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M'étais-je dit, avant de venir, que le silence aurait pu être aussi long ? Je n'en suis pas sûre, en fait non. Je suis sûre que je ne me le suis pas dit. Je n'ai même pas envisager la possibilité qu'en 12 minutes de silence, merci à l'horloge, j'ai retenu chaque détail de cette chambre. Depuis la paire de chaussettes posées sur la lampe murale au-dessus du lit jusqu'au voyant lumineux sur la console à l'autre bout de la pièce. Mon dernier recours pour passer le temps, essayer de retenir les irrégularités de la peinture sur le plafond. Une craquelure à droite d'une petite bosse, certainement causées par un mauvais pinceau. Un peu plus loin, une autre craquelure et ainsi indéfiniment.

C'est long, ennuyant, fade. Le seul son qui retentit dans la pièce est celui de son ordinateur qui souffle. Prendre son mal en patience. Patienter encore un peu. Je ne suis pas là pour rien. Je commence à avoir le temps de me faire du coatching de vie personnel, ça devient vraiment trop long. Je tire sur ma nuque afin de porter mon regard sur Max, on pourrait croire que je ne suis pas là et qu'il va s'endormir sur sa chaise. Son regard vide fais disparaître tout reste de patience en moi. Je n'en peux plus. Je saute.

Un autre plafond d'offre à moi. Mon plafond, dans ma chambre, avec mes affaires. Je soupire, cet idiot m'aura définitivement fait faire pas mal de choses, donc cette dernière était la plus inutile. Je me redresse à la verticale avant de prendre un bout de papier et un stylo à paillettes roses. Certainement des restes d'une possible farce du mini monstre. J'y griffonne mon numéro et un « Arrête de me faire perdre mon temps, merci ».


Après une longue inspiration et un saut éclair, le papier est posé quelque part sur son lit et je réenfile ce qui me sert de pyjama. Je retrouve mes âmes sœurs : lit, couette et oreiller. Mais le rouleau de printemps que je suis désormais ne parvient à s'endormir à cause de cette horrible phrase « Ce soir, 22h. ». Comme une malédiction elle martèle à nouveau mon cerveau. Je reste ainsi, à tenter d'envoyer cette phrase loin de mon cerveau jusqu'à ce que le sommeil m'emporte. Et cela tarde trop.

Je me retrouve alors à nouveau dans cette pièce au silence assourdissant. Aucun élément n'a bougé, j'ai juste échangé de place avec Max. Je le regarde depuis la chaise, c'est vrai que voir ma position mi-allongé mi-assise à l'horizontale est assez déroutant. D'un coup, le silence se rompt grâce à une des lampes qui se met à chanter. Les deux autres la rejoignent et elles se décrochent des murs pour faire une petite chorégraphie au centre de la pièce. Quand une des trois glisse sur le tapis, je me réveille enfin. Merci mon réveil.

En mangeant mon petit déjeuner, je me dis que cette journée va être longue. En m'habillant, je me rappelle qu'hier était long. En partant de la maison, cette semaine me parait la plus longue de ma vie. En atterrissant au lycée, j'ai cessé d'imaginer comment se passera cette journée. En m'installant à mon coin habituel, je finis ma nuit pour empêcher mon cerveau de fonctionner inutilement.

Les cours passent à une lenteur extrême. J'ai arrêté d'essayer de me concentrer après 7 minutes d'efforts. Quelle idée aussi de mettre un cour d'histoire en première heure. C'est donc après une bonne matinée de sommeil rythmée par la copie des cours qu'avec mon « groupe d'amies » nous allons manger.

Finalement, jusqu'à ce que je ne sois rentrée à la maison : rien ne se passe autrement de d'habitude. La première différence est que Philibert n'as pas pris son gouter, donc je lui donne. La seconde est que Laurainne est déjà partie. En somme, rien de bien extraordinaire.

C'est avec lenteur et ennui que Lundi arrive. Puis le Lundi suivant. Et encore un autre Lundi. C'est ainsi que les Lundi passent, jusqu'à ce que tout ce qui aurait pu être inhabituel soit oublié. Tout est revenu à la normale. Tout sauf le regard de Max, que chaque jour je croise comme auparavant mais qui est désormais rempli de désarroi.

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