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Ce soir, 22h. Ce soir, 22h. Ce soir, 22h. Ce soir, 22h. Ce soir, 22h. Ce soir, 22h. Ce soir, 22h. Ce soir, 22h. Ce soir, 22h. Ce soir, 22h. Ce soir, 22h. Ce soir, 22h. Ce soir, 22h. Ce soir, 22h. Ce soir, 22h. Ce soir, 22h. Ce soir, 22h. Ce soir, 22h. Ce soir, 22h. Ce soir, 22h. Ce soir, 22h. Ce soir, 22h. Ce soir, 22h. Ce soir, 22h. Ce soir, 22h. Ce soir, 22h. Ce soir, 22h. Ce soir, 22h. Ce soir, 22h. Ce soir, 22h.
Cette phrase se répète en boucle dans ma tête, j'ai peur de l'oublier alors qu'elle est profondément encrée dans ma cervelle. Je l'ai même écrite, avec un feutre pour tableau rouge volé à mon professeur de sciences en 4ème, sur mon poignet.
Au final, l'infirmière m'avait réveillée pour me prévenir que ma mère arrivait, mais elle n'avait pas précisé qu'elle serait de mauvaise humeur. J'étais donc rentré à la maison pour midi, accompagnée d'une Laurainne grognon et fatiguée. En temps que malade, j'ai préparé le repas pour nous deux avant de faire une longue sieste dans mon lit, sans même manger ce que j'avais préparé préalablement.
Maintenant, il est 17h08 et je suis occupée à harceler mes camarades de classes pour récupérer tout les cours de la journée, y compris celui où j'étais présente. Malheureusement, mes chers camarades finissent à 17h28, d'après la sonnerie du lycée, et ceci sont visiblement trop sérieux pour ne serait-ce que répondre « Ok, je t'envoie ça plus tard ». Acte qui ne prend que 12,54 secondes au maximum, vu qu'ils sont tous accro à leur téléphones et qu'ils l'écriront en abrégé. Si ils daignent l'écrire.
Et la journée continue de défiler. À 17h54, je reçois enfin un « Je t'envoie ça en rentrant ». De 18h32 à 58, je recopie les cours que j'ai reçu sans prendre la peine de les comprendre puis je saute dans mon bain. Les jours normaux j'ai rarement le droit d'en prendre un mais aujourd'hui je suis malade, donc je peux prendre tout mon temps et profiter de l'eau qui brûle ma peau. Au bout de 27 minutes et une quarantaine de secondes, je sors de l'eau la peau rougie de partout par la chaleur. Quelques minutes plus tard, je traverse le couloir et m'étale dans mon lit sans prendre la peine de m'habiller.
Une grosse demie heure après, je me réveille par un cri qui m'annonce qu'on mange. Je soupire et soulève mon corps lourd pour mettre un pyjama, Laurainne n'aime pas que je mange en peignoir de bain. Mes cheveux goutent encore un peu, leur humidité fait frissonner mon dos. Je descend enfin les escaliers, ne laissant pas la joie au minimonstre de venir me chercher en haut. Je m'installe à table et nous passons, comme chaque jour, un repas des plus banals.
Vers 21h 34, je prétexte la fatigue d'être malade pour me dispenser de la fin de ce film GÉ-NI-AL sur la 3 que Laurainne veut absolument qu'on voit tous ensemble. Au milieu des escaliers je saute jusqu'à ma chambre où je reste étalée par terre à regarder mon plafond au moins 10 minutes. La phrase « Ce soir, 22h. » revient soudainement marteler mon crâne. Je me relève, respire et, le plus silencieusement possible, sort quelques vêtements pour avoir l'air habillée quand j'irai rejoindre le voisin.
À 21h55 tout rond je suis habillée et stressée. Très stressée. J'ai énormément envie d'écouter ce qu'il peut bien avoir à me dire mais en même temps je redoute ce que cela pourrait être. Quelle chose pourrait le pousser à vouloir s'enfuir d'ici ? Il se serait passer quelque chose ? Quelqu'un le pousserait à vouloir partir ? Je me pose un tas de questions et invente quelques théories farfelues jusqu'à ce que je remarque qu'il est 21h59. À ce moment toutes mes pensées se tourne vers le réveil posé sur la petite table. Je compte les secondes qui passent, à la 27eme l'affichage change pour 22:00. À cette instant, je prend la plus grande inspiration de ma vie et saute.
Très, trop, lentement j'ouvre un oeil. Je suis à nouveau dans cette chambre où je ne peux deviner la couleur des murs. La couleur de la lampe picote mon seul oeil ouvert. Le temps d'ouvrir le deuxième, je devine que j'ai atterri dans un coin car je vois presque la pièce entière. Oui, j'ai sauté sans faire attention vers où précisément. Ce n'est pas très prudent, mais mon excuse est que le stress était trop grand. Au moins, je suis dans la bonne pièce.
Je localise le voisin, il me tourne le dos. Je ne suis pas sûre qu'il m'ai vu alors je fais mine d'être sûre de moi, un raclement de gorge et je me lance.
- Bonsoir Maxence.
J'insiste bien sur le « Maxence » car apparement il déteste son prénom. Oui, je suis sensée être là pour l'écouter me raconter sa vie mais je me sens obligée d'être un poil méchante. Je dois être idiote. Il se retourne et un regard glaçant perce mes yeux. Je crois l'avoir légèrement énervé, sinon il ne me tuerait pas par la pensée actuellement. Il lache un :
- Salut.
Puis il se pose lourdement sur une chaise près de la sorte de commode-bureau à côté de son lit. Il a cessé de me regarder.
- Je peux m'asseoir aussi ?
- Vas-y.
Il pointe son lit du menton. En trois petits pas je suis à côté. Je pose mon dos contre le sol, écrase mes cuisses contre le côté du lit puis le reste de mes jambes sur le matelas. Il me regarde vraiment étrangement.
- Tu me regardes comme ça parce que je suis moche que ça ? C'est sympathique dis donc.
Je vais m'arracher les yeux, peut-être que ça m'aidera à être plus « sympathique » comme je viens de le dire.
- Ça fait couler le sang plus facilement vers mon cerveau, ça aide à comprendre et réfléchir.
D'accord, je vais finir par faire un monologue.
- Je suis venue pour parler avec le mur ?
Toujours aussi sympathique, bravo moi-même. Un miracle, il parle !
- Laisse-moi le temps de m'adapter à ce qu'une folle soit à moitié allongée sur mon sol et mon lit avant de me forcer à raconter ma vie.
Bon d'accord, ça va être long.
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