a rien avec lui : pas de papier, ni portefeuille.   Il a bien un cellulaire, mais brisé et qui refuse de s'allumer.

Et il y a ce trousseau de clefs anciennes...

Des clefs...

Une porte ?  Un indice sur ses origines...ou leur destin.

**************

Les anges gardiens ont souvent été décrits comme des entités qui veillent sur les êtres humains, et ce dans plusieurs sociétés.  D'aussi loin que la lointaine Mésopotamie, on en retrouve des traces, même en dehors de la tradition judéo-chrétienne et de l'islam.

Aujourd'hui, on retrouve souvent des personnes, croyants en une des grande religions ou non, qui attestent de la présence des ces êtres mystérieux.  Ils navigueraient parmi nous, veillant sur notre bien-être et murmurant à notre conscience, afin de nous guider ou nous éviter des malheurs.

Il y a bien des témoignages de personnes, qui après un événement malheureux, ayant échappés à la tourmente, diront : « Je ne sais pas pourquoi... mais j'ai choisi de ne pas continuer, de changer mes plans... et je suis encore vivant, sans être blessé.   »

Était-ce leur ange qui veillait à leur côtés à ce moment décisif  de leur vie ?  Qui a murmuré à leur oreille tout doucement, influençant la courbure de leur destin.

Êtes-vous de ceux-là ?   Votre ange a-t-il soufflé sur le fil de votre vie ?

À vendredi mes angelots !

Gaïa;)


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