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Je suis de nouveau dans cette chambre, de retour dos contre sol et jambes sur le lit. C'est une position tellement agréable que, cette fois, Max est à côté de moi. Bien sur avec une distance raisonnable, je suis un alien après tout. Cela fait déjà 37 minutes que je suis là, 33 qu'il y a le silence et 32 qu'il est a côté.
Le silence n'est pas si oppressant il est juste là, avec nous il est naturel. Je pourrais presque faire une sieste ici, mais je ne lui fais pas assez confiance. Imaginons qu'il décide de me disséquer dans mon sommeil, d'accord j'imagine peut-être un peu trop.
- Sinon...
Je voulais dire quoi après déjà ? J'ai oublié, ma phrase reste suspendue dans l'air de la pièce. Le mot se disloque entre ses lettres qui s'écartent et vont chacune où elles se portent, s'évaporant au son de la voix du garçon à ma droite.
- J'ai quelque chose à te proposer.
Je tourne ma tête vers lui, mais son regard reste obstinément accroché à son plafond. J'attend qu'il reprenne, mais il semble attendre que je ne sais quoi se produise. Je prend la parole.
- Dis-moi ou envois-moi un message quand il faudra que je revienne pour l'entendre.
- Un instant, juste un instant...
D'accord, un instant. J'attendrai quelques instants, car son instant est passé mais je ne relèverai pas. Trois inspirations et deux inspirations, il recommence à parler sur la troisième.
- Si tu m'aides, je ne pourrais pas t'expliquer pourquoi, pas juste comme ça au passage.
Il s'arrête un instant, inspire profondément. Je me retiens de demander pourquoi.
- Donc, tu pourras me poser une question tout les trois jours.
- Chaque demies journées.
- Trois jours.
Il tourne la tête vers moi.
- Demie journée.
- Deux jours.
- Chaque jour.
- Vendu.
J'ai gagné. Je réprime mon sourire et reprend la parole.
- Mais t'aider sera assez long pour que tu anticipes qu'il y ait plusieurs fois trois jours qui s'écoulent ?
- Je crois bien que oui.
Son regard retrouve le plafond. Le mien aussi. Le silence naturel revient, juste comme ça. Mais il ne dure que 5 minutes, que je n'ai pas compté, cette fois. C'est lui qui le brise.
- Ça te dis qu'on se mange une glace avant de partir ?
On se tourne simultanément l'un vers l'autre.
- On va partir ?
- Oui.
- Va pour manger, mais je veux une gaufre.
- Je paye.
Bizarrement nous nous sourions, peut-être que cette histoire m'aura fait découvrir un vrai ami. Je descend mes jambes de son lit et me relève.
- Je m'occupe du trajet ?
Il hoche la tête en guise de réponse. Je n'ai jamais essayé de transporter un humain avec moi, mais trois paquets de céréale/chips au milieu de la nuit ça marche alors autant essayer. Il se lève aussi. Je lui tend la main, il la prend.
- Désolé pour la violation de ton espace personnel.
Il a à peine le temps de se demander pourquoi je lui sors ça que je le tire vers moi et passe mes bras autour de lui. Je le tiens bien, ce serait bête qu'il m'échappe au milieu du saut.
- On saute, je lui souffle dans l'oreille.
En un clignement de paupières, nous nous retrouvons dans la ruelle derrière mon vendeur de gaufres préféré. La réaction de Max me fait rire immédiatement, il regarde partout en se pinçant tout le corps. Les sauts font partie de ma vie, je n'ai jamais eu cette réaction alors c'est drôle d'imaginer à travers lui qu'elle sensation nouvelle cela a pu provoquer. Mon rire finit par s'épuiser et sa surprise diminuer.
- Tu me la paye cette gaufre ?
Je pars devant, il est quelques pas derrière. On rentre dans la petite boutique qui commence à se vider, en effet elle ferme à 20h et il sera bientôt 19h45. Mais je suis une habituée, la totalité du personnel, y compris Le propriétaire. Ça ne dérangera donc personne si on reste un peu plus longtemps.
Je commande une gaufre spéciale nutella cookie avec supplément fraises tagada, avec un chocolat chaud aux minis guimauves. Max prend juste une gaufre au sucre avec un coca. Je crois que tout son budget va partir dans mon estomac mais tant pis, c'est lui qui a voulu payer.
C'est quand nous commençons, surtout moi, à savourer nos gaufres que je réalise que je ne savais pas où aller nous mener son « partir ». Je profiter donc de chaque bouchées de cette gaufre que je n'avais jamais gouter, à cause de son prix.
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